TRANTÉ CULTURE DES FORÈTS. ÉVLAME At 40 ETAAOX AE AAUTIUD | Imprimerie de L. Bouchard-UHuaard, rue … l'Eperon , 7. TRAITÉE DE LA CULTURE DES FORÊTS, OU DE L'APPLICATION DES SCIENCES AGRICOLES ET INDUSTRIELLES A L'ÉCONOMIE FORESTIÈRE, AVEC DES RECHERCHES SUR LA VALEUR PROGRESSIVE DES BIENS-FONDS ET DES BOIS, DEPUIS LE TREIZIÈME SIÈCLE JUSQU’A NOS JOURS. PAR M. NOIROT, MAMBRE DE PLUSIEURS #OC(ÈTLS D'AGRICULTURE. DEUXIÈME ÉDITION. > + Dar — A PARIS, CHEZ L. BOUCHARD-HUZARD ? SUCCESSEUR DE MADAME HUZARD, NÉE VALLAT-LA-CHAPELLEF LIBRAIRE, RUE DE L’EPERON, 7. fé # As ce e T # A7 1 #2 A" ‘41 RE «4 #0 2 x 8 Le e “a 0 “ “1e. £ , l Ps À à fi an gr fe Hibquios CHE TN hr: : ù Rte not RUES & + Fe 4 à 3 pe tt x 7 Lai p'auss a: à seed +: à ME AW MAITAT A1 99920 » à: , va 4h | CT pan # LUE S Le Ci | À \, i Fe) + Lu au | jh à . À + g QU # Se + 1 re: AT AU de AP alt. + ù Ac 4 WU | +6 no sash tau aa ELTENTE “ia, | CN A0, SAS , AT 0684 INTRODUCTION. Dans la première partie de cet ouvrage, nous don- nerons une description succincte des forêts de chaque climat ; dans la seconde partie, nous les considérerons dans leurs rapports avec l’économie politique ; l’ex= position, des diverses méthodes d'aménagement fera l’objet de la troisième partie ; la quatrième compren- dra tout ce qui est relatif aux semis et aux plantations; dans la cinquième, nous traiterons de l'exploitation et de l'estimation des bois. Ce travail sera terminé par des observations sur les droits d’usage et de pàtu- rage. On. pourrait nous demander s’il est bien utile, pour administreretpouraméliorer une forêtsituéeen France, de connaître ce qui se pratique dans les bois de Naples ou d'Espagne, de savoir s’il y a des futaies dans la Perse ou dans l’Inde; mais on doit considérer qu’en Europe, et qu'en France même, les méthodes d’ad- ministrer les forêts différent beaucoup d’une province à l’autre, qu'elles varient dans des localités voisines ; que la sévérité de nos lois forestières n’a point pré- venu la destruction des forêts du Midi, surtout dans les Pyrénées etles Aïpes ; qu'elle n’a point empêché l’anéantissement d’une grande partie des forêts de la Bretagne , aujourd’hui remplacées par des bruyères : on est donc forcé de reconnaitre que quelque chose de supérieur aux réglements et aux lois préside à la destinée des forêts, protége leur existence ou accom- plit leur destruction; c’est cette action puissante qu il faut étudier pour en diriger les effets. Pourquoi les forêts du nord-est de la France sont- 6 elles dans un état prospère, tandis que celles des ré- gions méridionales ont décliné rapidement ? Pourquoi l'application des mêmes lois et de la même méthode légale produit-elle des effets si opposés ? La France et l'Allemagne possèdent des forêts ma- gnifiques. En conciurait-on que l’on peut prendre in- différemment pour modèle ce qui se pratique dans ces forêts si dignes d’admiration ? Mais on les traite dans ces deux régions par des procédés esséntiellement dif- férents. Onrisquerait de se tromper dans l'application de Purne ou de l'autre méthode, et presque toujours limitation peu éclairée serait une déception. On a remarqué que les forêts diminuent nécessai- rement à mesure que l’agriculture s'étend; mais com- ment se fait-il que les provinces de France les mieux cultivées soient aussi inieux pourvues que les autres des bois nécessaires à leurs habitants ? Une contrée abandonnée se couvre de belles forêts, sans qu'il soit besoin d’art ni de lois pour les conser- ver. Les côtes orientales de là Méditerranée, les bords de la mer Noire, habités aujourd’hui par des peuples à demi barbares , sont garnis de futaies magnifiques, ressource future pour la marine des nations mieux civilisées ; mais comment se fait-il que ces peuples qui habitent dans le voisinage des forêts soient obligés de brûler du fumier, faute d'autre combustible? Ces questions, et un grand nombre d’autres qui sont intimement liées à la science forestière, ne peu- vent être résolues, si Fon reste dans le chat rétréci d’une méthode locale. Les théories forestières les plus savantes et les plus vraies se trouvent développées dans les ouvrages de Duhamel et dans les écrits des forestiers allemands, 7 mais elles ne sont pas pratiquées en France. J'ai exa- miné pendant longtemps les obstacles qui se sont op- posés à leur adoption, et je me propose de montrer comment les méthodes enseignées par ces écrivains peuvent être appliquées dans chaque localité, com- ment on peut introduire dans chaque espèce de forèt privée le mode de conduite qui lui convient le mieux, et surtout d'indiquer les moyens de pratiquer à bou marché ce que l’on croyait ne pouvoir exécuter qu'à grands frais. Quelques réflexions suffisent pour nous convaincre que nous sommes peu avancés dans la pratique de la science forestiére, si on la compare avec l’état floris- sant de notre agriculture. On peut dire avec raison que toutes nos richesses agricoles sont le fruit du travail, et que nous mourrions de faim si nous ne savions proportionner les produits du so! aux besoins de notre immense population. Les forêts seules semblent avoir conservé le privilége de rester à peu nrès dans l'état de nature. Ne seraient-elles pas susceptibles de s’a- méliorer par nos soins? Si la substitution du blé, des prairies artificielles et des vignes aux plantes sauva- ges a décuplé le produit du sol, jadis inculte, est-il défendu d'espérer quelques améliorations dans les produits du sol boisé ? Convient-il de laisser subsister les épines, les ronces , le buis ou le charme, dans les lieux où l'on pourrait faire prospérer le superbe mé- lèze ; le chène, l’orme ou le frène ? Quand on a par- couru des taillis, on sait que les buissons et les arbris- seaux occupent inutilement la moitié de l’espace, qu'ils absorbent en pure perte la nourriture des jeunes plants d'arbres, et finissent par én étouffer un grand nom- bre. Les dix-neuf vingtièmes des brins des meilleures 8 espèces doivent périr avant l'exploitation des taillis. Tels sont les traits les plus apparents de l’état d'im- perfection que présentent nos forêts. - Nous proposerons de substituer une culture raison- née à un simple mode d'exploitation (1), de soumettre la tenue des bois à des procédés dont le succès se me- surera par l’augmentation des produits matériels et des revenus. C’est l'application des connaissances in- dustrielles à la création et à la culture des forêts qui fera atteindre ce but. La naturesauvage doit faire place partout à la nature cultivée. On plantera des bois comme on plante une vigne, comme on bâtit une maison, comme on fonde un établissement industriel; et on ne manquera pas plus de chauffage et de boïs à bâtir que de nourriture, de logement ou de vêtement. Üne foule d'erreurs à combattre, l’obstination de la routine à vaincre, des règles imparfaites à changer, telle est la tâche que l’industrie forestiére est appelée à remplir. La théorie de l’art est créée et adoptée, inais il faut enlever les obstacles qui s'opposent à son application complète. Il faut que le travail développe enfin cette partie de notre richesse , non par des chan- gements rapides, mais par des améliorations peu coû- teuses et progressives. Dans les anciennes idées, abattre des arbres, c'était toujours faire une perte et souvent commettre une faute; et la science ne devait avoir d'autre objet que de régler les coupes avec une sage économie, de prévenir où de réprimer les abus, et de repeupler quelques terrains’ déboisés. On com- (1) Le mot culture doit être pris ici dans toute l'étendue de gages, tous les soins de son acception ; les nettoiements, les élag l'art et du travail sont une cultüre.: 9 mence à adopter généralement des idées plus étendues et plus fécondes. On sait que les bois ne sont profi- tables et véritablement utiles que lorsqu'on les abat, etquece n’est que par le produit qu’on en retire qu'ils deviennent les agents et le gage d’une nouvelle pro- duction. C’est une vérité désormais incontestable, que, dans tous les lieux où les habitants trouveront du travail etun salaire, ils ne manqueront pas de chauf- fage, et que ce sont surtout les moyens d'achat qu'il faut leur procurer. Une production en fait naître une autre. Le génie industriel agissant librement, sans autre mobile que lintérèt privé, peut créer des bois comme il: a créé presque tout ce que nous possédons en usines, en fabriques, en manufactures. Ces ma- chines, chefs-d’œuvredes arts, sont l'ouvrage de quel- ques particuliers qui, pour former leurs établisse- ments, ont presque toujours été forcés de lutter longtemps contre depuissants obstacles. L'invention, le perfectionnement dés machines à vapeur, des che- mins en fer, des ponts suspendus, n’ont pu s'étendre que par les efforts constants de l’activité individuelle; c’gst la même force créatrice qui nous a apporté et qui nous à appris à cultiver.les arbres fruitiers, les prai- ries artificielles, les trois quarts de nos plantes ali- mentaires (1), et qui nous enseigne à créer des bois pour ainsi dire à volonté, suivant l’expression d’un LA (1) Au nombre des plantes exotiques naturalisées en France, il faut compter la vigue, la pomme de terre, le maïs, le sar- rasin, le chanvre, l'orge, le colza, le trèfle, la luzerne, le sain- foin, le figuier , l’oranger, le cerisier, le noyer, le pêcher, l’abricotier, l'olivier , l’orme, le platane, le robinier, le cèdre du Liban , le marronnier d'Inde ou hippocastane. 10 agronome qui en à planté lui-mêmé de considérables. Objecterait-on que l'industrie ne s’exercera jamais d'une manière durable sur des objets qui ne procurent que des rentrées éloignées quelquefois de plus d’un demi-siécle ? Nous pensons que cette opinion serait mal fondée : elle serait d’abord en contradiction avec les faits. Com- ment d’ailleurs peut-on imaginer que l’industrie soit inhabile à produire une denrée d’un besoin indispen- sable, qui n'exige que des avances ordinaires, qui n’est sujette à aucune détérioration, ni aux caprices des acheteurs, ni à l'encombrement; qui continue de prendre de l'accroissement lors même qu'on ne la vend pas , et qui ne peut Jamais manquer d'acheteurs d’une année à l’autre ? Les frais de production des bois devant baisser gra- duellement comme ceux de la production de beau- coup d'objets manufacturés, que l’on fabrique au- jourd’hui pour le dixième de ce qu'ils coûtaieni autrefois, la culture des bois présentera des bénéfices assez considérables pour engager les propriétaires à s’en occuper sérieusement. Ils commenceront par La- mélioration des forèts existantes. Ils ne couperont pas leurs gros arbres prématurément, car ils auront peu de temps à attendre pour les vendre à un prix qui remboursera et les frais de la culture et les intérêts du capital. Les bois cultivés croissent deux fois plus rapide- ment que ceux qui sont abandonnés à la nature dans le massif serré d’une forêt. Les profits de cette cul: ture seront égaux aux bénéfices ordinaires des entreprises agricoles, et deviendront là cause d'une production qui sera toujours au niveau des besoins. 11 En général ; un fonds de boïs ne rend pas la moitié du revenu qu’il donnerait s’il était cultivé en céréa- les (1); mais, en y réfléchissant, on sera bientôt con- vairieu qu'il est possible de faire produire à une terre plantée de bois autant de revenus qui si on ÿ semait du seigle ou toute autre plante appropriée au sol. Nier cette vérité, ce serait se rnettre en contradiction avec l'opinion générale sur la rareté croissante des bois. Comment, en effet, ne serait-1l pas profitable de donner aux forêts des soins qui doivent, en les améliorant, assurer la reproduction d’un objet dont la vente ne peut manquer d'être avantageuse ? Nous croyons pou- voir dire avec confiance que ja culture des bois don- nera, dans un espace de terrain et dans un temps dônnés, autant de profit qu'en rapporterait la culture des blés; et nous exposerons les moyens qui nous pa- raissent propres à obtenir cerésultat. La culture des arbres, resserrée autrefois dans les bornes étroites d’un jardin ou d’un parc, s’étendra dans les forêts ; elle présentera aux propriétaires assez d'intérêt, d'importance et d’attrait, pour les enga- ger à y donner leur attention et à placer quelques portions de leurs revenus dans l'accroissement de leur capital forestier, en employant un grand nombre d'ouvriers à cultiver, nettoyer etaméliorer les piants d'arbres de tout age. Ce sera nn placement de fonds (1) Le revenu total des forêts est de cent vingt millions par an; soixante millions représentent l'intérêt du capital en futaies et en taillis qui existent dans les forèts. I] ne reste que soixante millions pour le revenu du sol nu, qui contient six millions cinq cent mille hectares, ce qui fait un peu moins de 10 fr. par hectare ; or le revenu moyen des terres cultivées est de 36 francs par hectare. 12 à 7 ou 8 pour 100 parian. Quel-spectacle magnifique que celui d’un vaste bais dont chaque partie sera sou- mise aux travaux de l’art, et dans lequel on aura in- troduit à peu de frais les plus belles espèces d'arbres étrangers ! Tout y sera grand , intéressant et utile. Déjà un grand nombre de propriétaires ont senti le besoin de changer ou au moins de modifier l'économie de leurs forêts, par le nettoiement des taillis, par des élagages, des plantations et surtout par l'extirpation des arbrisseaux inutiles qu'un aménagement vicieux avait laissés pulluler ; ils ont reconnu là grande supé- riorité du produit des plantations de pins, de mé- lèzes, d'vpréaux, etc., sur les produits des forêts ordinaires. Notre but est d'enseigner les moyens de tirer des bois le plus haut revenu pécuniaire possible, en comptant sur l'intérêt cumulé, et de perpétuer ce re- venu; c’est la conservation et l'amélioration des forêts mises sous la garantie de l'intérêt privé. Nous espérons que le dépérissement des forêts ces- sera enfin, que la culture forestière augmentera d’une manière remarquable la richesse générale, que l’art de planter des bois deviendra si facile, que l’on reboi- sera sans peine ces montagnes et ces coteaux dont la nudité nous afllige,.et ces grandes vallées des Alpes dépeuplées d'habitants depuis qu'elles ont perdu leurs forêts. C’est un service que l’on doit attendre de la science forestière appropriée àtoutes les circonstances des lieux , des temps, des choses et des intérêts divers. TRAIÎTÉ DE LA ‘CULTURE DES FORETS. a ? PREMIÈRE PARTIE. ESSAI DESCRIPTIF. DES. FORÊTS. Mie ao 0e so cit Nous jetterons d’abord un coup d'œil sur ces plages désertes où la nature se montre aujourd’hui telle qu'elle fut jadis dans le climat même que nous ha- bitons, sur ces forêts immenses que n’ont pu entamer les sauvages qui les parcourent ; nous tournerons en- suite nos:regards vers les lieux où les hommes ont imprimé les traces de leur puissance, vers ces régions où l'agriculture a été introduite par des peuples déjà civilisés, dont le premier soin a été de détrniré les forêts natives qui devaient faire place à des plantes propres à la nourriture des hommes, et où l’on fait, chaque année, périr plus d'arbres qu'une province entière d Europe n’en posséde. Nous considérerons principalement les forêts dans les contrées où l’on prend soin de les conserver et de les’ perpétuer; mais ces forêts me forment pas la centième partie de celles qui sont abandonnées ail- leurs à qui pent les dégradér;: et encore, dans: cette 44 faible partie, une très-petite fraction seulementest bien administrée. Il s'en faudrait de beaucoup que, dans l’état de nature, la terre füt entièrement couverte de bois.‘ Les déserts ‘de l'Afrique occupent, suivant M. de Humboldt, un espace presque trois fois égal à celui de la mer Méditerranée; il a calculé que la surface des sables déserts, depuis la côte occidentale d'Afrique jusqu'a: l’Inde, occupe pr de: trois cent mille lieues carrées (la France n’a guère que qua- rante mille lieues carrées de superficie). En Asie, depuis la grande muraille de la Chine jusqu’au Jac Oural, s'étendent; sûr une longueur ‘de plus’dé deux mille lieues, les steppes les plus vastes du monde : ils sont couverts de plantes la plupart salines et de bruyéres. Les steppes d'Amérique occupent un es- pace immense; ils portent des grarninées d'une végétation magnifique, mais ils sont privés d'arbres et inhabités: M. de Humboldt pense qu ces on 1% étaient des fonds de mer. … AÂMÉRIQUE MÉRIDIONALE. Dans les immenses con= trées.de l'Amérique méridionale, où ki chaleur du soleil, l'humidité et la fertilité du sol concourent à développer tous les ressorts de la végétation, les bois sont tellement embarrassés par les plantes qui erois: sent sous les arbres, qu'il est presque impossible d’y pénétrer, et que la surface du terrain y est cachée sous des couches épaisses d’arbrisseaux, de ronces ef d'herbes, de mousses , de fougéres , ‘de liserons ; les arbres sont souvent étouffés par la circonvolution des plantes grimpantes. Les plaines sont inondées par des débordements, et converties en marais : Car la main de l'industrie n’a pas encore forcé les rivières 15 à couler dans le canal qui leur est le plus conve- nable, et n’a pas encore ouvert des écoulements aux eaux stagnantes; l'air qu'on respire dans les forêts est infecté des vapeurs qui s'élèvent du sein des ma- rais remplis de tous les êtres venimeux que peut faire éclore un soleil brülant. Quelques peuplades: pré- férent un séjour aérien à celui d'un sol meurtrier, elles habitent les sommets des arbres. Entre Mendoza.et Buenos-Ayres , on. fait plus de cent lieues sans trouver uue habitation, et plus de deux cents avant de rencontrer une goutte d'eau. Le climat! y-est d’une chaleur excessive, et il n'y a pas un.arbre, où l'on puisse se mettre à l’abri des ravons du soleil. À Buenos-Awvres, le bois est si rare, que pour le remplacer on emploie le cuir à une foule d’usages : fenêtres, lits, petits canots. Des substances animales servent de combustibles. On chauffe les fours de brique avec des cadavres de, moutons. séchés au soleil. Les nombreuses rivières qui de la Guiane se pré- cipitent dans l'Océan déposent sans.cesse, sur leurs bords et sur la côte entière, une multitude pro- digieuse de graines qui germent dans la vase et produisent des palétuviers dans l’espace de dix ans. Ces grands végétaux, que de profondes racines afta- chent à leur base, occupent tout l’espace où le reflux se fait sentir ; ils y forment des forêts couvertes, du- rant le flot, de quatre à cinq pieds d’eau, et ensuite d’une vase molle et inaccessible. Dans les endroits où les courants jettent.et accumulent des sables, le pa- létuvier périt très-rapidement, et les forêts, emportées par les ondes, disparaissent. 16 La côte immense qui s'étend au sud de Panama ést une des plus misérables régions du globe ; des ma- rais en occupent une grande partie, le reste est inondé pendant plus de six mois par des-pluies con- tinuelles. Du sein de ces eaux croupissantes s’élévent des forêts tellement émbarrassées de lianes, que l’homme le plus intrépide ne saurait y pénétrer. Un épais brouillard en couvre la surface; on n'a pu encore y acclimater aucune des plantes de l’ancien monde. Les chaleurs sont excessives à Porto-Bello, à quoi ne contribuent pas peu les hautes montagnes dont la ville est entourée ; lesarbres épais dont ces montagnes sont couvertes ne permettent pas aux rayons du so- leil de sécher la terre que leurs feuillages cachent : ce qui est cause qu'il en sort continuellement des va- peurs épaisses, d'où se forment de gros nuages qui se résolvent en pluies abondantes, après lesquelles le soleil commencée à reparaitre. Ces pluies sont ac- compagnées d’orages, de tonnerre, d’éclairs, avec un fracas épouvantable. Ces intempéries continuelles rendent le climat très-malsain. Les Espagnols n’occupaient guère dans la province de Quito qu'une vallée de quatre-vingts lieues de longueur sur quinze de largeur, et formée par deux branches des Cordilières; le reste n'est que forêts, marais et déserts. Les arbres sont continuellement chargés de feuilles, de fleurs et de fruits, les uns verts, les autres mürs; les fougères de la zone torride sont souvent plus élevées que ies arbres des forêts de l'Europe. Le froid est excessif dans les mon- tagnes entre les tropiques, à cause de la violence des vents. 17 Les villes sont bâties en bois dans |’ Amérique mé- ridionale, à l'exception de celles qui ne sont pas ex- posées aux pluies, et qui sont construites en bri- ques séchées au soleil. Le terrain de la partie du Chili qui avoisine les monts Aucas jusqu’à la mer du Sud est d’une ferti- lité extraordinaire : les campagnes sont couvertes de troupeaux innombrables; mais, faute de consomma- teurs de la viande, on tue les animaux uniquement pour avoir les cuirs : aussi la difficulté des commu- nications, augmentée surtout par les droits d'entrée et de sortie, rend cette richesse presque inutile. On fait peu de défrichements, mais il y a des arbres fruitiers de toute espèce. On peut tracer en peu de mots le tableau de F Amé- rique méridionale sous le point de vue qui nous in- téresse : cette péninsule est partagée par des chaines de montagnes en trois régions immenses : celle du nord nous offre les steppes; celle du sud, d’autres steppes nommés Pampas, qui séparent la Plata des terres magellaniques; celle du centre est couverte de forêts, ou plutôt d'une seule forêt marécageuse et malsaine, dont la surface est six fois plus grande que celle de la France entière. Les fleuves d'Amérique charrient une multitude d'arbres déracinés, et en couvrent les côtes, où la plupart se déposent et forment des masses fermes et solides qui prolongent les continents; une autre partie de ces bois est portée par les courants dans diffé- rentes contrées. Un voyageur à remarqué que lon aurait pu charger mille vaisseaux de ceux qu'il a vus flotter dans les environs du détroit de Ma- gellal. 13 Guianz: Les premiers colons dé a Guiane, ef frayés.de l'abondance des pluies et de l'état des terres basses presque toujours submergées, sû décidèrent à cultiver de préférence les montagnes, où la beauté de! la végétation, indice de la fertilité du sob, sem- blait appeler la culture. Les. renuères récoltes furent d’une. extrême abondance; mais bientôt les pluies entrainérent la surface du sol et les engrais accu- mulés depuis tant de siècles. Les Hollandais, habiles dans l’art de maintenir les eaux par des digues, s’établirent dans les terres basses avec un succès bien duü à leur industrieuse entre prise; leurs récoltes furent excessivement riches dans ces terres vierges formées par les dépôts successifs de la mer et des fleuves, Voici le moyen qu'ils ima- sinérent.ét que lon emploie encore aujourd'hui. On choisit une certaine étendue de forêt sur le bord d'une rivière; on creuse sur-le pourtour un canal qui verse ses eaux dans cette rivière; l’espace qui est ainsi entouré se dessèche, et l’on commence à pro- céder à l’abatis des arbres. On coupe à différentes hauteurs; dit un voyageur , ces arbres antiques qui seraient d'un prix inestimable en Europe, et à peine a-t-on quelquefois le soin d'en retirer les plas beaux bois de marqueterie. ‘Trois ou quatre mois aprés, lorsque l’ardeur dusoleila desséchétous césibois qui jonchent le sol,.on n'attend plus qu'un vent-um peu forts. on met le feu à l'une des extrémités, et:bientôt les flammes consument les tiges, les branches, les: arbüstes et les herbages. Il reste un engrais précieux: Onjextivpe successivement les racines en semant les nouvelles productions qui :remplacenthces map fiques, mais inutiles forêts. 19 Cependant là plus grande partie de la Guiane n’est pas encore défrichée. Les racines de certains ar bres de cette contr ce sortent de terre de deux à d trois métr es de hauteur, et forment autour de la tige des appuis ou ar es-boutants dont l'extrémité s'étend à une assez grande distance. Ces arbres ressemblent à à ceux de la forêt Hercynienne, qui, suivant la description de Pline, avaient des racines élevées hors de terre, et formant des arcades. ls ile de Cayenne, autrefois très-malsaine , le de- vient beaucoup moins à mesure que les défr ‘iche- ments augmentent; on met le feu aux savanes, et l'herbe qui repousse est un excellent paturage pour les moutons et pour les chévres. Suivant M. Noyer, qui a fait un mémoire sur la colonie fr ançaise de la Guiane, les forêts présentent | peu de ressources à raison de la difficulté d'en ex- traire les bois. Un arbre propre à la construction est entouré dé cent arbres d’ espèces différentes, et d' un bois mou qui n'est bon à rien. Dans les forêts d arbres durs, les neuf dixièmes des tiges sont creuses ou Viciées. ANrizces, À chaque pas que l'on fait dans les forêts des Antilles, on est arrêté par une prodigieuse quan- tité de plantes sarmenteuses, qui se traversent et qui grimpent d'arbre en arbre. Les moindres bruits résonnent dans ces épaisses forêts comme sous une voue souterraine. Les cantons cultivés qui envi ronnent les forêts sont beaucoup plus exposés que les autres aux vents et aux pluies ; la chute des feuilles la destruction des souches pourries par 20 le temps, ont formé un riche engrais pour les plan- tations.… | | Les montagnes de la Jamaïque, ainsi que la plus grande partie de L'ile, sont encore couvertes de bois toujours verts qui entretiennent un printemps per- pétuel; ‘mais le climat est malsain, parce qu'il est encore imparfaitement cultivé. Däns les concessions de térrains à défricher qui se faisaient autrefois à Saint-Domingue, chaque conces- sionnaire était obligé d'entretenir en bois cent pas de terrain ; mais les lois de cette espèce ne sont jamais efficaces. ÉrArs-Unis. Les provinces de l'Union présentent plus qu'aucun autre pays du monde le spectacle de ces magnifiques VÉSÉLAUX qui sont obligés de céder le terrain aux plantes frêles dont ls hommes 5e nourrissent. Une grande partie au sol est encore cou- verte de vastes forèts contre lesqueiles les laborieux habitantsluttent, av vec persévér ance; un arbre forestier est pour eux un ennemi. On ne voit pas sans éton- nement que dans les États de l’est on brüle du char- bon de terre importé d'Angleterre. Le port de Charlestown est rempli de La dnnite venant des autres por ts de l'Union; les planches et les bois de charpente sont un article considérable d'importation; et quoique tous ces produits soient gt portés de trois ou quatre cents lieues, ils sont moins chers et de meilleure qualité que ceux du pays. Cependant des forêts à immenses commencent à six milles, et mème à une moindre distance de la v ille, et le transport en ; est fait par le moyen des riVICreS, au confluent des- 21 quelles la ville est située: cette cherté tient à la main- d'œuvre et aux diMicultés que l’on rencontre dans le trajet à (ray ers des fondrières,, où les troncs d’ arbres pourrissent entassés les uns sur les autres, À moins qu'on ne prenne uniquement" Les ar br es qui bordent les rivières. Les frais de transport d° un arbre, par terre, à une distance de trente milles, coûtent plus, ‘en Arnérique, que Je voyage à travers l AUantique. Les Américains ont. une aversion insurmontable pour les arbrés, et partout | où ils for ment un nouvel &ablissement , ils les abattent impitoyablement , pour les br tuler et engraisser Je sol. On est surpris que, dans 1 un pays où P action du soleil est si vive, on ne veuille ii CONSer ver Us abris. contre les de fasse des ar bres tr op, près dés n maisons, parce que leurs: racines sont trop faibles POBT résister dux vents violénts qui ne manquent jamais dé les ‘arracher. La vue d’un champ couvert de blé, d'un jardin planté de choux, parait mille fois plus Wiréable à un Américain que AAC des” Paysages Les ps roman- tiques et les plus délicieux. La gro8séur des arbres dns les forts de cette par- tic dé l Amérique est peu prop jortionnée e à leur hau- teur ; Ce Sont dés Piliveaux en éoipar tiSon dé CEUX d’ AatéteMTE L'arbre le plus gros que je vis ‘dans ce paÿs, dit Isaac Veld, était un! séomote q qui croissait sur ün sol riche, et le diamétre de cet arbre n'était cepéñdant que d'un méêtré ét démi; mais dans les terres basses de Kentucky, et dans quelques- “unes de celles du territoire occidental, les Arbres, dit- -on, ont commtünément 2 métres à 2 RG" ‘et demi 22 de diamètre ; ils crpissent plus éloignés | les uns des qui £ est situé à peu près à da même latitude que les régions tempérées de l’Europe. Terre-Neuve. L'ile de Terre-Neuve est remplie de bois, de rochers et de montagnes escarpées; la neige qui couvre les lacs, les marais et les rivières ; lesvents, et les amas monstrueux de ces glaces qui viennent dn nord, y entretiennent sans cesse un froid très-rigou- reux ; On y voit des ar des bouleaux et quelques arbrisseaux. Suivant Forster, il y à à Terre-Neuve et au cap Breton des mines de charbon de terre si riches qu'elles pourraient fournir l'Amérique et l'Europe de ce fossile. 18 rene: Ad nord du continent de l'Amérique, le sol ne produit qu'un petit nombre d'arbres et d'arbris- seaux;: tels quecdes: pins, desaunes et des saules, des églantiers, des groseilliers, des bruvères , une herbe très-fine, et des mousses couvertes de glaces et de neiges; on n'apercoit presque Jamais une plante en fleur:Versles 56° de latitude nord , tout annonce la stérilité 3 on voit de la neige depuis les sommets des collines les plus hautes jusqu'à peu de distance de la côte; quelques peuplades ont des habitations d'hiver creusées dansla terre, et des habitations d'été en plein air; des perches et des osen composent la char- pente : mais, dans ces régions glaciales, les habitants trouvent sur les bords de la mer des: bois flottants en si | grande quantité, qu'ils n en consomment pas la cen- ticme par tie. Iscaxpe. On ne voit guère en Islande que des bou- 28 leaux , des genévriers et des saules dont la grosseur n'excède pas celle du bras. I n’y a point de bois de charpente; les habitants achètent celui qu'on leur en- voie du continent; mais dans l’intérieur des terres, où il serait trop couteux de le transporter, les mai- sons sont construites en petits soliveaux liés à quel- ques piliers de pierre, entrelacés de broussailles et garnis de terre, Les toits sont couverts de gazons : ces tristes habitations sont enfoncées en terre; par cette disposition, les chambres sont à l'abri du froid, et il est rare que l’on y fasse du feu. Leshabitants des côtes ont une ressource abondante dans les bois que la mer amène en grande quantité tous les ans sur le rivage; mais une partie de cette richesse est perdue ; on ne consomme pas tout le bois dans les lieux où on peut le recueillir, et ilest presque impossible de le conduire au loin dans l'intérieur dn pays; il Yen à méme une grande quantité qui pourrit faute de bateaux pour le transporter en d'autres en- droits où la mer n’en jette point. Les arêtes de poissons servent aussi de chauffage aux pauvres. Des tourbières sont exploitées dans l'in- térieur des terres ; ainsi la superficie, les entraïlles de la terre, les fleuves et les mers, offrent des ressources abondantes pour le chauffage ; mais elles sont inutiles quand le travail et l’industrie ne les font pas servir à nos besoins. Arrique. La côte d'Afrique, autrefois si peuplée , n'offre plus guère que des campagnes incultes, quel- ques villes habitées par des barbares, et des déserts demeure de bètes féroces; mais elle a conservé ses forêts de lauriers, de térébinthes et de mvrtes. 29 Les provinces de l'empire de Maroc, arrosées par les sources de l'Atlas, semblent former un jardin entrecoupé de bois, de belles eaux et de terres très- fécondes. On y brüle de temps en temps les buissons et les bois pour rendre les chemins praticables et en éloigner les lions. On chauffe les fours et les bains de Tunis avec du mastic, du myrte, du romarin et d'autres plantes aromatiques, Ce qui parfume l'air, et corrige l’in- fluence des vapeurs qui s'élèvent des marais voisins. Les cours sont ornées d'orangers, de figuiers et de citronniers, qui, d'un bout de l’année à l’autre, four- nissent des fruits et des fleurs. Les palmiers y abon- dent; les figuiers et les oliviers y sont en si grande abondance, que l’on s’en sert pour faire du charbon. Les villes de Kez et d'Alger ont, à une certaine dis- tance, des forêts remplies de bêtes féroces et de gibier. Le Sénéoal est garni sur la rive gauche de nom- breux villages , et sur la rive droite on ne trouve que des forêts qui renferment un grand nombre d'arbres épineux entremêlés de cocotiers et de palmiers. Les fameuses forêts de gomme commencent près du Séné- pal, et s'étendent de quinze à seize journées de tra- versée en {ous sens. La Guinée est remplie de bois, d'herbes à hauteur d'homme , de sables mouvants et brüiants, retraite de bêtes féroces et de gibier de toute espèce. On ne peut chasser que dans les lieux vides, à cause des grandes herbes qui croissent dans les terrains incultes. Tous les ans lesnègres y mettent le feu, etils cultivent dans ces plaines incendiées quelques portions de terrains pour y ensemencer du riz où du maïs, In°y a jamais de dispute sur lé choix, parce qu'il n’y a jamais la 90 céntiéme partié du ferrain de cultivée. On trouve à chäqué pas dés éaux croupissantes; niais l'aspect gé- néral de cés contrées est ädmirable ; 168 bois Sont en 2 tremélés de campagnes toujours couvertes de ver dure; six mois d'interruption dé culture sufiraïent pour rendre toutes les ronces dont le sol était dé- pouillé. ” Les rois du pays laisseraient enlever tous les grands arbres dé charpente de leur royaume pour un baril d'eau-de-vie. Les montagnes sont couvertes débelles forêts remplies d’éléphants, de bêtes féroces, d’une foule de quadrupédées de toute espèce, d'oiseaux, de reptiles et.d’insectes hidéux. Les nègres ne se servent pas de bois pour construire leurs cases; la terre et les roseaux sont les seuls matériaux de leurs construc- tions. Leurs villages sont environnés de plantations de bananiers, de citronniers et d’autres arbres qui les garantissent des ardeurs d’un soleil brûlant ; les ci- tronniers sont entremélés de lianes qui forment un ombrage épais. | Entre les arbres, c'est le palmier qui est con- sacré au rang des fétiches. On voit quantité de ces arbres qui portent les marques de leur consécration. Les nègres massacrent les étrangers qui osent les couper. Les sauvages n'épuisent jamais les palmiers dont ils tirent leur boisson ; quand un arbre a donné du vin pendant un mois, ils lient le bout des branches coupées, et le couvrent de terre grasse, afin que le temps puisse réparer l’écoulement de la séve; mais ils n'ont nulle idée de l’art de la taille, qui leur appren- drait à améliorer la qualité, ct à augmenter la pro- duetion des fruits. ( 31 :Maigré la fertilité du sol qu'ils habitent, ces peu- ples sont souvent désolés par la famine 'aw’occa- sionnent. les ravages des sauterelles qui couvrent le pays et qui dévorent jusqu’à l'écorce des arbres ; les nègres n'ont alors que la ressource de manger ces insectes: S1 les productions spontanées de la terre pouvaient sufiire à nourrir constamment des peuples entiers, ce serait dans la Guinée que l’homme aurait une sub- sistance assurée sans travaiiler. Les arbres fruitiers sont innombrables dans les fo- rêtside Sierra-Leone; on y trouve des cantons très- étendus, couverts de limoniers. Le nombre et la variété des arbres sont prodigieux dans toute la côte oecidentale de l'Afrique; ils sont toujours verts ét couverts de feuilles. Bosman a vu plusieurs de ces arbres énormes, dont un seul couvrirait de son ombre des: bataillons entiers; les nègres en font des canots d'une seule pièce. Le royaume de Juida est une des plus délicieuses contrées de l'univers; les arbres'y sont cultivés et les campagnes divisées par des sentiers. Ce sont des groupes de bananiers, de figuiers, d'orangers, à tra- vers lesquels on découvre un nombre ‘infini de vil- lages. Le sol produit deux fois l’année. best rare de trouver des habitations ailleurs qu’au bord des rivières, des lacs et des fontaines. Il est quelques cantons souvent submergés où les nègres construisent des loges sur les arbres ; leurs ecanots entretiennent les communications d'un losement à l'autre. Le sol de: la pointe méridionale d’Afrique n'est pas h.) Ce moins fécond que la côte occidentale, qui s'étend sur plus de dix-huit cents lieues de longueur. On assure que dans toutes les possessions anglaises du Cap il n°y a plus de forêts; mais, en allant à douze journées au nord de la ville du Cap, on trouve des forêts d'arbres d’une grosseur et d’une hauteur pro- digieuses. On parle, dans la Bibliothèque britannique, d'un chène de vingt-quatre ans qui avait huit pieds de circonférence. 11 faut cependant observer, dit l’au- teur de cette citation, que la croissance de toutes les plantes du nord de l'Europe s'exécute dans cette partie de l'Afrique avec üae rapidité nuisible, parce qu'elles ne jouissent pas du repos de l'hiver. Un mois où six semaines après qu'elles ont perdu leurs feuilles, les boutons et les bourgeons repoussent; il arrive de là que quelques arbres n’y peuvent point réussir, comme le tilleul, l'orme, le hètre et le frêne; que d’autres, tels que nos arbres des vergers, n'y portent que de mauvais fruits ; que quelques arbres forestiers enfin, tels que le chène et le sapin, quoi- que bien venants en apparence, donnent un bois fort inférieur à celui du climat qui leur est propre; l'aubier forme plus des neuf dixièmes du volume d’un chène, et le sapin est si poreux et si faible, qu'il n'est presque d'aucun usage. Cependant on est parvenu, à force de soins, à obtenir un vin assez bon de la vigne de Bourgogne transplantée au Cap. Les Hollandais ont toujours négligé l'entretien des forêts, ilen résulte que le bois est très-rare et très cher dans la colonie. Les nègres esclaves vont quelquefois à fa distance de dix milles couper des broussailles, arracher des souches et ramasser des dc bouses de vaches pour leur servir de combustible ; le bois des haies forinées de mvrtes et de lauriers qui entourent les habitations ne suflit pas au chauffage. La côte septentrionale du Cap présente de longues chaines de rochers garnis d’arbustes et de quelques touffes d'arbres. On voit dans les plaines qui se trou- vent à quelque distance du rivage des forêts à demi ensevelies dans le sable. C’est dans les climats voisins du détroit de Bab-el- Mandeb que croissent les arbrisseaux qui portent le baume, la myrrhe, l'encens et le café : on en coupe le bois pour le brüler. Nous ne parlerons pas de l'intérieur de l'Afrique. Les voyageurs qui ont pénétré le plus avant, comme le célèbre Mungo-Park, ont vu partout des pays boisés et quelque culture ; maisil reste au centre de cette immense presqu'ile une contrée vingt fois grande comme la France, et qui noùs est tout'aussi inconnue que la lune. | La surface totale de l’Afrique embrasse plus de douze cent mille lieues carrées ; si les forêts en cou- vrent seulement [a moitié, c’est six cent mille lieues carrées de bois, c’est-à-dire douze cents fois plus que la France n'en posséde. | | Asyssite. Les forêts de la Nubie et de l'Abys- sinie sont rémplies de bêtes féroces. Si l'on en croit Bruce, les terres sont trés-fertiles, et les montagnes même sont cultivées. Le miel est la principale nourriture des Abyssins; les arbres sont chargés de grands paniers où les éssaims Yont déposer leur miel; d’autres essaims suspendent leurs ruches aux 3 3/ branches ; d’autres se logent dans le creux méme des arbres. Les pluies, qui durent six mois, inondent les plaines et les vallons; ce sont ces mèmes pluies qui causent les débordements du Nil. Les villes et les villages sont placés sur le sommet des rochers et des plus hautes montagnes ; les habi- tants ne se croiraient Jamais en sûreté s'ils voyaient au-dessus d'eux quelques terrains d’où pourraient découler des torrents ; ils se tiennent enfermés dans leurs habitations pendant toute la saison des pluies. Cette coutume règne en général entre les tropiques. Les maisons des Abyssins sont construites de ro- seaux. et d'argile, et couvertes de toits de paille en forme de cones. Le pied des montagnes est garni de citronniers, de pêchers, de figuiers, de Jasmins, de grenadiers qui viennent sans culture, de bambous, de roseaux, de nopals, d'acacias hérissés d’épines, et d’une foule de plantes herbacées. Le sommet des montagnes planes est traversé par des ruisseaux et bien cultivé. Tous les arbres et arbustes portent des fruits ou des graines propres à nourrir les hommes ou les oi- seaux. La production est perpétuelle. Le côté de l'ar- bre qui fait face au couchant est le premier qui fleu- rit, et les fruits se développent graduellement, de ma- nière, que les uns sont à peine verts quand d’autres sont en pleine maturité. Le côté qui fait face au midi suit les mêmes progrès. La fécondité traverse direc- tement l'arbre, et passe soudain au septentrion ; le côté de l'orient est enfin le dernier qui fleu- risse et ses fruits durent jusqu'a la saison des C2 35 pluies. À la fin d'avril, de nouvelles feuities font tomber les anciennes, en sorte que larbre est tou jours vert. n’est point d'arbre ni de buisson qui ne produisent des fleurs magnifiques ; le raisin sauvage est exéel- lent; enfin la végétation est partout d’une beauté dont on n'a nuile idée en Europe. Le pays bas de PAbyssinie est presque désert; il est environné de montagnes d'où descendent de grandes rivières qui se précipitent dans la plaine avec une violence prodigieuse pendant les pluies des tropiques ; elles entrainent les terres et Les rochers dans de vastes bassins où elles demeurent stagnantes, et qui sont plantés de grands arbres; c’est le repaire des élé- phants et des rhinocéros, qui ne vivent pas d'herbe, mais de bois ; les nègres shangallas habitent cette horrible contrée, où ils n’ont d'autre abri que les arbres sur lesquels ils se logent. À peine cessent les pluies du tropique que la terre se dessèche; l’herbe se flétrit; bientôt les Shanpallas allument un terrible incendie ; le feu parcourt avec une violence incroyable fa largeur de l'Afrique, pas- sant sous les arbres avec tant de vélocité qu'il brûle l'herbe qui croit dessous sans les faire périr ; les ravins larges et profonds qu'ont creusés les torrents pendant le temps des pluies sont les derniers en- droits où le feu prenne; mais à peine le lit est-il à sec, que les bergers, du haut des montagnes, aliu- ment l'herbe de ces ravins, et bientôt court dans toute Pétendue de leur lit un torrent de flammes qui ne s'éteint qu'au bord de la mer, aprés avoir parcourt un millier de lieués. Cet antique usage d’incendier les, forêts et les savanes, pour renouveler l'herbe, 30 subsiste encore dans toutes les parties du giobe; on ?e retrouve même dans ies Pyrénées. Mapagascar. La plus grande des iles du monde, Madagascar est couverte de grands bois toujours verts, et dont les arbres sont si durs, que la cognée s'émousse au premier coup; ils sont propres à la cons- truction et à tous les arts. Le palmier et tous les arbres des tropiques croissent en abondance dans ce vaste pays à peine connu. Les maisons des insulaires sont bâties en bois et couvertes de feuillage ; Hs évitent l'influence des lieux marécageux pour bâtir leurs villages ; ils se nourrissent de fruits et d'un peu de riz qu'ils cultivent en petite quantité et fort mal. Écypre. On trouve en Égypte des hosquets de pal- miers trés-Éépais, qui ne perdent Jamais leur verdure, etau milieu desquels sont bâtis des villages; cepen- dant le bois est rare dans cette contrée si célébre; les habitants de la haute Égypte sont obligés de brüler des chaumes de blé d'Inde. On fait aussi des mottes mèlées de paille et de fiente de chameau pour le même usage : le petit peuple habite ordinairement des chambres couvertes Ge briques séchées au soleil. Les tiges de millet servent à chauffer le four. Les villages bâtis au milieu des plantations ont l'aspect le plus pittoresque. La nature a créé des bocages de palmiers sous lesquels se marient l'o- ranger, le sycomore, le bananier, l'acacia et le gre- nadicr. Les jardins de Rosette sont enchanteurs ; ils ne sont point divisés par des murailles, mais par des haies 97 CA odoriférantes qui renferment des bosquets encore plus odorants. Ïl ne faut pas y chercher de ces allées alignées ni de ces compartiments dessinés avec mé- thode. "Fout y semble jeté au hasard. Les plantes potagéres croissent sous des ombrages embaumés. Le dattier, en élevant sa cime au-dessus des autres arbres , écarte jusqu'aux plus légères apparences d’uniformité ; aucun arbre, aucune plante n’a de place marquée; le soleil peut à peine introduire ses rayons à travers ces vergers touflus; de petits ruis- seaux y amènent la fraicheur; des sentiers tortueux conduisent dans ces lieux délicieux; Ha ville est cachée par des forêts de dattiers, de bananiers et de sycomores. Mais ce tableau est purement local. Non loin de là il y a des plaines sablonneuses et décou- vertes, des montagnes et des déserts. Autour du Caire, le pays est si bien cultivé qu'il forme une plaine continue parsemée de villages et de bois d’orangers. Suivant un voyageur qui a parcouru récemment l'Égypte, un grand changement s’est opéré dans l’état météorologique de ce pays. Le ciel est devenu moins pur, et les pluies, qui autrefois étaient presque inconnues, sont maintenant si fréquentes, que l'on compte, dans la partie inférieure de la basse Égypte, assez communément trente à quarante jours de pluie par an. On attribue ce phénomène à l'influence des plantations d'arbres qui ont été faites depuis quelques années, On évalue les arbres de toute espèce à vingt- un millions. En comptant dix mètres carrés ou dix centiares pour chaque arbre, toutes ces plantations occupent un espace d'environ vingt-un mille hectares. 35 Le pacha s'est réservé le monopole du débit de la fiente séchée an soleil. La plupart des arbres de la vallée d'Égypte ont beaucoup de peine à s'accoutumer à la quantité d’eau qui tous les ans inonde la terre cinq mois de suite, On ne peut jamais planter au hasard les végétaux exotiques, car ils ne peuvent croitre que dans des terrains élevés au-dessus du sol ordinaire, dans des jardins où on les arrose par le secours de l'art, ou bien sur le bord des canaux, pourvu qu'ils se trou- vent au-dessus du niveau où le fleuve a coutume de monter. Les anciens habitants de l'Égvpte ont ainsi naturalisé quelques-uns des végétaux indigènes de ces plaines brülantes qui se prolongent entre la mer Rouge et les montagnes de l'Abyssinie. Les Egyptiens plantent et cultivent des palmiers pour en recueillir les fruits; le bois entre dans la construction de l’inté- rieur des maisons. Tout le monde sait qu'on n'em- ployait point de bois dans les grands édifices antiques dont les restes sont si imposants. L'atlé, suivant Sonnini, est un arbre qui devient presque aussi gros que le chène; c'est le seul bois un peu commun que l'on ait en Egypte, soit pour brüler, soit pour travailler; ces arbres environnent les villa- ges et les cabanes des laboureurs. On brüle à Rosette et au Caire du charbon qui vient de Syrie; c'est un article d'importation parti culier à ces deux villes; des caravanes : apportent ce charbon chargé sur des FUTUR Les côtes de la mer Rouge n'offrent point de forêts. M: Denon parle d'une fontaine qui avait fait croître sept à huit palmiers qui forment le seul bocage qu'il y ait à cinquante lieues à la ronde sur les confins de 9 «)« la haute Égypte. Le commerce de Syène se réduit an séné et aux dattes ; ces dernières sont si abondantes, qu'elles font la nourriture principale des habitants, et qu'il en descend tous les jours des bateaux chargés pour la basse Égypte. Les déserts de la Libye ont des restes de forêts en- foncés dans les sables. On apercoit, dit Frédéric Hor- mann, des troncs d'arbres dequatre mêtres de circon- férence et plus, dont l’intérieur est tout à fait noirci, et qui couvrent des espaces considérables de terrain. Le sable les a couverts et découverts tour à tour. M. Denon à vu aussi des bois pétrifiés dans le désert, là où il n°y a plus de végétation. Asre-Miveure. La côte d’'Anatolie, peu habitée et encore moins cultivée, voit chaque année sa popula- tion dépérir de plus en plus; ses villes présentent partout des maisons abandonnées. Les bois Y sont très-étendus, mais le transport en est difficile; on en exporte pour le chauffage de Constantinople, et on en construit quelques bâtiments marchands. La plupart des villes de l'Asie-Mineure n’ont con- servé de leur ancienne splendeur que les murailles de leur enceinte, des vergers et des bosquets qui leur donnent de loin l'air d’une forêt. Dans les environs de Nicomédie, il y a de grandes forêts conservées par des gardes, et dont les arbres sont employés dans des forges et des scieries. On est surpris de trouver quelque chose des arts et de la police d'Europe dans des régions ravagées depuis dix siècles par des barbares. Les forêts des montagnes de Nisibe, qui fournirent à Trajan des bois de construction pour les navires par 10 lesquels il fit descendre son armée sur le Tigre et l'Euphrate, ne sont aujourd'hui que des broussailles où l'on trouve cà et là quelques petits chênes, de l'anagyris ou bois puant, et du laurier-rose. On ne connait point, en Auatolie, de culture plus utile et plus riche que celle des müriers; ils viennent de bouture ; on taille la cime de l'arbre afin de lui faire jeter des rameaux et des feuilles tout autour du tronc. On remarque, sur je mont Olympe, les mêmes gra- dations de végétation que sur les montagnes d'Eu- rope; les pentes inférieures sont couvertes de châtai- gniers, de noyers, de hètres, de charmes; au-dessus régnent les forêts de sapins; plus haut dominent des buissons, des genièvres; et des neiges perpétuelles conronnent les sommités. La plupart des arbres pourrissent sur pied, quoi- que ces montagnes soient habitées, et que les maisons des Tures soient construites en bois. On en fait un peu de charbon pour la consommation de la ville de 3ursa. Les grands bois de muüriers et de noyers qui couvrent les plaines des environs de cette ville don- nent à l'air une qualité nuisible. Chevalier, dans son voyage de la Troade, cite une des villes célèbres de l'antiquité, dont l'enceinte, en- core flanquée de tours, ne renferme qu une forêt de vallonniers (c'est le quercus ægilops de Linnée). Les bords du Simois, dans les montagnes de l'Ida, sont peuplés de saules, de peupliers, d'amandiers et de platanes ; les coteaux supérieurs sont couverts de fo- rêts de pins. Le liguier sauvage est un arbuste trés- commun dans la ‘Froade. Le bois est fort cher à Smyrne, quoique le figuier, za l'olivier, le grenadier, le peuplier et le cyprès se trouvent en assez grande abondance dans les envi- rons ; les orangers y sont si communs, que l'on daigne à peine en cueillir les fruits. Dans les environs de Bassora, les bords de PEu- phrate sont couverts de dattiers; les pêches, les pommes, les poires, y sont en profusion. On n'em- ploie point de bois pour les charpentes ; les maisons sont voutées et construites en briques. Il ya en Chypre de grandes forêts de chênes, et des pins dont on tire du goudron. Les oliviers sont rabougris par le défaut de culture. Pline assure que la charpente du temple de Diane à Ephèse était * construite de vigne de Chypre. % SyRie. Tous les arbres d'Europe croissent en Syrie; le laurier, le buis, le myrte, y sont surtout très-communs ; les plus belles valiées, arrosées par les rivières qui tombent du mont Eiban, sont plantées de cotonniers et de müriers; et cette double production fait la richesse du pays. Le nombre des arbres fruitiers est prodigieux dans les vergers des viiles. Le Liban est garni de pins ct de cèdres; le cyprès y croit presque jusque sur le sommet au milieu des neiges ; mais ces dons de la nature servent peu aux habitants, faute de moyens de transport. On brüle à Damas de la réglisse; cette plante croit dans les plaines de Phénicie et de Syrie. Les pauvres ne brü- lent que du fumier. Dans la Judée, il y a quelques vallées remplies d'oliviers; dans les environs d’Acre et de Nazareth , on voit de grands bois de chênes d'Orient entremèlés 2 de quelques hètres. La forêt enchantée du Tasse est connue aujourd'hui sous le nom de forêt de Saron : on y voit partout l’image du désordre; des branches d'arbres qui jonchent le sol, des chênes renversés, des rochers éboulés : tel est le spectacle qu'offre cette forêt, qui a sept lieues de longueur sur deux à trois de largeur: les habitants du voisinage v coupent le bois dont ils ont besoin; mais on n’en retire au- cun autre produit, vu la difficulté de transporter des tiges d'arbres dans un pays où les voitures ne sont pas en usage, et où tout se porte à dos de chameau. Du reste, on fait une si petite con- sommation de bois à brüler dans les climats chauds, que cette forêt n’a pas une grande utilité sous ce rapport. Le nord de la Syrie avait autrefois des bois célé- bres. Daphné était distant de quarante stades d’An- tioche; Strabon fait mention de ses temples d’Apollon et de Diane, qui étaient entourés d'une forêt sacrée de quatre-vingts stades de circuit (trois lieues). Sé- leucus fit planter le bois de Daphné, et y fit prati= quer de belles avenues de cyprès. On ne voit plus de lauriers dans les lieux où l'on supposait qu'était Daphné. I a pu fort bien se faire que les premiers chrétiens aient détruit ces arbres pour lesquels les idolätres avaient tant de vénération. Volney, dans son voyage en Syrie, cite une plan- tation de sapins, ouvrage d'un émir, et qui subsiste encore sur les montagnes à une lieue de Bayrout. Des religieux qui habitent un couvent voisin assu- rent que, depuis que les sommets se sont couverts de sapins, les eaux des sources sont devenues plus abon- dantes et plus saines. p] 13 Aramr. Les Arabes occupent une des contrées les plus arides du globe; dans l'Arabie Pétrée, on ne découvre que des plaines stériles et des montagnes escarpées que la verdure ne couvre jamais. Le froid et la chaleur y sont excessifs, parce qu'ils ne sont tempérés ni par des eaux, ni par des forêts. Pour se garantir du froid, les Arabes errants ramassent des branches sèches et des racines de buissons, et font constamment du feu jour et nuit; les riches s’enve- loppent de longues robes dont ils augmentent le nombre suivant l'intensité du froid; ils en mettent quelquefois jusqu’à douze l’une sur l’autre, La cha- leur est également insupportable. Rien n'arrête l'ac- tion du soleil, qui brûle tous les végétaux, et réduit à la longue les terres en sable. La sécheresse est si grande dans ces plaines, qu'il n’y pleut pas pendant des années entières. Mais on trouve des oasis dans les déserts. Sur les confins de l'Arabie et de la Syrie, il y a un bois d’orangers de quatre à cinq mille d’éten- due, dans lequel on a bâti des villages; de loin en loin on découvre aussi des bosquets de palmiers qui produisent des dattes dont se nourrissent les Arabes. On voit dans ces vastes contrées , d’un côté des dé- serts affreux, de l’autre des vallées fertiles et déli- cieuses où la verdure est à peu près continuelle; l'in tervalle entre la chute et la renaissance des feuilles est si court, qu'on ne s'apercoit presque pas de ce changement. Les cabanes des Arabes sont, pour la plupart, d'une contexture légère et peu solide. Toutes les mai- sons de la côte d'Arabie, du côté de F'Abyssinie, sont couvertes en Joncs. Dans les parties des montagnes qui ne sont pas Ji4 entiérement pelées, les forêts contiennent des arbres différents de ceux d'Europe; cependant les Arabes cultivent plusieurs de nos arbres fruitiers ; ils ont des grenadiers, des amandicrs, des abricotiers, des poi- riers et des pommiers. Le tamarin, par son ombre, garantit les maisons. Les Arabes possèdent les arbres d’où découlent l'encens, le baume et d’autres aromates précieux. Perse. La Perse est, en général, privée d’eau; on n'y trouve pas une seule rivière navigable, les ruisseaux même sont peu nombreux, il n’y pleut jamais depuis la fin de mai jusqu’à la fin de novembre : aussi n°y en a-t-il qu'une faible partie qui soit cultivée; le reste est nu, et ne produit que des arbustes , des épices et des plantes cotonneuses; on n°y voit d’autres arbres que ceux qui sent plantés et arrosés de main d'homme. Cependant, dans quelques parties où il y a de l’eau, le territoire est fertile, agréable et bien peuplé. La population de la Perse n'est pas le vingtième de ce qu’elle pourrait être, si ce vaste empire était arrosé dans toute son étendue. Les maisons d'Ispahan sont bâties de terre et de torchis; on n'y fait point de charpentes ni de cons- tructions en bois. La plupart des habitations ont un jardin rempli de grands arbres, ce qui donne à la ville l'aspect d'une forêt. Entre Ispahan et Schiras, on rencontre partout des vergers délicieux, des bois d'orangers et de dattiers. On profite du moindre filet d'eau pour les arroser. Le peuple a en Perse une sorte de vénération pour les vieux arbres ; il croit que le platane à une vertu na- turelle contre la peste, et qu'il porifie l'air. Cet arbre 143) croit spontanément dans tout l'Orient; les Persans n'eu emploient point d'autre pour leurs meubles, leurs portes et leurs fenêtres, tandis qu’en Europe on connait à peine l'usage Ge cet excellent bois. Le peuple ne fait point de cuisine, surtout dans les provinces où le bois est très-rare. Il y a des cuisi- nes publiques dont les fourneaux sont entretenus d'une espèce de tourbe, de feuilles sèches, de bruyé- res et de fumier. Les plateaux élevés de la Perse sont trés-froids en hiver, très-chauds en été; il n’y a, dans cette dernière saison, aucune rosée sur les plantes, aucune vapeur dans l’atmosphère, aucun brouillard sur les monta- gues , aucun nuage dans les airs. Les provinces situées entre le Pont-Euxin et ja mer Caspienne, qui sont presque toutes aujourd'hui sous la dépendance de la Russie, ne ressemblent point au reste de la Perse. Le voisinage des mers et des hautes montagnes rend ces contrées bien plus humides et bien plus tempérées. Ici la terre est partout couverte de végétaux. Les montagnes sont presque toutes cou- ronnées de chênes, hètres et autres arbres d'Europe. Vers les bords de la mer Caspienne, on trouve le jujubier, l'olivier et l'oranger ; le platane couvre de son ombre les bords de toutes les rivières; la vigne croit sans culture, elle enveloppe les arbres de ses rameaux et s'élève jusqu’à leur sommet. La soie est l’une des principales marchandises de la Perse; le mürier est, par conséquent, le fondement de sa richesse. La Géorgie est couverte de bois; cependant, suivant Tournefort, on ne brûle guère à Tiflis, eepitale de cette province, que de la paille et du fumier ; ce qui 46 tient à la difhiculté des moyens de transport, qui sont à peu près nuls dans cette contrée encore à demi bar- bare. On ne peut imaginer. dit ce célébre voyageur, quel affreux parfum rend cette bouse dans les mai- sons, qu’on ne peut comparer qu'à des renardières ; tout ce qui s’y mange en est imprégné. À peu de dis- tance de ces horribles lieux, les arbres pourrissent sur pied. ARMENIE. L'hiver dure longtemps en Arménie, quoique cette contrée soit située sous le 40° degré de latitude ; on n°v voit d’autres bois que les arprée plan- tés autour des villages. Pour voyager danfifes montagnes des environs d'Érivan, il faut porter des vivres et du bois; cepen- dant, au pied de ces montagnes, on trouve des sources, des forêts, des mines de fer et des forges. Mincrenie, Circassie. La côte nord-est de la mer Noire présente une immense surface de montagnes couvertes de bois. Le ministère francais a fait explorer cette côte pour y rechercher des arbres de marine ; mais l'extraction en serait trop difficile dans l'état ac- tuel de cette contrée. Le chêne, l’orme, le frêne, pourrissent sur le sol qui les a vus naître. Les maho- métans ne coupent que les arbres qui sont voisins de la mer; ils n'emploient que du bois vert pour leurs constructions. Ce pays est actuellement soumis aux Russes. Les montagnes du Caucase sont couvertes de sapins. La Colchide ou Mingrelie, qui du temps des Romains était couverte de villes où le commerce appelait toutes les nations du monde, est aujourd'hui une vaste fort (ri entrecoupée de quelques terres lbourées; les arbres se multiplient et végètent avec tant de force, que, si l'on n’extirpait les racines qui s'étendent dans les chainps labourés et dans les grands chemins, le pays serait bientôt rempli de bois et impénétrable; l'humidité de l'air y est extrème ; 11 y pleut presque continuellement. Toutes les maisons sont en bois. Les Mingreliens fou- lent le raisin dans des troncs d'arbres qu'ils creusent en forme de cuves. Tiger. Le Tibet est un vaste pays très-élevé et très-froid ; la végétation y est faibie, on y voit très- peu d'arbres. Les plaines, que l'on peut appeler des déserts, car on n’y voit d’autres marques de végétation que quelques chardons , un peu de mousse et des tiges d'une herbe rare et flétrie, sont en proie à un vent trés-violent et très-froid qui y règne continuellement, quoiqu'elles soient situées sous la même latitude que Gibraltar, Alger et Malte. Le froid qui y règne ne peut ètre attribué qu'à la hauteur de ces plateaux. Le pic le plus élevé du Tibet est à sept mille quatre cent mètres au-dessus du niveau de la mer, tandis que le Mont-Blanc n'est qu'a quatre mille sept cent soixante- quinze mètres de ce niveau. Ces hautes plaines d'Asie, presque entiérement stériles, sont entrecoupées de vallées eultivées; les habitants sont obligés d'aller chercher des abris derrière les rochers, dans les re- traites les plus profondes, où le vent pénètrele moins ; ils possèdent de riches troupeaux et des mines iné- puisables. Les forêts que l’on planterait dans ces plaines suc- comberaient sous l'effort des vents. Cependant elles étaient autrefois couvertes d'arbres ; on en trouve qui 18 sont pétriliés sur les montagnes. Ce phénomene sem- ble annoncer, dit un voyageur, que la terre couvrait autrefois ces montagnes, et qu'un bouleversement terrible les en dépouilla , et ne resnecta que les rochers qui s'opposaient à ses efforts. Cuixe. Dans le nord de la Tartarie chinoise, des forèts presque impénétrables couvrent la majeure partie des terres : les Tartares en coupent le bois, et l’envoient en Chine par les rivières. Il n'ya point d’expédient que le peuple n’imagine pour faire cuire ses aliments à peu de frais; pour se chauffer pendant l'hiver, qui est très-rude, 1! emploie de petites branches mélées avec de la paille et des feuilles d'arbres. Les riches ont des fourneaux sou- terrains d’où la chaleur se distribue par des tuyaux dans les appartements ; on les chauffe avec du char- bon de bois amené dans les villes surdes dromadaires. Sur le bord des fleuves, et dans les endroits où l'on a établi des ports, les habitants se livrent à un grand commerce de bois et de charbon de terre qu'ils Font venir des montagnes. Il y a beaucoup de canaux qui établissent une communication peu chère ; les denrées $’v transportent à des distances considérables. La houille s’exploite en abondance dans le nord de la Chine; la poussière même du charbon n'est point perdue ; on la mêle avee de la terre molle prise dans les marais, et l’on en fabrique des morceaux que l’on fait sécher au soleil pour les brüler pendant Fhiver, Dans le midi de la Chine, les maisons du peuple sont construites en terre ou en bois, et couvertes de feuilles et de bambous; on voitaussi des villages bâtis en briques ; 1ls sont ombragés par des bambous et au- 49 tres arbres. Les routes, les rivières, sont bordées de peupliers, de trembles et de saules d’une grosseur prodigieuse. Les Chinois cultivent le mürier avec le plus grand soin ; on en voit des plantations trés-étendues, et sem- blables à des forèts. On sème du riz dans l’espace qui reste entre les arbres, pour ne pas perdre de terrain. Il n'y a presque point de maison qui n’ait dans son voisinage quelque arbre à suif. Le mélèse et le pin croissent sur les montagnes, qui sont trop froides ou trop escarpées pour admettre un autre genre de culture; les riches font planter des bois où ils ont coutume de nourrir beaucoup de san- gliers et de daims. Pour faire réussir un semis de chène, disent les cultivateurs chinois , il faut y passer le feu à la fin de la première ou de la seconde année. Ils entendent trés-bien la culture des arbres. Ils em- ploient lebambou à un grand nombre d’usages ; non- seulement ils s’en servent pour bâtir, soit à terre, soit sur l’eau, et pour faire toutes sortes de meubles, maisils en tirent même une substance alimentaire. Ils savent aussi réduire les grands arbres des forêts aux plus petites dimensions des arbres nains, et leur donner les formes les plus bizarres pour en décorer leurs habitations. Il parait que la vigne a essuyé bien des révolutions en Chine; elle n’a jamais été épargnée toutes les fois qu'il y a eu ordre d’arracher les arbres qui embar- rassaient les champs destinés aux moissons. On ne voit, dans les parties bien cultivées de cet empire, ni haies, ni friches, tant on craint de perdre la moindre portion de terrain; les Chinois cultivent mème le fond des lacs, des étangs, des marais, des JA 00 fossés ; ils y mettent les plantes aquatiques qui entrent dans la nourriture des hommes et des bestiaux. Les arrosements sont trés-fréquents; on fait monter Veau, à l’aide de machines, sur les montagnes; la science agricole s'étend sur les arbres : on ne les aban- donne pas comme en Europe; on a des plantations cultivées et parfaitement soignées ; les coutumes et les préceptes réglent même en cela les actions des Chinois. | La propriété des terres est héréditaire en Chine ; les domaines sont subdivisés en petites parties par les partages successifs des possessions que le père laisse également à tous ses enfants ; beaucoup de paysans sont propriétaires des terres qu'ils cultivent; on ne voit point parmi eux de fermiers spéculateurs, mais la propriété est exposée aux confiscations. Tout est su- bordonné à la volonté du souverain et de eeux qui gouvernent sous sesordres. Les terres dont la culture est népligée ou abandonnée sont confisquées et remises à des cultivateurs soigneux. Japon et Siam. La plus grande partie des monta- gnes du Japon est couverte de boïs; on cultive celles qui ne sont pas trop escarpées. Les hommes condui- sent la charrue dans les lieux inaccessibles aux bœufs; quelquefois la nécessité réduit le peuple à à se nourrir de glands. On se chauffe de charbon de bois ; cet usage est ré- pandu dans toutes lescontrées qui ne sont pas percées de chemins commodes pour les voitures, parce que le transport du charbon est cinq à six fois moins TApeRe que celui du Lois ; on volt cependant au Japon de belles routes bordées de grands arbres. 51 Le bambou y abonde, et y est d’un aussi grand usage qu’en Chine. Chaque maison a une petite cour avec une éminence couverte d'arbres, d'arbustes et de pots de fleurs. Les temples sont situés au milieu d’agréables bocages. Les maisons sont bâties en bois à cause des tremblements de terre. Il y a beaucoup de forêts dans le royaume de Siam; elles sont remplies de bètes sauvages, de tigres, de lions , d'éléphants; les montagnes sont couvertes de bois dont on pourrait construire des milliers de vais- seaux ; on en conduit dans les chantiers de Batavia; les arbres sont si gros et si droits, qu’un seul suffit pour faire un bateau. Les philosophes siamois mettent le bois au nombre des éléments qu'ils reconnaissent dans la nature. Inve. Le Bengale est une vaste région dont la sur- face, d’une pente insensible, est couverte d’une éter- nelle verdure , ombragée de bosquets et de beaux ar- bres qui produisent des fleurs et des fruits dans toutes les saisons de l’année. Il est impossible, dit un écri- vain, de faire une description assez vive ou assez Juste pour rendre sensible, aux yeux de l’Européen étranger au climat de l'Inde, le luxe d’une végétation dont rien n’offre le modéle en Occident. L'arbre banyan parait présenter un diamètre de 100 à 190 mêtres; c’est une agrégation de troncs d'arbres au nombre de cinquante à soixante, qui pous- sent des racines ou filets de certaines parties de leurs grosses branches, lesquels s’enfoncent dans la terre, et deviennent de nouvelles souches : un seul arbre peut couvrir en peu d’années plusieurs hectares de terre. D2 Les canaux que forme la mer pour recevoir les eaux du Gange entrecoupent un vaste territoire maréca- geux, couvert de bois immenses remplis de tigres et de bêtes fauves. On a défriché une grande partie de ces forêts depuis un demi-siècle; les avantages que l’on en retire sont prodigieux. On ne trouvait pas autrefois dans cette contrée un seul endroit qui füt propre à la demeure de l’homme; quelques habitants des bords de la mer se livraient à l'opération lucrative, mais périlleuse, de couper du bois pour l'approvisionnement de Calcutta. Quoi- qu'on en coupt continuellement une très-grande quantité, il semblait que la hache n’y füt jamais entrée. Le Bengale est l’un des pays les plus peuplés de l'Asie, cependant il y a encore des déserts au milieu de cette contrée. Autrefois un tiers en était aban- donné et couvert de bois, un autre tiers rempli de marais et de rivières; le reste produisait des récoltes de riz. Les parties cultivées se sont étendues surtout dans ces dernières années. Les arbres de l'Inde produisent, sans culture, des fruits excellents; ils donnent un ombrage sous le- quel les habitants peuvent passer leur vie à fabriquer leurs étoffes. Le bananier et le cocotier suflisent à une grande partie de leurs besoins. Dans tous les pays de la zone torride, dit M. de Humboldt, on en trouve la culture ét tablic depuis les temps les plus an- ciens dont parlent la tradition et l’histoire. Les maisons des Indiens, bornées à un seul étage, sont presque toutes bâties de terre et de briques : ainsi les grandes forèts sont inutiles pour la char- pente des maisons, parce qu'il n'y a aucun moyen de 53 transport dans les terres pour charrier les arbres. Les forèts de l'Inde sont exploitées par une classe particulière d'hommes qui y sont nés, et qui néan- moins ressentent souvent les pernicieux effets de l'air qu'ils respirent. Dans l'Indostan , il y a des contrées fort étendues où, à part les palmiers, on ne voit que quelques buis- sons; mais, comme les cuisines indiennes exigent peu de combustibles, quelques broussailles, ou de la fiente de vache séchée au soleil, suffisent pour les besoins. Il y a deux sortes de forêts : les unes très- petites et qui ne couvrent que quelques arpents de terre ; elles sont plantées à la main, et se trouvent ordinairement dans le voisinage des habitations; les autres, plus grandes que des provinces d'Europe, seraient la demeure éternelle du silence si elles n’é- taient troublées par le cri des bêtes féroces et le sif- flement des serpents. Ces forêts redoutables, ha- bitées par de nombreux troupeaux d’éléphants , sont éloignées des demeures des hommes, ce qui les rend encore plus sauvages. La plus grande que je con- naïisse, dit M. Perrin, est entre Savenour et Goa : elle a près de cinquante lieues d’étendue; les exhalaisons putrides, les précipices, les souffres, en éloignent les hommes.#La plupart des arbres, par leur difformité, ajoutent des traits hideux au deuil que la nature porte dans ces lieux solitaires. Dés les temps les plus reculés, l’agriculture avait été florissante dans l'Inde; il parait qu'elle y avait dégénéré depuis les conquêtes des Mongols; mais elle à pris, depuis l’affermissement de la puis- sance anglaise, un essor que des Européens pouvaient seuls lui donner; ces grandes forêts sont déjà atta- 54 quées; peut-être un jour seront-elles anéanties pour faire place à d’autres productions. On ne trouve nulle part des cocotiers en aussi grand nombre que dans le Malabar ; ce pays est coupé de bois, de golfes et de marais. Les montagnes sont couvertes de beau bois de teck, excellent pour cons- truire des vaisseaux; on fait trainer ces arbres par des éléphants jusqu'au bord des rivières, d’où ils descendent à la côte. Les habitants du Malabar ado- rent une espèce de figuier. Les arbres fruitiers autres que le cocotier et le ba- nanier sont relégués presque exclusivement sur les côtes habitées par les Européens, et la culture en est négligée. Les montagnes qui séparent le Boutan du Bengale sont couvertes de gros arbres et de taillis épais, mais le défaut de chemins les rend inutiles ; les intervalles de ces forêts sont défrichés et assez bien cultivés ; il y a des villages, des vergers, des plan- tations. Ce pays présente à la fois l'aspect le plus sauvage et les efforts de l’art le plus laborieux. Le pays des Mahrates est couvert de forêts, mais leur éloignement de la mer les rend à peu près inu- tiles. Il n'en est pas de même des contrées qui se rap- prochent du golfe de Cambaye : la construction des vaisseaux fait un objet considérable de eommerce pour les habitants de Surate. La plupart des maisons y sont construites en bambous et couvertes de feuilles de palmier, Plusieurs contrées de l'Inde sont presque entière= ment couvertes de bambous et de rotins qui forment des massifs impénétrables. lies pt TERRES DE L'OCÉAN INDIEN. Les îles de 99 l'océan indien offrent quelques tableaux qui ne sont pas sans intérêt. Le cocotier est naturel dans presque toutes les ré- gions de l'Inde. Dans les îles, les maisons sont bâties de bois et de roseaux. Bougainville assure que la compagnie hollandaise, pour faire mourir les arbres d’épicerie des Molu- ques, dont les produits surabondants génaient son commerce , achetait annuellement les feuilles. des arbres.encore vertes, sachant bien qu'après trois ans de dépouillement les arbres périraient, ce qu'igno- raient sans doute les Indiens. La destruction de ces arbres a rendu déserte une de ces iles qui était autre- fois habitée, Une punition qu'on infligeait souvent aux ha- bitants des iles Marianes consistait à couper leurs arbres. Les Philippines offrent beaucoup de traces de vol- cans; l'humidité que le voisinage de l'Océan, les hautes montagnes et les forêts entretiennent habi- tuellement dans ces régions est vraisemblablement la cause de la fécondité presque incroyable de ces iles, Les mêmes causes, lorsqu'elles se trouvent réunies, produisent les mêmes effets dans toutes les régions tropicales. Williams Marsden a fait sur l’ile de Sumatra des observations intéressantes, dont la plupart sont com- munes à toutes les iles voisines. Nous rapporterons celles qui sont relatives à notre objet. Entre les chaines de montagnes sont de vastes plaines fort élevées au-dessus des terres maritimes, Où l'air est très-frais, ce qui les fait regarder comme les parties les plus délicieuses de l'ile; elles sont 56 conséquemment les plus peuplées et les moins em- barrassées de bois ; on y trouve de grands lacs, des marais immenses; à chaque pas, on rencontre des sources, des rivières. Les villages sont entourés d’un grand nombre d'arbres fruitiers. Le feu n’est nécessaire aux habi- tants que pour faire cuire leurs aliments. Quand le r1z, le sagou, lepibier, manquent, ils ont recours aux feuilles des arbres, que la simplicité habituelle de leur régime ne leur fait pas regarder comme un ali- ment extraordinairement mauvais. La rapidité de la végétation des arbres ne per- met pas d'’essarter absolument un pays dont la po- pulation est encore très-faible. Les champs où le riz a été planté offrent toujours, un seul mois aprés la récolte, un abri pour les tigres, au milieu des plantes et des broussailles qui ont cru dans ce court espace de temps. Voicicomment la culture se fait dans les montagnes : vers le mois d'avril, l'Indien fait choix d'un terrain; il abat les arbres, à l’aide du feu, à trois ou quatre mètres au-dessusdu sol; le bois abattu et desséché pen- dant plusieurs mois, il y met le feu, de sorte que toute la contrée est en flammes pendant environ un mois; les cendres de l'arbre fertilisent le sol. Dans la partie méridionale de l'ile, l’agriculture a déjà fait quelques progrès; les anciens bois sont en partie épuisés, et par là les habitants sont privés d’une nourriture qui était autrefois très-abondante : il faut donc ou qu'ils meurent de faim, ou qu'ils changent de demeure, ou qu'ils cultivent la terre. Leur attachement pour le sol natal est si grand, qu'il surmonte leur répugnance naturelle pour le travail ; 57 leurs champs cultivés rendent trente pour un, et les essarts communément soixante à quatre-vingts. Cette fertilité est extraordinaire, comparée au produit des champs en Europe, qui excède rarement quinze pour un. Une telle disproportion doit ètre attribuée à l'influence d’un climat plus chaud , qui conserve encore beaucoup d'humidité. L'ile de Sumatra a tou- jours été funeste par la chaleur de son atmosphère et par ses brouillards pendant la nuit. Le poivrier est naturel dans cette ile; mais aban- donné à lui-même, il produit peu : il faudrait le tail- ler et le provigner. L'ile de Java est extraordinairement fertile; les habitants sont un peu plus agriculteurs que les autres Malais; leurs montagnes sont garnies de superbes forêts qui s'élèvent en amphithéätre sur des plaines couvertes de verdure et de marais. À Bornéo, les maisons sont construites en bois et élevées sur des poutres; les habitants les transportent souvent, ce qui se fait aussi dans les iles voisines. Dans l'ile Célèbes, elles sont bâties de bois de diffé- rentes couleurs. La presqu'ile de Malacca est couverte de forêts im- pénétrables et de marais; c'est un repaire de reptiles et de bêtes féroces; les naturels y vivent de fruits et de gibier. Les bois sont odoriférants ; on y respire un air embaumé par une multitude de fleurs qui se suc- cèdent toute l’année. L'ile de Ceylan est remplie de vastes forêts encore vierges. Les arbres sont environnés de buissons qui n’ont, pour la plupart, aucune ressemblance avec ceux de nos climats. Les rois du pays avaient autre- fois défendu de pratiquer dans ces bois un sentier 58 où il püt passer plus d’une personne à la fois; mais les Hollandais y ont tracé de larges chemins. Les côtes sont couvertes de cocotiers; on né brüûülait au- trefois dans cette île que du bois de cannélle. Icxs Manianes. L'ile de Tinian, si connue par le voyage d’Anson, a été fort peuplée autrefois; mais les Espagnols en avaient transporté les habitants dans une autre ile, cinquante ans avant que ce naviga- teur y abordàt ; il y trouva un gazon plus uni et plus fin qu'on ne le trouve ordinairement dans les cli- mats chauds; les bois sont terminés aussi nette- ment, dans les endroits où ils touchent aux plaines, que si la disposition des arbres avait été l’ouvrage de l’art. Les animaux sont les seuls maitres de ce paisible séjour. Les bois y sont pleins de coco- tiers, de limons et d'orangers, exhalant une odeur admirable ; ce tableau ne nous représente pas la nature vierge, mais la nature abandonnée par les hommes. AusrrALtE. La terre de Van Diemen est bien boisée. Les naturels habitent sous de misérables charpentes recouvertes d'écorce, qui méritent à peine le nom de huttes; les plus habiles d’entre eux se logent dans l'intérieur des arbres. Nous renconträmes, dit le rédacteur du journal de Cook, une multitude de gros arbres creusés, où ils avaient pratiqué, à l’aide du feu, un espace de six à sept pieds de hauteur, et nous y vimes des foyers d'argile autour desquels quatre ou cinq personnes pouvaient s'asseoir. Ces ha- bitations sont très-durables , car les sauvages ont toujours soin de laisser entier l'un des côtés de [4 59 l'arbre, ee qui suffit pour y entretenir une séve anssi abondante que dans les autres. Dans le continent de la Nouvelle-Hollande, qui n'est guère moins vaste que l'Europe, la plupart des savanes sont semées de rochers stériles; mais on y trouve une foule d'arbres inconnus dans les autres parties du monde. La Nouvelle-Zélande est couverte de forêts, de grands arbres toujours verts qui croissent avec une vigueur qu'on ne peut imaginer, et qui cffrent les plus majestueuses perspectives. Izes DE LA Mer pu Sup. Dans les iles de la mer du Sud, dont le capitaine Cook a donné la description , les plantes parasites, qui remplissent les intervalles des arbres, rendent les bois impénétrables ; la mousse, la fougére, le liseron , embarrassent les pas; les arbres, rongés par le temps, y tombent de vieillesse, et autour deux de jeunes plants croissent vigoureu- sement dans un terreau noir qui enfonce sous les pieds; les liserons et les lianes qui s’entrelacent aux arbres les plus élevés y forment des guirlandes bieués et pourpres ; les fleurs embellissent les forêts et les bocages ; 11 Y a une espèce de liane qui peut couvrir des hectares entiers, et dont les rameaux entrelacés soutiennent des troncs d'arbres qui tombent de vieillesse; d’autres grands arbres, couverts d’une mousse grisätre qui descend de la cime jusqu’à terre, bordent les savanes. On voit des pics chargés d’ar- bres jusqu’au sommet; on les prendrait pour des pyramides parées de guirlandes de fleurs, de feuil- lages et de fruits. Dans les iles Malouines, l'horizon est bordé par des 60 montagnes chauves; il n’y a point de bois, mais il y croit des jones fort élevés qui peuvent servir de com- bustible, et dont les débris jonchent la terre. Les iles Sandwich et les iles voisines sont bien cul- tivées; les montagnes sont couvertes de forêts; des murailles séparent les champs cultivés, qui n'ont en général d'autre sol qu’une espèce d’engrais d’au moins un demi-mètre de profondeur , formé du dé- tritus des mousses et des arbres. Les arbres à pain abondent dans les iles décou- vertes par M. de Bougainville. Les habitants de Taïti, loin d’être obligés de se procurer leur pain à la sueur de leur front, sont forcés, dit-on, d'arrêter les lar- gesses de la nature, qui leur en offre en abondance; ils extirpent quelquefois les arbres à pain, pour plan- ter à leurs places des cocotiers, des bananiers, et mettre ainsi de la variété dans leur nourriture; ils vivent sans travaux pénibles, ils n'ont qu'à planter des arbres et à récolter les fruits de ceux qui viennent naturellement. Quoique les montagnes de cette ile soient d’une grande hauteur, le rocher n’y montre nulle part son aride nudité; elles sont couvertes de bois toujours fleuris; le pied de ces montagnes est entrecoupé de prairies et de bosquets. Quelques-unes des iles voisines, encore inhabitées, sont entièrement couvertes de cocotiers. Les arbres de ces régions sont peu propres aux usages ordinaires; il y en a plusieurs espèces, dont le bois, lorsqu'il est scié, acquiert un tel degré de fragilité, que les planches s'éclatent et se divisent en petites esquilles. Turquie p'Eurore. Les villages et les montagnes 61 qui bordent le canal de Constantinople sont ornés d'arbres. Les côtes de la mer Noirepourraient en four- nir assez pour rebâtir tous les ans Constantinople, s’il en était besoin, quoique cette ville soit presque entièrement construite en bois. Les prairies des environs sont bordées de tilleuls, de platanes, de charmes, de frènes et de peupliers ; il n’est pas permis de couper du bois dans les forêts où vont chasser les sultans; on met le feu dans les autres forêts pour en cultiver quelques parties. Il y a tout autour de Péra des métairies et des châteaux dans les bois de haute futaie. On ne brüle du bois que dans les maisons des grands ; le reste de la population se chauffe ordinai- rement autour d’un brasier de charbon. Les Turcs ont beaucoup de bienveillance pour les arbres voisins de leurs habitations; ils les arrosent et les cultivent par charité; ce serait un crime énorme de les couper , et tout le voisinage ne manquerait pas d'en murmurer; ils n’osent pas même les émonder, et sont prêts à faire tous les sacrifices nécessaires pour conserver leur ombre hospitalière; tous les ar- bres restent, de quelque manière qu’ils soient plantés, près des habitations; et on abattrait plutôt une partie de la maison que d’arracher ou d’ébranler l'arbre qui s’est trop étendu. Le respect superstitieux que les arbres inspirent aux Turcs n'empêche pas que leurs forêts ne soient abandonnées aux incendies, aux paturages, aux dévastations de toute espèce ; ils ignorent l'art de couper et de conserver les bois, et les laissent ou dépérir de vieillesse, où tomber sous la hache d'un fermier avide. 62 La Macédoine abonde en grains, en boiïs et en bestiaux. Dans la Livadie, les forêts sont formées de pins amoncelés qui présentent un aspect antique et désert. | Les environs du golfe de l'Arta ont beaucoup de bois de chènes blancs et d’ormes. Une compagnie de négociants francais, pour avoir la permission de les couper, payait une somme considérable au pacha ; elle en exportait annuellement cent mille pieds cubes qui lui coûtaient, rendus au bâtiment, 1 fr. 57 c. le pied eube (34 millim.), ou 30 paras. On trouve, dans la Servie et les contrées voisines, de magnifiques forêts de chéne qui servent de pà- turage. Le territoire de la Valachie est très-fécond, mais la plus grande partie en est inculte; les terres apparï- tiennent, moyennant un tribut, au premier qui veut les labourer. Le revenu principal provient des pà- turages dans lesquels on élève un bétail nombreux qui s'exporte. Cette province est, en quelques en- droits, traversée d’épaisses forêts, et dans d’autres elle manque absolument de bois; dans les campagnes, les maisons sont bâties en terre grasse et couvertes de roseaux. Les monts Crapacks ou Balkans sont char- gsés de superbes forêts. Les bords du Danube sont remplis de forêts marécageuses dans lesquelles 1l wexiste point de routes. . Darmar. Autrefois riche et cultivée, la Dalmatie ést aujourd'hui pauvre et malsaine ; on y trouve des bois de genièvres, de bruyéres et de chènes verts. II y à beaucoup de lentisques dans certaines contrées, mais les habitants les coupent prématurément; les 63 montagnes y sont couvertes de sapins et de chènes. Dans les environs de Zara, le frêne donne de la manne en abondance et de la meilleure qualité ; mais, quelque simple que soit l’opération nécessaire pour la tirer, des branches de l'arbre, les Morlaques ne veulent pas la pratiquer. Leurs maisons ne sont que des cabanes couvertes de paille et de bardeaux. Les montagnes qui bordent la Cettina abondent en chênes dont on pourrait transporter les tiges à peu de frais jusqu'a la mer; mais les plus légers travaux effraient les habitants. Les vallons et les plaines sont noyés par des sources et par les eaux qui descendent des montagnes; le sol est détérioré, les rivages sont couverts de sable; plu- sieurs contrées abondent en tourbes qui ne sont point exploitées. Quelques propriétaires soigneux ont de belles pos- sessions au milieu de cette barbarie; leurs bois se distinguent des forêts abandonnées; ils ménagent les jeunes frènes en les débarrassant des ronces et des jets qui les entourent; cette attention accélère leur crue et le temps où ils seront en état de souffrir l'in cision et de donner la manne. | Les montagnes sont, en général , dépouillées d’ar- bres; tel'est l'état de dblle qui est voisine de Spalatro, retraite de Dicelétien ; cette montagne, jadis si belle, est horrible aujourd’hui. Cette province pourra rede- venir ce qu’elle fut autrefois, quand la rene particulière y sera établie et protégée. Mons et unes vorses. L'ile de Zante n'est plus couverte de bois comme du temps d'Hlomère ; on em ü4 a défriché le sol, et le bois est presque la seule chose dont manquent aujourd’hui ses habitants. L'ile de Corfou est riche du revenu de ses oliviers ; il y a de grandes forêts d’une espèce de chène dont la cupule donnait un revenu autrefois affermé aux Vénitiens, qui en retiraient des sommes considé- rables. L'intérieur de la Morée a des bois de chênes, de sapins, de mélèses, de pins et de cyprès d’une hau- teur prodigieuse; mais ces arbres s’affaissent et pour- rissent sur le sol. Le seul cbjet de commerce que l'on en tire est le gland, que l’on exporte en Italie. Le bois de construction ainsi que le bois de chauffage viennent du dehors, ce quiest occasionné par la difhi- culté des communications dans l’intérieur de cette péninsule. ArcxipPEeL. Les montagnes de l'ile de Nicaria sont couvertes de bois. Les habitants ne vivent que du commerce des planches de sapin, des chênes et des bois à bâtir qu'ils transportent à Scio ou à Sala-Nova; ils sont d’ailleurs très-misérables, parce qu'ils ne cultivent pas leur ile. L'ile de Samos exporte des chénes verts et des pins. ile de Naxie est bien boisée; mais, si l’on en excepte les contrées que nous venons de citer, les iles de l’Archipel sont dépourvues de bois. À Milo, on ne brüle que des broussailles qui sont très-chéres. A Mycone, on fait venir le bois de chauffage de Délos. Dans l'ile de Nancio, je ne crois pas, dit un voya- geur, qu'il y ait assez de bois pour faire cuire les perdrix que l’on pourrait y tuer. 65 Dans l'ile de Santorin, on fait venir des iles voi- sines des broussailles de lentisques et de kermés; la rareté du combustible y est telle, que le peuple ne fait du pain que trois ou quatre fois l’année : la viande est exposée au soleil; on la mange toute sèche ou bouillie. La culture du lentisque consiste plutôt à nettoyer le sol tout à l’entour qu’à donner des labours. Les lentisques cultivés, qui produisent le mastic par in- cision, sont la plus précieuse production de l'ile de SCIO. L'armée vénitienne brüla tous les oliviers de Paros pendant les huit ou dix années qu’elle y séjourna. L’incurie des Turcs a encore été bien plus funeste aux arbres de toute espèce. Les petites îles de l’Archipel ne sont habitées que par des troupeaux de chèvres et de brebis qui ont détruit les forêts abandonnées à leur voracité. Les Cyclades sont pierreuses, sèches, pelées; il y croit du tithymale en arbrisseau , que l’on brüle faute de meilleur bois. Cannte. Les maisons de l’ile de Candie sont bâties en pierre et en marbre blanc. Les forêts du mont Ida fournissaient autrefois des arbres pour la marine des Crétois. Aujourd’hui les deux tiers de l'ile ne sont que montagnes presque toutes pelées, désagréables, taillées à pic, et dont les flanes sont garnis de cyprès; mais le pied de ces mon- tagnes est couvert de forêts d’'oliviers entrecoupées dechamps, devignes, de jardins etde ruisseaux bordés de myrtes, de chênes, d’oliviers et de lauriers-roses; 4] * 66 les campagnes présentent des bois entiers d'abrico- tiers, d'orangers, de citronniers, de figuiers, d’aman- diers, d’oliviers, de pommiers ct de poiriers. Ces montagnes, si sèches aujourd'hui, étaient cou- vertes de forèts dans la haute antiquité. On raconte qu'ayant été embrasées par le feu du ciel, elles fon- dirent les mines de fer, et que c'est cet événement qui apprit aux habitants à connaitre ce métal. Russie. Toutes les villes de Russie, à l'exception de Saint-Pétersbourg, sont bâties en bois; on vend au marché des maisons toutes construites. Ce vaste empire est couvert de marais, de forêts et de mon- tagnes; les päturages y sont excellents, et la terre très-féconde. «Un écureuil », dit Bernardin de Saint-Pierre », pourrait parcourir une grande partie de la Russie sans mettre le pied à terre, en sautant de branche en branche. » Mais de grands défrichements se sont opérés depuis l’époque où il écrivait. Tout l’espace qui s'étend entre les deux capitales de l'empire, et qui d’un autre côté confine à la Po- logne méridionale, toute la Finlande , l'Ingrie, l'Es- tonie, ne forment qu'une vaste forèt de pins et de sapins parsemée de rochers et coupée par des lacs. En Finlande, on fait quelquefois vingt lieues dans les forêts sans trouver un seul village. La Russie sera dans quelques siècles moins froide qu’elle ne l’est actuellement, lorsque les marais seront desséchés, les forêts cultivées et les eaux dirigées dans des canaux; c'est ainsi que la froide Germanie est devenue l'Allemagne tempérée et si ferule au- jourd'hui. 67 La méthode dont les habitants se servent pour faire périr un gros sapin est d'enlever une bande d’écorce de la longueur d’un pied; bientôt l'arbre se dessèche; le moyen habituel de l'incendie découvre et fume le sol. Les routes et les rues sont formées de tiges d’arbres rangées parallèlement et attachées ensemble dans le milieu et à chaque extrémité par de grosses solives que l’on fait tenir à la terre au moyen de chevilles qu'on y enfonce ; ces troncs sont recouverts d’un lit de branches sur lesquelles on met une couche de sable ou de terre. On lit dans un voyage de Coxe un calcul assez curieux fait par M. Hanvay sur le nombre d'arbres qui entrent dans la construction d’un chemin de cette espèce. On peut les évaluer à treize mille sept cent dix par lieue, ce qui fait quatre cent onze mille trois cents pieds cubes, en comptant chaque arbre pour trente pieds de longueur et un pied d’équarrissage. La méthode de pontonner ainsi les plaines ma- récageuses consomme de beaux arbres et rend les chemins très-fatigants ; après une dizaine d'années, ces arbres pourrissent et s’enterrent; les routes de- viennent alors impraticables : on éviterait tous ces inconvénients en élevant de bonnes digues avec des fascines et de la terre, en creusant des deux côtés des canaux pour l'écoulement des eaux, et en coupant les arbres qui bordent le chemin pour en éloigner l'humidité; mais de tels travaux appartiennent à un état de civilisation et d'industrie plus avancé que celui de la Russie, où les arts et l’agriculture font cependant des progrès continuels. Les forêts de la Russie orientale sont généralement 68 peuplées de pins, de sapins, de mélèses, de bouleaux, de chênes, peupliers, trembles, genièvres, noisetiers, et pommiers sauvages. Elles sont toutes en hautes futaies, à l'exception de celles qui environnent les villages et les usines; mais l'entretien des unes et des autres est négligé. On ne peut pas dire que les forêts soient sou- mises, en Russie, à un aménagement quelconque ; toutefois les progrès que l’on a faits dans la science forestière ont amené, dans quelques contrées, à ex= ploiter par bandes, de manière que les réensemen- cements s'effectuent par les coupes voisines de la coupe exploitée. La culture des arbres fruitiers est encore dans l’en- fance; cependant les cerisiers prospérent bien à la latitude de Moscou et de Volodimir ; les habitants de cette dernière ville vivent en grande partie du pro= duit des fruits qu'ils envoient à Moscou. Les forêts occupent la plus grande partie des con- trées où coule l’Oka, de sorte qu'il y a fort peu de terre en culture. Lorsqu'on veut défricher un bois, on y met le feu malgré les ordonnances, et sans s’em- barrasser s’il s’étendra au loin. Ces arbres, brülés à moitié, laissent dans les champs des souches qui ont deux à trois mètres de haut, et qu'on ne songe jamais à déraciner. On coupe encore beaucoup de bois tant pour le chauffage et la bâtisse que pour faire le goudron, et pour d’autres usages. On ne voit guère de vieux mélèses, parce que cet arbre, très- susceptible de s’enflammer, est ordinairement brûlé lorsque les habitants incendient les paturages au printemps pour renouveler l'herbe. Tantôt on traverse des forêts humides et sauvages 69 où il n’y a point de routes fravées; tantôt on ne voit que des bois éparpillés de pins et de bouleaux ; plus loin, ce sont des landes, des bonrbiers remplis de jones; des forêts sont humides, même dans les montagnes formées d’un roc recouvert d'une très- mince couche de terre. En creusant un peu la terre sur les rivages des fleuves, on trouve un mélange de branches pourries et de grands arbres. C’est sur ce sol que l’on bâtit des villes et des villages. Lorsqu'il tombe une grande quantité de neige à la fois sur les arbres qui n'ont pas encore perdu leurs feuilles, les branches se courbent, etilest rare qu elles se redressent : ces neiges prématurées causent le plus grand dommage aux forêts. Nous rapporterons quelques traits intéressants d’une description des forêts de la Finlande, La température est infiniment plus douce dans l'intérieur des forèts qu’à l'extérieur; un silence for- midable v règne; le seul bruit que l’on entende pen- dant l'hiver est produit par les arbres que la gelée faitéclater; ce bruitest sourd, et semblable à des coups de canôn éloignés. Les chemins sont obstrués par des buissons, des branches de pin et de sapin, et par une espèce de mousse très-roide et très-épaisse qui croit jusqu'à la hauteur de deux pieds. Les fondrières, les arbres pourris, opposent des obstacles presque invincibles au passage. C’est pendant l'hiver que les habitants coupent et transportent le bois, les fagots, taillent du merrain et du bois de charpente ; ils trainent sur les champs de glace et de neige des arbres énormesqu'il leur serait impossible dedéplacer peudant l'été. 70 De vastes incendies, des ouragans terribles, font. de grands ravages dans le cœur des forêts; ces in- cendies, dont la mousse sèche est le conducteur le plus dangereux, consument les meules de blé, les ruchers et les cabanes. Les forêts de la couronne sont plus exposées que les autres aux ravages du feu; dans plusieurs dis- tricts, les paysans tirent leurs bois des forêts royales, et payent pour cela une certaine taxe; mais ils ont encore le droit d’abattre et d’emporter les arbres atteints par les incendies ; dés lors, si la quantité de bois qui leur est assignée ne suffit pas à leur besoin, leur intérêt les porte à mettre le feu dans le voisinage. Mais lesgraines de pin ne tardent pas à don- ner des semis abondants dans les endroits incendiés. L'Ukraine a de belles forêts dont les arbres pour- rissent sur pied. Le pays de Kasan est parsemé de chênes qui tantôt forment des massifs, tantôt sont clair-semés ; ils offrent de grandes ressources pour la marine russe, et sufliraient aux marines de tout l'univers. Sisérte. Le sol de la Sibérie serait extrèmement fertile s’il était cultivé ; des milliers de lieues carrées de forêts de pins embellissent ce pays, qui un jour sera peut-être moins inhospitalier. Cette triste con- trée est arrosée par les plus belles rivières du monde, dont les rives sont tellement garnies d'arbres qu'on n'y saurait voir le soleil en plein midi. Le paysan de Sibérie a une répugnance invincible à défricher la terre; il se ferait un scrupule d’a- battre des bois pour y former des prairies ou des terres labourables ; il ne s'établit que dans des lieux éloi- 71 gnés des forêts; il dit que les bois ne sont faits que pour la chasse. Le docteur Pallas remarque que les arbres rési- neux qui ont été brülés sont ordinairement rem- placés par de jeunes bouleaux, et qu’on ne trouve point de chênes en Sibérie. Il y a beaucoup de fonds salins qui coupent les forèts et où l’on ne trouve que les plantes propres aux terrains de cette espèce. La province de Tobolsk n’a point de forêts dans ses plaines, qui sont très-bien cultivées ; on ne voit dans cette province que quelques bois de bouleaux clair- semés, qui suffisent cependant au chauffage et aux autres besoins. On devrait toutefois les épargner da- vantage, et abolir la pernicieuse coutume de mettre le feu aux landes : cet usage existe encore sans né- cessité, malgré les défenses que l’on en a faites. Des contrées entières sont quelquefois ravagées par de furieux ouragans. | On ne prend nul soin de la reproduction des forêts employées aux usines et aux fabriques; on laisse des souches d’un à deux mètres au-dessus du sol. De nouveaux villages sont remplis d’exilés à qui le souverain a rendu la liberté et les prérogatives qu’ils avaient perdues; le sol qu’ils cultivent est excéllent ; mais on ne ménage pas assez les bois; quelques-uns de ces villages en sont déjà dépourvus. : On peut conjecturer que dans les plus belles con- trées de l’Europe la pente des montagnes était autrefois couverte de fontaines et de marais, les prai- ries très-humides, et les vallons couverts d’eau ; les forêts sont pleines de sources en Sibérie : aussi les pluies y sont-elles très-abondantes. Il paraît qu'une partie des forêts de la Sibérie est 12 divisée par districts affectés anx mines en exploi- tation. L'érable, l'orme, le tilleul sont les seules espéces d'arbres qui n'existent point dans la partie orientale de la Sibérie; dans la partie du nord, les forêts ne sont composées que d'arbres peu élevés ; en savançant tout à fait au dela du G2° degré, on ne rencontre que des saules de la plus petite espèce, des bouleaux nains et des buissons d’arhou- siers des Alpes. Ces plantes n’ont pas deux mètres de hauteur. Les bois pétrifiés abondent dans les mines ouvertes Jusqu'à présent. TarraRie. La grande Boukharie serait très-fertile si elle était cultivée; et le bois, si rare dans le reste de la Tartarie, y est assez commun. Les Tartares d'Oufa possèdent beaucoup de ruches dans les forêts; plusieurs en ont jusqu’à quatre cents. La charpente de leurs tentes consiste en claies d’osier et en perches de saule, seuls bois qui croissent de loin en loin dans les steppes de l'Orient. Les Bashkirs, qui sont aussi des peuples nomades, habitent pendant l'hiver des cabanes construites en bois. Ils brülent les herbes sèches au commencement du printemps; 1ls auraient détruit par leurs incendies les belles forêts de lOural, si le gouvernement russe n'avait introduit parmi ces barbares un commence - ment d'agriculture et d'industrie. Les Russes ont établi des fonderies de cuivre et de fer dans les pays montueux couverts de saules et de peupliers ; les Bashkirs qui habitent le voisinage des forges y met- tent beaucoup de terrains en culture; ils vendent des grains aux forgerons, et ils se réservent un certain 2] le» nombre d'arbres pour y placer leurs ruches; ils se prévalent aussi da droit de chasse; ils ont grand soin de vendre pour leur compte le houblon sauvage qui croit dans les forêts. On pense que les steppes ou contrées basses de la Crimée, du Kouman, du Volga, de l'laïk et le pla- teau de la grande Tartarie, y compris le lac Aral jusqu’à la mer Caspienne, ne formaient qu'une mer qui avait deux golfes énormes : l’un dans la mer Cas- pienne , l'autre dans la mer Noire. La nature saline du sol se refuse à la production des bois; et, quoique depuis bien des siècles les eaux soient écoulées de ces contrées, les plaines ne sont pas encore recouvertes de terre végétale ni de gazon, et n'ont encore pro- duit ni arbres ni buissons; presque partout elles n’admettent aucune espèce de culture. En Crimée, beaucoup d'arbres enfouis attestent l'existence de forêts à une époque reculée. Il est dif- ficile de les rétablir à cause des vents alizés qui soufflent du nord pendant six mois de l’année. Les peuples tartares mangent de la viande crue, uniquement parce qu'ils manquent de bois pour la faire cuire. [ls ne cultivent pas la terre, parce qu’il leur faudrait du bois pour fabriquer des instruments de culture. SrePPES DE LA MER Norme. Les bords de la mer Noire et de la mer d’Azof jusqu'au Volga ne sont pas peuplés à cause de la rigueur de leur climat, quoique la latitude y soit la même que dans le midi de la France. En hiver, le froid est si vif dans quelques endroits de ce désert, que les animaux et les hommes 14 ne peuvent y vivre; en été, l'extrême chaleur rend ce pays insupportable. On n’y trouve point de bois ; les nomades vivent sous des tentes, et brülent pour leur chauffage le fumier de leurs troupeaux. Ainsi la température devient meurtrière dans les pays décou- verts par la destruction des forêts. Les colonies allemandes établies sur les bords du Volga ont des bois de chauffage, mais elles manquent de bois de construction. Dans les parties basses qui sont voisines du fleuve, il y a de belles forêts de peupliers. ILexiste des minesde houille sur les bords du Volga. On ne saurait trouver une position plus favorable, et il faut espérer qu’on en profitera un jour pour aug- menter à la fois la population dans les lieux où l’on exploitera le charbon minéral et dans ceux où on l'enverra. SuÈne. La Suède est un pays très-montueux, arrosé d’une multitude de rivières et entrecoupé de grands lacs, qui, avec les marais et les bruyères, oceupent plus de la moitié de la surface du royaume. Dans quelques provinces, la terre est si fertile qu’elle donne en trois mois ce qu'en d'autres endroits elle ne peut produire que dans le long espace de neuf mois. La Sudermanie est une contrée aride, montueuse, couverte de bois, de sable et d’une bruyère noirâtre d’un aspect lugubre. Dans une vaste étendue semée de rochers pelés et hideux, on ne voit que des sapins qui s'élèvent à une hauteur prodigieuse. Cette mo- notonie est coupée de temps à autre par l'aspect de es 19 quelques petits défrichements, où le travail le plus infatigable, aidé par l’engrais des cendres provenant dés bois incendiés, peut à peine faire produire une pauvre moisson. _ Le gouvernement à souvent défendu ces défriche- ments, surtout par le motif que les incendies s’éten- dent presque toujours au delà de l’espace que l’on veut labourer, ce qui prive d’autres champs de l'abri que leur procuraient les bois incendiés. Dans la Bothnie, les forêts, les fleuves et les lacs couvrent presque la totalité du sol; l'exploitation du goudron est l’une des branches de commerce les plus considérables dans ces forêts presque sans bornes qui seconfondent avec celles de la Laponie. Les Bothniens vivent d’un peu de lait et des pousses tendres qui se trouvent au sommet des branches de pins. Dans d’autres parties du royaume que la nature a mieux traitées, les habitants mangent un pain d’é- corce de bouleau et de sapin, de paille et de racines, en y ajoutant un peu de seigle ; mais la chasse et la pêche produisent de quoi nourrir des contrées entières. Dans plusieurs provinces, l’agriculture a fait des progrès remarquables. Dans l'ile d'Aland, on se sert de la chaux pour engrais. Cette ile exporte beaucoup de bois et de charbon. Parmi les insectes de ces contrées, il y a une espèce de dermeste qui ronge les arbres, et même les mai- sons nouvellement bâties, au point qu'elles tombent en ruine en très-peu de temps. Les villages de Suëde, et même les villes, sont bâtis en bois, à l'exception de Stockholm, où l’on a cons- truit depuis un demi-siècle beaucoup de maisons en pierre. 16 La Suède a peu de prairies; les chevaux vivent dans les bois. Tout le monde connait l'importance des mines de fer de ce royaume. On assure que les grandes forêts diminuent tous les Jours par l’extrème consomma- tion qu’entrainent la fabrication du charbon, celle de la potasse et de la poix qu'on exporte; mais cette Opinion parait aussi peu fondée que celle des voya- geurs qui pensent que la Suède était deux fois plus peuplée dans le xvi‘ siècle qu’elle ne l'est aujourd'hui. Les forêts reprennent à la longue les terrains aban- donnés ; il suflit de quelques pouces de terre pour la végétation dans un climat où l’évaporation est si peu considérable. Des sapins, des bouleaux, des sor- biers, vésètent sur des rochers où ils trouvent à peine assez de terre pour enfoncer leurs racines. Les sapins croissent même dans les grands chemins qui sont peu fréquentés. La population n'a pas diminué, car l'agriculture et le commerce ont fait des progrès. Norwéce. Les collines qui bordent la mer Balti- que sont entremélées de superbes forêts et de belles prairies. Le chène croit dans certains districts du midi de la Norwége; on y trouve aussi en très-petite quantité des forêts de hêtres; mais en montant dans une région plus élevée, ces deux espèces d'arbres disparaissent successivement. Près de Christiania, il n°v a déjà plus que des sapins et des bouleaux; en allant plus au nord , les forêts de sapins disparaissent à leur tour ; enfin on ne trouve plus que des bouleaux nains et quelques buissons. di Les Norwégiens se nourrissent principalement de poisson et de gibier ; ils ont défriché plusieurs forêts, mais la nature de la terre et les rochers n’admettent guère de culture. Les maisons des villes et des vil- lages sont construites en bois. Les scieries et les usines sont très-multipliées en Norwége; les rivières, qui sont en grand nombre, flot- tent beaucoup de bois; les vaisseaux du port de Chris- tiania chargent des planches et de la charpente pour l'Angleterre, la France et la Hollande. On trouve que ce commerce a l'inconvénient de dégarnir le pays de bois; mais dans l’intérieur les forêts sont encore in- tactes; 1l y a beaucoup de Norwégiens à qui la res- source de détruire leurs bois est devenue nécessaire. Il ne s'agirait que d'en soigner un peu la reproduc- tion pour que la richesse que produit ce commerce restàt constamment dans le pays. Tout abonde à Christiania et à Friedrichs-Hall ; tout y est payé avec des planches et du fer ; une pro- duction sert à solder toutes les autres. Les hautes montagnes de la Norwége sont deve- nues inhabitables, à raison de l'élévation de la tem- pérature, depuis qu’on les a dépouillées de leurs bois. Mais deux obstacles s'opposent en Norwége au dé- frichement des forêts ; ce sont : 1° les longs baux des coupes ; 2° la difficulté d'obtenir du propriétaire et du magistrat l’autorisation d'opérer ce défrichement, autorisation qui ne doit être accordée que pour les lieux qui ne sont pas propres à la production des bois de construction. Laponte. La Laponie a de vastes étendues de landes couvertes de mousses, des montagnes couvertes de 78 neiges, et des marais qui occupent la plus grande partie des plaines. La multitude des Jacs et des ri- viéres rend la terre trés-mouvante, ce qui empèche de la cultiver ; mais il y a beaucoup de prairies. On ne voit en Laponie ni arbres fruitiers, nichènes, ni hêtres, ni tilleuls; mais des sapins, des bouleaux, des peupliers, des genièvres et des saules. Tous les arbres sont couverts de mousses épaisses qui s’enflam- ment à la moindre étincelle. La terre ellesméme en est tapissée, surtout dans les bois, à la hauteur d'un ou deux pieds; les forêts sont souvent brülées; mais cela ne fait de tort à personne, et les incendiaires ne sont pas punis : il vient à la place des plantes in- cendiées une mousse fraiche, qui sert à la nourriture des rennes. Les bois de ce pays offrent presque un aussi grand nombre d'arbres à terre que sur pied; la plupart tombent au moindre vent. La forêt que les académiciens eurent à traverser pour arriver à la montagne de Niémi ne leur parut qu'un affreux amas de ruines et de débris; ils étaient obligés de se faire jour avec la hache. Les Lapons n’ont aucune demeure fixe; leurs ca- banes sont faites de branches d'arbres, de gazon et de mousses. On a remarqué que les racines des saules, en s'é- tendant au loin et se divisant en ramifications nom- breuses, donnent de la solidité aux bords des ruis- seaux et des rivières, qui, sans cela, s'ébouleratent à chaque fonte de neige et à chaque erue d’eau. Dawemarck. On trouve sur la côte orientale du Jutland beaucoup de forêts de hètres et de chênes, entremélées dans les champs, les prairies et les lacs ; 79 la partie opposée est moins riche en bois; on y brule de la tourbe et des bruyères. Ce qui annonce qu'une partie du Danemarck n'est pas abondamment pourvue de bois, c’est que dans les campagnes les maisons sont bâties en terre, et que la plus grande partie des chénes qui entrent dans la construction des vaisseaux viennent des États du roi de Prusse et du Holstein. On regrette la richesse que la chasse fournissait avant la destruction des forèts; cependant c’est un bien triste produit en comparaison des riches revenus de l’agriculture. Les tableaux statistiques, qui ne portent l’étendue des forèts du Danemarck qu'au vingtième de la sur- face totale du royaume, sont nécessairement inexacts, si l’on comprend sous le nom de forêts tous les es- paces couverts de bois disséminés dans les pà- turages. PoLoexs. Le sol de la Pologne est une grande forêt entremélée de cultures ; les arbres les plus communs sont les pins, les sapins, les hètres, les bouleaux et de petits chênes; quelques pâturages se trouvent cà et là disséminés dans ces bois, qui nourrissent d’ex- cellents chevaux, et où l’on recueille du miel en abon- dance. On trouve au milieu des forêts des vestiges d'anciennes clôtures et même des rues pavées. . On ne voit dans les campagnesque des chaumières. Les villes sont bâties en bois, à l’exception des mai- sons des grands. L'air est malsain en Pologne; c’est l’effet de l’im- mense étendue des forêts toutes marécageuses. Le sol de la Lithuanie est presque entièrement cou- O0 vert de bois; il y avait partout des forèts sacrées que Ladislas Jagellon fit abattre. Les chemins sont abso- lument négligés dans ces contrées. Ce ne sont presque que des sentiers tortueux tracés au hasard à travers les forèts. Ils sont souvent si étroits et tellement em- barrassés d'arbres et de ronces, qu'à peine une voi- ture peut y passer. Üne des forêts de la Lithuanie ( forêt de Bla- lowisk ) a cinq cent deux milles carrés; les pins y attestent un àge de trois cents ans; les sapins de deux cents; les hêtres de deux cent vingt; les bou- leaux de cent vingt; les érables de deux cent cin- quante; les chènes de six cents; on y trouve des troncs de tilleul dont les cercles annoncent cinq cent quinze années : un pin de cent ans a #2 mètres de hauteur ; un bouleau de cent vingt ans est haut de 30 à 35 mètres. Quelques voyageurs ont remarqué que les forèts y sont sujettes à s’enflammer. Les paysans mettent le feu aux pins pendant qu'ils sont sur pied, et recueiilent la térébenthine lorsqu'elle découle de la tige de l'arbre. On ne voit guère d'arbres de cette espèce qui ne portent les traces du feu; quelques-uns sont tout noirs et presque réduits en cendre; d’autres à demi brülés, et d'autres, quoique entamés par le feu, ne laissent pas de conti- nuer à végéter. Les Lithuaniens ont une manière de labourer qui leur est commune avec les habitants de la Russie Blanche. Ils coupent dans l'été des rameaux d'arbres et des buissons ; ils étendent ces bois à terre; l'été suivant, ils y mettent le feu ; ils sèment sur la cendre, et recommencent tous les sept ou huit ans; un usage 81 semblable se retrouve dans les Ardennes; nous en parlerons plus loin. La province de Wilna est beaucoup mieux cultivée qu'autrefois; des marais y ont été défrichés et des forêts extirpées. Howerie. La Hongrie, quoique située à une lati- tüde plus favorable que celle de la Pologne, lui ressemble par la grande quantité de ses forêts. Il y a beaucoup de pâturages, où se nourrissentune grande quantité de chevaux. On en exporte aussi beaucoup de bœufs. Les forêts qui couvrent toutes les montagnes de ce royaume pourraient ètre de quelque utilité si l’on établissait des usines pour en consommer les pro- duits, si l’on ouvrait des chemins et des canaux dans les parties qui en sont dépourvues ; les arbres pour- rissent sur les montagnes, tandis que dans les plaines le combustible est très-cher. On pourrait même, avec un peu de soin, parvenir à livrer quelques bois à la marine; Mais on n'a pas encore trouvé de meilleur moyen d'utiliser le bois que de le brüler pour re- tirer ensuite de la potasse de ses cendres; aussi les forêts des montagnes sont perdues pour l’État ; celles des parties basses qui se trouvent à la proximité des villes, des routes et des établissements, sont souvent dilapidées d’une manière horrible par la mauvaise organisation des coupes ; plusieurs établissements sont menacés d’une ruine totale par Ja destruction des bois qui les avoisinent; les forêts de chènes qui s'étendent des montagnes aux plaines fournissent des glands à des milliers de porcs presque sauvages que l’on rencontre par bandes nombreuses, surtout ü 52 dans la partie occidentale du pays. On en retire aussi une grande quantité de galles qui sont principale- ment employées dans la teinture. Espacne. En Espagne, les forêts sont générale- ment livrées au pàturage et mal entretenues. Nous puiserons dans l'itinéraire de M. de Laborde pour don- ner le tableau des bois de cette contrée aujourd'hui si dégarnie d'arbres dans toutes ses provinces du centre. Le père Gil, Espagnol, a publié un plan d'admi- nistration de. forêts ; son ouvrage atteste qu'elles étaient délabrées il y a plus de trois cents ans, puis- que Charles-Quint, dans une cédule de l'an 1515, gémit de voir l'Espagne manquer de bois à brüler et à bâtir. Philippe I fit, en 1582, quelques règlements en conséquence; mais ces ordonnances allaient di- rectement contre leur but; le premier soin que l’on devait prendre, et celui auquel on songeait le moins, était de rendre les forêts productives, en procurant le débit de leurs produits. Le défaut de communication des provinces entre elles, la difficulté extrême de transporter des arbres dans un pays où il n’y a point de chemins pour les voitures, rendent la valeur des forêts à peu près nulle, si l'on en excepte les produits qui se transportent ai- sément, comme la résine, l'écorce et le liége. La plus grande partie des terres du royaume sont subdivisées, ou appartiennent à des communautés religieuses et à des communes. Une telle distribu- tion empèche bien que l’on ne fasse des coupes extraor- dinaires ; mais elle favorise l'abandon et l’incurie qui entrainent la ruine des bois. Les forêts des Asturies et de la Galice renferment 09 encore des bois de construction sufhisants pour plu- sieurs flottes considérables. On voit dans les mon- tagnes de ces provinces quelques sommets nus; mais les pentes sont couvertes de beaux chènes, de châtai- oniers, de frénes, de noyers et de noisetiers dont on exporte, tous les ans, les fruits en Angleterre. Il y a en Espagne beaucoup d'arbres et d’arbustes odo- rants; les routes sont embaumées dans la saison des fleurs. Les montagnes de la Biscaye et de la Navarre sont couvertes d'arbres, de bois taillis et de pâturages excellents. Beaucoup d'arbres et d’arbustes y vien- nent sans culture, tels que les chênes, les arbou- siers, les groseilliers; d'autres sont le produit des soins industrieux des Biscayens, ce sont les rouvres blancs et les châtaigniers entés. Les montagnes de l’Alava et du Guipuzcoa, autre- fois garnies de bois épais, en sont presque entière- ment dépourvues; ils ont été exploités pour les forges. On compte dans les trois cantons de la Biscaye douze martinets et cent soixante-one forges : le tout peut fournir cent vingt-quatre mille quintaux de fer, ce qui fait à peu prés la même production qu'une forge d'Angleterre. L'abandon dans lequel on laisse les forêts aprés leur exploitation tient à ce que l'on n'es- pére pas les exploiter encore une fois, et à la diffi- culté de faire de longs baux avec sécurité. La Biscaye exporte du fer et des châtaignes. Les arbres les plus communs sont les chènes et les hêtres. IL y a aussi des chênes à glands doux, des frènes et quelques novers. Les chênes s'émondent tous les huit ou dix ans; le bois sert à faire du charbon pour les forges. 84 La Catalogne est très-bien cultivée; une des prin- cipales attentions des Catalans se porte sur les plan- tations; ils multiplient les arbres et veillent à leur conservation avec beaucoup d'intelligence. Cette province a des forêts de pins, de chênes verts et de liéges; elle fournit de liége presque toute l'Eu- rope : on en évalue l'exportation à six millions de francs environ. Comme il ne faut que vingt ans pour qu’une plantation de chénes-liége soit en pleine pro- duction, on ne doit pas craindre d'en manquer. La plaine de Valence est couverte d'arbres qui l’embellissent et l’enrichissent ; il y a beaucoup d'a- venues plantées d’aunes; les peupliers, les müriers, les caroubiers, les orangers, les grenadiers, les limo- niers, y forment des forêts. Les habitants d’une contrée de cette province s'appliquent à planter et à cultiver des palmiers qu'ils arrosent deux fois par semaine. La culture des oliviers produit, dans le rovaume de Valence, plus de quatre millions de francs par an; les müriers sont si nombreux, que la soie qui est produite chaque année rapporte près de dix- huit millions de francs. L’'amandier produit aussi beaucoup. Les montagnes portent beaucoup de chênes, de térébinthes , de lentisques, de genièvres et de pins à basse tige. Dans les villages, on voit beaucoup de baraques construites avec des cannes et de la terre, et cou- vertes en paille. Les montagnes de la Vieille-Castille, d’Arragon et de Léon sont couvertes de bois de chênes et de pins, mais les plaines sont généralement nues ; les habi- tauts s'imaginent que les arbres attirent les oiseaux 85 destructeurs des récoltes : c’est la contrée où l’on néglige le plus les plantations et le soin des arbres; les environs des villages en sont même dépourvus ; la disette du bois y est si grande, qu'on ne fait du feu qu'avec des herbes desséchées, de la paille et quelques arbustes. Il y a beaucoup de troupeaux et de pâturages. Ces provinces, balayées par des vents impétueux qui ne trouvent point d'obstacles , sont ex- posées à des sécheresses qui rendent leur sol très- aride. La Nouvelle-Castille et la Manche forment un pla- teau entrecoupé de quelques montagnes boisées, dans lesquelles on trouve beaucoup de chénes verts et de romarins. On parcourt des plaines immenses sans rencontrer un seul arbre. Le terrain serait bon et fertile s'il n’était consumé par la sécheresse que produit un soleil brülant dont rien ne tempère la chaleur. Quelques parties de cette province, où il ya des arbres, présentent la culture la plus bril- Jante. Les environs de Madrid, si l’on en excepte un bois de chênes qui se trouve à deux lieues au nord de cette ville, sont peut-être la partie de l'Europe la plus aride et la plus dépourvue d'arbres ; on croit que les bois en ont été détruits par les Maures, Le genêt, la fougère et le genièvre sont les seules plantes qui servent pour le chautlage. L'Estramadure est la province d'Espagne la moins peuplée et la moins bien cultivée; le terrain, souvent en friche, y est presque entièrement dégarni de bois. En parcourant de vastes paturages où croissent quelques chênes, on trouve de distance en distance des puits et des mares qui servent à abreuver les 86 troupeaux; on voit ailleurs des campagnes désertes couvertes de bruyères; de loin en loin se montrent des bois de chênes verts. On attribue assez généralement la dépopulation de cette province à l'usage qu’on a de recevoir en hiver les troupeaux de moutons voyageurs de quelques pro- vinces de l'Espagne, et d'envoyer les troupeaux de l'Estramadure voyager ailleurs en été. On évalue le nombre des bètes à laine à quatre ou cinq millions, et celui des hommes qui sont employés à les soigner à quarante mille. On voit ces troupeaux, en été, dans les vallées de Léon, de la Vieille-Castille et d’Ar- ragon; ef, en hiver, dans l'Estramadure, la Manche et l'Andalousie. Il est permis aux bergers de couper des branches pour construire des huttes et pour faire du feu, ce qui dégrade tous les arbres qui avoisinent les routes où passent les troupeaux. Ces chemins ont quarante toises de largeur. Les propriétaires de l'Estramadure trouvent plus commode d’affermer leurs pèturages que de bâtir des fermes et de faire défricher des terres; cette province est presque entièrement privée de culture. Les bois sont soumis au parcours comme les patures. Les châtaigniers, qui sont assez nombreux, four- nissent une partie de la subsistance des habitants des campagnes. | Autour de quelques monastères, les montagnes et les vallées sont couvertes d'arbres, mais ce sont des oasis dans le désert. La Véga de Grenade est la plaine la plus belle et la plus riche de l'Andalousie; les chènes y sont de la plus grande beauté, et y forment, avec les orangers et les citronniers, des massifs souvent impénétrables 81 aux rayons du soleil. Mais beaucoup d’autres plaines n’ont que des champs et des päturages sans arbres. Le chemin de Cordoue à Séville parcourt un désert entrecoupé de bosquets de cistes et de lentisques. Les montagnes sont revêtues de forêts de chènes à liége immenses et impénétrables. Dans le royaume de Murcie, on fait quelquefois plusieurs lieues sans apercevoir d’arbres. On ren- contre ailleurs des chènes, de petits bois de carou- biers et d’oliviers, et surtout des müriers. Le produit de la soie s'élève par an à plusieurs millions de francs. La ville d'Elcha est bätie au milieu d’une forêt de palmiers. Les montagnes de la Sierra-Morena sont couvertes de buissons touffus d'arbousiers, de pistachiers et sur- tout de nombreuses espèces de cistes; on rencontre ca et là des bosquets de pins d’une assez belle venue, que l'indifférence des Espagnols abandonne à une prochaine destruction. Les arbres sont aussi rares dans les provinces de l'intérieur de l'Espagne qu'ils sont abondants dans la Biscaye, la Catalogne, les Asturies et le royaume de Valence, où les arbres sont bien soignés parce qu'ils rapportent beaucoup. | Quoique les froids soient souvent très-vifs et les nuits trés-fraiches en Espagne, on se chauffe très- peu et très-mal. On supplée aux cheminées par des brasiers portatifs dans lesquels on met du charbon avec quelques graines odoriférantes ; il serait, en effet, impossible de transporter da bois à de grandes dis- tances dans un pays où il n’y a point de chemins pour les voitures; le charbon peut seul supporter les frais du voyage. 88 On ne connait point les échalas en Espagne; les ceps de vigne forment des souches basses, trés-grosses et très-fortes. On est dispensé de conserver des bois taiilis pour fournir des appuis à la vigne. Le triste état des forêts a été l'objet de la sollicitude d'une société économique établie à Madrid, qui, dans uu excellent mémoire traduit par M. de Laborde, indi- quait les moyens de perfectionner l'agriculture et de restaurer les forêts. Le premier de ces moyens con- siste à affranchir les propriétaires de ce pâturage exploité sur le sol du royaume au profit de l'asso- ciation à laquelle appartiennent les troupeaux trans- humants. Il est vrai, dit la société, qu'il ne faudrait pas se borner à rendre à la propriété le droit de faire des enclos, mais qu'il est indispensable d’abroger les or- donnances des forêts et les édits municipaux de plu- sieurs communes, et d'ôter toute entrave au libre exercice de la propriété. Ces ordonnances ont arrêté l'essor que des proprié- taires intelligents auraient pu prendre pour améliorer les bois. « Obligés de soumettre leurs arbres à l'em- » preinte d'un esclavage qui les livre à la disposition » d’un étranger, à solliciter et à payer un permis s'ils » veulent en couper un, à les tailler et à les émonder » dans un temps prescrit, et en s'assujettissant à des » règles déterminées, à vendre malgré eux et sans » excéder la taxe, à souffrir les reconnaissances et les » visites officielles, à donner des renseignements sur » l'état et le nonibre de leurs plants, comment veut- » On que ces propriétaires leur consacrent leurs soins ? » Par quel bouleversement d'idées a-t-on pu substi- » tuer à l'intérêt personnel la crainte des châtiments? 89 » Faites, au contraire, que les propriétaires tirent de » leurs forêts des avantages exclusifs. » Les résultats d’un régime aussi absurde sont que le bois à brüler et à bâtir est devenu très-rare (excepté dans les montagnes) depuis les Pyrénées jusqu’au cap Finistère d’un côté, et au cap Creus d’un autre côté. La Société avait observé que les arrosements sont nécessaires pour la prospérité des plantes, parce que la plupart des terres ne produisent, sans ce secours, qu'un maigre paturage. Si l'on excepte les provinces septentrionales situées aux pieds des Pyrénées, et les vallées qui dérivent de ces montagnes, et qui s'éten- dent dans l'intérieur &e l'Espagne, à peine trouverait- on une contrée où, à l’aide d’irrigations bien enten- dues , on ne püt tripler les fruits de la terre, et faire croitre de beaux arbres. Porrucar. L'auteur de la statistique du Portugal, à qui nous allons emprunter quelques descriptions, pense que l'état de misère de ce royaume, dont les deux tiers sont en friche, tient à ce qu'il achète les produits de l’industrie des étrangers, et qu'il néglige son agriculture et ses manufactures. S'il avait des forges et des verreries dont les travaux fussent encou- ragés par d'assez grands bénéfices, les forêts mérite- raient la peine d’être bien conservées et bien exploi- tées ; mais loin de là, le Danemarck et Dantzick envoient au Portugal des bois de construction, et le sol de ce dernier pays est couvert de forèts réduites en broussailles. La forêt de Leiria fat plantée, dit-on, à la fin du xin® siècle; elle consiste surtout en pins maritimes. Depuis qu'elle existe, on n'a rien fait pour sa conser- 90 vation, et elle sera bientôt épuisée, à moins que l’on ne s'occupe de la régénérer. Le bolet vivace y cause de grands ravages ; il s'attache surtout aux insertions des branches et des bourgeons, et il occasionne, lors- que ses racines pénètrent à travers l'écorce, un écou- lement de séve qui détruit l'arbre. Il y a beaucoup de chénes-liége disséminés dans des bruyères sans bornes. Des chemins difficiles tra versent d’épaisses forêts où la vigne sauvage rampe le long des arbres. On exporte du liége, mais on n’extrait point de goudron dans les forêts de pins. On ne voit en Portugal ni sapins ni hètres; sur les sommités les plus élevées, croissent, dans les endroits arrosés , des forêts de bouleaux et des cormiers sur les rochers ; en descendant vers le nord, on trouve des forêts de chènes où les arbres sont assez clair-semés : ensuite parait la région des châtaigniers, les véritables foréts du pays, dont les arbres rapprochés se touchent par leur feuillage. La campagne des environs de Lisbonne offre de tous côtés des forèts de citronniers et d'orangers entre- coupées de vignes et de plantations d’oliviers. Les müriers croissent avec force dans cet heureux sol. Les chemins sont bordés de haies de grenadiers, de roma- rins, de jasmins, d’aloës, de lauriers et de myrtes. Les chênes sont couronnés de lierres; une mousse épaisse et verdoyante couvre le tronc des arbres; les ruisseaux sont cachés sous les broussailles. La chaleur moyenne du Portugal est de 20 à 23 de- grés, mais le froid est quelquefois très-rigoureux à Lisbonne ; cependant on ne construit de cheminées que dans les cuisines; l'usage des brasiers est même assez rare ; on se sert de manteaux pour se préserver 91 de l’influence d'un refroidissement subit de l'atmo- sphère. Les oliviers sauv ages ou greffés occupent au moins le tiers de la surface de l’ile de Majorque; on en exporte beaucoup d'huile. Les montagnes sont garnies de chênes verts d'une grosseur étonnante et de sapins qui servent aux constructions navales. Il y a de beaux bois d’orangers; les feuilles de l'amandier nourrissent les bestiaux,; les figues entrent pour beaucoup dans la nourriture des habitants peu aisés. Il n’y a point de chemins roulants à Majorque pour voiturer le bois : on ne se chauffe qu'avec du charbon. | Le mont Sainte-Agathe, dans l'ile Minorque, do- mine de hautes montagnes autrefois couvertes de plantes et d'arbres ; le temps, les pluies et la culture les ont entrainés, et n’ont plus laissé que des rochers pelés. Les terres de l’ile d'Ivica sont en friche, mais les oliviers donnent leurs fruits sans aucun travail de la part. des habitants. L'ile de Madére, découverte en:1420 par les Portu- gais, était alors hérissée de bois; on dit qu'ils y mirent le feu ,etique les cendres rendirent la terre si fertile, qu'elle produisit soixante pour un. Le feu dura plu- sieurs années. Les parties hautes sont cependant çou = vertesule forêts, soit qu'elles se soient reproduites, soit qu'elles n’aient pas élé incendiées, Le bois est ce qui manque le plus dans les îles Canaries, les arbres fruitiers y portent, deux fois l'année. On lit, dans les mémoires de l'institut de France, qu'au nord de l'ile de Ténériffe il y à des montagnes 92 où l’on va journellement couper dn bois. 1} parait qu'il n’y a point d'ordre dans l'exploitation, et qu'il arrive de fréquents incendies occasionnés par les charbon- niers ; on ajoute qu'il est à craindre que, dans trente ans, l'ile ne possède plus de bois. Il est certain que si les forêts étaient dans ce pays des propriétés privées, et qu’elles donnassent un cer- tain produit, la crainte de les voir se détruire serait chimérique. Les tonneaux et tous les ustensiles sont faits de bois de pins; ces arbres sont si gros, que l’on assure com- munément qu'un seul peut suflire pour la charpente d'un grand bâtiment, ce qui est, sans doute, une exa- gération. L'arbre connu sous le nom de dragonnier de Ténériffe a quarante-cinq pieds de circonfé- rence, et les habitants croient qu'il a un millier d'années, Le sol des collines de Ténériffe n’a point de consis- tance ; il faut en attribuer la décomposition à l'action perpétuelle du soleil, qui en calcine la surface, et aux pluies qui en entrainent des parties détachées. Irazre. Les revers des Apennins sont hérissés de bois depuis la côte de Gênes jusqu'à l'extrémité méri- dionale du royaume de Naples. Les hêtres forment une zone presque horizontale d’un mille de largeur au plus, sur toute la longueur de la chaine. Les Liguriens, dit Strabon, ont l'avantage de la mer pour les transports, et celui des grandes forêts, où ils trouvent des bois de construction pour leurs navires. I n'y a plus de forêts dans le voisinage de la ville de Gênes. Les montagnes sont couvertes de châtai- gniers ; les fruits de cet arbre font, pendant presque 93 toute l’année, l’aliment principal des habitants du haut Piémont, de la Savoie, du comté de Nice et des états de Parme. Dans le Montferrat, on cultive le roseau, qui sert d’échalas pour la vigne. La culture des oliviers y est moins florissante qu'autrefois ; on coupe ces arbres au pied pour les rajeunir. Dans les environs de Modène et de Reggio, les arbres qui soutiennent la vigne ressemblent à une forêt. On n'a besoin que de très-peu de bois en Lombar- die : on bâtit en pierre, le chauffage ne demande presque rien, les bois taillis et les müriers que l’on coupe suflisent aux besoins de la cuisine. Dans les campagnes , les métayers et leurs familles se retirent dans les écuries entre deux rangées de bœufs et de vaches, pour se garantir du froid. Il y a un bois de pins et cinq ou six autres forêts dans le Milanais. Roncont, auteur d’un dictionnaire d'agriculture , se plaint de ce qu’en détruisant les forêts on y substitue des cultures qui seront peut- être promptement improductives. Cependant l'usage d’enclore chaque pièce de champ ou de pré d’un fossé plein d’eau et d’une haie vive entremèlée de grands arbres, tels que des müriers, des ormes, des peupliers, est devenu général dans toute la plaine de Lombardie : cette méthode de cultiver assainit les terres, les met à l’abri des sécheresses, et fait que chacun trouve autour de son héritage les bois dont il a besoin. Les saules et les peupliers sont mis en coupes réglées. Il n’y a rien de si remarquable dans le Véronèse que l’aridité apparente du pays et le nombre des mü- riers qui y croissen(. 94 A Venise, dans les maisons les plus considérables, à peine voit-on une ou deux cheminées; on se sert de chaufferettes ou brasiers. Dans un pays où l’on consomme trés-peu de bois pour le chauffage, peu ou même point du tout pour les usines, il ne faut guère que des arbres de construction : il y en a de beaux dans les montagnes du Frioul. Dans toute l'Italie, les habitants des campagnes ont beaucoup de droits d'usage et de pâturage dans les bois. Les revenus de la propriété forestière sont trop peu importants pour que l’on ait imaginé de recourir au cantonnement tel que nous le connais- sons en France. La république romaine s'était réservé les grandes forêts de l'Italie; des préposés publics en percevaient les revenus, qui ne consistaient guère que dans le pâturage, les glands, les fruits sauvages et la chasse. Les personnages riches qui possédaient des bois et des pâturages y mettaient leurs bestiaux ; et, s'ils n'a valent pas de troupeaux, ils louaient leurs domaines à quiconque avait besoin de päturages. L'hiver, on menait les troupeaux dans une province, et, l'été, dans une autre. Les bergers portaient avec eux des claies et des filets propres à faire des pares au milieu des bois. Un bois taillis rapportait beaucoup plus qu'une futaie. Ceux qui ne pouvaient vendre ni leurs arbres ni leurs branches, et qui n'avaient dans leur voisi- nage aucune pierre à chaux, faisaient du charbon, et réduisaient le menu bois en cendres qui servaient d'engrais. On lit dans l'ouvrage de Palladius un pas- sage qui prouve que non-seulement les branches et les arbrisseaux , mais les arbres mêmes, étaient 95 réduits en cendres pour fournir de l'engrais aux terres. Cet usage s’est perpétué. Cresienzio, qui vivait dans le xui° siècle, nous apprend que, dans les forêts des Alpes, on dépouillait les arbres de toutes leurs petites branches, qu'on les faisait sécher pour les brüler ensuite, et que l’on enterrait les cendres par un labour. Il faut que l’agriculture ait étrangement décliné depuis le temps de Varron à celui de Columelle, puisque les terres à blé ne rapportaient plus, en gé- néral, que la moitié de ce qu’elles rendaient précé- demment. Les terres à grains étaient communément plantées en oliviers; on y mettait aussi des ormes, des figuiers et de la vigne; les arbres étaient espacés de quarante à soixante pieds. On peut voir dans Varron et dans Coiumelle la distribution d’une ferme; on destinait chaque partie du sol à l'espèce de production qui lui convenait le mieux : une forêt occupait-elle un emplacement propre à une vigne, on la détruisait, et on plantait un bois ailleurs. ke coudrier , le frène, les chénes, les châtaigniers, étaient cultivés. Le châtaignier se greffait, dit-on, sur le hêtre. Caton veut qu'avant d'acheter un fonds de terre on voie s'il y a des vignes, un jardin arrosé, une saus- saie, un plant d’oliviers, une prairie, des champs, des bois de charpente, un verger, et un bois de haute futaie pour le paturage. Il enseigne ce qu'il faut faire suivant les rits du paganisme avant d’éla- guer un bois consacré aux dieux. L'Italie avait partout des forèts sous lesquelles les 96 troupeaux paissaient. Les empereurs, qui voulaient que la nourriture du peuple füt à bas prix, faisaient venir du blé d'Égypte, de Sicile, d'Afrique, d'Es- pagne, etc., pour le distribuer à bon marché, ce qui fit tomber la culture du blé en Italie. On y renonca pour se livrer à celle de la vigne, des oliviers, du jardinage et des prairies. Les prés, les pacages , les bois taillis, rapportaient cent sesterces par jugerum ( de trente-quatre ares), ce qui revient à 18 fr. de notre monnaie. Aujourd’hui, comme sous les empereurs, le prin- cipal produit des forêts des environs de Rome est le pacage. Du temps de Pline, les collines voisines de Rome étaient couvertes de bois; maintenant encore, il y a des espèces de forêts appelées macchies, entourées de haies de bois sec. Ces macchies présentent l’image du désordre : ce sont des arbres, des arbrisseaux, des buissons coupés, taillés, brisés à toutes les hau- teurs; la hache du charbonnier v est toujours en suerre avec la nature la plus féconde. Rien de plus affreux que cette vaste étendue de broussailles et de beaux arbres mutilés sur un sol infect et maréca- seux. Les montagnes sont dégarnies de bois; les plaines, jadis cultivées, en sont couvertes aujourd'hui. Le sol de la maison de campagne de Pline, dont il nous a laissé une si belle description, est, avec tous ses alen- tours, garni d'arbres et de buissons; c'est la forêt d'Ostie, qui fournit du bois à la ville de Rome. Les lieux occupés autrefois par les palais et les bains d’Adrien, par les maisons de plaisance des orands, n'offrent plus que des bruyères mélangées 97 de chênes verts, d'arbres à liége, de genéts et de genièvres. Les montagnes des environs de Viterbe sont cou- vertes de grands arbres entre lesquels on trouve des chènes verts d’une grosseur extraordinaire. Le dé- faut de culture est, dans ces contrées, une des causes des fièvres putrides qui durent jusqu’à la saison des pluies. On est encore aujourd’hui’ dans l’usage de brüler le chaume dans les champs, au risque d’in- cendier les forêts. La paille, qui est trés-forte, est employée dans quelques provinces pour le chauffage, au lieu de bois. Cet usage existait du temps de Pline dans la Campanie. Dans les environs de Rome, on brüle du charbon chez les familles riches; les pauvres, vivant de pain, de salade, de viandes salées, sont presque toute l’année sans feu plutôt par nécessité que faute de besoin. Au delà des marais de Zauro commencent les fo- rêts de Borghèse, où l’on fait, tous les neuf ans, des coupes réglées. Ces bois, taillés sur pied, repoussent avec une vigueur inconnue dans nos climats du nord. Le chêne vert, le liége, le figuier, le laurier, l'oli- vier, entremélés de pommiers et de poiriers, de rosiers, de myrtes, entourés de vignes et de chèvre- feuilles, forment des massifs magnifiques, mais à peu près inutiles, faute de moyens de transport. Près de Baies est le marais de Licosa (le lac d’A- verne, où les anciens avaient placé l’entréedes enfers); les rochers qui environnent ce lac étaient couverts d’un bois impénétrable, qu'Agrippa fit détrure; il fit écouler les eaux au moyen d'un canal. Les an- ciens Romains avaient beaucoup de forêts sacrées ; la plupart de leurs temples en étaient entourés. 7 98 Toscaxe. L'aspect général de la Toscane présente des vignes en contr'espaliers autour de chaque champ, et des peupliers qui leur prêtent l’appui de leurs troncs, des müriers plantés en ligne au milieu des campagnes, des érables, des ormeaux, des arbres fruitiers , et surtout des pommiers et poiriers servant à soutenir la vigne. La plupart des coteaux sont ombragés d’oliviers ; la culture de ces arbres donne du prix aux plus mauvais terrains, mais on les émonde trop souvent pour le chauflage. Le figuier croit presque partout spontanément, et s’éléve très- haut. La plupart des montagnards sont propriétaires de leurs forêts ; tous les produits leur appartiennent , et ils ne paient de rente à personne. Autour de leurs villages, ils ont défriché le terrain suivant le système des collines (en élevant des terrasses), et ils ont substitué aux châtaigniers la vigne, l'olivier et le mürier, autour desquels ils sèment tour à tour du blé et des haricots. Tandis que les meilleures expositions paraissent trop bonnes pour les châtaigniers, et que ces arbres sont arrachés, on néglige souvent de les remplacer, et des forêts d'arbres d'espèce inférieure croissent à leur place : malgré les encouragements donnés à ceux qui plantent des châtaigniers, il s’en faut de beaucoup que ces arbres occupent toutes les hauteurs où ils réussiraient bien ; en général, ils deviennent moins nombreux, tandis que la culture des plantes annuelles et les plantations d'arbres autour des habitations aug- mentent sans encouragement, ce qui est plus favo- rable aux progrès de la population et de l'industrie que la culture des châtaigniers. 99 Dans les montagnes, à une certaine distance des villages, ces derniers arbres forment des forêts qui couvrent les hauteurs et s'étendent à des distances indéfinies. Ces montagnes sont peu fréquentées, et le bois y est sans utilité; car les chemins de communi- cation sont impraticables à toute espèce de voiture. Les châtaigniers forment la nourriture et le revenu des habitants dans une partie des Apennins; ces arbres sont entretenus par l’industrie; toutes les fois que le terrain est entrainé par les eaux, on élève une petite muraille sèche pour le soutenir; aussitôt que quelque vieux châtaignier a péri, ou qu'il se présente quelque place vague dans laquelle on peut en planter un nouveau, on commence par former une terrasse soutenue par des gazons, pour que le jeune arbre ne soit pas déraciné par la violence des pluies : on ne sème ni on ne laboure jamais le sol au-dessous des chätaigniers; il se couvre d’un gazon qui le soutient en même temps qu'il donne du fourrage. La Toscane étant divisée en petites fermes entié- rement isolées, cette distribution est favorable à la culture et aux plantations; c’est à peu près la même culture qui était pratiquée sous les Romains; toutes les terres étant en masses, il est facile de les entre- méler de bois, de haies, de bosquets, qui fournissent au chauffage des propriétaires et des fermiers. On assure qu'à la mort de Côme E°", les trois quarts de la Toscane étaient encore couverts de bois, et qu’au- jourd’hui il y en a plus des deux tiers de cultivés. Le pin silvestre forme dans le centre des Apennins des forêts magnifiques dont on ne tire aucun parti, faute de routes. Bans une région inférieure, les mon- tagnes sont couvertes de forèts de chènes de diflé- 100 rentes espèces ; le rouvre, l’yeuse, le liéye et le frène s’y mélent au chène ordinaire. Dans les environs de Florence, le sol est maigre et montueux; les bois y sont rabougris. Les pluies d'Italie sont si violentes, qu'elles entrainent la terre qui couvre les montagnes. Les lits des rivières, quoique contenus entre des digues fort élevées, ne peuvent arrêter des inondations qui rendent stériles et marécageuses des plaines que la richesse de leur sol semblait destiner à la plus grande fertilité. Le bois n’est rare à Florence que par les difficultés des frais de transport; les habitants n'ont aucune provision de chauffage, et souffrent beaucoup dans les hivers rigoureux ; la plupart n’ont point de che- minées, et ne se chauflent qu'à l’aide d’un pot de terre appelé focone, dans lequel il y a un peu de charbon et des cendres. Les forêts de l’Apennin de Pistoie, qui, dans l’an- tiquité et dans le moyen âge, étaient les plus belles de l'Italie, sont maintenant détruites; on n’en voit d’autres vestiges que quelques arbrisseaux épars et de misérables troncs. Les forèts de l’Apennin ne produisent que du pà- turage et de la faine, qui sert à engraisser les porcs ; les feuilles du hêtre servent de litière pour les écu- ries; le bois est sans emploi. Le fer et le feu ont été employés à défricher une partie de ces forêts; les pluies ont balayé la terre et mis à nu les rochers; et la Maremme, cette plaine autrefois si fertile, n’est plus maintenant qu’un marais. Royaume DE Napres. Dans le royaume de Naples, on met plus d'attention à conserver les bois que dans 101 les autres parties de l'Italie; on les renouvelle même quand il en est besoin. On voit sur la côte de Naples des montagnes et des îles autrefois célèbres par leur fertilité, qui ne sont plus que des déserts stériles, des montagnes abaissées, des plaines devenues des collines, des lacs desséchés par les volcans, et des volcans éteints qui ont formé des lacs. Dans le golfe de Naples, les figuiers, les peupliers, les oliviers et quelques autres arbres clair-semés dans les champs, présentent l’aspect d’une forèt peu épaisse ; leurs tiges servent à soutenir les vignes; sous le feuillage de ces arbres croissent les moissons et les légumes ; et, suivant la remarque de Spallan- zani, ces plantes seraient bientôt dévorées par les feux d’un soleil trop ardent, sans ce dôme de ver- dure qui les tient à l'ombre. Non loin du lac d’Agnano, est Astruno, cratère plein d'arbres grands et majestueux. Ce parc des rois de Naples est le seul lieu de l'Italie qui rap- pelle nos forêts du nord. La portion de la Calabre connue autrefois sous le nom de Grande-Gréce était regardée comme une des contrées les plus fertiles de l'Italie. Ses collines et ses belles montagnes, couvertes jusqu'au sommet d'arbres et d’arbrisseaux, paraissent être à peu près dans le même état que quelques-uns des déserts de l'Amé- rique que l’on commence à défricher; les petites clairières où les bois ont été coupés pour y introduire quelque culture font connaitre la fertilité du sol ; mais il est à peu près dans l'état où le laissérent les nations barbares : car, après l'invasion de ces peu- ples, la Grande-Grèce, qui était parvenue au dernier 102 degré de la culture et de la civilisation, redevint un désert rempli de buissons et de forêts, qui recélent sans doute plusieurs monuments de l’ancienne illus- tration de cette contrée. Les montagnes de la Calabre sont garnies de forèts de châtaigniers, de sapins, de bouleaux, de tama- ris; mais à peine sont-elles percées de chemins horriblement mauvais. Les côtés des montagnes qui portent le nom de Sila sont couverts de pins qui fournissent de la térébenthine, de la poix, de la ré- sine; on fait réparer les dégradations des ravins qui sillonnent la côte, de sorte que les rivières qui des- cendent de ces montagnes n’entrainent ni terres ni pierres. Les plantes du sommet de ces montagnes sont en état de culture réglée, ce qui annonce que les flancs des montagnes seraient cultivés si leur pente escarpée n'y mettait obstacle. C’est dans ces forèts qu'on voit à la fois une force de végétation inconnue dans nos climats, la plus grande pompe et les plus belles horreurs de la nature, Les oliviers sont une des richesses de la Calabre. On plante beaucoup de frènes pour en retirer la manne. On cultive aussi le chévrefeuille (Zedysarum foliis pinnatis leguminibus ;; aussitôt que les blés sont coupés, on sème les graines de cet arbuste sur les chaumes, qui, étant brûlés, forment un engrais excel- lent : la plante parait en novembre; elle entre en fleur en mai ou en juin; on la coupe dans ce dernier mois; cest une excellente espèce de fourrage; mais cette cuiture ne réussit pas dans le nord de la Calabre. Spallanzani à remarqué que la décomposition de la roche produite par l'insertion des racines contri- bue à fertiliser un pays naturellement stérile, en for- 103 mant une terre végétale du mélange de ces racines et des débris des rochers. Les hivers sont si doux à Naples, qu’on y brüle trés-peu de bois de chauffage; on ne construit des cheminées que dans les grandes maisons, et depuis peu de temps. Les mines de fer et d'argent ne sont pas exploitées. En général, le climat du royaume de Naples est différent de celui du reste de toute l’Europe. Sur les coteaux on voit des orangers, des citronniers, des myrtes, des lauriers, des figuiers d'Inde, des genèts odorants, des müriers, des oliviers, des cyprès, des platanes, des chênes verts, des liéges, etc., et quel- ques palmiers dispersés çà et là, mais qui ne portent point de fruits. Les vignes sont entrelacées dans les arbres. L’ardeur du soleil grillerait bientot les feuilles de nos arbres ordinaires, et leur ferait perdre ce vert tendre, si agréable à la vue, qui se soutient pen- dant six mois avec plus ou moins d’éclat; mais on ne voit gucre dans les plaines de Naples que des chênes verts et d’autres arbres aux feuilles d’un vert noir et foncé. Le chène ordinaire, le hêtre, le chà- taignier, se trouvent sur les montagnes ou dans les marais. Sierre. [l'y a en Sicile beaucoup de forêts de frênes qui produisent la manne; ces arbres y viennent spontanément; les habitants font un grand com- merce d'amandes, de suc de réglisse, de caroubes, de noisettes, d’oranges, de citrous; les müriers Y sont très-nombreux. L'inépuisable forêt qui couvre les montagnes de l'Etna fournit du bois à brüler pour tout le voisinage; 104 elle s étend sur un espace de huit à neuf milles en *hauteur, et forme tout autour de la montagne une zone ou ceinture entrecoupée de collines. La base de l'Etna à plus de soixante lieues de circonférence; la forèt, qui croit en entier sur des terres formées de débris volcaniques, était déjà célébre du temps des rois de Syracuse; elle est arrosée de ruisseaux et ta- pissée de verdure; on y voit paitre de nombreux troupeaux de vaches et de chèvres; l'inégalité du terrain présente à chaque pas des scènes diverses, des groupes d'arbres, des éclaircies, des dômes de ver- dure et de fleurs. On y trouve beaucoup d'arbres renversés par les éruptions du volcan. Les sapins, les hètres, les pins, les chènes verts et les coudriers y dominent; ces arbres sont entremélés de clai- rières; dans ces hautes futaies qui se repeuplent d’elles-mèmes sans aucune espèce de soins, la force de la végétation lutte avec succés contre les ravages des troupeaux. Dans aucune partie de la Sicile il n'y a de chemins entretenus ; tout s’y transporte à dos de mulet, de la manière Ja plus pénible; c’est ce qui rend à peu près inutiles les richesses que la nature à répandues avec profusion dans les montagnes. Il y a près de Messine une mine de charbon de terre qui n'est point exploitée, parce que le charbon de bois coûte moins cher. Les mines de métaux sont abandonnées. Le bois est tellement rare dans cer- tains districts, que l’on trouve des gens qui entre- prennent de détacher l'amande de sa capsule pour cette capsule seulement, . Tous les voyageurs qui ont visité la forêt de l'Etna ont parlé du châtaignier si célèbre, connu sous le 405 nom de castagrio di centi cavalli, le plus gros des arbres de cette forêt, et peut-être de l'Europe. Sa circonférence, qui a été mesurée par MM. Denon, Brydone, Spallanzani et Simonds, est environ de cent quatre-vingts pieds. Comme il a crü dans un sol volcanique, nécessairement trés-fertile , il est pos- sible que ce géant des arbres d'Europe n'ait pas plus de cinq à six cents ans. Suisse. Dans le moyen âge, la Suisse n’était cou - verte que de forêts, de marécages, de plantes aqua- tiques, de bruyéres, d’arbustes et de pâturages; l’agriculture et l’horticulture y étaient presque en- tièrement ignorées ; la chasse, la pêche et le produit des troupeaux étaient la seule ressource des habi- tants; le climat n’a été adouci que par le défriche- ment des forêts et le desséchement des marais. Les voyageurs qui ont visité les Alpes les ont di- visées en plusieurs régions distinctes; les vallées, d’où la végétation forestière est bannie par les défriche- ments, les pâturages, dans la moyenne région; au- dessus , d'immenses forêts de mélèses, de pins, de sapins, etc.; plus haut, des arbres rabougris et des bruyères; la mousse termine ensuite le règne végé- tal. Au sommet on n’apercçoit plus que des rochers, des neiges et des glaces. Le terme moyen de la hau- teur à laquelle cesse la végétation à cette latitude pa- rait être de deux mille deux cents à deux mille quatre cents mètres au-dessus du niveau de la mer. Le sapin et le mélèse sont les bois que l'on emploie dans les bâtiments des montagnes, et dont on use pour le chauffage. En quelques endroits, ils crois- sent sur un roc où il ne reste aucun vestige de terre 106 végétale. Tls sortent des fentes des rochers, et les remplissent exactement ; leurs racines couvertes de mousses croissent sur le roc et s’y attachent par leur chevelu; quelquefois elles embrassent le roc et en suivent les contours jusqu'au sol, où elles s'enfoncent, de manière que la tige est appuyée solidement contre la violence des vents. Les noyers sont d’une grande ressource dans les vallées où on les cultive; leur bois, converti en plan- ches, descend par le Rhin jusqu’en Hollande, où on en fait de belles boiseries. Les tilleuls croissent dans les pentes inférieures des montagnes. Tout le monde a entendu parler du tilleul de Schaffhouse , dont les branches, s'étendant horizontalement et reprenant ensuite une direction verticale, forment une salle spa- cieuse. Les forêts ne sont pas réparties également dans la chaine des Alpes. Il faut souvent apporter du bois de très-loin pour faire cuire les fromages. On occupe pendant quatre mois de l’année au monastère du grand Saint-Bernard une trentaine de chevaux au transport des bois nécessaires au chauffage, que l’on va prendre à six lieues de là. Il ya, dans les environs de Berne, beaucoup de forêts de sapins mélangés de hètres et de quelques chênes. Quelques massifs d’épicias sont exploités à blanc par bandes, d’autres sont jardinés. Des forêts mélangées d’épicias, de hêtres et de chènes s’exploitent à blanc avec une réserve d'en- viron deux cents baliveaux par hectare; dans d'autres, la réserve n'est que d’une cinquantaine de baliveaux. Dans les coupes exploitées de cette dernière ma- nière, il repousse beaucoup de bois blancs, tels que « 107 marseaux, trembles, etc., et des jets de hêtre qui étouffent les jeunes plants d’épicias. Le maraudage enlève le bois blanc, et il ne reste guère qu’une forêt de hêtres. En général, les forêts sont forte- ment éclaircies ; on remarque beaucoup de coteaux déboisés. M: Kasthofer a fait dans le canton de Berne de belles plantations de méléses. Cet arbre croit très-bien dans les débris des rochers calcaires. Les hôtres occupent surtout les hauteurs méridio- nales du canton de Vaud, et les sapins, le nord des vallons; ces bois forment des massifs si épais, que le sol y est toujours humide et bourbeux dans les sai- sons les plus sèches de l’année. On voit dans le Val- Travers de belles forêts d’é- picias dans des sols où il n'y a que trois pouces de terre végétale reposant sur un roc plat imperméable aux racines. D'autres forêts mélangées de sapins et de hôêtres paraissent régulièrement exploitées ; le hêtre chas- sera le sapin si l'on continue de traiter ces forêts comme des taillis. Sur quelques coteaux, on à eu l'imprudence de faire des défrichements; les terres descendent. et il faut aujourd’hui les retenir par des espèces de terrasses. “Dans ces montagnes, s’il y a une petite éminence que despierres rendent inaccessible au bétail, elle se couvre de sapins. Le sol du haut Jura se partage entre les pàtu- rages et les sapins; ceux-ci ne tardent pas à envahir tous les espaces libres, lorsque le pâturage ne les dé- truit pas. Dans plusieurs districts, on voit très-peu de bois. 108 Par exemple, depuis Morat à Avanches, à Payerne et jusqu'à Moudon, la campagne est bien peuplée et bien cultivée ; cependant le bois n'y est pas plus cher qu'ailleurs, parce qu'on bätit en pierre, et que l’on plante des arbres de différentes espèces dans les haies vives, des mélèses dans les terrains arides, des peupliers dans les lieux humides; on à aussi natu- ralisé des arbres étrangers ; et il y a dans ce pays une prodigieuse quantité d'arbres fruitiers. Sur le penchant de quelques montagnes de l’O- berland, le sol est si fertile, que le fusain, suivant M. Kasthofer, acquiert quelquefois un pied de dia- mètre, et que l’on a vu des coudriers de six pieds de circonférence. Le Valais présente partout des montagnes, des rochers, des forêts et des pâturages. Les montagnes du Val-Ursère sont nues, arides, et ne produisent aucune espèce de bois; les habitants se chauffent avec une espèce de bruyère. Souvent les montagnes éboulent avec leurs forêts ; il y a beaucoup de petits bois auxquels il est défendu de toucher, comme devant servir de boulevards contre les avalanches, les éhoulements de terres, la chute des rochers ; plus d’une fois, au fond des vallons, en creusant à de grandes profondeurs, on a retrouvé des vestiges de forêts anciennement ensevelies par de grands accidents ; les rivières charrient beaucoup d'arbres dans les lacs. L'exploitation des forèts ne se fait ordinairement que durant l'hiver; les ravins, les fondriéres, les inégalités du terrain, sont alors comblés d'une neige durcie, sur laquelle on traine les arbres vers le penchant des montagnes, d’où ils descendent rapide- 109 ment au fond des vallées. Souvent, tant par l’abon- dance ou l’inutilité des bois que par la difficulté de les extraire , on les abat, on enlève l’écorce, et on les abandonne pour toujours. Voici les causes auxquelles l’auteur d’un ouvrage estimé attribue la cherté des bois qui se fait sentir dans plusieurs parties de la Suisse. 1° On coustruit en bois les maisons, granges, hangars, toits, chemins et digues; 2° on fait des coupes prématurées, et on laisse des troncs qui ürent le meilleur suc de la terre ; 3° les bêtes à cornes et le menu bétail broutent les jeunes plants sans obstacle, et y font de grands ravages; 4° on laisse pourrir une grande quantité de bois sur le sol. On pourrait ajouter que les pâtres détruisent beaucoup de forêts par le feu. Nous pensons que la cause principale de la dépo- pulation des forêts est dans la difliculté des moyens de transport; que, si l’on construit en bois les bâti ments, c'est qu'il y a encore beaucoup d’arbres; et que, si les forêts produisaient un revenu de quelque importance par la vente de leurs produits, on ne les abandonnerait pas aux bestiaux, qui viennent, après les abatis, détruire les rejetons; on commence, en effet, à soigner les forêts dont les arbres s’exportent pour la marine de Venise, de Gênes et de la Hol- lande, par de nouvelles routes, sans lesquelles des sapins et des mélèses propres à la mâture pourri- raient sur pied. La plupart des antiques forêts ne sont aujour- d’hui que des pâturages ; dans lOberland , les forêts de l'État sont parcourues depuis des siècles par des troupeaux de chèvres, qui y trouvent une nourriture 110 abondante qu’on ne leur refusa jamais; mais le nombre de ces animaux est devenu excessif : les par- ticuliers ne les souffrent plus dans leurs possessions. On à la précaution, dans le canton de Glaris , d'in- terdire le pacage pendant dix ans dans les bois ré- cemment coupés. Les régions forestières du canton d'Uri sont une propriété commune où tout habitant a le droit de couper, excepté dans les forêts interdites par une mesure de süreté, des arbres pour son chauffage, et, en outre, le bois de charpente dont il a besoin; des gardes sont préposés par les communes pour faire observer ce règlement. C'est, dit M. Kasthofer, dont nous empruntons ces détails, l’unique dispo- sition qui existe dans ce canton en faveur de l’éco- nomie forestière, Les montagnes des Grisons sont couvertes d'arbres innombrables qui fournissent des planches pour la haute Italie. En général, le pâturage a détruit une grande partie des forêts ; les bois communaux des environs de Ge- nève ne sont plus que des broussailles. ALLEMAGNE. Nous aurons souvent occasion de citer les auteurs allemands qui ont traité des diflérentes parties de la science forestière, En attendant, nous ne parlerons que de l'aspect général des forêts de cette région. Ce qui les distingue de toutes les autres forêts de i'Europe, c’est qu'elles sont généralement éle- vées en hautes futaies qui ne s’exploitent qu'à un àge avancé, et qui sont soumises à des éclaircies pério- diques; c'est que chaque espèce d'arbre est placée 111 sur le terrain qui lui convient le mieux, et que les forêts se sèment, s’arrachent ou se reproduisent d’a- près des calculs raisonnés. Il y a cependant de nom- breuses exceptions. Le bois est rare dans le Holstein et dans la West- phalie, non parce que les forêts manquent, mais par le défaut de chemins praticables. On brüle de la tourbe et des bruyéres desséchées ; et l’on éléve dans les forêts des chevaux, des cochons, et des bestiaux de toute espèce. Il n'y a pas un demi-siècle que la Prusse orientale était surchargée de bois, dont l’agriculture a succes- sivement restreint l'étendue au quart où au cin- quième de la superficie de cette contrée. Les rois ont établi des verreries, des forges et des fourneaux qui protégeront l'existence des forêts encore sub- sistantes ; mais leurs règlements ont été nuisibles d’un autre côté. On flotte les arbres en partie à Hambourg et en partie à Stettin. Ceux du pays de a fe , de la Silésie, et même de quelques Fey de la Bohême, se confondent dans ces exportations. Les montagnes de la Bohème sont hérissées de forêts entrecoupées de paysages magnifiques. Les verreries donnent une certaine valeur au bois. La Silésie a de grandes forêts de pins et d’autres arbres résineux; on exporte une partie de leurs pro- duits, le reste alimente quelques fabriques, et, il y a peu de temps, une partie de ces bois pourrissaient sur place. Dans la Poméranie, le bois est très-abondant et on en tire beaucoup de goudron. La Moravie est un pays montueux , dont les forêts sont remplies de ruches 112 d’abeilles, qui y trouvent facilement leur nourriture, Le bois n’est pas commun dans une bonne partie de la Saxe; les lieux qui en manquent sont trop éloi- gnés de ceux où il abonde pour en tirer ; et, dans ces derniers, on cherche à l’'employer pour les fabriques. La Bavière a le tiers de son sol en boïs et en lacs, le reste est en terres labourables et en prairies. Le pays de Juliers et de Berg a beaucoup de bois mal entretenus ; la plupart sont dégénérés en buis- sons. Comme les habitants peuvent se procurer de la houille à très-bas prix, les propriétaires de bois ne se soucient pas de faire les frais nécessaires pour les tenir en bon état. Il n’en est pas de même dans la Styrie, où les forêts entretiennent les forges , et deviennent par là même la source d'un revenu assez considérable. La Carniole a des bois propres à la construction des vaisseaux, mais elle manque encore de routes pour les extraire. Dans le Vorarlberg, les habitants savent tirer parti de leurs belles forêts : ils construisent des batiments, des maisons entières, dont les pièces, détaillées et nu- mérotées , sont transportées par des traineaux, dans le temps des neiges, jusqu à Brignez, et de à, par eau, jusqu’à l’autre extrémité du lac de Constance. Les montagnes du Tyrol ont, en général, beaucoup de forêts de mélèses , dans lesquelles les patres met- tent souvent le feu pour accroître leurs päturages : on en exporte le bois pour Venise. Horraxpe. La Hollande, dans les temps reculés, était un pays de bois; mais, si l’on en croit une an- cienne tradition , une tempête ayant fermé Fembou- chure du Rhin, par la quantité de sable qu'elle v 113 amoncela, ce fleuve, dont les eaux étaient refoulées , inonda toute la contrée ; les eaux engloutirent les vil- lages, minérent les forêts ; et, comme il leur fallait un passage , elles se mélérent avec celles de la Meuse. On trouve encore des troncs d'arbres et des chênes en- tiers ensevelis dans la tourbe, qui restent comme les témoins de cette grande catastrophe. Le peu de forêts qui se trouvent dans le pays recon- quis sur les eaux ne sont guère peuplées que d’arbres verts. La Hollande recoit de l'étranger ses bois de construction, elle n'importe qu'une petite quantité de bois de chauffage ; la tourbe, qui est très-abondante dans ses marais, le remplace ; après lavoir exposée au soleil, on la place dans des greniers, pour servir aux besoins des riches et des pauvres. Quelques pro- vinces tirent de la houille d'Angleterre, ANGLETERRE. Les vastes espaces qui conservent le nom de forêts n’offraient à la vue, dans le siècle der- nier, que quelques arbres épars, beaucoup de bruyé- res, un désert froid et sans aucun ornement. Plusieurs écrivains ont parlé d’une forêt de trente milles de tour, nommée New-Forest, située à l’occi- dent de la baie de Southampton ; ils assurent qu’a- vant la conquête de Guillaume cette contrée était habitée, mais que le conquérant la changea en forêt ; qu'il détruisit dans cette vue trente-six paroisses qui s’y trouvaient, sans épargner ni bourgs, ni églises, ni monastères, et qu'il expulsa par la force tous les ha- bitants. Quoi qu'il en soit, 1l est certain que les par- ties de cet espace qui avaient été cultivées ont pu, comme le reste, être bientôt couvertes de forèts crues Vu naturellement. 8 114 Le revenu de ces terrains qu’on appelle forêts en Angleterre ne consistait guère, avant leur défriche- ment, qu’en des amendes pour la chasse : aussi les lois forestières étaient-elles relatives principalement à ce dernier objet. Guillaume le Conquérant, suivant une chronique rapportée par le docteur Lingard, fit des lois portant que quiconque tuerait un cerf, une biche ou un sanglier, serait puni par la perte des yeux. Suivant le mème historien , Henri IT fit revivre les châtiments sanguinaires des premiers règnes. En méme temps , il divisa les forêts royales en plusieurs districts, dans chacun desquels il nomma , comme juges, deux ecclésiastiques et deux chevaliers , avec les titres de gardiens et de verdiers. Ces ofhiciers étaient tenus par serment, non pas de prendre des amendes des délinquants, mais d’infliger des peines corporelles sans aucun adoucissement , d'empêcher que les propriétaires de haute futaie n’éclaircissent les forèts en abattant leurs arbres , et de ne souffrir qu'aucun habitant eût des arcs ou des lévriers sans la permission du roi. D’après cela, si le lecteur considère le nombre et l’étendue des forèts, tous les hameaux et seigneuries compris dans leur enceinte , il pourra se former une idée des procédures vexatoires et des mutilations barbares qu'engendrérent les lois fores- tières (1). Ainsi des lois sévères et mème atroces n'ont pu empècher la destruction presque totale des forèts. Le sol forestier ne forme que la vingt-quatrième partie (1) Traduction de l'histoire d'Angleterre du. D. Lingard , par M. Roujoux. 145 de l'étendue totale du territoire du royaume. Il est encore quelques contrées de l'Angleterre qui ne sont pas déboisées. La partie sud de l'ile, et sur- tout le comté de Montgomery, ont de beaux bois bien aménagés ; les établissements religieux y possédaient de beaux massifs de haute futaie; meis, dans le nord, on à longtemps méconnu les règles d’une bonne ex- ploitation : les marchands abattaient tout le bois sur pied sans choix et sans réserve ; il ne restait à la place des arbres qu'un mauvais taillis ou un pâtu- rage. Des écrivains ont remarqué que sans la ressource du charbon de terre, qui est l'aliment du chauffage dans les maisons des particuliers, qui entretient les usines et les manufactures, les Anglais regrette raient les forèts détruites par leur négligence; ïl serait plus exact de dire que sans la ressource du charbon de terre , les forêts seraient aménagées, puisqu'elles seraient nécessaires aux besoins des ha- bitants. On s'étonne aussi que l’Angleterre népglige de planter ses grandes routes ; il serait peut-être plus surprenant qu'elle cherchât à se procurer , par des voies dispendieuses , des bois qu’elle peut faire venir de l'étranger à peu de frais. Au surplus, le gouvernement ne fait guère de plan- tations, il laïsse ce soin aux particuliers. Les chemins, qui sont entretenus par les propriétaires, sont bordés de haies plantées d’arbres; le chêne, l’orme, le frêne, sont les espèces les plus répandues en Angleterre. On les ébranche périodiquement. On voit avec regret, dit l’auteur d’un ouvrage sur l'Angleterre, abattre les plus beaux arbres qui crois- sent dans les champs; et cependant, s’ils n’eussent pas 116 dû tomber sous la hache, ils n'auraient jamais été plantés. Ce peu de mots renferme l'explication du dou- ble phénomène de la consommation et de la repro- duction des bois. Les Anglais font venir des bois du nord de l'Eu- rope et du Canada. Les importations s’élévent à 4o millions de francs par an. Cependant il y a encore plusieurs millions d’acres de terres incultes qui sont d’un très-petit produit comme pâturage. Cruick- shank fait observer que, si on les plantait en bois, la création d’une telle richesse pourrait fournir à la sub- sistance de 300,000 individus. Depuis que le parlement anglais a permis de met- tre les harengs dans des barils de bois indigène, le bouleau et quelques autres bois sont cultivés pour cet usage. On élève aussi les saules nécessaires pour fa- briquer les cercles de ces barils. La destruction des forèts, en Angleterre, n'est pas aussi désavantageuse qu'elle le serait sur un conti- nent. Il reste dans ce royaume assez de bosquets et de haies pour entretenir la fraicheur nécessaire à la végétation; l’air y est humide, le chauflage à la houille est abondant, les bois de construction y sont importés de toutes les parties du monde. Les ancien- nes forèts ont conservé ce nom et sont encore proté- gées par les lois, mais ce ne sont plus que des landes où s’exercent des droits de pâturage ; à peine y reste- t-il quelques arbres épars et défectueux. Écosse. La partie méridionale de l'Écosse a souf- fert autrefois une grande dévastation dans ses forêts. Un écrivain faisait observer qu'il n'y avait pas un seul arbre dans l’espace qui est entre Édimbourg et 117 l'Angleterre ; mais depuis la fin des troubles, et sur- tout depuis trente ans, il s’est opéré à cet égard de grands changements. On lit dans un voyage de M. de Saussure que sous le règne de Jacques [*, roi d'Angleterre, le parlement ordonna de couper toutes les forêts qui couvraient le pays et servaient de refuge aux chefs des tribus des frontières. C'est à l’exécution de cet acte que l'on attribue l’absence totale de bois que l’on remarque encore aujourd’hui dans les parties de l'Écosse qui touchent à l'Angleterre. Mais, dans tout le reste de l'Écosse, on trouve des forêts peuplées de sapins, de mélèses, de chênes. On y voit aussi des ormeaux, des noyers, des marronniers d'Inde qui ornent par- tout le paysage. L’étendue des terrains incultes est bien diminuée par les progrès de l’agriculture; les habitants du centre de l'Écosse, qui est la partie la plus fertile et la plus opulente du pays , ont beaucoup de charbon de terre dont l'exploitation et l'emploi favorisent au plus haut degré l’industrie et la richesse locales. « Autant, » dit M. de Saussure, « la végétation est riche dans les Alpes, autant elle est uniforme dans les montagnes d'Écosse. Un manteau de bruyères en ar- bustes couvre toute la haute Écosseet les landes stériles des parties orientales de la basse Écosse, tandis que des masses de genêts épineux, à fleurs jaunes et odorantes, enveloppent les terrains arides des côtes occidentales ; cependant il y a encore de grandes forêts dans cette partie de L'ile. » Le même voyageur a reconnu les traces des forêts qui jadis ont couvert toutes ces montagnes. Il fant au- 148 jourd' hui chercher les arbres au fond des tourbiéres, qui en contiennent des dépôts d’une épaisseur prodi- gieuse. La tourbe forme presque le seul chauffage des habitants des montagnes. Les plantations de sapins et de mélèses faites de- puis trente ans autour des habitations sont innom- brables. ILn’y a que les particuliers qui plantent. On lit, dans les Annales européennes, qu’un seul proprié- taire a fait planter cinquante millions d'arbres ; et que, pour garantir de l’impétuosité des vents les nou- velles plantations, on les entoure d’une ceinture de cent mètres d'épaisseur, formée de cytises des Alpes: ces arbres demandent des soins particuliers dans le choix des plants et dans la culture du sol qui les nourrit. Les plantations sont devenues nécessaires depuis que les forêts sont réduites au dixième de l'étendue qu'elles avaient autrefois ; elles augmenteront jus- qu'au point où elles seront assez nombreuses pour les besoins du pays. On a ouvert de nouvelles routes ; mais, en général, il y a très-peu de chemins praticables en Écosse , ce qui rend les forêts de l'intérieur peu productives, ou, ce qui est la mèmé chose, peu utiles. Les maisons sont presque toutes en pierre ; les chaumiéres sont couvertes de bruvéres. Les villes tirent du dehors beaucoup de bois de charpente. On assure que, dans la construction de la nouvelle ville d'Édimbourg, il n’y a peut-être pas un seul morceau de bois qui n'ait été importé d'un pays étranger. Il en est à peu près de mème à In- verness. 149 La chaux est un engrais généralement employé, et dont la fabrication donne une certaine valeur aux taillis et aux broussailles. Si l’on veut défricher un terrain couvert de bruyé- res, on l’enclôt, puis on répand sur le sol de la chaux dans la proportion d'environ cent charges de che- vaux par acre : elle est amoncelée en petits tas, et, à la première pluie, elle s'étend également de tous côtés ; dés la première année, les bruyères commen- cent à diminuer, et l'herbe croît à leur place; au bout de cinq à six ans, elles sont mortes sur le sol. Quel- quefois on commence par les brûler. Il n’y a point de bois dans les iles Hébrides et les Orcades. La tourbe sert au chauffage; le sol n’est qu'un pâturage. On trouve fréquemment dans les tourbières des amas d'arbres presque entiers. Il est très-diflicile de faire croitre des arbres dans ces tristes régions, battues presque continuellement par d’effroyables tempêtes et par des pluies qui durent les trois quarts de l’année. Cependant le principal ha- bitant de l'ile d'Ulva, M. Macdonald , est parvenu à faire réussir un grand nombre de sapins et de mélèses au pied des rochers qui défendent sa maison contre les vents. Ce sera la première plantation qui aura réussi dans ces iles, | Les mines de houille ont produit plus de la moitié de là richesse de l'Angleterre; elles fournissent aux travaux de l'industrie, au chauffage des habitants et des étrangers, aux approvisionnements des vaisseaux, et à la consommation des colonies ; elles produisent cent fois plus que ne rendraient toutes les forêts que l’on a détruites depuis trois siècles. 120 IrrLaxor, Cette grande ile, hérissée de forêts il y a quelques siècles, ne présente plus qu’une surface nue, froide, aflreuse. Les forêts brülées ou ruinées ont produit beaucoup de marais au fond desquels on découvre encore, en creusant , des arbres et des ra- cines d'une grosseur énorme; les tiges entières sont couchées horizontalement à quelques pieds de pro- fondeur, mais sans être pétrifñiées; elles sont brülées par le gros bout, ce qui annonce qu'on a employé le feu pour les faire tomber. Leurs amas ont arrêté le cours des eaux, et formé des marais remplis d'herbes et de bruyères. Les bois qui existent encore sont ce qu'on pourrait appeler des taillis; onen laisse venir quelques-uns jusqu'à quarante ans; on les abandonne ordinaire- ment aux bestiaux après l'exploitation. Le sapin de la Baltique est employé dans tout le littoral, et aussi avant dans les terres que les moyens de communication peuvent le permettre. On se chauffe de tourbe; les pauvres brülent aussi des genêts et des joncs épineux. On importe du char- bon d’Angieterre, La culture est misérable, et les récoltes en pommes de terre sont seules abondantes. Le peuple, dépourvu des moyens d’acheter du bois de chauffage, en vole de tout âge. La loi est cependant très-sévère : car on a autrefois voté un acte qui condamne à quarante sous d'amende tout paysan possesseur d’un bâton dont il ne peut prouver l'acquisition. Quelque repoussant que soit, en général, l'aspect de l'Irlande, on trouve dans quelques parties de eette 121 contrée de délicieux paysages modifiés à chaque pas par l'inégalité du sol, et embellis par une multitude de lacs, de rivières et de ruisseaux ; des collines où la culture est variée, et des montagnes couvertes d’'ar- bres verts, tels que le houx et l’if. France. Nous ne nous proposons pas de donner une description des forêts de la France, mais seule- ment de faire ressortir quelques-uns des faits prin- cipaux de leur état actuel. Nous nous servirons égale- ment de la division par départements et de l’ancienne division par provinces. Celle-ci a l'avantage de réunir des masses de bois semblables entre elles. Ainsi les forêts de l’Alsace se ressemblaient dans les deux départements; celles de la Lorraine étaient autrefois soumises au même régime économique dans toute ‘étendue de cette province, et présentent un aspect uniforme; on peut appliquer cette remarque à d’au- tres régions. La zone des grandes forêts de France commence dans le département de$ Ardennes, suit les bords de la Meuse, de la Moselle, de la Meurthe, de la Sarre et du Rhin, remonte jusqu’à la Marne, reprend vers les sources de la Saône et s’étend dans la chaine du Jura, retourne sur la Bourgogne en traversant la Saône et se dirige vers la Loire, l'Yonne et le Loiret, Cette disposition s'explique au moyen de quelques observations : la France est divisée en deux contrées parfaitement distinctes. Les contrées du nord et de l’est, où la population est agglomérée dans des bourgs et des villages autour desquels s'étendent de vastes territoires dont la culture 122 se partage entre les habitants; là se trouvent les grandes masses de terres, de prairies, de forêts; ces masses de culture sont parfaitement séparées les unes des autres et sont marquées par de grands traits ; à point de boqueteaux et peu d’enclos. D’autres parties centrales de la France, les bords de la Loire, de l'Allier, de la Vienne, de la Creuse, ne sont point divisés en grandes masses, mais parta- gés.en une foule de domaines séparés, entourés de leurs prés, de leurs champs, de leurs bois, de leurs pâturages : là point de grandes forêts; aussi le chiffre des bois y est-il assez faible; mais, dans la plupart de ces contrées, les arbres bosquets, les tailles des baies suflisent amplement aux besoins des habitants, quoique ces départements soient considérés comme déboisés. Par exemple, dans le département de la Haute-Vienne, dont les forêts ne figurent dans les ta- bleaux statistiques que pour un vingt- -cinquiéme de l'étendue superficielle du sol, le Ent est moins cher que dans la Haute-Saône , dont les forêts occupent les trois dixièmes de l’étendæe totale de ce dépar- tement. La consommation des forges contribue à produire ce haut prix ; mais iln’en est pas moins vrai que le département de la Haute-Vienne est suffi- samment boisé. La même remarque est applicable au département de la Vendée, qui, d’après ces mêmes ta- bleaux, ne posséderait que la trente-troisième partie de son sol en forêts. Les forêts des Pyrénées ont perdu les trois quarts de leur superficie par l'effet combiné des incendies, du pâturage et des défrichements. Quand un terrain vague n’est pas trop escarpé, on y pratique une prai- rie en y rapportant du gazon que l'on va chercher 123 dans le voisinage. Au-dessus de ces prairies, on voit quelques bois de hêtres mélangés de chênes; plus haut dominent les sapins; enfin, au-dessus de six cents mètres , il ne croit guère que des arbrisseaux. Les rochers et les bords des torrents sont couverts d'arbres arrosés par les eaux qui tombent en eas- cades. Il y a dans ces montagnes de grandes forèts de sapins qui sont mis en œuvre par des scieries placées sur le cours des torrents ; les hommes transportent les planches sur leurs épaules dans les parties impra- ticables pour les bêtes de somme. Les produits ont presque toujours été insuflisants pour subvenir aux frais d'administration ; la difficulté des transports annule la valeur des plus beaux arbres qui croissent par milliers dans les parties reculées des montagnes. Les droits d'usage avaient pris beaucoup d’exten- sion dans un pays où l'on avait si peu d'intérêt à les restreindre; avec le faible tribut de quelques légères redevances, on pouvait couper autant de bois qu'on en voulait. En général, on ne ménage que les objets qui ont une’ certaine valeur échangeable : les plus beaux ar- bres qui ne peuvent se vendre sont impitoyablement abattus, ne füût-ce que pour éclaircir un pâturage trop ombragé. Le voyageur, le forestier, gémissent, mais l’économiste voit sans s'étonner les plus belles productions de la nature sacrifices lorsqu'elles sont inutiles ; et1l en conclut que, pour conserver les foréts, il faut créer des valeurs en ouvrant des dé- bouchés. On détruit les bois pour avoir des pâturages, lorsque les pâturages produisent plus de revenu que les forêts; tant que le contraire n’arrivera pas, les lois, les règléments, les gardes, ne pourront que ra- 124 lentir une destruction que le temps accomplit iné- vitablement. Les pentes des Alpes sont, en beaucoup d’endroits, tapissées de superbes forêts de sapins et de mélèses, qui ne sont cependant que le reste de celles qui gar- nissaient autrefois ces montagnes. Le désordre a été au point d'incendier des forêts entières pour se pro- curer quelques arpents de vaine pature. Aussi ren- contre-t-on à chaque pas les signes d’une grande destruction; des rochers à nu, des pâturages dessé- chés et sillonnés de torrents, des dépôts de cailloux, des habitations détruites. Les ravages des avalanches sont fréquents : elles traversent et sillonnent les forêts avec une rapidité telle, que les arbres sont enlevés comme des brins d'herbe. Les vents soufflent quelquefois avec tant de violence, qu'ils abattent de grandes portions de forêts; mais ces accidents ne les détruisent pas pour toujours : les endroits ravagés se repeuplent à la longue. Les forêts de ces vallées, où il est impossible aux voitures de pénétrer, n'ont aucune valeur vénale. Une avalanche avait entrainé, il y a quel- ques années, plusieurs milliers de beaux arbres, qu'on n'a pu vendre même pour 100 francs en totalité. La chaine du Jura est couronnée de sapins et de hètres. En général, ces arbres ont peu de valeur dans les localités d'un accès difhcile : tel sapin qui ne se vendrait que 10 fr. sur pied coûte 600 fr. lorsqu'il est transporté sur une grande route. Les forèts qui ne sont pas tenues dans un état serré sont chargées de eytises, de saules nains, de marseaux, 125 d’épines-vinettes, de framboisiers, qui croissent à l'ombre des arbres. Les Vosges, encore désertes dans le vu’ siècle, ont aujourd’hui une population industrieuse et floris- sante. Les forêts sont assez bien conservées, parce que l'on a trouvé le moyen d'en utiliser les produits ; mais, dans quelques endroits, on les a trop dégarnies, et les coups de vent déracinent les arbres qui res- tent. On remarque quelques forèts de sapins qui au- trefois ont été exploitées en plein, et qui se repro- duisent sous les genêts et les bouleaux qui avaient garni le sol après l'exploitation. Dans les montagnes de l'Auvergne, du Limousin, du Périgord, des Cévennes, on a détruit beaucoup d'arbres, parce que les pâturages et les cultures y sont plus productifs que les forêts ; mais les châtai- gniers y sont bien cultivés. Dans le département de la Lozère, on ne peut pas asseoir de coupes régulières, parce que le bois y est sans valeur. Dans la partie orientale du département du Lot, on laboure à travers les arbres dont le sol est planté. Les châtaigniers cultivés remplacent utilement les arbres forestiers, et le bois n’est pas plus cher que dans les pays les mieux boisés. Dans la plupart des départements méridionaux, les troupeaux de toute espèce entrent dans les forêts, qui n'ont de valeur que par le pâturage et la glandée qu'elles procurent. On assure que ce n’est que depuis peu de temps que l’on a établi des gardes forestiers dans le département de l’Aude. Les terres vagues ou garigues sont parsemées d’arbres et d’arbustes qui fonrnissent aux besoins des habitants. Les landes et 126 les collines sont couvertes de bruvyères, de chènes- kermès et de buissons venus spontanément, que l’on exploite tous les cinq ou six ans. Depuis que le taillis de châtaignier est peu employé, on convertit les bois de cette espèce en vergers. Les landes de Bordeaux se sèment et se sopeilit parfaitement de pins maritimes. Les forèts dont on tire le braï et le soudron se multiplient dans les sables et les bruyéres; on y cultive aussi le chène-liége, qui donne de l'écorce dés l’âge de vingt ans. Dans les plaines des environs de Toulouse et de Montauban, on aperçoit de loin en loin quelques bosquets de chène que l’on exploite trés-jeunes, et dont les baliveaux sont étêtés et élagués. On remarque aussi quelques bois de chêne que l’on exploite en coupant rez terre et en laissant des baliveaux ; Île sol est fertile et le bois paraît se repeupler, quoique l'emploi de cette méthode soit encore récent. Dans le pays de Foix, les coteaux, qui ont de très- longues pentes, sont couverts de taillis de chénes clair- semés que l’on exploite à l'âge de douze ans : la plupart de ces bois ont été livrés au parcours ; mais actuellement on en fait receper et exploiter régulié- rement une bonne partie. Il y a environ le quart du sol couvert de ces bois ou broussailles. La cause première de la destruction des foréts du midi, c’est qu’elles excédaient les besoins du pays, et que l’on à trouvé du profit à faire pâturer les bes- taux dans toutes celles qui n'étaient pas trop éloignées des habitations ; le bois vaut 10 francs le stére dans les villes ; il n’en vaudrait que 6, si les forêts avaient été mieux soignées ; c’est que l’on n’en a pas senti le besoin d’une manière assez impérieuse ; c’est que les 127 débouchés étaient difficiles ; c'est qu'il n'y a pas de grands moyens de débit; c’est que les peuples du midi sont moins soigneux de leurs forêts que ceux du nord. Les coteaux de la vallée du Rhône sont couverts de broussailles dont quelques portions seulement sont défrichées. Il reste encore quelques taillis de chènes en mauvais état. La culture de la vigne et du muürier tend incessamment à détruire ces petits bois. M. de Froidour , l’un des rédacteurs de l’ordon- nance de 1669, nous apprend qu'autrefois en Lan- guedoc on coupait les taillis à l’âge de 2, 3 ou 4 ans, et que l’on n'avait que de très-mauvais baliveaux. L'art de favoriser l'accroissement des hautes futaies était cependant connu, car on y faisait couper pério- diquement tous les bois blancs. À une époque plus re- culée, on ne faisait couper dans les forêts que les ar- bres dont on avait besoin , et il en restait beaucoup ; le produit des bois ne consistait que dans la glandée, le pâturage et la chasse ; mais comme ils étaient par- venus à un tel état de vieillesse qu’ils dépérissaient tous les jours, les ordonnances de 1544, 1573 et 1587 avaient réglé la coupe des hautes futaies à l’âge de 100 ans ; c’est à ces ordonnances, qui probable- ment n'avaient pour objet que de procurer de l'argent au trésor royal, que la France est redevable de ses plus belles forêts. La délivrance des arbres aux usagers perdait six fois autant de bois que l’on en usait ; on coupait les arbres sur pied uniquement pour en donner la feuille aux bestiaux ; on incendiait les forêts pour y renou- veler les herbages. Les usagers coupaient les taillis à la faucille. Un tel abus était toléré parce que l’on crai- 128 gnait qu'en y mettant une restriction on ne forcat les laboureurs à quitter la culture de leurs terres. On pratiquait aussi en Languedoc la coupe par ex- purgades, qui se retrouve encore dans quelques par- ties de la France, et qui consiste à n’abattre que les brins les plus faibles et à réserver les plus belles tiges qui croissent sur chaque souche pour les abattre à la révolution suivante. Ce procédé a été proscrit par l'ordonnance de 4669. On sentit à la fin qu'il fallait aménager les bois en taillis, dans la crainte qu’en les laissant en haute futaie on ne se lassat de n'en rien tirer. On réduisait ordinairement les bois en charbon pour en rendre le transport plus facile. Les fermes du Poitou sont ceintes d’une forte haie garnie d'espace en espace d'arbres têtards ou de fu- tales. Dans les contrées du sud-ouest de la France, qui n'ont pas des moyens faciles de transporter les bois, on cultive le genèt pour le chauffage; on le sème avec de l’avoine, et on le coupe dans la qua- trième année. Le produit de cette faible plante, grace à la culture, est aussi considérable que celui d’un taillis ordinaire de douze à quinze ans. Les tableaux statistiques des forêts contiennent nécessairement une erreur dans la désignation des bois des départements de la Loire, de l'Allier et de quelques autres, qui en possèdent plas qu'on ne croit : on y trouve beaucoup de haies plantées de chènes et de hètres , beaucoup de bosquets qu'on exploite tous les six ans, et de petits bois de pins. Dans le voisinage de Saint-Étienne, la concurrence de la houille rabaisse le prix des bois : de là le peu 429 de soin qu’on a pour les forêts. On laboure à travers les souches d’une haute futaie, et les bestiaux en dé- vorent les rejets. Le bois de chauffage, dans ce pays, où il en reste si peu, n’est pas plus cher que dans les Vosges. La production est au niveau des besoins. La partie infertile du département de la Marne pa- raît n'avoir jamais eu beaucoup de forèts. Le sol pro- duisait des herbes et des arbustes, que la culture a détruits. Aujourd hui des plantations de pins embel- lissent le pays, et augmentent beaucoup la valeur des fonds de terre. Le département de la Côte-d'Or est le mieux boisé de la France; car il possède deux cent vingt-huit mille hectares de bois qui occupent le quart de sa superficie. Ces forêts sont aménagées en taillis qui s'exploitent depuis l’âge de dix-huit ans jusqu'à celui de trente ans : on y réserve des baliveaux anciens et modernes. Les quarts de réserve, que l'ordonnance forestière avait destinés à croitre en massifs de haute futaie, s’exploitent entre leur trentième et leur qua- rantième année. L'usage a heureusement prévalu sur la loi; car des coupes plus tardives se seraient diflici- lement repeuplées si on les eüt exploitées suivant la méthode ordinaire. Les bois de cette contrée se propagent par les sou- ches, qui sont remplacées par des semis naturels lors- qu'elles meurent. En général ils sont parfaitement garnis. Le chêne et le hêtre dominaient, mais la pro- pagation du charme tend à les détruire. Le tilleul, l'érable et le plane sont rares. L'alisier et le sorbier sont fort communs dans les bois des montagnes. Les forêts de la Lorraine se distinguent par leur richesse en futaies sur taillis; on trouve encore au 9 150 fond de cette province des méthodes analogues à cel- les que l’on suit en Allemagne, et l’on y remarque partout une observation éclairée du régime légal ; l’art forestier s’y est élevé au niveau des progrès que l'agriculture et l’industrie ont faits dans ce pays. Cet état prospère forme un contraste frappant avec l'état peu florissant de l’agriculture et des forêts de la Bre- tagne. La France possède des houilléres inépuisables, que nous foulons aux pieds, et qui seront probablement exploitées un jour ; elle à aussi ses bois enfouis sous des forêts vivantes. On trouve dans les vallées des arbres noircis par le temps, et durs comme l’ébéne, Quelques rivières charrient encore des bois qui sont entraînés dans leur lit, et il n°y a pas plus d’un demi- siècle que les habitants des rivages y trouvaient un chauffage abondant. La culture de l'olivier est remplacée aujourd'hui, dans plusieurs localités, par celle de la vigne et du mürier ; cette dernière donne un plus grand produit pécuniaire, Nous remarquerons en passant que si les voies de communication devenaient beaucoup moins dispendieuses qu’elles ne le sont aujourd'hui, et que si les droits d'importation d'un état à l’autre étaient supprimés, on verrait disparaitre beaucoup de cul- tures locales. | Nous ne terminerons pas cette partie de notre tra- vail sans dire un mot des forêts de la Corse; elles sont peuplées de pins et de sapins qui fourniraient assez de bois pour la construction de plusieurs flottes. On assure que l’une des raisons que l’on donna à Louis XV, pour l’engager à faire la conquête de cette ile, fut le besoin qu'avait la France de bois pour sa 151 marine, surtout depuis qu’elle avait perdu la ressource du Canada. Mais cette richesse n'a pu être exploitée à raison de la difficulté de l'accès dans les forêts, qui consistent en vingt-cinq mille hectares de haute fu- taie. Les frais d'administration coùtent vingt fois le produit des coupes. Ainsi le défaut de routes pratica- bles rend inutile pour nous une énorme masse de beaux arbres ; mais, pour tenter avec succès des amé- liorations, il faudrait commencer par déboiser, des- sécher et cultiver les plaines. Les châtaignes sont si abondantes en Corse, que l’on en nourrit souvent les chevaux. L’olivier y es commun, mais on le cultive mal ; il en est de même du chène-liége. La terre y est couverte de cytises, de houx, de buis, de myrtes, de lauriers, de genièvres, de grenadiers et d’arbousiers, comme dans les mon- tagnes qui s'étendent de Toulon à Nice. Il serait bien utile que dans chaque département on dressàt une statistique qui fit connaitre les difté- rences souvent frappantes dans la manière de gouver- ner les forêts. On parviendrait ainsi à se rendre compte d'une foule de faits dont, jusqu’à présent, on n’a pas saisi la liaison ou l'opposition, pour les faire entrer dans un système complet d'économie fores- ticre. SECONDE PARTIE. DE L'ÉCONOMIE DES FORÈTS DANS SES RAPPORTS AVEC L'ÉCONOMIE POLITIQUE. ——rirñr © 2 7 Q © —— CHAPITRE PREMIER. DU FONDEMENT DE L'UTILITÉ DES FORÊTS. On trouve en Europe, et mème en France, des fo- rêts qui ne donnent point de rente foncière, si ce n'est celle du paturage et de la glandée. Dans quelques par- ties du département du Var, et dans bien d'autres contrées, les chènes ne s’estiment que d’après le pro- duit de leurs glands ; les pins ne se vendent que deux francs la pièce lorsqu'ils sont abattus. Il est d’autres forêts moins productives encore : uniquement desti- nées aux päturages, elles rendent à peine de quoi payer les frais de garde et l'impôt ; elles ne subsistent que parce que l’on ne prend pas la peine de les dé- truire. A l’autre extrémité de l’échelle'se placent les forêts situées près des grandes villes, où les bois se vendent au plus haut prix. Ainsi tel arbre des Alpes qui pour- rit sur le sol vaudrait six cents francs dans le bois de Boulogne. Cette valeur ne représenterait que les frais de transport ; et si, un Jour, il n'en coûtait que cinq cents francs pour voiturer l'arbre des Alpes à Paris , cet arbre vaudrait alors cent francs dans la forêt où est né. La valeur d'échange des bois repose donc 139 presque entièrement sur la différence des frais de transport de la forét au lieu &e la consommation. L'utilité des forêts ne doit se mesurer que par lu- sage qu’on en fait. Ces bois magnifiques, qui ne ren- ferment que des arbres séculaires, ont souvent moins d'utilité qu'un modeste taillis de châtaigniers. Ce n’est qu'aprés avoir reçu une valeur par le travail néces- saire pour les abattre, les transporter, les approprier à nos besoins, qu'ils ajoutent quelque chose à la ri- chesse sociale. Ainsi ces belles forèts des Alpes, des Pyrénées ou des Cévennes, qui ne s'exploitent pas, faute de débou- chés, peuvent exciter notre admiration ; mais l'éco- nomiste ne doit considérer que leur utilité, ou, ce qui est la même chose, l'emploi que l'on en fait. Que l’on conserve attentivement quelques beaux arbres pour les laisser à la postérité comme des monuments d’un àge reculé ; que dans chaque forêt on garde des bos- quets de haute futaie sur lesquels on laisse dix siècles s'accumuier, rien de plus louable. C’est même un soin que l'on néglige beaucoup trop en France, où l'on abat impitoyablement de vieux arbres remarqua- bles par leurs formes ou par des souvenirs historiques qui s'y rattachent ; mais la culture des forèts considé- rées en masse ne doit avoir pour but que l'utilité que nous en tirons. Ainsi le propriétaire qui coupe sa haute futaie pour en employer le prix d'une manière productive contribue à augmenter la richesse sociale. Abattre, planter et cultiver, telles sont les opérations corrélatives qui constituent la science forestière dans ses rapports avec l'utilité publique. C'est le travail qui doit assurer la prospérité des forêts. 1 Cultiver les bois, les peupler des meilleures espèces, faconner les arbres abattus, les mettre à la portée des consommateurs, c'est une véritable création de ri- chesses. Ainsi le soin de conserver les futaies, de les défendre contre les déprédations , la résistance à la tentation de les couper prématurément, ne sont point les seules conditions d’une bonne administration. Il faut savoir mettre de grands produits en circulation , et multiplier les moyens de consommation reproduc- tive. On obtient ces résultats par une bonne méthode de culture, qui fait croître les arbres plus vite qu'ils ne croissent dans l’état d’abandon où on les laisse communément, et en substituant de bonnes espèces d'arbres aux mauvaises. Il suffit d'ouvrir des routes au dedans et au dehors des forêts pour obtenir une amélioration très-importante ; créer des débouchés, apporter le bois sous la main du consommateur au meillenr marché possible, c'est former des valeurs nonvelles, c’est augmenter l’aisance des habitants qui aident à les produire ou à les transformer. Un calcul trés-simple démontrera que ces moyens ne sont pas trop dispendieux dans la plupart des lo- calités. Supposons qu'une forêt donne par an quatre mille voitures de bois, et que les frais de transport soient de quatre francs par voiture, il est certain que l’on peut, en améliorant les chemins, diminuer presque partout d’un quart les frais de transport. Gette épar- gne doit être communément beaucoup plus forte; mais, en calculant sur son terme moyen , le bénéfice sera de 4000 francs par an. On peut évaluer la dé- pense première à une somme moyenne de 8000 francs, 159 et l'entretien à 300 francs par an. Ce serait done de l'argent placé à près de 50 pour 100 par an (4). Mais les communes et les particuliers répugnent souvent aux améliorations qui ne profitent pas à eux seuls ; chacun ne voudrait travailler que pour soi. Les marchands de bois et les fermiers n’attachent aucune importance aux réparations des chemins, car ils ache- tent les coupes en proportion de la difficulté de l'ex- traction des bois; et plus cette difhiculté s’accroit, moins il v a de concurrence entre les acheteurs. Il faut reconnaitre enfin que l’objet principal de la science forestière est de mettre la plus grande quantité possible de produits à la portée des consommateurs. Celui qui aménerait à peu de frais tous les pins de la Corse, sans en excepter un seul, dans les chantiers de Toulon, rendrait autant de service que celui qui res- sémerait les forêts de cette ile. L'inventeur du flot- tage a contribué sans doute à faire abattre des mil- liers d’arpents de futaies; mais sans lui elles seraient détruites par le temps et par le pâturage; on serait privé des beaux taillis et des beaux arbres qui font l’ornement et la richesse de plusieurs provinces, et des millions de valeurs acquises par cette invention n’exis- teraient pas. On doit bien se persuader qu’il n’y a de richesses que dans les valeurs consommables ou échangeables, et qu’un arbre qui est destiné à pourrir sur la place où il est né est aussi inutile qu’une pierre. (1) On peut faire les mêmes calculs sur l'entretien des che- mins vicinaux et des chemins d'exploitation pour l'agriculture. 136 — — = CHAPITRE IL. DES FORÈTS CONSIDÉRÉES RELATIVEMENT AUX BESOINS DES HABITANTS. En France, chaque individu consomme annuelle- ment, pour sa nourriture, dix-huit doubles décalitres de blé, seigle, orge ou sarrasin. La valeur moyenne du double décalitre est de 2 francs 50 centimes, ce qui fait 45 francs par individu. Le revenu total des six millions huit cent mille hectares de bois qui existent en France est de 120 millions de francs ; si l’on ajoute les frais de trans- port, qui sont d'environ 45 millions, on aura une somme totale de 165 millions, ce qui fait une dépense annuelle de 5 fr. 50 centimes par chaque individu pour son chauffage, pour les constructions, les ré- parations des bâtimens, la fabrication du fer, ete. Cette dépense ne s'élève pas au huitiéme de ce qu'il en coûte pour le blé. Si nous remontons au xiv° siécle, nous voyons qu'une émine de blé, équivalente à vingt-un doubles décalitres, valait 40 sous ; mais la généralité des habi- tants ne se nourrissait pas de froment, ct l'on peut calculer que la consommation des grains coûtait en viron 30 sous par an à chaque individu. La charrette de bois valait en Bourgogne 3 sous Æ deniers ; et comme on ne peut en compter moins d’une charrette par individu, le bois coùtait au moins le dixième des grains que l'on consommait. Aïnsi, à une époque où la moitié de notre sol était 431 couverte de bois, le chauffage entrait déjà pour nne partie notable dans la dépense de chaque habitant. L'ouvrage de M. Monteil contient des renseigne- ments précieux sur le prix d’un grand nombre de denrées et de marchandises à la fin du xiv° siècle. Le charbon se vendait 15 sous la charrette, le moule de bois 6 sous, et le cent de cotrets 16 sous. L'arpent de bois sur pied se vendait 6 livres. Un beau chéne valait 42 sous. Le quintal de fer ouvré coûtait de 9 à 10 fr. Aujourd'hui un quintal de fer qui serait composé de cent livres de douze onces vaudrait 24 fr. On peut juger, par ce rapprochement, des progrès de la fabrication du fer en France : car ce métal est beaucoup moins cher qu'il ne l'était il y a quatre siècles, en comparaison du prix des denrées. Vers l’an 1690, le beis se vendait à Paris 11 francs la voie; et la mesure de blé, à peu prés équivalente au double décalitre d'aujourd'hui, valait 15 sous à la mème époque. Au x1x° siécle, ledoubie décalitre de blé vaut 4 fr., et la voie de bois se vend #4 fr. : ainsi, en suppo- sant que les droits actuels soient à peu prés dans la même proportion que les anciennes taxes, le prix du blé à quintuplé, et le prix du bois a seulement quadruplé à Paris depuis 440 ans. Il est superflu de faire observer que le prix du blé est très-variable lorsqu'il n'est pas calculé sur un grand nombre d'années. Une ordonnance de 1567 fixe le prix du gros bois pour Paris à son ancien taux, savoir : 60 sols tournois la charrette de quatre-vingt-dix büûches de la jauge et mesures requises. Une autre espèce de bois était 138 taxée à un éeu un tiers, ce qui est à peu près le dou- ième du prix d'aujourd'hui. La même ordonnance régle la taxe du blé à 2#livres 10 sous le tonneau de 2000 pesant (la livre de seize onces ), équivalant à neuf setiers, mesure de Paris. D'après cette taxe, une mesure égale à notre double décalitre valait 36 centimes (7 sous environ), ce qui fait le douzième du prix d'aujourd'hui, comme pour le bois. Le prix des denrées avait triplé de 1567 à 1690. Nous allons connaître l'accroissement que le revenu des forêts a pris depuis cette dernière époque jusqu'a nos jours. On lit dans le testament politique du cardinal de Richelieu ce qui suit : État des revenus de l'épargne : Vente des bois ordinaires, 550,000 livres. Produit des domaines, 550,000 livres. Le produit des bois et domaines était de 44 à 12 mil- lions en 1784. Depuis le règne de Louis XIII, le domaine s'était agrandi par les conquêtes, mais les engagements en avaient distrait une grande partie. On peut donc calculer sans exagération que le re- venu du domaine, y compris les bois, était, en 1784, au moins douze fois plus considérable qu'il ne l'était avant l’année 1640. Un tableau assez récent des consommations de la ville de Paris nous donne l’occasion de faire quelques remarques relatives à notre objet. La consommation du pain dans la ville de Paris est évaluée à 38 millions de francs. Celle du bois à brû- 139 ler est portée à 45 millions. On peut penser au pre- mier aspect que celle-ci est disproportionnée avec la première; mais, en continuant de lire le tableau, on voit que la consommation du sucre s'élève à 27 mil- lions de franes, et celle du café à 10 millions : c’est une dépense totale de 37 millions , qui dépasse de beaucoup le prix du bois de chauffage joint à celui du charbon et des bois de charpente que l’on emploie annuellement dans cette ville. Si l’on additionne les dépenses de toute espèce en meubles , habillements , parures, etc., on verra que la dépense du chauffage n'entre guère que pour un douzième dans la dépense totale de l'entretien de chaque ménage. En effet, la dépense moyenne et annuelle est évaluée 200 francs par habitant, ce qui fait, pour 900,000 habitants, 180 millions, c’est-à-dire douze fois la valeur totale du chauffage. Personne n'ignore qu'en se servant d'appareils mieux disposés que les cheminées ordinaires, on ob- tiendrait une grande épargne de combustible. M. le professeur Bernouilli a calculé que, dans ces chemi- nées, les sept huitièmes de la chaleur produite par le bois sont en pure perte. On pourrait facilement épar- gner la moitié du combustible que l’on use ordinai- rement, et obtenir en même temps une chaleur plus forte ou plus durable, ce qui serait, sous ce dernier point de vue surtout , une grande amélioration. IL importe de détruire une erreur trop générale- ment répandue. Le bas prix du combustible ne donne pas toujours aux habitants des contrées boisées le moyen de se procurer un chauffage abondant. Le bois n'est guère à bon marché que dans les pays dé pourvus d'industrie, où le peuple est misérable; et il 440 est plus diflicile à tel habitant voisin d'une forët de payer » francs pour acheter une voiture de bois, qu'à l'artisan d'une ville de s’en procurer une pour 45 fr. J'ai remarqué, dans une contrée où le bois de hêtre ne coûte que ? francs le stère, que les manou- vriers sont trop pauvres pour en acheter, et qu'ils ne brülent que du genët-balai, dont souvent ils sont mème dépourvus. Si l'industrie pénètre un jour dans ce pays, le prix du bois doublera, mais les habitants auront quatre fois plus de moyens de s’en procurer. Il y a très-peu d’usines à feu en Espagne, et le prix du chauffage y est excessif, Le charbon valait 4 livres tournois le quintal à l’époque du voyage de M. de La- borde. Le bois rond de chène ou d’olivier valait 25 sous tournois le quintal, ce qui fait environ 30 francs le stère. Ce prix, composé à peu près exclusivement des frais de main-d'œuvre et de transport (1), est hors de la portée des gens du peuple. En France, rien de plus misérable et de plus mal chauffé que les ménages qui vont gaspiller le bois sec et les menues branches ; cependant ils obtiennent ce combustible pour rien ; mais un travail mieux dirigé procurerait facilement une valeur trois ou quatre fois plus forte que celle de ce bois qui est si péniblement amassé, et plus péniblement encore apporté dans les chaumiéres. M. Moreau de Jonnès a donné, dans ses recher- ches sur le commerce, le tableau de la dépense an- nuelle d’un ouvrier et de sa famille, composée en tout (1) Les transports se font à dos de mulets et coûtent trois fois plus que Le transport par charrette. L'enlèvement des grands arbres est presque impossible , ce qui les rend inutiles et sans valeur. 141 de cinq individus; ke chauffage entre dans cette dé- pense pour moins du vingtième. Il évalue à 300 francs la consommation de blé que fait cette famille; le chauffage devant coûter au plus 30 francs, la propor- tion est la même que dans le XIV: siècle. Ce résultat peut paraitre extraordinaire à qui sait qu'une grande partie de nos terres cultivées étaient encore couvertes de forêts dans le XIV° siècle, et que depuis cette époque la population s’est considérable- ment accrue; mais les faits s'expliquent par deux cir- constances : 1° l'emploi des bois de charpente est bien diminué depuis que l’on construit en pierre les bâti- ments des villes et une grande partie de ceux des cam- pagnes ; 2° les arbres qui ne franchissaient jamais les limites des forêts où ils étaient nés se transportent aujourd'hui à une grande distance, ce qui accroit dans une forte proportion les approvisionnements des consommateurs (1). Ce qui occasionne la cherté du chauffage, c’est la difficulté des transports; ce qui en fait la priva- (1) En 1418, le moule de büûches valait à Paris 20 sous. C'était un prix extraordinaire et Lors de la portée du peuple. Par lettres patentes du 26 novembre de la même année, il fut ordonné aux maîtres des eaux et forèts de faire couper et vendre dans la forêt de Bondy, près Paris, chaque arpent pour 8 livres tournois et au-dessous jusqu’à 6 livres. On ordonna aux marchands de vendre le bois à un prix raisonnable , et de délivrer désormais le moule de bûches pour 6 sous parisis (8 sous tournois) et au- dessous. En 1419, la cherté s’étant renouvelée, on fit couper le bois de Vincennes, et le moule coûtait 16 ou 18 sous parisis, ce qui était excessif. En 1481, l'hiver fut des plus rudes, et le bois se vendait à Paris 7 à 8 sous le moule. Le moule formait le quart de la voie. Ainsi, dans un siècle où les environs de Paris étaient encore 142 tion, c'est la pauvreté des habitants. La cherté du bois pris dans les forêts ne peut jamais être excessive, car ce serait une prime pour la production. CHAPITRE IL DES FORÈTS CONSIDÉRÉES RELATIVEMENT A L'AGRICULTURE. En Amérique, dans les contrées abandonnées à leur fécondité naturelle et garnies de forêts, il faut à la subsistance d’un sauvage quatre-vingts ou cent ar- pents ; tandis que, dans les parties bien cultivées de l’Europe, comme en Flandre, deux arpents (un hec- tare) suffisent à la nourriture de chaque individu. La culture des contrées du nord de l'Europe est encore bien arriérée. L'Allemagne a conservé en bois et marais plus du tiers de son étendue superficielle. Les forêts de la Pologne occupent encore la moitie de la superficie totale ; les eaux et les terres incultes en couvrent le quart; les terres labourables et les prairies forment le surplus. Si l'on considère la lati- tude de ee pays, on peut s'étonner que ces productions ne soient pas plus nombreuses et plus variées ; maïs le défaut d'industrie en est la cause : non-seulement le sol des forêts ne rapporte rien, mais les arbres eux- mêmes forment un capital stérile, tandis qu'un ter- couverts de forèts de haute futaie , les habitants de eette ville nepouvaient avoir de quoi se chaufler ; ils ne possédaient pas mème les moyens de solder les frais indispensables d’abatage, de facon et de transport des bois. 143 rain cultivé en chanvre rapporte plus de :200 francs Phectare. 2 IL n’en est pas de même dans les pays industrieux. L'étendue totale du sol de l'Angleterre est de trente- huit millions d’acres (onze millions deux cent mille hectares) ; non compris l'Écosse : on y compte à peu près deux millions d’acres en bois taillis et en plan- tations ; la partie boisée est d'environ un vingtième de la surface du royaume. L’acre de bois (quarante ares) rapporte environ 30 francs de notre monnaic, ce qui fait environ 75 francs par hectare. Les meil- leures forêts de France, situées près de Paris, ne donnent pas ce revenu. Le revenu des bois, en France, est de 18 fr. par hectare ; la même étendue, cultivée en blé, produit 36 fr.; cultivée en vigne, elle rend 50 fr. Un hectare de bois rapporte quatre fois plus en Angleterre qu’en France, ce qui nous explique pour- quoi les boïs proprement dits sont beaucoup mieux soignés dans lun de ces royaumes que dans l’autre. Tel est Wffet de la culture sur les arbres, que les terres arables, en Angleterre, ne rapportent pas au- tant de revenu que les bois cultivés; cependant on n’y manque ni de chauffage ni d'arbres pour les cons- tructions. Dans d’autres contrées, les forèts incultes, quoique couvertes d'arbres séculaires, rapportent beaucoup moins que de simples taillis bien cultivés : cette dif- férence était déjà appréciée en Italie du temps des Romains, qui rangeaient les biens de campagne en neuf classes, d’après la gradation de leurs revenus ; ils mettaient au premier rang les vignes, au second les jardins, au troisième les plants de saule, au qua- 1/41 trième les plants d'olivier, au cinquième les prés, au sixième les terres à froment, au septiéme les bois taillis, au huitième les plants d'arbres mélangés de vignes, au neuvième les forêts de chènes pour nourrir les cochons. Les bois taillis étaient préférés aux forêts, parce qu'ils étaient situés dans le voisinage des habitations. La valeur des bois , comme celle de toute autre denrée ou marchandise, est nulle si elle est hors de la portée des consommateurs. Aujourd'hui même, dans l'Italie septentrionale, on préfère les bois taillis aux vieilles forèts. On nomme bosco-misto un terrain dans lequel croit la bruvéère sous la futaie; on en estime le fonds et la superfcie moitié du prix d’une terre labourable de même éten- due, le tiers d'une surface égale qui serait couverte de vignes , et le cinquième de la même superficie qui serait en nature de pré susceptible d’arrosement. L'abondance des produits de la terre croit en pro- portion de l'étendue des travaux qui ont développé sa fécondité primitive; et, à la longue, la culture doit s'appliquer à toutes les plantes, es dei les prairies, soit dans les forêts. C’est au discernement du cultivateur à choisir les terres les moins propres à l’agriculture pour les plan- ter en bois. Un sol granitique, qui ne conviendra pas aux céréales, produira de trés-beaux bois; la culture forestière sera avantageuse dans les mauvaises terres, dans les fonds épuisés et sur les coteaux. Les arbres fruitiers, les chätaigniers surtout, pro- curent à la fois des aliments, du combustible et des bois à bâtir. Cependant les pays doués de ces res- sources si précieuses sont pauvres lorsque les hab1- tants se bornent à la seule culture des arbres ; le 145 chätaignier, disent les Italiens, est le froment de la montagne ; un arpent planté de châtaigniers produit, lorsque la récolte est bonne, beaucoup plus de ma- tière nutritive que n’en donne un arpent de seigle ; mais le blé manque rarement, il est facile de le con- server, tandis que le grand désavantage des châtai- gniers est dans l'inégalité disproportionnée des ré- coltes, qui souvent manquent presque entiérement, et dans la difficulté de conserver leurs fruits. En Corse, on voulait détruire les forêts de châtai- gniers, dans la vue d'exciter les habitants à cultiver davantage les céréales ; mais, pour vaincre leur répu- gnance au travail, qui s'étend jusqu’à négliger la cul- ture des oliviers, il eût été préférable de dessécher les marais, et de les céder à des familles de cultiva- teurs que l’on aurait appelées du continent. En Orient, en Afrique, les peuples qui vivent des fruits du cocotier sont misérables, et croupissent dans un état voisin de la barbarie; mais ceux qui n'ont que des arbres plantés de leurs mains, et qui les cul- tivent bien , s’approchent de la civilisation. IL est certain que la culture fait de nos jours des conquètes dans les pays nouvellement habités, et s'améliore dans les lieux anciennement cultivés. Les départements du midi, l'Ardèche, la Corréze, la Haute-Vienne, l'Aveyron et la Dordogne, présentent à la fois des forêts de chätaigniers et de belles cul- tures de plantes céréales. Cette combinaison de la plantation des arbres et de la culture des plantes ali- mentaires ou fourragères, étant bien faite, sera le point le plus élevé du perfectionnement de l'agriculture et de la science forestière. En 1709, la France, afligée d'une famine, fit usage 10 146 d’une immense quantité de glands ; une pareille res- source serait bien faible aujourd'hui que les neuf dixiémes des massifs de futaies sont détruits, mais on en est dédommagé au centuple par les produits agricoles , qui sont devenus infiniment plus variés et plus considérables. Nous ajouterons à ce chapitre quelques considéra- tions relatives aux défrichements. Les Italiens ont défriché les bois, et converti en terres labourables les côtés et les sommets des mon- tagnes ; la terre, ne se trouvant plus soutenue par les racines des arbres, tombe dans les rivières avec de vastes fragments de rochers, et couvre les vallées. L’Adige et le P6 ont détruit des milliers d’arpents de terres qui étaient bien cultivées; des provinces en- tiéres sont désolées par des inondations ; les digues, que lon élève à grands frais, se rompent sou- vent par la violence des ouragans; les déborde- ments charrient quelqrefois un limon qui en- oraisse les terres; mais il n’y a point de dédomma- gement possible pour les montagnes : car si une pente qui n'a qu’un pied de terre végétale perd seulement , chaque année, une ligne sur sa su- perficie, il ne faut que cent quarante-quatre ans pour mettre le roc à nu. Les désordres qu'entraine le défrichement des mon- tagnes se font peu sentir lorsque des travaux faits avec art, comme des terrasses ou des tranchées, retiennent Îles terres. Les montagnes du pays de Lucques sont presque toutes plantées de vignes, d'oliviers, de châtaigniers, de müriers ; on a dé- friché une partie de la plaine, et, par le moyen des digues et des portes qui empêchent la communication 147 de l’eau de la mer, on maintient les terres en état de culture ; le nombre des habitants a quintuplé dans quelques endroits dépuis ces travaux. L'ancienne Italie, qui était cultivée avec un soin extrême , s'était couverte , dans le moyen âge, de forèts et de marais, dont une partie a été depuis des- séchée et défrichée. Mais il reste des provinces entiéres où l'agriculture n'a pu recouvrer ce qu'elle avait perdu. Les villages des Maremmes, autrefois très-peuplés, n’ont plus d'ha- bitants; de grandes villes ont disparu ; les lacs et les marais, n'étant plus reténus par l’industrie hamaime, ont inondé les plaines. On retrouve , au milieu des bois, des ceps de vigne et des oliviers sauvages, tristes vestiges de l’ancienne culture; les territoires du Val- d’Esa, du Siennois, ét des contrées voisines, ne sont plus que des forêts peuplées de liéges, de chênes et de frènes, où vivent d’immenses troupeaux de cochons. La croissance des arbres y est si rapide, que, dès Fâge de quarante ans, ils sont propres au service de la ma- rite; on en tire du merräin pour l'Espagne, et du charbon pour Gênes; mais ce sont de pauvres pro- duits, en comparaison 44 ceux ee SRE üne cul- ture florissante. | | g'el Ces observations prouvent qué le défrithement des montagnes est souvent nuisible ; mais que celui des plaines ne peut jamais l'étre sous le rapport essentiel de l’agriculture et de la température. On pourrait défricher encore en France plus d’un million d'hectares dans les plaines, pourvu que l'on re- plantat les montagnes. L'avantage seraît , 4° de’créer des travaux qui produiraïent au moiïns 300 francs par hectare ; 2° d'augmenter 1e produit imposable et de 148 rendre productifs un million d'hectares de mauvais terrains dans les montagnes; 3° d’assainir l'air des plaines et d’y favoriser la culture de la vigne; 4° d’é- galiser la répartition des forêts. Le déboisement des montagnes est indépendant de toutes les lois sur les défrichements. Ces lois sont absurdes lorsqu'elles ne concilient pas l'intérêt privé avec l'intérêt public. Les forèts de l’Angleterre se sont détruites sans défrichement. C’est l'effet de l’in- division, de la confusion des droits d'usage et de la nullité des produits forestiers. Un propriétaire veut-il reconnaitre s’il lui est plus avantageux de conserver une forêt que de la défri- cher, il comparera les produits futurs dans les deux hypothèses. Supposons que le bois qui couvre le sol vienne d’être coupé ou soit près de l'être, et que, d'après l’u- sage réputé le meilleur, la coupe suivante doive être exploitée lorsque le taillis aura atteint l’âge de 25 ans. Nous supposerons encore que l'étendue de la forêt est de 100 hectares, que la coupe rapporte 1000 francs par hectare à l’âge de 25 ans, et que le sol une fois dé- friché serait susceptible de donner un revenu net de 45 francs par hectare, tous impôts déduits, dans les deux hypothèses ; nous compenserons même les frais de garde avec l'augmentation future, mais éloi- gnée, de l’impoôt foncier des terres défrichées. Le propriétaire devra, pour arriver à une solution, peser plusieurs considérations préliminaires. {4° Sera- t-il obligé de bâtir une ferme, ou bien pourra-t-il louer ses terres sans être obligé d'élever des construc- tions dispendieuses? 2° Est-il propriétaire d'une masse de bois, plus considérable, qui soit située dans le 149 voisinage, il profitera de la hausse dans le prix du combustible, et du bois de service, résultant du dé- frichement. 3° Au contraire, n'est-il que simple consommateur, il supportera sa part du renchérisse- ment. Nous supposerons que les frais de défrichement s’éléveront, déduction faite du produit des souches, à 450 francs par hectare ou 1500 francs en totalité, et que la construction d’une ferme exigera une dé- pense de 30,000 francs. Il faut actuellement supputer la valeur de la pro- priété dans l’état forestier en capitalisant au taux de 3 + p. ? du revenu brut, ou, ce qui est la même chose, il faut calculer la valeur vénale du sol, que nous supposons dépouillé de sa superficie. En faisant le calcul, à l’aide des tables d'intérêts, on trouvera que le sol vaut, sous le rapport du pro- duit forestier, 734 francs l’hectare. En eflet, supposons que l’on place cette somme à 3 +p. + d'intérêts cumulés pendant 25 ans, on au- rait un capital de 4734 francs. Mais, en conservant la propriété forestière on aura, à la même époque : lAmevupe évaluée... .... . < 1000 fr. MMS ODERINRE. S.à . . . 194 Total égal. . . 1734 La forêt contenant 100 hectares, le sol nu vaut, par conséquent, 73,400 fr. Mais, s'il était défriché, il produirait un revenu brut de 4500 francs à raison de 45 francs par hectare. 150 Ge revenu, capitalisé à 3: p.?, donne une somme CMOS DE on. A nt CUS - MR Il faut déduire : les LH de construction que nous évaluons à. . . . . 30,000 fr. Les frais de défrichement au delà du produit dessouches, évaliés es il midouie m4 19,000 45,000 fr. ci 45,000 Il resterait par conséquent. . . . . . . . 83,500 Mais, en conservant la forêt, on n'aurait qu'une valeur de; . . … +4. vue suis + 2 (93400 Le bénéfice opéré par le défrichement iméident au. orales silos, uit ADS Ce bénéfice serait trop peu considérable pour dé- cider le propriétaire à opérer le défrichement ; car la mise en pratique d'une bonne culture forestière pourrait, sans être accompagnée d’embarras et d'une émission aussi considérable de capitaux, amener une semblable hausse dans la valeur de la propriété. CHAPITRE IV. DES MINES ET DES USINES. Les souverains de la Russie, en établissant des forges sur les bords de l’Oural, ont rendu un peu agricoles les peuples nomades du voisinage. Ces for- ges, dont la fondation est contemporaine des derniers 151 travaux de Pierre le Grand, possèdent des forêts con- sidérables, où les bouleaux et les peupliers dominent. Ges arbres sont mélangés de mélèses, que l’on ne daigne pas abattre, parce que leur charbon pétille dans les fourneaux où se fond le minerai. On les laisse sur pied, et bientôt ils sont renversés par les vents. Les chemins qui conduisent dans ces usines ont été pratiqués à travers des forêts marécageuses; on a eu soin d'ouvrir des canaux des deux côtés, de re- lever les endroits bas et enfoncés, d'établir des ponts et des fossés d'écoulement, et de niveler partout le terrain. Lorsque les forêts voisines sont épuisées, on reconstruit d’autres fourneaux dans les forèts vierges. Le transport des bois, l’abatage et la main-d'œuvre coûtent fort cher en Sibérie : la main-d'œuvre, parce que le pays manque de population ; les frais de trans- port, parce que la confection et l'entretien des che- mins sont difficiles; les marais, les arbres abattus, les blocs de pierre détachés, forment à chaque pas des obstacles, mais le génie a su les vaincre (1). Dans une partie de la Russie, les mineurs étaient, il ya quelque temps, levés en recrues, comme les militaires ; les charrois et les autres travaux se fai- saient par corvées, à vingt lieues à la ronde. Les bois et les charbons ne se payaient pas, à moins qu'une légère redevance ne soit regardée comme un prix d'achat. Un tel état de choses est favorable à l’industrie (1) Une singularité remarquable, c’est que le minerai de la forge de Ribenskoï n’est autre chose que du bois pétrifié qui renferme des grains de fer: on y distingué éncore és couchés concentriques et l'écorce des arbres, 152 dans les premiers temps de l'établissement d’une usine ; mais, s’il se prolongeait, il en résulterait seu- lement que les directeurs gagneraient davantage , et se relàcheraient dans leurs travaux. Les mines de Danmora, en Suède, sont renommées comme produisant le meilleur fer de l’Europe; c’est l’une des principales richesses du royaume, et l’un des plus solides appuis de la prospérité publique. La province d’Upland, couverte de rochers pelés, de marais et de bois, serait entièrement déserte, s’il n°y avait pas des forges qui lui donnent l’apparence d’un pays civilisé. Une partie du minerai de Suéde se pêche dans les lacs, et la navigation favorise les trans- ports des matières premiéres et des métaux fabri- qués. Tandis que les forges prospérent dans le nord, les usines des régions méridionales sont successivement abandonnées. Les mines de fer de Chvpre, de Minor- que, de Majorque, de l'ile d'Elbe, et un grand nombre d’autres, sont délaissées. Cela tient principalement à l’état rétrograde de l’industrie dans l'Orient et dans le Midi. Il se fait un peu de fer dans le royaume de Naples, mais la plus grande partie de celui que l’on emploie se tire du Nord, tandis que l’on pourrait en fabriquer assez pour les besoins du pays. Les usines du Portugal ne sont pas dans une meil- leure position. Les vices du régime réglementaire de ce pays sont tels, qu'une verrerie qui prenait gratui- tement le bois dont elle avait besoin pouvait à peine e soutenir. C’est l'effet commun des privilèges long- temps prolongés,. Nos usines à fer des Pyrénées orientales ne pros- 458 pèrent pas, malgré l'abondance des mines, et le très- bas prix du charbon dansles forêts, qui se dégradent et se réduisent en buissons, uniquement parce qu’elles ne rapportent rien, et que les charbons rendus dans les forges ne valent guère que les frais de fabrication et de transport (1). Les États du nord ont beaucoup mieux su tirer parti de leurs richesses minérales que ceux du midi. La partie de la population qui s'occupe à extraire les minerais, à les traiter, à couper le bois, à transporter les charbons, à fabriquer les métaux, et à les réduire en ouvrages de toute espèce, est d’un huitième à trois huitièmes de la population totale dans une partie de l'Allemagne. La cherté croissante du combustible fait recourir à la houille. C’est une grande époque dans l’histoire industrielle d’un peuple que celle où il commence à employer ce combustible et les machines qu'il peut faire mouvoir. C’est par là que l’industrie de l’Angle- terre surpasse celle du reste du monde. La France peut prétendre à la même prospérité ; elle ne con- servera que les forêts qui lui sont nécessaires : toutes les autres seront livrées successivement à l’agricul- ture, pour subvenir aux besoins d’une population toujours croissante. Les bois des montagnes et des terrains peu propres aux productions agricoles se- ront employés au chauffage, à la charpente, à la ma- rine. Les débouchés seront ouverts par des routes qui, en donnant une grande valeur aux forêts, en assureront la conservation et la reproduction. (1) Des routes construites à grands frais pour des exploita- tions bornées ont peu d'utilité. 154 Des hommes habiles ont sontenu que la cause principale du manque de bois était l’excessive con- sommation qui s’en faisait dans les usines; ils ne voyaient pas que dans l'état actuel de l’agriculture , et avec la population nombreuse des campagnes, des forêts improductives auraient été ou défrichées ou livrées au pâturage, et par conséquent détruites. CHAPITRE V. DE L'INFLUENCE DU TAUX DE LINTÉRÈT DE L'ARGENT SUR LA CONSERVATION DES FORËTS. En France, un propriétaire se voit-il dans la né- cessité, ou d'emprunter un capital à 6 pour 100, ou d'exploiter une coupe de bois par anticipation, il prend sans hésiter le dernier parti. Ses forêts sont bien soi- gnées, parce qu'elles lui présentent une ressource assurée dans ses besoins prévus ou imprévus. En Pologne, un grand seigneur emprunte à 20 pour 100, parce qu'il juge inutile d’abattre des futaies, dont la vente ne lui produirait presque rien, et qui lui rendent un certain revenu en glandée et en pàtu- rage; mais si les capitaux étaient à bon marché, il pourrait construire des forges et des verreries, qui donneraient de la valeur à ses bois. L'intérêt était très-haut en France, comme dans le reste de l'Europe, avant le xvi siècle. Philippe LV le fixa à 20 pour 100; mais plusieurs événements ont amené une diminution ; l'accumulation des capi- taux est devenue plus facile après la découverte de 155 l'Amérique ; la renaissance de l’agriculture.et des arts a donné aux terres une valeur qu’elles n’avaient pas auparavant ; la destruction des bois, suite des progrès de l’agriculture, a été très-grande, surtout dans le xv‘ siècle ; les rois concédaient leurs forêts à titre d'engagement ; ces aliénations augmentaient singu- liërement la richesse des particuliers, et par consé- quent celle de l’État. On faisait disparaître des arbres inutiles, mais l’aisance générale résultait des défri- chements. Ce n’est qu’à dater de cette mémorable époque que le bois eut généralement une valeur vé- nale dans les forêts, et que les propriétaires et l'État ont mis en compte l'intérêt qu'ils pouvaient retirer de la vente de leurs coupes. Tout le monde a pu remarquer qu’un capital très- faible , qui serait placé pendant deux ou trois siècles, produirait une somme immense; par exemple, 100 fr. placés pendant deux cents ans à 5 pour 100, avec in- térêts composés, donneraient 1,730,000 fr. Comment se fait-il que, ni un gouvernement, ni un particulier, ne puissent faire une semblable accumulation, qui n’embrasse que six générations ? Cependant nous voyons partout des chênes de deux cents ans, qui ne sont autre chose qu'un capital accumulé. Cette dis- position, qui nous porte à conserver des arbres, est donc moins rare que l’on ne pense. La culture, en favorisant l'accroissement des bois, aura une grande influence sur leur conservation. En effet, cet accroissement, que l’on pouvait évaluer à 3 pour 400 de la valeur capitale, sera désormais de 5 pour 100, par l'effet de l'application de l’art et du travail à l’économie forestière. Il sera aussi avan- tageux de laisser croitre un taillis que d’en placer le 156 produit dans un prèt ou une acquisition, Il n’y aura donc plus de motif d'abattre prématurément les taillis. Po CHAPITRE VI. DES FORËTS CONSIDÉRÉES RELATIVEMENT A LA TEMPÉRATURE, La destruction des forêts sauvages , et surtout la culture qui en a desséché le sol, ont échauffé la tem- pérature. La France n’est plus cette Gaule couverte de forêts, dont les fleuves étaient gelés durant des mois entiers. Les muüriers et les oliviers croissent à l'occident des Alpes. Les plantes d'Asie s’acclimatent au nord de l’Europe. Mais souvent le déboisement des montagnes est pernicieux : il dessèche les sour- ces ; il livre à une transpiration immodérée des plantes dont les racines cherchent en vain l'humidité et l’om- brage nécessaires à leur croissance (1). M. Rauch a signalé dans ses Ænnales tous les inconvénients dela destruction des forêts : elle trouble la corrélation qui existe entre les végétaux et les météores; elle cause des irrégularités dans la température ; elleoccasionne des avalanches imprévues et multipliées, des inon- dations désastreuses, l’intermittence des cours d’eau, des variations funestes dans le cours des vents. (x) Des expériences souvent répétées ont prouvé que les vé- gétaux absorbent une quantité d’eau considérable. Un grand arbre soutire par la force de succion de ses racines et de ses feuilles jusqu’à 75 kilog. d'eau par jour. 157 Les ruisseaux et tous les cours d’eau bordés d’ar- bres conservent leurs eaux, tandis que le lit de ceux dont les bords sont dépourvus de plantations est sou- vent desséché. Cet effet est beaucoup plus remarquable qu’on ne pourrait le croire. L On attribue d’autres influences au déboisement : les müriers, la vigne, les oliviers, sont, dit-on, plus exposés aux gelées qu'ils ne l’étaient autrefois. Nous croyons que c'est une erreur; car, en général, les hivers sont devenus moins froids qu’ils ne l’étaient jadis, et les gelées printanières sont bien plus à craindre dans le voisinage des bois que dans les terrains dé- couverts. Ce sont les défrichements exécutés depuis le moyen âge jusqu'à nos jours, qui ont rendu les ré- coltes des céréales plus abondantes et plus assurées (4). Le nombre des oliviers et des müriers s’est considé- rablement accru en France depuis un siècle. Des recherches que j'ai faites en Bourgogne, dans l'un des vignobles les plus considérables de la contrée, présentent ce résultat curieux que la moyenne de l’ou- verture des vendanges pendant le cours d'un siècle ne diffère au plus que de trois jours de la moyenne prise pour wn autre siècle, et que les mêmes dates se reproduisent après un intervalle considérable. J’ai obtenu les moyennes suivantes qui expriment le jour de l'ouverture des vendanges : 26 septembre, dans la période qui embrasse la der- nière partie du x1v° siècle et dans le xv° siècle; (1) La France était très-boisée en 1318 ; cependant il y eut une sécheresse que les temps modernes n’ont pas vue se renou- veler. I! y avait onze mois qu’il n'était tombé de pluie, dont avint grande cherté l'espace de deux ans. (Essai sur les monnaies.) 158 28 septembre, dans le xvi° siècle ; 25 septembre, dans le xvn° siècle; ‘26 septémbre, dans la période qui comprend le xvur° siècle et la partie écoulée du x1x°. Ainsi on peut tenir pour constant que l'époqüe de la maturité du raisin n’a pas éprouvé de retard sén- sible en Bourgogne, depuis près de cinq siècles, mal- gré le désséchement des plaines opéré par la culture et le déboisement de quelques parties du sol. Les sécheresses perdent rarement les récoltes. Les diséttes ne sont guère occasionnées que par les vents du sud-ouest, lorsqu'ils soufflent constamment en été, où par les vents du nord, qui dominent durant un hiver très-rigoureux. Dans les lieux trop boisés, les forèts attirent des res qui durént plusieurs mois, et ne permettent pas aux plantes céréales de parvenir à leur maturité ; et, lorsque les pays cultivés redeviennent marécageux , les hivers sont beaucoup plus longs et plus rudes qu'auparavant. La fertilité des terres exige une température qui ne suit ni trop ni trop peu chargée d'humidité; la culture prolongée pendant plusieurs siècles tend à dessécher les térrains calcaires. Ainsi, à différentes époques, là même contrée est surchargée, puis sufh- samment fournie, et enfin absolument dépourvue dés eaux dont'elle a bésoin. Les anciens avaient déjà reconnu que des cantons jadis marétagéux , devénus ensuite fertiles par leur défrichement, étaient rede- Venus stériles par la périe totale de leur’ humidité. . Le défrichement des marais et des forèts qui sont situés dans des plaines humides est done un bienfait; mais, dans un sol trop desséché, sur des coteaux, sur 159 des montagnes peu propres à la culture, le défriche- ment ne produit que des effets pernicieux. Si l’on considère l’état général du sol de l'Europe, on peut dire qu'il y a encore plus des'trois quarts des forêts qu'il convient de défricher, pour les remplacer par des cultures qui éléveront la température dans les pays froids, et assainiront les climats trop chauds. On peut conjecturer que, dans quatre ou cinq siè- cies , lorsque les plaines de la Pologne et de la Russie seront dépouillées d’une bonne partie de leurs forèts et que les terres seront desséchées et cultivées, la température de la France sera élevée d’une manière sensible. En France même, les forêts ne sont pas réparties convenablement pour améliorer la température. Ici on voit de grands massifs qui entretiennent une hu- midité malfaisante; là, des plaines sans arbres n1 buissons. Les défrichements devront s’opérer en mêmétémps que les plantations. Des massifs ou des rideaux de bois, bien disposés, mettront à l'abri des vents les lieux où leur influence est redoutée. Des bosquets plantés à lentour des habitations en ren- dront le séjour plus sain ; car il se dégage beaucoup d'oxygène du feuillage me arbres. La mal-aria se fait sentir dans les campagnes déboi- sées, sèches et arides de Rome; cependant l'air y est salubre tant'que les moissons ne sont pas faites. Plus tard les miasmes n'étant plus absorbés par les feuilles ét les racines du blé se répandent dans l'atmosphère. Il suffirait que les montagnes et les coteaux fussent boisés, ét que, dans les plaines, un vingtième de l’é- tendue du sol fût planté, non en grands massifs, mais en bosquets bien espacés. een t 160 La culture des forèts, outre l'avantage de faire croitre les bois bien plus rapidement, de donner des arbres sains et d’un tissu serré, assainira le sol , et rendra l’air plus pur dans tous les lieux où elle sera pratiquée, CHAPITRE VIL. DE L'IMPORTATION ET DE L'EXPORTATION DES BOIS; DE L'IMPOT ET DES RÈGLEMENTS SUR LA PRODUCTION. Les Hollandais n'ont point de forêts, et il y a plus de bois de construction dans leurs chantiers qu'il n’y en a dans les villes forestières. C'est peu de posséder des arbres dans son territoire, d’avoir de belles forêts, si l’on ne trouve le moyen de les faire servir à l'usage des habitants et d’en obtenir une valeur échangeable: ainsi une loi qui défendrait l'exportation des bois se— rait absurde, parce qu'elle priverait le pays qui ex- porte et le pays qui importe d'une marchandise dont ils tirent toujours un certain avantage. La Pologne et les pays adjacents seraient plus pau- vres encore sans leurs exportations. On traine les grands arbres pendant l'hiver sur le bord des fleuves; et lorsqu'ils arrivent dans les ports, leur valeur est composée presque entièrement des frais de main- d'œuvre et de transport : car il en coûte très-peu pour obtenir la permission de couper des arbres dans les forêts qui bordent le cours supérieur des fleuves. L'importation des bois de la Baltique en Angle- terre est considérable. La qualité des bois d'Europe, 161 pour la construction des vaisseaux, est très-supérieure à celle des bois du nouveau monde, qui sont d’un tissu lâche et spongieux. En France, d'anciennes ordonnances défendaient de faire sortir du royaume aucune espèce de bois ou de charbon, sous peine d'amende et de confiscation. Les lois nouvelles ont fait de semblables prohibitions, mais elles n’ont pas empêché les importations, qui se sont quelquefois élevées à plus de douze millions de francs par an, tandis que les arbres des Pyrénées et des Alpes pourrissent sur le sol qui les a nourris. Les règlements qui défendent l’exportation des bois vont directement contre leur but : car, du moment que les débouchés sont fermés , les bois qui s’écou- laient par là deviennent désormais inutiles, et l’on se dispense de les entretenir et de les soigner. Les fo- rêts de la Provence ne seraient pas détruites si les constructeurs des bâtiments de mer y avaient pris les bois dont ils avaient besoin, parce qu’elles auraient fourni un revenu. Par la même raison, l'importation des bois étran= gers devrait être défendue dans une contrée où la conservation des forêts prévient la détérioration de la température, où leur destruction ferait tarir les sources des fontaines, refroidirait le climat et favori- serait l'entrainement des terres par les eaux. M. Moreau de Jonnés nous apprend qu’en Suëde les navires étrangers ne sont point admis à l’expor- tation des bois, quoique le pays contienne dix mille milles carrés de forêts, dont à peine un cinquiéme est en exploitation régulière. Cette faute de prohiber la sortie des bois n’est pas une invention des peuples modernes : les anciens avaient défendu l'exportation 41 162 des ärbres de construction, tels que le sapin, le cy- près ét le platane. En France, les bois étaient à peu près exempts d'impôts il n’y a pas plus d’un siècle ; ils rapportaient alors peu de revenu; mais depuis qu'ils payent des contributions comme les terres, le prix du combus- tible à dû augmenter de tout le montant de l'impôt, qui tombe en définitive sur le consommateur, excepté pour là portion qui s’applique au sol nu, laquelle est entiérément à la charge du propriétaire, sans qu'il puisse là rejeter sur personne. Les impôts n'étaient assis, dans les temps reculés, qué sur les produits de [a terre, sur les moissons, sur les fruits des arbres, ét ils se levaient en nature. Cet état de choses a continué jusqu'à la fin du moyen âge. Ce n’est guère que depuis la découverte de l'A- mérique que les gouvernements ont pu facilement exiger des impôts en argent. On à proposé d’exempter les futaies de toutes con- tributions; mais cet encouragement n'est pas sufh- sant pour faire opérer des plantations importantes sur les coteaux ef dans les terrains perdus pour l'a- griculture. Les moyens directs sont plus eflicaces : dés routes, des canaux, des usines, excitent à planter des bois, parce qu'ils en assurent le débit à un prix qu'il est facile de calculer d'avance, si le commerce ét l'industrie sont libres, si les lois n'entravent pas léxércice de la propriété de formalités génantes ou änéreuses. Li La valeur ou le prix des gros arbres doit s'élever à fesure qu'ils seront plus rares; mais cet effet sera bién lent, car plus la demande s'augmente , plus les éplôitations sont fréquentes. Une forte demande 10: d'arbres ou de taillis fait couper la futaie et les taillis plus Jeunes, et détermine de nouvelles plantations. Les bois étaient soumis en Prusse à une espèce de monopole qui est regardé comme une cause active de leur dépopulation. Lé gouvernement avait créé des compagnies privilégiées pour la fourniture des bois à à brûler des principales villés du royaume ; il prit même cette entreprise pour son compte; il en était résulté un renchérissement qui n'était autre chose qu'un impôt sur les consommateurs. En Suède, les forges ne peuvent fabriquer au delà d’une certaine quantité de fer qui est fixée par d’an- ciennes ordonnances. La seule fabrication de l’acier n’a point d’entraves. Ce règlement, qui a pour but apparent de ménager les bois, a pour effet nécessaire et immédiat de les détériorer, et de maintenir le prix courant du fer un peu au-dessus de son prix naturel. Les ordonnances qui prescrivent de. planter des arbres sont toujours mal exécutées. En Espagne, les règlements de Charles IT prescrivirent la plantation annuelle d’une quantité déterminée d’arbres forestiers dans chaque province. On lit dans l'ouvrage de Deby que les habitants allaient faire ces plantations au jour indiqué par l'autorité, mais que six semaines aprés il n'y avait plus rien. Les médailles, les récompenses décernées à des particuliers qui ont fait des améliorations agricoles ou des plantations ne sont, suivant un économiste, qu’un luxe de législation; mais ilest difficile d’être de son avis quand on voit que l'exemple seul peut amener les habitants des campagnes à adopter de nou- velles cultures, et que ceux qui donnent cet exemple 16/ attachent ordinairement un grand prix à des récom- penses honorables. CHAPITRE VII. DE LA VALEUR VÉNALE DES FORÈTS ET DES BIENS- FONDS EN GÉNÉRAL. La valeur vénale de la propriété territoriale des forêts, comme celle des autres biens-fonds, a pris un accroissement tel, que des considérations qui auront pour objet d’en constater la marche progressive ne peuvent manquer d’exciter un certain intérêt. Les causes qui ont fait hausser le prix des terres en France sont, 1° le perfectionnement de l’agricul- ture, qui a fait augmenter la population ; 2° l’ouver- ture des canaux et des grandes routes, qui ont rendu plus faciles l'exploitation des terres et la circulation des produits; 3° l’introduction d’un ordre de choses presque unique en Europe, dans lequel toutes les terres relèvent directement du souverain, sans aucun intermédiaire ; 4 l'augmentation de la classe des pro- priétaires cultivateurs qui ne payent de fermage à per- sonne, et qui deviennent tous les jours plusnombreux; 5l’augmentation de la dette de tous les États de l’Eu- rope, qui produit un surhaussement dans le prix des denrées; 6° la dépréciation de la valeur relative des monnaics , résultant de la facilité avec laquelle on fait circuler des billets et papiers de commerce, qui remplissent l'oflice de la monnaie; 7° enfin la facilité que l’on a de placer son argent à intérèt avec assez de 165 sûreté , soit sur hypothèque, soit sur de simples bil- lets, sans que le prêteur soit obligé, comme autrefois, d’aliéner son capital; et, comme il peut ordinaire- ment y rentrer à des époques assez rapprochées , il peut aussi en disposer presque en tout temps pour une acquisition foncière; en sorte que, la masse de l'argent disponible étant toujours considérable rela- tivement à celle des terres à vendre, celles-ci acquiè- rent une valeur croissante (À). On ne peut cependant admettre que la hausse de la valeur vénale des immeubles continue dans une pro- gression indéfinie. Les causes qui pourraient ralentir cette progression ou en interrompre le cours sont la guerre et une augmentation de l’impôt foncier. Les économistes de la nouvelle école soutiennent que cet impôt est la moins onéreuse de toutes les contribu- tions, puisqu'il n’affecte pas la production. Il sera difficile que les revenus fonciers échappent complé- tement à l'application de leurs théories. Le prix des bois de charpente et de chauffage sera réglé désormais par la rente de la terre et par l’in- térét du capital employé à la reproduction , capital qui comprendra tous les salaires des travaux. Cette production s’élèvera toujours au niveau des deman- des : car l’emploi d’un capital variable augmentera à volonté la quantité de la denrée ; et, lorsque la culture fera rapporter à un arpent de taillis âgé de vingt-cinq ans autant de matière qu'en peut donner un arpent de boïs de cinquante ans qui reste inculte, il y aura un avantage très-considérable pour les consomma- (1) On trouvera à la fin du volume un tableau de la valeur progressive des fonds de terre depuis la fin du xrn° siècle. 166 teurs. Toute la question est de savoir si le prix de ces travaux sera compensé par l’excédant de la produc- tion. Nous pensons que cet excédant couvrira tous les frais, et qu'il rendra, en outre, le profit ordinaire des capitaux, pourvu que les travaux soient bien conçus et bien exécutés. Comme l’industrie cherchera à payer la rente fon- ciére la plus faible possible, les terres défavorable ment situées, les coteaux et les montagnes seront plantés en bois. Ainsi la ae forestière réunira trois avantages prince] aux : 4° l’émission d’un capital qui emploïera utilement un PE nombre d'ouvriers ; 2° une augmentation de production forestière qui ! & ère au profit des consommateurs même les plus pauvres; 3 l'emploi des plus mauvais terrains. On peut conclure de ce que nous avons dit dans cette seconde partie, 4° Que les forèts (indépendamment de leur hfluence sur la température) n’ont de valeur que par l'emploi que l’on fait de leurs bois, soit pour nos besoins im- médiats, soit pour une consommation reproductiye; qu'en un mot, un arbre n'est utile que lorsqu'il est abattu et employé; . 2° Que la valeur vénale du bois pris dans la forêt est fondée sur la quotité plus ou moins grande des frais de transport, puisqu'il y a des localités où le bois n’a point de valeur, et où la rente de la terre n’est autre chose que le produit des fruits sauvages et du pâtu- rage ; 3° Que la masse de la production forestière, qui résultait simplement de la fécondité naturelle de la térre, S'aécroitra aussitôt que cette fécondité sera sti- 167 mulée par des travaux et par des capitaux employés à la culture des bois; 4° Que. le défrichement des bois situés sur des pentes est nuisible ; que celui des plateaux élevés et des terres ingrates est désavantageux ; que le défrichement des forêts situées dans des plaines humides serait utile; qu'ilest très-profitable d’assainir les forêts, de les percer de larges clairières cultivées, et de planter en bois les terres épuisées par la culture; 5° Que les usines qui emploient du bois ou du charbon de bois sont très-utiles dans le voisinage des forêts qu’il importe de conserver, soit parce que ces forêts couvrent des pentes de montagnes, soit parce qu'elles ne,seraient pas propres à l’agriculture; 6°. Que l'importation et l'exportation des bois doi- vent généralement être libres; que les règlements et les prohibitions qui restreignent l’exereice du droit de propriété sont nuisibles; 1°. Que la'culture des bois aura pour neflet d’ nb lérer la croissance des arbres dans une: progression qui. se rapprochera de eelle des intérêts ordinaires de l'argent. TROISIÈME PARTIE. EXPOSITION DES DIVERSES MÉTHODES QUE L’ON PEUT SUIVRE POUR L'AMÉNAGEMENT DES FORÊTS. OBSERVATIONS GÉNÉRALES SUR LES DIVERS MODES D'AMÉNAGEMENT. Dans les contrées où les bois sont sans valeur, en Hongrie, en Servie, en Pologne, il existe de magni- fiques forêts de chènes et de hètres où se nourrissent d’inñômbrables troupeaux, et, si l'on fait abstraction de toute question de profit, ces forêts sont bien plus riches en beaux arbres que celles qui, dans d’autres pays; sont aménagées. Mais si la population est nombreuse, si des débou- chés assurés pour les bois de futaie encouragent à les maintenir et à les perpétuer , l'ordre s'établit dans la reproduction : c'est ce qui se voit en Allemagne. Les méthodes employées dans ce pays sont fondées sur des raisonnements exacts, sur des expériences sa- vantes et mises en pratique d’une manière conscien- cieuse et parfaitement régulière ; elles semblent l’ou- vrage d’un esprit prévoyant qui satisfait aux besoins des générations présentes et pourvoit à ceux des générations futures, tout en dédaignant les froids cal- culs de l'intérêt et les vues impatientes de l'égoïsme. Ces méthodes, qui forment une science complète, se 169 rattachent à un ordre d'idées qui comprend tout ce qu'il y a de beau et de grand dans les rapports de nos besoins avec les végétaux forestiers. Les mêmes idées de perpétuité dominaient autrefois en France; les forêts étaient chargées d’ arbres dont la plupart sont détruits; les taillis s’exploitent de nos jours à un âge moins avancé, en sorte que notre sol forestier ne contient pas moitié de la masse des bois qui le couvraient autrefois. Tout n'a pas été perdu puisque ces arbres ont été employés et ont ainsi con- tribué à accroitre la richesse publique. Aujourd’hui, la règle générale adoptée est celle du plus haut revenu pécuniaire possible ; de là un sys- tème de destruction qui, dans l’ordre naturel, doit être suivi d’un système de restauration calculé de même sur le maximum des revenus. Il est impos- sible d'arriver à ce but autrement que par la culture qui accélère l'accroissement des arbres dans une pro- portion plus forte que la dépense qu’elle occasionne. Les Anglais ont déjà calculé et employé ces moyens de reproduction ; ils veulent forcer la nature à pro- duire promptement; ils cherchent à faire rendre aux capitaux employés dans la culture forestière le plus haut produit possible; ils ne perdent jamais de vue cette maxime que gagner du temps, c'est gagner de l'argent. Un exemple suflit pour faire sentir la différence de produit que l'on doit attendre d’une haute futaie et d’un simple taillis. Supposons une futaie de chênes âgée de cent cin- quante ans; il ÿ aura cinq cents arbres, par hectare, qui vaudront, à raison de 40 fr. chacun, la somme de 20,000 fr. Ainsi une futaie de cent cinquante 170 hectares peut rapporter un revenu de 20,000 fr., puisque, ; chaque année, on peut exploiter une quan- tité équivalente à un hectare. Si ce bois est réduit à l’état de taillis, on peut ex- ploiter six hectares par an en l'aménageant à à vingt- cinq ans; le revenu sera, terme moyen, de 800 fr. par hectare, et au total de 4,800 fr. Ainsi l’aménagement en futaie produit quatre fois plus de bois ou d’argent que l'aménagement en taillis (abstraction faite des calculs d'intérêts composés ). Le premier est donc le plus utile au pays. Mais l'intérêt privé fait un autre calcul. Une forêt de haute futaie qui contient cent cinquante hectares, garnie d'arbres en valeur de 20,000 fr. par hectare, forme un capital de 3,000,000 fr., valeur énorme qui ne donne que 20,000 fr. de revenu ; assurément l’in- térêt privé commande d’abattre cette futaie et d’en employer le prix soit en placement à 5 pour 100, soit dans l'acquisition d’une terre qui rapporterait, à 3 pour 400, 90,000 fr. de revenu net. Telle est la cause qui fait disparaitre tous les mas- sifs de futaie qui se trouvent dans la possession des particuliers. Les communes font le même caleul; le gouvernement seul doit attendre l'avenir, parce que des coupes prématurées augmenteraient peu ses re venus et qu'il serait peu digne de lui de détruire ses forêts. Les forestiers qui calculent d’aprés l'intérêt simple sont guidés par le motif que, si le calcul des intérèts composés était poussé à l'extrême, les propriétaires vendraient leurs biens-fonds pour en placer le prix à intérêt. Cette observation est vraie jusqu'à un cer- ain point; cependant on préfère généralement des 171 immeubles à l'argent, parce que la propriété des fonds de terre est la plus solide; mais une forêt dont on rè- gle les revenus d’aprés l'intérêt composé est une pro- priété tout aussi assurée que celle dont on règle les coupes d’après l'intérêt simple. » On cherche toujours les revenus les plus élevés, pourvu que la perpétuité en soit assurée ; or les pro- duits calculés d'après l'intérêt cumulé, pour une suite d'années indéfinie, sont les plus élevés de tous. Nous calculerons M toujours sur l'intérêt cu mulé pour nous conformer à un fait établi. IL serait impossible de changer les idées des propriétaires de bois à cet égard. Cela se concoit ; car il n’est aucun créancier à qui il soit indifférent de recevoir des in- térèts tous les ans ou de percevoir vingt années à la fois sans aucun cumul. CHAPITRE PREMIER. IDE LA PROGRESSION DE CROISSANCE DES ARBRES. Les couches ligneuses, qui marquent l’accroisse- ment annuel d’un arbre qui ne dépérit pas, sont à peu près égales en épaisseur ; cependant cette épais- seur diminue insensiblement à mesure que l’âge aue- mente, mais l’auomentation en hauteur compense la différence; un srand nombre de brins meurent dans les massifs lorsqu'un nettoiement ne les a pas enlevés; les arbres qui restent, profitant de l’espace qu’occu: paient les premiers, grossissent assez rapidement, ce qui tend à différer l'effet de cette loi générale d’après 172 laquelle l'épaisseur des couches doit décroitre à me- sure que l'arbre approche du terme de sa décrépitude, Un grand nombre d'expériences m'ont fait consi- dérer la progression des carrés des nombres naturels comme un terme moyen assez précis pour représenter les progrès de la croissance des bois; mais plusieurs causes accidentelles en modifient le rapport. En effet, un arbre est-il situé dans une terre végétale très- épaisse, ses racines s’enfoncent à une grande profon- deur, et la tige prend des dimensions toujours crois- santes, même lorsqu'elle est déja parvenue à une certaine grosseur. Le sol est-il formé d’une couche peu épaisse de bonne terre qui repose sur un banc de tuf ou de rochers, le résultat est tout à fait différent : les couches annuelles, fort épaisses dans les premiers temps, décroissent lorsque les racines font d'inutiles efforts pour pénétrer une masse rebelle. L'influence de la culture et du mode d'exploitation ne produit pas des effets moins grands, En effet, lors- qu'un taillis est promptement débarrassé de ces ar- brisseaux destinés à mourir avant l’exploitation, ou à ne produire que quelques misérables fagots, l'épais- seur des couches ligneuses croit aussitôt en progression ascendante ; s’il reste, au contraire, embarrassé de bruyères, de genèts, de ronces, il ne croit qu'avec lenteur, ou en est bientôt étouffé. En adoptant cette série des carrés pour exprimer la progression de croissance des bois, la valeur du taillis d’un an sera marquée par l'unité; celle du taillis de deux ans par le nombre 4, celle du taillis de trois ans par le nombre oO, et ainsi de suite. Ainsi un taillis de dix ans a quatre fois la valeur du taillis de cinq ans ; un taillis de vingt ans vaut le quadruple 173 d’un taillis de dix ans, et un taillis de trente ans vaut plus du double de celui de vingt ans. Ce rapport diffère peu des observations partielles qui ont été faites par un grand nombre d’auteurs fo- restiers; il est à peu près d'accord avec celui qui ré- sulte des expériences de Laurent Carniani, d’aprés lesquelles le bois croit pendant dix ans dans la pro- portion suivante : la première année comme 1, et les neuf autres comme #, 9,15, 22, 30, 40, 54, 70 et 92. Le grossissement annuel varie suivant les espèces d'arbres , suivant les lieux, et surtout suivant la ma- niére dont les arbres sont traités. Tellés d’Acosta évalue le grossissement annuel d’un chêne situé dans un bon sol à cinq lignes de dia- mètre, ce qui fait, au bout de trente ans, douze pouces et demi de diamètre ou quarante pouces de tour. Ce même arbre, à l'âge de cent ans, aurait cent trente pouces de tour, ou près de onze pieds. J'ai vu, dans une forêt arrosée par une eau cou- rante, un chène de quatre-vingt-dix ans , qui avait neuf pieds de tour, mesuré à trois pieds de hauteur, ce qui suppose un grossissement annuel de quatre li- gnes six dixièmes sur le diamètre de l’arbre. Sénebier a extrait des Transactions philosophiques des tables où l’on voit qu’un chëne de trente-huit ans avait cinq pieds un pouce et demi de tour , et qu’un chène de quatre-vingts ans avait sept pieds huit pou- ces et demi. (Le pied anglais équivaut à peu près à onze pouces, mesure de France. ) Duhamel et de Varennes-Fenille évaluent le gros- sissement à quatre lignes de diamètre par an, ce qui revient environ à un pouce de tour, en sorte qu’un chène de soixante-douze ans a communément six pieds 171 dé tour. Les arbres qui, à cet âge, parviennent à une grosseur aussi considérable, ne s8 trouvent en France que dans les terrains de première classe. Le grossisse- ment moyen de trois lignes par an sur le diaraëtre est un termé moyen assez élevé pour la généralité de nos forêts de chênes. | La progression dont le terme est de quatre lignes convient généralement pour le hètre. IL est des espèces qui, par la lenteur de leur crois- sance, sont bannies de la culture ordinaire des forêts. M. dé Vaärennes-Fenille a reconnu qu’un morceau de buis de quinze pouces de circonférence était agé de deux cent vingt-un ans. La qualité de son bois ne peut compenser la perte du temps. J'ai mesuré, dans les montagnes du Jura, plusieurs Sapins abattus et dépouillés de leur écorce. Leur ac- croissement n’est pasrapide, mais il a l'avantage de se prolonger très-longtemps d’une manière uniforme. Le grossissement annuel varie de deux lignes un tiers jusqu’à quatre lignes et demie sur le diamètre de l’ar- bre; en sorte qu'un sapin âgé de cent cinquante ans, qui croît dans une position défavorable, a sept pieds sept pouces de tour, et qu'un autre sapin du même age, qui se trouve dans un bon sol et dont la crois- sañce n’est pas trop génée, a quatorze pieds huit pouces de tour. Une des circonstances qui influent le plus sur le grossissement des arbres est celle de leur espacement : s'ils sont trop serrés, ils s’épuisent réciproquement. Un pin qui croit en liberté grossit de huit lignes par anisür son diamètre; il a acquis, à l’âge de vingt- quatré ans, une circonférence de quatre pieds à sa basé ; tandis que celui qui croit dans un massif serré 175 n’à qu’un pied de tour au même age, ce qui fait, quant au volume, une différence d’un à seize. Des peupliers du Canada âgés de trente-deux ans, qui croissent dans une terre argileuse assez bonne quoiqu’un peu sèche, et qui sont espacés de manière à étendre en toute liberté leurs branches et leurs ra- cines, ont soixante-douze pouces de tour, ce qui suppose un grossissement moyen de sept lignes par an sur le diamètre de la tige. D’autres peupliers de la même espèce et du même age, plantés dans une forêt où ils ne paraissent pas trop serrés, n’ont cependant pas un sixième du vo- lume des premiers, eu égard à la hauteur. Un érable-névundo, âgé de trente ans, a treize pouces de diamètre, ce qui fait cinq lignes deux dixièmes de croissance annuelle sur le diamètre. La remarque que je vais rapporter n’est pas moins importante : j'ai mesuré des chênes âgés de cinquante ans, crus en massifs serrés : ils n’avaient que quinze pouces de tour; tandis qu'un baliveau sur taillis du même âge, qui croissait dans la partie traitée en futaie sur taillis, avait trente-deux pouces de tour, ce qui fait un volume presque quintuple du premier. Le sol de ces bois est peu fertile : aussi le grossissement annuel de ce dernier arbre n’était que de deux lignes et demie sur son diamètre. M. de Varennes-Fenille à remarqué qu'un baliveau avait acquis, en vingt-six ans, six pouces cinq lignes de diamètre, mais que, dans les treize années suivantes, ce diamètre avait augmenté d'environ sept pouces; en sorte que cet arbre a acquis trois fois plus de volume, dans les treize dernières années , que dans les vingt-six premières, Ce subit accroissement était dû à la liberté qu'avait 176 eue l'arbre de s'étendre après l'abattage des bois qui l’environnaient. On trouve souvent dans les taillis de chène des brins de dix-huit à vingt ans qui n’ont que six à douze lignes de tour sur quatre à cinq pieds de haut. La plupart ont déjà été recepés. Des platanes, âgés de trente-un ans, plantés en avenues, ont quatre pieds neuf pouces de tour, ce qui fait près de sept lignes de grossissement annuel sur le diamètre. D’autres arbres, de la même espèce et du même âge, en massifs serrés, n’ont qu'un pied et demi de tour, ce qui ne fait que le dixième dx volume des premiers. J'ai mesuré des épicias âgés de quarante ans, qui croissent en liberté dans un terrain calcaire médio- crement fertile et exposé au nord; ils ont cinq pieds sept pouces de tour, mesurés à un mêtre de hauteur ; leur solidité est de quarante-six pieds cubes, ce qui fait plus de douze fois la solidité d’un arbre du même àge pris dans un-massif. Un grand nombre d'observations analogues à celles qui précédent m'ont donné le résultat suivant : Supposons que des arbres soient plantés à demeure, en massifs de futaie, à cinq pieds de distance l’un de l’autre, ils seront beaucoup trop serrés; supposons une autre plantation faite aussi à demeure, dont les arbres soient éloignés entre eux de dix pieds; la pre- miére renfermera quatre fois plus d'arbres que la se- conde, mais chaque arbre de celle-ci contiendra huit fois autant de volume qu’un arbre de la premiére, en sorte que la dernière produiraau total un volume dou- ble de l’autre ; que l’une donnera des bois de grande dimension propres au service, tandis que les petits 177 arbres ne feront guère que du bois de chauffage. Il est vrai qu’à la longue les arbres les plus vigoureux étouffent les plus faibles; mais tous s’épuisent dans l'espèce de combat qui précède la mort de ces der- niers, et il en résulte une très-prande perte sur les produits. Indépendamment de l'influence de l’espacement des arbres sur leur grossissement, il faut encore con- sidérer les effets analogues produits par la culture. Une plantation inculte, une pépinière abandonnée, n'offrent qu'une faible végétation; les brins croissent trés-lentement en comparaison des plänts cultivés ; la différence est souvent dans le rapport d’un à vingt, mais les effets de la culture sont beaucoup moins re- marquables pour les gros arbres. Cette influence de l’industrie humaine sur la crois- sance des plantes est la base de la science forestière telle que nous la concevons. CHAPITRE IL. DES MASSIFS DE FUTAIES D'ARBRES A FEUILLES CADUQUES. Dans les temps reculés, on distinguait deux classes de forêts : 4° celles qui restaient perpétuellement en massifs de haute futaie, et que l’on conservait prin- cipalement pour leurs fruits (silvæ glandarie); 2 celles où l’on faisait habituellement des coupes (silvæ cœduæ), comme dans nos bois taillis. Une grande partie des forêts de la première classe ont LP. 178 passé dans la seconde à mesure des progrès de Ja population et de l'agriculture. Rien de plus onéreux en apparence qué la pro- priété d’un bois que l’on conduit depuis l'âge ordi- naire des taillis jusqu'au térme de l'exploitation d’une haute futaie, sans y faire de coupes dans le laps de temps de deux siècles; c'est le cours de six géné rations humaines. Si le sol valait primitivement 100 fr. l'hectare, si les frais de garde ont coûté À fr. par an, un hectare de haute futaie de deux cents ans revient aux propriétaires successifs à l'énorme somme de 3,650,150 fr. On aurait peine, en voyant ce résul- tat, à concevoir comment ils ont pu conserver des massifs de haute futaie, mais on en explique l'exis- tence par le concours de plusieurs causes Ru nous allons parler. La premiére est que, cheæles anciens, et même il n’y a pas plus de deux siècles, les forêts de haute futaie étaient , comparativement aux richessés du temps, un objet important de revenu par le gland et la faine qu’elles rapportaient. Cet état de choses sub- siste encore dans plusieurs contréés de la France, et notamment dans le département du Var. On ne dé- truit pas ces futaies, attendu que l’on n'a pas besoin de cultiver de nouvelles terres, et que les bois, faute de débouchés, seraient sans valeur. Les arbres dépérissants et ceux qui mouraient dans les massifs étaient abandonnés à quiconque voulait, les enlever; on n’a pratiqué des extractions d'arbres et des coupes de bois taillisique dans les lieux où elles produisaient quelque chose. En général, on a laissé lesarbres s'élever en massifs de haute futaie dans les lieux où, faute de débouchés, le taillis est sans va 179 leur ; des arbres susceptibles d’être faconnés en mer- rain , en planches , en ouvrages divers, peuvent supporter des frais de transport assez considérables, tandis que, coupés prématurément, ils produiraient à peine les frais d’abattage, de facon. et d'expor- tation. Les beaux massifs de haute futaie de chéne et de hètre que j'ai vus dans les vallées du canal du Gentre et en Alsace contiennent cent soixante arbres âgés de cent einquante à deux cents ans, par hectare, indé- pendamment d’üne centaine de petits arbres de diffé- rents âges, qui ont erû dans les elairières. Nous re= | marquerons, en passant, que lé .chêne oceupe plus d'espace que le hêtre dans les massifs. Les cent soixante arbres d’un hectare de futaie parvenu à sa taturité donnént le volume suivant : Quarante pieds cubes de bois de service par arbre, ce qui fait | pour cent soixante arbres. . 6,400 pieds cubes. Quarante pieds cubes de découpe ain par arbre, qui doivent s’éva- luer en stères pour Je chauf- fage; déduisant un quart pour les vides, il reste quatre mille huit cents pieds cubes. . . . 4,800 Vingt-sept pieds cubes de bois | de branchages par arbre, et en tout quatre mille trois cent vingt pieds cubes ; déduisant un tiers pour les HER formés dans les stères par les bran- a a Atréportèr, 41 14200 1850 D'autre part. . ., . 11,200 ches courbes, il reste deux mille huit cent quatre-vingts pieds rémbes.. Mon ommnionmp;680 Les petits arbres produisent en- viron six cents pieds cubes. . 600 TOTAL: 4e er. 14,050 Voici l'inventaire d’une futaie en massif de chénes et de hètres âgée de soixante-dix ans, située en Bresse, dans un bon sol. Elle a été nettoyée, à l’âge de vingt ans, par l'ex- ploitation du bois blanc qui garnissait l'intervalle des brins réservés; elle est peuplée de cinq cent soixante-quinze arbres par hectare, non compris les brins qui ont moins d'un demi-mètre de tour. Les chênes ont de deux pieds et demi à trois pieds de tour; les hètres sont plus gros; les tiges ont cin- quante pieds de longueur. Le cubage de ces arbres donne sept mille cinq cents pieds cubes équarris par hectare, ce qui fait treize pieds cubes par arbre équarri, ou vingt-six pieds cu- bes en grume, écorce comprise. Les branches et les cimes rendraient cent cinquante stères par hectare, et le sous-bois ne produirait que trois stères. Nous pouvons tracer ici l'historique d’une haute futaie de chènes qui serait traitée d’après l'usage suivi dans les départements de la Nièvre, de l'Allier et de Saône-et-Loire. Prenons un de ces vieux massifs au moment de son exploitation; il y a une infinité de plants provenant 181 de semis et rongés par la dent du bétail; on les re-- cèpe, et ils suffisent ordinairement, avec le tremble et le marseau, qui croissent spontanément , pour former un nouveau taillis, que l’on nettoie au bout de cinq ans, en coupant les ronces et autres arbustes, avec les brins traïnants. On exploite ce taillis à l’âge de vingt ans, en laissant par hectare six cents bali-- veaux de chène, qui formeront un nouveau massif de haute futaie; le bétail broute le recru; le pâtu- rage, le gland, l’enlévement des bois dépérissants, forment le seul revenu jusqu’à l’époque où le massif de haute futaie sera parvenu à sa maturité. Mais le mode de repeuplement que nous venons d'indiquer ne suflit pas dans les terrains secs, sur- tout lorsqu'ils ne sont pas garnis de sous-bois. Je vais indiquer celui que j'ai employé dans des massifs de haute futaie peuplés de chènes et de hètres. Au moment où la haute futaie est exploitable, il faut y interdire le paturage ; et, en vendant la coupe, la condition essentielle à prescrire est que labatage s'exécute, en jardinant, dans l’espace de quatre an- nées, de manière que l’espacement des arbres soit toujours à peu près uniforme, et que l’on abatte moins d'arbres dans la première année que dans la deuxiéme, et moins dans celle-ci que dans la troi- sième, et ainsi de suite. Les graines lévent en foule dans un sol qui a ete remué les années précédentes par les pores, er qui est sillonné en tous sens par les voitures employées à la traite. Les plants se développent à mesure que l'exploitation s'achève, et bientôt le repeuplement est complet. Le succès de ce procédé est d’une grande impor- 152 tance , surtout $i l'on considère que, dans les an- ciennes foréts de haute futaie, qui ont été exploitées suivant la méthode prescrite par les ordonnances, on pourrait citer des centaines de milliers d'hectares qui sont entièrement dénudés par lapplication de eette méthode vicieuse. C’est l'absence de l’art, c’est l’o- bligation d’abattre simultanément les arbres, qui ont causé ses désastres. Au surplus, on ne doit regretter que les forêts des montagnes, et celles dont le sol est resté inculte : car de belles fermes, des vignobles, de vastes prairies, valent mieux que des forèts peu pro- ductives en comparaison de ces riches cultures. Mais, dans les hautes montagnes exposées au vent et à des chaleurs excessives, il faut avoir recours à la méthode d'exploitation qui est en usage dans une grande partie de l'Allemagne; nous allons en donner une idée succincte. s L'exploitation d’un massif de haute futaie se di- vise en trois périodes distinetes : | 4° Coupe sombre. On abat une partie des arbres, de manière que ceux qui restent soient bien espacés, que leurs graines, en tombant sur le sol, puissent y trouver à la fois de la fraicheur , un peu de soleil et une ‘atmosphère vivifiante. Ce premier abatis se nomme coupe sombre où coupe d’ensemencement. La coupe sombre comprend, autant que possible, les vieux arbres dont la cime se dessèche, ceux dont l'acéroissement est arrêté par lombrage des tiges do- minantes , enfin tous les arbres viciés ou altérés. “Mais la considération principale à peser dans le choix est celle de lespacemñent des arbres. As sont trop épais dans les futaies ordinaires pour que les sémis puissent prospérér dans leurs intervalles, et la 183 première coupe doit être établie de manière que les branches des arbres restants se touchent à peu prés lorsque les vents en balancent la cime. Une observation qui s'applique à la coupe secon- daire comme à la coupe sombre, c’est que, si, au lieu d’espacer les arbres avec une certaine régularité, on laissait des clairières, ie vent s’introduirait dans la forêt et y occasionnerait de grands ravages. On ren- contre des massifs presque entièrement détruits parce que les arbres n'étaient pas assez serrés pour résister au choc des vents. Le pâturage doit, cesser dans les forêts quatre ou cinq ans avant la coupe sombre. On ne trouve que très-peu de semis dans les forêts livrées au pâturage des bœufs, vaches ou chevaux, et dans les forêts dont le sol est trop couvert; mais, en général, on fait très-peu d'attention au semis qui parait huit ou dix ans avant l’époque de la coupe sombre, parce que celle-ci en fournit en quantité suffisante. Dans les plaines fertiles, il arrive quelquefois que les coupes sombres ont moins de succès que dans les montagnes, parce que, le sol des plaines étant plus fertile, le bois blanc pousse avec une exubérance telle, que le semis naturel de chêne et de hôtre en est étouffé. On est alors obligé de recourir à des extrac- tions de bois blanc et à des semis artificiels. 2° Coupe secondaire ou intermédiaire. Lorsque la coupe sombre ne donne pas un repeuplement suflisant, et c'est le cas le plus ordinaire, on fait, quelques années après, une coupe secondaire ou intermédiaire, dans laquelle on abat une assez grande quantité d'arbres pour donner de l'air et de la lumière au 184. plant, et pour favoriser la germination de nouvelles graines; mais on se garde bien de faire une coupe totale avant de s'assurer que le repeuplement sera complet. On ne doit abattre que les arbres qui exis- tent encore dans les parties qui sont suflisamment peuplées; il ne faut dégarnir le sol qu'à mesure qu'il se couvre de jeunes plants. Dans toutes les forêts où l'on a suivi les méthodes prescrites par l’ancienne ordonnance francaise, c'est- à-dire où l’on a exploité des forêts de hêtre et de sapin à blanc, en laissant seulement cinquante ou soixante baliveaux par hectare, le recru n’estautrechose qu'une broussaille de marseaux ou de bois de moindre va- leur; on apercoit ordinairement du plant de sapin ou de hêtre par-dessous, mais bien du temps s'écoule avant que ces dernières espèces deviennent assez nombreuses. Il y a quelquefois exception pour les coupes qui sont entourées de grands massifs d'arbres dont les graines se répandent dans le voisinage ; mais, pour y germer, 1l faut qu'elles trouvent de l'ombre et plus tard de la lumiére. Des bois de hètres, ägés de quarante-cinq à cin- quante ans, peuvent être exploités de manière à lais- ser cinq à six cents baliveaux par hectare; il vient dans l’espace intermédiaire un semis de hêtre très- épais, et les souches donnent des rejets. Le bois blanc ne pousse que dans les forêts trop dégarnies. On est ordinairement placé entre deux écueils : les graines ne germent pas sous un ombrage trop touffu ; si l'on fait passer les jeunes plants immédiatement à l'air libre, ils périssent. 3° Coupe définitive. Au bout de einq ou six ans, lors- 155 que le plant a atteint nne hauteur de quinze à dix-huit pouces, et qu'il est parvenu au point dene craindre ni le froid, ni les chaleurs, ni le$ ouragans, on procède à la coupe définitive en abattant tout le reste du massif, sauf quelques arbres de peu de valeur qui restent pour porte-graines dans les lieux où le repeuplement n’est pas achevé. Ces arbres abandonnés dépérissent à la longue et sont exploités ordinairement dans le premier nettoiement qui s'opère sur le nouveau massif. La coupe définitive, qui se fait dans les taillis de huit à dix ans, occasionne en apparence beaucoup de dégâts; mais si l’on fait entrer en considération que la méthode d'ensemencement naturel produit des millions de plants aussi épais que les brins de chan- vre dans une cheneviére, et que rien n’est plus facile, d’ailleurs , que de receper les brins endommagés, on sera convaincu que l'importance que l’on met à ter- miner promptement l'exploitation d’une coupe est sans objet, si l’on a su pourvoir au repeuplement. Lorsque la traite est terminée, on arrache quéique- fois les souches de sapins, la terre est nivelée et des semis ne tardent pas à y paraitre ; mais cette opération est inutile si la souche est coupée très-bas ; elle est nuisible si le sol environnant est déjà couvert de plants qu’il faudrait arracher; plus nuisible encore si le sol est en pente et que les terres remuées soient entrainées par les eaux. La méthode d'exploitation inventée par les fores- tiers allemands, et qui ne fait qu'une partie de l’art admirable qu'ils emploient dans l'administration de leurs forêts, aurait pour nous un inconvénient si on l'adoptait; c'est qu'il faudrait faire autant de ventes 186 successives qu'il y aurait de coupes : une pour la coupe d’ensemencement, une pour la coupe secon- daire, une troisiéme pour la coupe définitive ; mais, dans les forêts très-difficiles à répeupler, on est obligé de prendre des soins que n’exigent pas celles dont le sol est frais, et à l'abri des vents impétueux. Nous comparerons plus loin les massifs d’arbres feuillus avec les autres bois ; nous mettrons en paral- lèle les différentes manières de les exploiter, ce qui nous placera à portée d'envisager sous leur véritable Jour des points controversés depuis longtemps. Nous pouvons placer dans ce chapitre une obser- vation qui s’y rapporte : les forestiers allemands sont persuadés que les forêts composées de plusieurs es- pêces d'arbres sont exposées à de graves inconvé- nients; les arbres les plus forts épuisent les plus faibles ; des clairières se forment et s’étendent ; tandis que dans une forêt pure les arbres, étant évaux en force, se répartissent mieux les sucs nourriciers. Cependant les forêts mélangées offrent quelques avantages. On trouve dans le même lieu des bois différents pour toutes sortes de besoins et de desti- nations ; une espèce protége l’autre contre plusieurs dangers, contre les orages, les ravages des insectes ; les sapins protégent le jeune recru de hêtre contre Ja gelée; le hêtre donne au plant du sapin un ombrage salutaire contre la chaleur, et tous s’abritent mutuel- lement. La manière de traiter ces forêts mixtes exige toute l'attention possible, parce qu'il est diflicile de mettre en harmonie et dans une proportion convenable deux et quelquefois trois espèces de bois séparées ; aucune ne doit prédominer ; il faut qu'elles puissent sup- 187 porter toutes la même position et à peu prés la même influence du climat; il faut éviter de réunir les ar- bres qui ne donnent leurs graines que dans un âge avancé avec ceux qui en portent de bonne heure. Il convient rarement de faire des mélanges dans un mauvais terrain, qui ne doit porter que l’espèce qui lui convient le mieux. Les règles qui tendent, soit à former et à conserver des forêts pures, soit à les mélanger avantageusement, n’ont recu jusqu’à présent aucune application dans les forêts de nos contrées, où l’on conserve toutes les espèces d'arbres, et souvent celles qui conviennent le moins au sol où elles végètent; mais, lorsqu’en aura pris l’habitude de cultiver les bonnes et de ‘détruire les mauvaises, on approfondira la théorie, dont nous ne donnons qu'une esquisse. Un auteur allemand, qui ne partage pas l’opinion que l’on doive prolonger la période de l'aménagement de manière que les arbres puissent atteindre à une telle grosseur qu'ils soient propres à l’exportation, pense, au contraire, que les bois dont les produits manquent de débit doivent être convertis en champs et en prés qui serviraient à faire subsister des hommes, et que cela serait d'autant mieux que les habitants pauvres des contrées forestières sont forcés de quitter un sol qui ne peut pas les nourrir, pour aller défricher les plaines des bords de l'Ohio. 188 CHAPITRE I. DES FORÊTS D ARBRES RÉSINEUX. Les arbres résineux, ne se reproduisant pas de sou- ches, ne forment jamais de taillis proprement dits. Ces forêts ont été soumises généralement, même en France, à l'antique procédé du jardinage, qui, dans l’origine, consistait simplement à prendre les bois dont les habi- tants du voisinage avaient besoin pour leur consom- mation particulière, ou pour les exportations que leur permettaient les rivières navigables et la mer; mais, à mesure que les abatis sont devenus plus considérables, les gouvernements et les propriétaires se sont occupés de les surveiller, de les charger de taxes et de les régulariser. Le dernier terme du bon ordre fut de n'enlever que les arbres surabondants, ou viciés, ou gatés. Le sol, presque toujours marécageux dans les forêts natives, fut desséché, la qualité des bois s’en améliora , et la traite devint plus facile. Dans l'état actuel de nos forèts, on coupe, tous les ans, un certain nombre d'arbres, en choisissant cà et là sur toute l'étendue de la forêt; cet usage a lieu dans les sapinières des Vosges, des Pyrénées, du Jura, et dans les parties accessibles des Alpes. Les forêts du Jura sont peuplées de sapins blancs; le nombre des arbres, dont la grosseur excède un mètre de tour, varie de trois cent cinquante à quatre cent cinquante par hectare. On y coupe annuellement trois sapins au moins et 189 quatre au plus par hectare, de la grosseur moyenne de deux mètres, de l’âge de soixante à cent trente ans, et d’une valeur moyenne de 20 fr. | Une des conditions essentielles de ce genre d’exploi- tation est de ne pas enlever un trop grand nombre d'arbres à la fois, et, en les ménageant ainsi, d’assu- rer le repeuplement par les semis naturels. Les forêts d’épicias s’exploitent en Suisse, en Alle- magne, et dans quelques parties de la France, par bandes longues et étroites. Le jardinage et la méthode d’ensemencement naturel ne pourraient y être prati + qués qu'avec les plus grands ménagements, attendu que ces arbres , à racines latérales, seraient très-ex- posés à être renversés par les vents qui s’introduisent dans une coupe éclaircie; quelquefois mème les ban- des récemment exploitées servent de passage aux ouragans qui ravagent les forêts. On est souvent obligé de recourir aux semis artificiels pour compléter le repeuplement. La méthode d’ensemencement naturel s'applique parfaitement aux forêts de sapins, de mélèzes et de pins. Ces dernières sont même plus faciles à traiter que les autres , à raison de la facilité avec laquelle les semis naturels se forment. Enfin il reste la méthode proposée par Duhamel, qui n’a pas été adoptée pour les sapinières de France, mais qui à été suivie de point en point dans la belle forêt de Vallombreuse, située en Toscane. Cette mé- thode consiste dans l’arrachement général et presque simultané des sapins lorsque la coupe est parvenue à sa maturité, et dans un repeuplement fait à Paide du plant, qu'on lève dans la forêt, ou qu'on a préparé dans une pépinière. 190 L'examen et la comparaison de ces.divers systèmes d'aménagement nous apprendront quel est celui qui mérite la préférence. fs SE Ge Du jardinage. La nature pourvoit assez abondamment au repeu- plement, qui est toujours assuré à la longue, si la forêt soumise au jardinage n’est pas exposée à un pà- turage démesuré, ni attaquée par les défrichements. Mais, lorsque les arbres qu'on exploite de cette ma- nicre cessent de suflire aux besoins, d’une population croissante, on n’a plus seulement en vue la conserva- tion perpétuelle de la forêt, mais on veut encore en re- urer une plus grande quantité de bois; c’est par un motif analogue à celui-ci quel’on à substitué à demai- gres pâturages de bonnes prairies qui rendent deux ou trois récoltes par an. | Les inconvénients attachés au jardinage sont nom- breux. | 1° La chute h arbres que, l'on abat sur les ton sains, qui en sont endommagés, et sur les jeunes cg qui en sont brisés ; 2° La difficulté d'extraire tous les arbres vicidei: à moins que l’on ne pratique, chaque année, de nou- veaux chemins ; 3° Le rage occasionné, par les vides que forme l’abatage, les ravages causés par les ouragans;. 1° La difficulté de la surveillance dans les forêts pe exploitées; 5° L'infériorité des produits donnés par le jardi- nage : Car on coupe beaucoup d'arbres dépérissants , 191 usés de vétusté et endommagés; que la nécessité de tenir la forêt dans un état serré a fait conserver ; tan dis que le but de l’art doit être de les couper précisé ment au moment où ils ont acquis la force nécessaire à l’usage que l’on veuten faire, et avantqu'ils n'aient perdu une partie de leur valeur. On allégue cependant en faveur de cette méthode , 4° Que la forêt s’entretient parfaitement si le jar- dinage est bien exécuté, si le nombre des arbres ex- traits n’est pas trop considérable, enfin si l’on a soin de conserver une lisière d’une certaine largeur sur le pourtour de la forêt, pour la tenir à l’abri des oura- Sans ; | 2° Que la première des coupes successives du sys- ième allemand (coupe sombre) endommage les arbres restants, etle jeune plant, commele ferait le jardinage ; que d’ailleurs, en jardinant, on fait déposer les bois très-promptement dans les chemins ou les clairières, et qu'on en transporte même une partie à dos l’homme ; 3 Que l’on n’a pas besoin de parcourir, chaque année, toute la forêt, mais qu'il suffit de revenir dans le même lieu tous les cinq à six ans pour enlever les arbres dépérissants, Si l’on ne s’occupait pas de la quotité du produit matériel des forêts, la méthode du jardinage aurait pour elle l'expérience des siècles ; mais, comme les jeunes plants venus à l’ombre des grands arbres ne croissent qu'avec une extrème lenteur, qu'un petit sapin né dans un massif épais languit pendant près de cinquante années, c'est-à-dire jusqu'à l’époque où il peut trouver de la lumière et de l'air , on perd ainsi beaucoup de temps, au lieu que les jeunes plants qui sont débarrassés des arbres dont l’ombrage leur était 492 nécessaire à leur naissance viennent trois à quatre fois plus rapidement, ce qui est un motif de préfé- rence décisif pour faire substituer les coupes pleines au jardinage. On à fait, dans une forêt jardinée, les observations suivantes sur des sapins abattus et écorcés, dont la circonférence à été mesurée à 3 pieds et demi de l’en- taille du pied. Un sapin âgé de 430 ans avait 5 pieds de tour; sa circonférence n’était que d’un pied à la fin des 70 pre- mières années ; sa croissance ultérieure de A8 pouces de tour s’est opérée dans l’espace de 60 ans. Un sapin âgé de 165 ans avait 5 pieds et demi de tour ; à l’âge de 77 ans, il n'avait encore que 7 pouces de diamètre ou 22 pouces de circonférence ; l’accrois- sement de 4/4 pouces s’est opéré en 85 ans. Un sapin de 42/4 ans, qui a 48 pouces de tour, n'avait que 3 pouces trois quarts de diamètre ou un pied de tour à l’âge de 55 ans ; il a donc pris un accroissement de 36 pouces dans les 69 dernières années. Un sapin de 96 ans, qui a 63 pouces de tour, n’avait que 19 pouces à l’âge de 60 ans ; il a crû, par consé- quent, de 4% pouces dans les 36 dernières années. Tous ces arbres sont venus dans des forêts jardi- nées et dans des sols de dernière classe ; ils avaient été trop serrés dans leur Jeunesse par les arbres qui les avoisinaient. Si l’on compare la croissance de ces sapins avec celle d’autres arbres de la même espèce qui n'avaient pas été gênés dans leur développement , on verra combien on pourrait gagner de temps par des nettoiements bien ménagés. Nous allons ajouter à ce chapitre quelques observa- 195 tions pratiques faites dans les forêts du Jura et dars celle de Fontainebleau. ForÈr pe CnampaGnoe. Cette forèt exploitée en jardinant est parfaitement garnie; on y voit, ilest vrai, beaucoup de jeunes sapins rabougris ou brisés, mais il y a toujours un nombre suffisant de brins in- tacts ou bien venants, parce que le paturage est res- treint à de justes bornes. L'arbre dominant et presque unique dans cette forèt est le sapin blanc ou sapin ar- genté. Il y a quelques épicéas, mais en très-petit nombre. Le sapin ne croit pas sur les plateaux qui dominent les montagnes, mais on trouve dans ces plaines élevées les taillis et des broussailles de charmes et d’épines. Le sapin ne forme jamais de buisson ; il meurt lorsque ses flèches sont rongées à plusieurs reprises. Toujours superbe , il domine ou disparait. Forër ve Fresre. On trouve dans cette forêt un massif âgé de trente à trente-cinq ans qui a repoussé à la place d’un grand abatis exécuté irrégulièrement en 4793. Il restait de vieux sapins semblables à des futaies sur taillis inégalement espacées ; le vent en a renversé une grande partie, on a fait abattre le reste en 1821. Le dégât, suite nécessaire de cette opération, ne laissait plus de traces quatre ans après; le massif est très-épais, Une autre partie du massif a été exploitée à plein il y a neuf ans; on a réservé les jeunes sapins qui garnissent assez bien le sol ; les ronces, Le houx et le marseau, qui remplissaient les intervalles, ont abrité le semis dans ses premières années ; on voit trés-peu 19 19 : dé jeunes sapins, il faut les chercher avec soin pour les apercevoir; mais bientôt ils paraîtront, et lon recon- naitra que le repeuplement est suffisant. On voit quel- ques vieux sapins réservés qui ne croissent plus en hauteur , mais qui ont donné des graines et qui ont par À rempli leur destination. Dans les coupes en exploitation, on peut reconnaître que l’abatage, la manutention, l'équarrisage des ar- bres, le dressage des cordes , le transport des boïs et des marchandises, détruisent au moins la moitié du jeune plant de sapins et beaucoup de baliveaux. Forèr pe La Joux. Cette grande forêt de sapims, Située entre Salins et Pontarlier, est parfaitement peuplée. Les sapins de 10 à 12 pieds de tour y sont ‘assez nombreux, et les espaces qu'occupaient ceux que l'on a abattus sont remplis d’une foule de jeunes arbres de la mème espèce. On peut compter dix-huit mille pieds cubes de bois par hectare. Cette forêt se traite par la méthode du jardinage ; on n’enlève pas tous les arbres viciés, mais on dis- tingue ceux qui sont atteints d'une carie qui n’attaque que le pied de l'arbre de ceux dont la tige entière est menacée. On ne coupe guëre que ces derniers, dans la crainte d'ouvrir de trop fortes éclaircies à travers lesquelles s’introduiraient les vents. On ramène l’ex- ploitation , tous les quatre ou cinq ans, dans chaque partie de la forèt, toujours en enlevant les arbres dépérissants dans les groupes qui deviennent trop Serrés. Forèr DE FonraneeLeAu. Cette forêt, située dans un terrain siliceux, formait autrefois, comme Ta plu- 195 part des bois du royaume, un massif de haute futais dont les coupes se faisaient en jardinant. Le chêne, le hêtre et le bouleau étaient les espèces dominantes. De vastes clairières couvertes de bruyères et de ge- nièvres, au milieu desquelles s’élévent cà et là de vieux arbres , sont contiguës à de beaux massifs de haute futaie. On remarque des chènes de quatre mètres de tour dont on tire de la hboissellerie, ce qui est un emploi assez avantageux, puisqu un seul arbre rend quelque- fois pour 1000 francs de marchandises. Mais la plu- part des hètres sont viciés ; et l’on peut, sans se trom- per, estimer aux trois quarts du volume total des arbres et des branches la portion qui n’est propre qu'à faire du bois de chauffage. Une coupe de cin- quante hectares ne produit pas ordinairement plus de quinze ou seize chènes propres au service de la marine. | La plupart des arbres sont couronnés ; une grande partie a été sciée à la cime : cette singulière opéra- tion avait été imaginée dans la vue de raviver les chènes dont les têtes étaient cassées par le vent ou par le givre, ou couronnées de vieillesse; 1ls ont re- poussé quelques branches latérales. L'abatage des hauts massifs s'exécute en plein, sans réserver aucun baliveau; les arbres sont arra- chés. L’entrepreneur des plantations recoit la coupé dans l’année qui suit l'exploitation ; il achève dé la nettoyer de toutes les souches et des racines :'il la fait ensuite entourer d’une clôture en treillage pour dé- fendre les semis contre le gibier et contre le paturage. - Les labours se font à la pioche, et non à la charrue. Les lignes de plants à demeure sont espacées de quatre 196 pieds ; on pratique entre deux lignes une rigole dans laquelle on sème du gland, dont le plant s’enléve au bout de deux on trois ans pour être reporté ailleurs. Ces semis se font sans mélange de graines céréales ou autres. En replantant le chêne, on coupe quelquefois le sommet de la tise, et le plant est placé de. manière qu’il soit caché dans la terre. C’est une précaution pour le mettre à l'abri de la gelée et de la grande cha- leur. Ce procédé est peut-être bon pour une terre lé- gère et sans consistance, mais généralement il ne vau- drait rien; il ne serait pas même applicable dans le bois de Boulogne, où l'on a soin que le plant dépasse de deux pouces la superficie du sol. Le bouleau se sème assez bien de lui-méme; le plant de cette espèce n'est ni ébranché, ni rogné, lorsqu'on le place à demeure. Tous les semis doivent être terminés avant le pre- mier avril ; beaucoup ont péri pour avoir été faits trop tard. Une plantation de chènes mélangés de bouleaux, garantie et rendue en bon état au bout de cinq ans, coûte 700 fr. l'hectare. Les hivers rigoureux font souvent périr les jeunes chènes ; mais les bouleaux résistent au froid. Lorsque la plantation n'est pas très-belle, ce qui arrive le plus ordinairement, on la recèpe au bout de huit ou neuf ans, en réservant quelques baliveaux pris parmi les meilleurs brins; après le recepage, on donne quelquefois un labour à la houe, On a coupé à tire et aire, dans la plaine de Samois, une demi-futaie de quatre-vingts ans, dont les sou- ches ont poussé un faillis dans lequel il y a beaucoup 19 de places vagues où le bouleau eroit naturellement. Un grand nombre de souches ne repoussent pas la pre- mière année, mais quelques-unes donnent de beaux jets au bout de deux ans. © Les regards se fixent principalement sur un massif âgé de quatre-vingts ans, situé prés de la croix de Saint-Hérem , planté et composé presque entière- ment de chênes, et dans lequel on a pratiqué plusieurs netioiements, dont le dernier a rendu 600 fr. par hectare; les arbres ont depuis un pied jusqu’à quatre pieds de tour. Ce massif à été entamé, 1l y a une vingtaine d'années, par une exploitation à tire et aire, dans laquelle on a réservé beaucoup de baliveaux; le taillis n’a pas réussi, parce que le soleil a desséché les souches et détruit beaucoup de rejets, que le gi- bier a pâté le recru, et que l’on avait endommagé les souches dans l'exploitation. Ce qu'il y a d’admirable dans la forêt de Fontaine- bleau, ce sont les semis de pins; mais, avant d’en par- ler, il est nécessaire de jeter un coup d’œil sur les chaînes de rochers qui couronnent les coteaux. Ces rochers innombrables, qui couvrent plus de mille hectares, ne présentent que de petites masses détachées qui n'empêchent point le voyageur ou le forestier de traverser les coteaux dans tous les sens; de leur sommet on jouit d’un spectacle imposant; la forêt se développe aux regards, dans la plus grande partie de son étendue, avec ses collines, ses vallées, ses déserts où l’on n’apercoit que quelques maigres bouleaux qui sont venus naturellement ; la terre est propre à la végétation, même entre les rochers, parce qu’elle conserve l'humidité à sa surface ; elle ne pro- düit naturellement que des bruyères ; mais les plan- 198 tations de pins ont fait reconnaitre que ce sol si maigre est capable de nourrir les plus beaux arbres, et que la culture, lorsqu'elle est bien dirigée, donne des richesses que l’on aurait en vain attendues de la nature abandonnée à elle-même. Ce fut un médecin de Louis XVI qui concut l’idée de garnir de pins de Bordeaux les coteaux arides de la forêt de Fontaine bleau ; les semis réussirent à merveille, et sont de- venus ces massifs majestueux qui forment aujourd’hui l’un des plus beaux ornements de la forêt et du chà- teau. On n’y a fait, jusqu’à présent, que des éclaireies qui fournissent une partie du bois nécessaire pour la confection des clôtures dont nous avons parlé. Le beau massif de pins qui couvre le coteau de la Salamandre est âgé de quarante-cinq à cinquante ans; déjà il a été éclairei deux fois; il s’y trouve encore deux mille grands arbres par hectare. On voit un bosquet de pins d'Écosse trés-beaux, qui s'élèvent bien au-dessus des pins maritimes, quoiqu'ils aient été semés dans le même temps; cette différence si frappante décidera du choix entre ces deux espèces, et. la préférence sera encore just: fiée par la qualité du bois, si supérieure dans le pin d'Écosse, La plantation de Montaigu est composée de pins de Bordeaux, de bouleaux et de chènes. Les pins ont un pied de tour, et les chênes n’ont que trois pouces, quoique tous ces arbres soient du même âge. Les bouleaux sont aussi beaucoup plus gros que les chênes, Dans les premières plantations, on défoncait le ter- rain à plus d'un pied et demi de profondeur ; mais on a reconnu que ce trayail dispendieux est inutile, et qu'il suflit d'écobuer et de donner un labour à la pioche dans les parties de la forèt que la charrue ne 199 pourrait traverser. On brüle les bruyères en plaçant le feu sous le vent de manière que l'incendie nettoie le sol. | Les }; jeunes plants sont HR TS PAT et très-beaux, même dans les coteaux couverts de rochers. Dans les parties de ces plantations où l'herbe est trop grande, on la laisse couper à la faucille par les habitants des environs, mais ce n'est qu'en hiver qu'ils en ont la permission, parce qu'alors ils ne peuvent confondre les jeunes pins avec les brins d'herbe. . En considérant la forèt de Fontainebleau dans son ensemble, on y reconnait quatre grandes divisions : 1° Les vieux massifs de. futaies que l’on arrache en les exploitant, et dans lesquels il y a beaucoup d'arbres de deux cents à quatre cents ans : il n’en reste guère que pour dix ans; 2° Des massifs de chènes et de bouleaux qui tous ont été plantés; les plus âgés ont quatre-vingf-dix ans environ : il, s y trouve beaucoup de vides occa- sionnés par, là non-réussite du plant et par les gelées : ces. massifs de plantations se subdivisent en deux classes ;: ceux qui ont été éclaircis et ceux qui ont été.exploités avec une réserve de baliveaux ; | 3° Des plantations de pins ; 4° Des rochers, des plaines ou platières basses, stériles, abandonnées et exposées à la gelée, qu tor- ment plus du quart de l’étendue totale de la forêt. On ne peut, s ‘empêcher de déplorer les effeis des coupes mal faites, lorqu'on voit des plages très-écen- dues, couvertes de plants de chênes, qui, bientôt battus par les vents, exposés à une Chaleur excessive ou à la gelée, Tangyissent couverts de lichens, tandis que, s’ils étaient venus dans des massifs convenable- 200 ment éclaircis, ils auraient cette écorce fissé qui an- nonce une végétalion vigoureuse, et qui est un présage assuré de la beauté future des arbres et de leur lon- gévité : quelques beaux chênes dispersés au milieu des rochers déposent encore de l’ancien état de cette forèt. Que ferä-t-on lorsque les produits des coupes dé- passeront à peine les frais du repeuplement et de l'entretien de cette grande forêt? La nécessité amé- nera heureusement une réforme. Il suffira d'étendre un moyen qu'on a déjà employé dans cette même forêt avec tant de succès. On sèmera des pins silvestres sur les coteaux et dans les plaines sujettes aux gelées. Les labours se feront à la charrue dans tous les endroits praticables, et à la pioche dans les terrains coupés par des rochers. Si l’on veut prendre la peine de calculer le revenu d’une belle forèt de pins comparé à celui des mauvaises parties de la forêt de Fontainebleau, on se convaincra qu'il a les neuf dixièmes à gagner dans cette opération. On à tort de croire ELA qu'il faut laisser sur le sol les espèces qui y croissent d’elles-mêmes, et d'imaginer qu’en substituant une espèce d° drBrél à une autre on contrarie la nature, qui, suivant les observateurs superficiels, a placé dans chaque climat les arbres qui lui conviennent. L'introduction des pins dans la forêt de Fontainebleau, le plein succès de leur culture, les avantages qu'elle présente sur r aménaÿ ement ordinaire, prouvent, au contraire, que dans RS for êts, comme ailleurs, c'est par la culture que nous pouvons augmenter nos richesses, ét qu'il faut transporter les graines d’une contréé dans une autre pour ac haie les véoé Gux les plus utiles et les plus productifs. | 201 Nous voyons que dans cette forêt on s'est livré, pour planter des massifs de chênes depuis quatre- vingt-dix ans, à des travaux dispendieux, qui sont bien loin d’avoir réussi complétement. Si l’on calcule que la dépense de 700 fr. par hectare, pour une étendue de dix-sept mille hectares, coûterait 11,900,000 fr., on déplorera la force de l'habitude, qui a fait persis- ter Si longtemps dans un usage si dispendieux , tan- dis que chez les Allemands, et en France même, on exécute des semis naturels de chênes qui ne coûtent rien, et qui réussissent presque toujours. La bonne culture des forêts, si riche en résultats, n'est pas chère dans sa pratique, c’est l'un de ses grands avantages ; mais il est difficile d'obtenir des travaux à bon marché dans les forêts des environs de Paris. On a cependant exécuté d'importantes plantations de pins au bois de Boulogne; cette espèce convient parfaitement au sol et produira infiniment plus que la chétive futaie de chêne qu’elle remplace. L'avantage de créer de magnifiques massifs de végétaux toujours verts dans ce grand parc suffit pour motiver une dé- pense qui doit être très-peu considérable si Fon em- ploïie des procédés analogues à ceux qui sont pratiqués dans le Maine. S 2. Des coupes pleines. Les coupes pleines se classent principalement entre elles par la manière dont le repeuplement s'effectue. On les mêt en défense quelques années avant l’ex- ploitation, et on enlève, soit à la herse, soit à la pioche , ‘les herbes et les mousses. On peut ensuite exploiter en plein, et simultanément, tous les arbres 202 du massif, si le semis est bien levé, comme cela se voit communément dans les hautes futaies qui sont un peu claires ; mais, si le semis est insuffisant , On ménage l’abatage de manière à compléter le repeuplement. La méthode allemande d’ensemencement naturel, qui divise l'exploitation en trois opérations successi- ves, pourvoit au repeuplement de la manière la plus efficace. Le seul reproche un peu fondé dont elle puisse être l’objet est qu'il est impossible de déterminer à l'avance les époques fixes de la coupe secondaire et de la coupe définitive, etque, par conséquent, on ne peut faire un aménagement régulier ; mais, quand on sera bien convaincu de cette importante vérité, que les règles d'ordre etd’administration doivent être soumises aux principes économiques, et que, quelque difficile que puisse être la surveillance, ce n’est pas un motif de se départir de préceptes fondés sur des calculs po= sitifs, qui sont d'accord avec les notions physiologi- ques les plus incontestables, on adoptera les meilleures méthodes pour y subordonner les règles de surveil= lance et d'administration. Il serait dangereux de faire des coupes blanches dans les froides régions des hautes montagnes, où il est rare que les graines réussissent et muürissent, con- venablement, et où les semis gèlent au printemps. Le repeuplement, si l’on ne veut pas jardiner, ne peut s’obtenir qu'en coupant les arbres successivement, avec beaucoup de ménagement, et à mesure que le sol se garnit de jeunes plants, | Les coupes par bandes ou zones étroites doivent être accompagnées de certaines précautions :.on choisit de préférence une année où les arbres sont chargés de cônes; on arrache les souches; on répand de la graine 205 à la main sur la surface du sol : on n’abat les arbres restant à côté de la bande exploitée que lorsque celle-ci se trouve suflisamment garnie de plants. M. Kasthoffer conseille d'exploiter par bandes étroi- tes toutes les parties des forêts qui sont situées sur des rampes escarpées ; de semer, dans les parties dépouil- lées, des graines d’aune , de bouleau et de mélèze; de conserver une certaine quantité de baliveaux, non pas dans lé but de parvenir par ce moyen à l’ensemence- ment, mais afin de préserver en partie les jeunes plants de la chaleur du soleil, de la gelée, et des vents, dont l'action frappe le sol de stérilité. Avec la coupe pleine se combinent les éclaircies ou expurgades, qui consistent dans l’enlévement des bois blancs vers la trentième année , et des arbres mal ve- nants, vers les soixantième et quatre-vingt-dixième années, Il nous reste à parler du mode d'exploitation in- venté par Duhamel, et qui n’a été pratiqué en France qu'à grands frais, et quelquefois avec un succés dou teux; mais des étrangers, qui ont pris à la lettre les préceptes de ce grand agriculteur, et qui ont cherché les moyens les plus économiques de les employer, ont réussi à renouveler et à entretenir l’unedes plus belles forêts de sapins qui soient au monde, celle de Vallom- breuse,,en Toscane : nous allons exposer la marche qui a été suivie pour y parvenir, et dont L. Fornaïni a donné l'historique dans un écrit intéressant, accom- pagné de descriptions curieuses et de sages réflexions, in Toscane, le hêtre habite les cimes des monta- gnes, au-dessus même des sapins. Ces derniers arbres aiment, comme les autres plantes, une terre profonde, humide et grasse; 1ls végètent dans une longue suite 20% de siécles avec la mème force dans le mème lieu; et sur les débris d’un arbre mort s'élèvent des milliers d’arbres semblables. Les bois blancs n’ont qu’une courte existence au milieu des sapins, si l’on a soin de ne pas exploiter ceux-ci trop jeunes. On repeuple les coupes exploitées dans la forêt de Vallombreuse avec les plants qu'on lève dans une pé- piniére qui y est annexée. Le semis naturel est si nom- breux, qu'il suffit à fournir cette pépinière de sujets de deux ou trois ans que l’on y plante à deux pieds de distance. Dans ces climats chauds, il faut planter les arbres en automne, parce qu'ils redoutent plus les chaleurs excessives de l'été que les risueurs de l'hiver. Le con- traire arrive dans les pays froids. On a observé que tout meurt à l'ombre des grands sapins, qu'il n°y croit pas un brin d'herbe, et que la plupart des jeunes sapins eux-mêmes languissent et périssent. C'est pour cela que la croissance des plants du même âge, qui ne sont pas ombragés par un rideau épais de grands arbres, est infiniment plus rapide que celle des plants qui restent perpétuellement à l'ombre. Une jeune sapinière se couvre de mille arbustes qui dérobent les jeunes sapins à la vue; mais ces amas de buissons disparaissent au bout de dix à douze ans, et les sapins ont tout étouffé autour d’eux. Cette espèeb de manteau paraît nécessaire dans un terrain aride et dans un climat chaud, pour garantir le jeune plant des ardeurs du soleil et pour empêcher l’évaporation de l'humidité que renferme le sol, et qui nourrit les plantes. Les sapins sont disposésavec symétrie : ils occupent 205 chacun un cercle de sept à huit pieds de rayon; cette régularité donne à la forèt un aspect de la plus sur- prenante magnificence. Dans le long intervalle qui s'écoule entre la plan- tation et l'exploitation définitives, on a soin d’abattre les arbres morts ou malades. On coinmence la coupe du côté du midi, afin d’évi- ter les tempêtes du nord, qui renverseraient tous les arbres. Cette forêt est tenue avec un ordre admirable ; tous les ans, on forme de nouvelles pépinières, de nouvelles clôtures, de nouvelles plantations. Une partie du pro- duit des coupes est réguliérement employée à ces diffé- rents travaux; mais cest une dépense très-productive. Un usage pernicieux, qui s'était introduit autrefois dans cette forêt, consistait à semer du seigle dans les coupes après l'exploitation. Cette culture, qui ne de- vait cependant durer qu'un an, avait le grave incon- vénient de faire entrainer une partie des terres par les eaux et de dessécher le sol partout. Cette funeste ha- bitude a été heureusement réformée. Les sapiniéres de nos contrées s'étendent souvent en versant leurs graines sur les terrains voisins. Une forêt du Jura, exploitée en taillis et futaie sur taillis, dont les essences dominantes étaient le chêne, le hètre et le tremble, s’est peuplée de jeunes sapins produits par les graines des forêts qui occupent les plateaux supérieurs de la montagne; ces arbres ont prospéré à l'ombre des bois feuillus; les propriétaires ont fait couper ces derniers, et la forêt s’est transfor- mée en un massif de sapins qui contient cinq cents arbres formant dix mille pieds cubes par hectare ; plusieurs faits semblables pourraient être cités. 206 Une forèt de sapins exploitée à blanc, sans réserves et sans précautions, peut encore se reproduire. La terre se garnit d'herbes et de buissons sous lesquels on voit paraitre de jeunes sapins au bout de trois ou quatre ans; mais ce moyen, destructif dans un mau- vais terrain, n a pas même un succés certain dans un bon sol. Il reste souvent des places vagues, surtout si le pâturage n'a pas été sévèrement interdit aprés l’ex- ploitation. L'exploitation pleine, le repeuplement, soit par voie des semis naturels, soit par des pépinières, de- viendront, sans aucun doute, d’un usage général pour traiter les forêts résineuses, dont les arbres peu- vent se vendre facilement. Nous remarquerons que le semis artificrel coûte bien peu de chose. Supposons que l’on possède cent hectares de sapins en coupes réglées de cent ans; on coupera un hectare par an : nous le supposons valoir 8000 fr.; il suflira de prélever sur cette somme 80 fr. pour les frais de repeuplement, ce qui ne fera que le centième du revenu. S'il est vrai que l’ancien usage, qui consiste à cou- per, chaque année, dans toute l'étendue des forêts les arbres dépérissants ou surabondants, a eu en sa faveur l'expérience des siècles, et que les bois de haute futaie qui ontété toujours traités réguliérement, suivant les principes très-simples de cette méthode, sont dans un état prospère, il faut avouer, d'an autre côté, que la méthode des exploitations pleines et successives rend des produits bien supérieurs à ceux que donnait la première. On peut reconnaitre dans les bois de l'État et des communes situés dans nos deux départements du 207 Rhin la différence qui existe entre ces modes d’amé- nagement ; on y trouve l'ancienne pratique , qui est celle du furetage, la méthode allemande, qui est celle des coupes pleines et successives, régulièrement opé- rées, la méthode française, qui est celle des coupes pleines et simultanées, avec des réserves de baliveaux, enfin des combinaisons de l’un et de l’autre mode dans les mêmes forêts. On admirera les sapinières qui ont été traitées par M. Lorentz dans Îles forêts de Ribeauville, et les re- crus qui résultent des ensemencements naturels qu'il a surveillés. Dans une belle sapinière dont l'exploitation n’a pas encore été commencée, on trouve environ 1400 sapins par hectare qui cubent chacun vingt pieds, en les supposant équarris. Un sapin àgé de quatre-vingt-dix ans, né dans un massif soumis au furetage, a environ cinq pieds de circonférence. S 3. Des éclaircies dans les forêts d'arbres résineux et de La période des coupes. On ne fait point d’éclaircies dans les grandes forèts qui s’exploitent par le jardinage; c'est une opinion vulgaire queplus les sapins sont épais, plus ils crois- sent avec force ; mais la véritable raison qui fait né- gliger les éclaircies est que, les coupes ‘ordinaires fournissant plus de bois qu'il n’en faut pour le chauf- fage, les éclaircies ne rapporteraient rien. Cependant elles seraient très-utiles pour favoriser l’aceroisse- ment des arbres. Il est bien reconnu que si on lais- sait croître énsemble tous les sapins qui naissent 205 spontanément, cette multitude nuirait à la végétation, et qu'il est indispensable d’en arracher une certaine quantité, en observant de tenir constamment les ar- bres serrés et contigus, de maniére à étouffer les bois blancs et les herbes. Quel immense volume de bois de chauffage produi- raient ces extractions dans les grandes forêts ! Quelle force d’accroissement acquerraient les arbres destinés à former le massif de futaie ! Les bois résineux s’exploitent rarement en taillis, parce que, dans les montagnes où ils croissent, les taillis sont sans valeur. Cependant, en Provence, quelques bois de pins s'exploitent à l’âge de vingt à vingt-cinq ans; le moyen unique de repeuplement consiste à ne couper que les gros brins, et à laisser subsister tous les jeunes plants jusqu'a l'exploitation suivante, pour faire un semblable choix. Mais cette manière de régler les coupes de bois résineux à vingt-cinq ans présente un grand danger. Les essences inférieures, telles que les bois blancs, le charme et les épines, prennent la place du sapin ou du pin, et les étouffent. Il faut donc extirper les mau- vais bois pour conserver les plants résineux. On peut, parmi ceux-ci, conserver quelques porte-graines. La coupe ne nuira pas au repeuplement: car on pourrait, dans un recru de sapins àgé de vingt-cinq ans et bien garni, enlever les cinq sixièmes du volume total, tout en laissant assez de jeunes brins pour former un nou- veau recru avec le semis qui lève dans les intervalles. Ces coupes, faites à un âge peu avancé, ne sont encore qu'une exception, mais elles pourront devenir plus communes à l'avenir. La période de l'aménagement ne se régle, eu défini- 209 tive, que par des calculs de pertes ou de profits, On ne coupe pas de petits sapins lorsqu'ils sont sans valeur. . Se présente-t-il des marchands de bois qui offrent un prix fort élevé d’un massif de sapins âgés de cent ans, on n’attendra pas qu’ils aient cent vingt ans pour les vendre. On les vendrait même à cinquante ans si l’on trouvait des acheteurs à de bonnes conditions. Les plantations symétriques ou les nettoiements, en accélérant la croissance , offriront, dans un arbre " de cent ans, le même volume que donne un arbre de cent quarante ans qui vient dans un massif jardiné. On peut juger de l’accroissement moyen des sapins, dans un massif jardiné, par la table ciLdessbts : CIRCONFÉRENCE moyenne. 240 La rapidité de la croissance dans les années qui sui- vent la cinquantiéme explique pourquoi on attend or- dinairement que les sapins soient très-gros avant de les couper jd’ailleurs la valeur du pied cube d’un arbre qui n’a pas cinquante ans est peu de chose en com- paraison de la valeur du pied eube d’un gros arbre. . 7 ira | a" | ” / - ” : 8 — 3 CHAPITRE IV. 7: y 19 BMD | | lu à DES TAILLIS ET DES FUTAIES SURTAILLIS. | CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. : En France, les taillis forment les cinq sixièmes des forèts du royaume. Les massifs de futaie ont été sue- cessivement convertis en taillis depuis quatre à cinq siècles , etsurtout depuis l’établissement des forges et des verreries. Si la masse ligneuse qui demeurait sur Je sol a été diminuée, le sol forestier est resté intact dans les parties qui ont été réduites en taillis, ‘tandis _ quela plupart des massifs de haute futaie que l'on s'est _ obstiné à conserver se sont successivement dégar nis, et sont devenus, eh définitive, des pâtures ou des fri- .ches. La destruction des futaies en massif a amené l'habitude de réserver des baliveaux dans les taillis. Nous jetterons d'abord un coupd'æil sur les systè- mes d'aménagement qui peuvent nous servir de mo- dèles. 211 Les bois du Milanais destinés au chauffage sont di- visés en coupes réglées qui s’exploitent lorsque les. taillis ont dix ans. Le terrain des bois nouvellement plantés se laboure deux fois par an : la première, en avril; la seconde, en septembre, pour extirper les mauvaises herbes, et disposer les taillis à croitre promptement ; on y sème même du grain, en prenant des précautions pour ne pas offenser les souches (1). Dans la deuxième année et dans la sixième, on émonde les rejets des souches, on enlève tous les rameaux su- perflus, qui retiennent en pure perte le suc nourricier, et qui font obstacle à l'accroissement des brins que l’on veut conserver. Après cette opération, le taillis croit en liberté, et, au bout de dix ans, il rend une coupe abondante, après laquelle on laboure de nouveau. Mais si l’on veut élever un grand taillis, on pratique, au bout de douze à treize ans, une nouvelle éclaircie ; cinq ans plus tard, on élague les arbres, dans la crainte qu'ils ne deviennent trop branchus. Il faut excepter quelques brins tendres et le hêtre, qui ne sont pas propres à supporter une telle opération. Si l’on a élevé une futaie, on la coupe lorsqu'il en est temps, on enlève les souches, on brûle les ronces, les épines, les herbes; ensuite on laboure, et.on sème des graines d'arbres. Des labours, des élagages, des nettoicments bien combinés, tel est le mode qui donne les produits Les plus abondants. En Angleterre, dans quelques comtés, on coupe les taillis de frènes tous les dix-huit ans; le produit (1) Ronconi, dizionario d’agricoltura. 212 en est énorme; on a soin de maintenir, par une cul- ture à la houe, les plantations nouvelles et les jeunes taillis, jusqu'a ce que la pousse soit assez forte pour étouffer de son ombre tout ce qui nuiraït à la végé- tation. L'arbre qui réussit le mieux dans les haies ou bos- quets d’une ferme est l’orme. On remarque que les plantations qui ne sont pas éclaircies à temps souffrent beaucoup ; et l’on regarde la période de vingt ans comme la moyenne de l'exploitation des taillis, pour que la coupe en soit la plus avantageuse. Il y a aussi des taillis que l’on coupe à quatorze ans, et qui rap- portent 12 liv. st. (300 fr.) l’acre, ce qui revient à 732 fr. l'hectare. Les perfectionnements que l’on remarque en Angleterre dans la tenue des bois consistent sur- tout dans la culture et les nettoiements. On n’a- bandonne point au fermier le choix des arbres à émonder, à étêter ou à abattre; la direction de ces travaux importants appartient au propriétaire, qui Y emploie des hommes experts dans la conservation des bois. La méthode de furetage, qui est usitée dans le Mor- van, se retrouve, en Angleterre, dans les forêts de hêtres du comté de Buckingham. On n'y coupe que les brins âgés de trente à quarante ans, pour les en- voyer à Londres, par la Tamise, comme bois de chauffage. On emploie un certain art pour tenir le bois restant convenablement serré, de manière que les plantes étrangéres ne puissent croître dans les in- tervalles, et que la chaleur du soleil ne dessèche pas les souches. Les grands propriétaires de bois, en Écosse, 213 exploitent leurs taillis de chêne au bout de vingt à trente ans. L’écorce est une partie importante du revenu. Les brins étant coupés très-près de terre, les rejets partent du collet, et, se faisant leurs propres racines, deviennent chacun une souche nouvelle. On croit qu'il ne faut pas couper les bois en hiver, parce que les rigueurs de cette saison occasionnent beaucoup de dommage aux souches et aux baliveaux, et qu'il est préférable d'attendre le commencement du printemps. On réserve généralement un très-grand nombre de baliveaux ; mais, lorsque l’amirautéavait un privilége sur les chènes propres à la marine, on les coupait avant qu’ils fussent gros, parce qu’il y avait plus de profit qu’à attendre qu'ils fussent sou- mis au monopole. En France, un privilége semblable n’a pas empéché les propriétaires de réserver de gros arbres dans leurs bois. Les taillis se vendent de 25 à 40 livres sterl. par acre, sur les bords de la Clyde, et de 40 à 50 livres sterl., dans les montagnes d'Écosse, où il existe des hauts fourneaux , ce qui fait jusqu’à 3050 fr. l’hec- tare. Dans l’ouest de l'Angleterre, un acre de bois taillis rapporte, l’un dans l’autre, GO livres sterl. net (3658 fr.) l'hectare. L'importance de ce chapitre exige que nous le divi- sions en plusieurs sections. SECTION 1e. DE L’AGE AUQUEL IL CONVIENT DE COUPER LES TAILLIS. Dans la plus grande partie de la France, les taillis 214 sont exploités entre leur vingtième et leur trentième année. En Provence, on coupe les taillis de chènes blancs à dix ans, et ceux de chênes verts à quatorze ans, Les agronomes de ce pays sont d'avis de reculer cet âge jusqu'à seize et vingt ans : ils pensent que des coupes répétées à des intervalles plus courts sont bonnes pour les bois nouveaux, jeunes et clair-semés, parce que la taille fortifie leurs racines, et que leurs rejets sont plus forts et plus nombreux; mais que ce qui rend les jeunes taillis plus épais que les autres , c’est que les plants les plus forts n’ont pas le temps d’é- touffer les plus faibles, Il est impossible de déterminer la période la plus profitable pour l'aménagement d’un taillis, avant d'en avoir établi la valeur progressive. On suppose, dans les calculs qui vont être rappor- tés, que la valeur des taillis croit d’après la loi des carrés des nombres naturels, progression qui est un terme moyen qu'un grand nombre d'observations m'ont fait reconnaitre comme assez exact. Ainsi un taillis que l’on exploite à vingt ans vaut quatre fois plus que si on le coupait à dix ans. Voici ja table qui indique les valeurs successives des taillis dans un sol de qualité moyenne ; la pro- gression se ralentit pour les taillis situés dans un ter- rain peu fertile, lorsque ces taillis ont atteint l’âge de vingt à vingt-cinq ans. Il sera facile de changer les nombres d'après le résultat d'une étude locale faite avec un peu d'attention. AGE VALEUR AGE VALEUR “des taillis. des taillis. des taillis. |” des taillis. ans, Rae) td ans. fr. 1 | 1 21 441 e 2 4 22 484 3 NL 4 23 529 4 16 24 576 5 251 25 625 6 36 26 676 7 49 27 729 8 64 28 784 9 81 29 841 10 100 30 900 11 121 31 961 12 à 144 32 1024 13 169 33 1089 14 196 34 1156 15 225 35 1225 16 256 JM : 1296 17 289 37 1369 18 324 38 1444 19 4 " 361 39 1521 20 400 | 40 1600 + Nous dévons calculer sur l'intérêt composé, et non sur l'intérêt simple : car autrement il serait impossi- ble de comparer la valeur des bois, qui ne produisent qu'à de longs intervalles, avec la valeur des terres, qui rapportent tous les ans. On préfère un fonds de terre qui rapporte 100 fr. par an à un bois qui ne rend que 2000 fr. tous les vingt ans ; et la mesure de 216 cette préférence n’est autre Miéct le cumul des Méénétstg #. +19 (ns Quelques exemples sufiront pour l'objet 4 nous nous proposons. Nous calculerons sur M 1 4 pour 100 par ani |; AL À : | | 10. ne | Est-il res avantageux d exploiter un taillis à eur | quatre ans qu'à vingt-cinq ans ? Si je l’exploite à vingt-quatre ans, j etai un an aprés. D x . 4e Le produit de la coupe, que nous « Supposons de 576 fr.; ci : . . . .. . 576 fr. ! b 2 L'intérêt de cette somme . . . . 23 04e. + 3° Plus un taillis d’un an; inaïe, à la . révolution suivante, ce taillis n'aura que vingt-quatre ans au lieu de vingt- cinq ans; la différence sera de 24 fr. Ce- ; : pendant, comme cette perte ne se fera | sentir que dans vingt-quatre ans, elle é à doit être réduite, pour le moment pré- sent, d'aprés | le calcul des intérêts, S4! 930 & Totars. ..: 608 40 = + En coupant ce bois à vingt-cinqans, J'aurais625 fr., ce quiest plus avantageux. ” ie L'aménagement à vingt ans est-il préférable à celui de vingt-cinq ans? Si j'exploite mon taillis à vingt ans, j'aurai, cinq 217 ans apr és, le produit de la coupe, supposé de 400 fr., . äveCintérét$composés pendant cinq ans, "ééliantà da Os : ous is ASC: 68 c: + Mais, à la révolution suivante, mon taillis n'aura que vingt ans, au lieu de vingt-cinq ans; il ne vaudra que 400 f., au lieu de 625 fr. Cependant, comme la , perte ne se fera sentir que dans vingt- cinq ans, elle doit être réduite, pour le moment présent, à : #4 . 4%... : 84 40 Morat. : L"011 "OA … Enexploitant mon taillis à vingt-cinq ans, j'aurais eu 625 fr. | nr aténagement. à vingt-cinq ans est donc préfé- rable à celui de vingt ans. 90 Je W La supériorité de Faménagement de vingt ans sur celui de dix ans est frappante. En effet, si je coupe mon taillis à dix ans, j'aurai, dix ans plus tard, à l’époque où je l'aurais exploité Si ] avais attendu sa vingtième année, » 19 Lé prix de la'eoupe. . .*.8.., : . 100 fr. 2° L'intérêt composé de cette somme DONS An. ... +» we ‘s "AS O8 €. 3° Enfin un nouveau taillis dedix ans, QUI MAUR... à . - Be. . “001108 Je n’ai en tout Queue ds Le fe 248 02 Mon taillis de vingt ans m'aurait rendu 400 fr., je perds donc 38 pour 400. 218 De semblables calculs. démontreraient qu'il faut couper les taillis de chênes et de hêtres en général un peu avant leur quarantième année; mais on ne de. pas attendre cet âge sans faire des éclaircies dans un bois, car on perdrait une infinité de brins. L'essentiel, pour déterminer la période de l’amé- nagement, est d'établir l’échelle des valeurs progres- sives; mais ce n'est pas tout de mesurer l’aceroisse- ment des brins, il faut encore avoir égard à la valeur du stère ou du pied cube, suivant l'emploi que Von peut faire des bois, IL est inutile de mesurer annuellement l’accrois- sement des taillis; l'expérience serait trop longue. Il est bien plus commode de faire abattre des arbres qui aient passé par les phases successives que l’on veut étudier, et d’en observer simultanément lacroissance, en comptant les couches ligneuses et en mesurant leur épaisseur. À la vérité, on n’obtiendra pas toujours une préci- sion rigoureuse, car il y a quelquefois deux couches assez distinctes dans le cours de la même année; mais elles sont toujours plus rapprochées entre elles que celles qui appartiennent à deux années différentes; on peut d’ailleurs comparer l’âge apparent, d'aprés le nombre des couches ligneuses, avec l'âge réel qui devrait exister d’après la période de l'aménagement, et arriver par ce moyen à une approximation suflisante. Par exemple, un arbre qui croit dans une futaie sur- taillis où l'exploitation périodique se fait à l’âge de vingt ans, et qui est àgé detrois périodes, a néces- sairement soixante ans, quel que soit le nombre de cercles concentriques que présente la section trans- versale de sa souche. 219 Si l’on vent opérer sur des évaluations données par nos forestiers les plus célèbres, on trouvera des ré- sultats à peu près semblables à ceux que l’on obtient en se servant de la table des carrés. Si, au lieu de calculer sur l'intérêt de 4 pour 100, nous eussions pris le taux de 5 pour 100, le résultat eût été moins favorable à la prolongation de la période d'aménagement. On pourrait induire des calculs précédents qu’il y a de la perte à conserver de la futaie; cependant il est tout aussi profitable d'élever de grands arbres que d'exploiter des bois taillis. Mais deux conditions sont indispensables pour que l’éducation de la futaie soit avantageuse. La première est que les massifs soient périodiquement éclaircis, de manière que les brins les plus faibles ne périssent pas sans utilité ; la seconde est que le nombre des arbres n'excède pas les besoins de la consommation. S'il en était autrement, le prix des futaies diminuerait au point d’en décourager la culture. Ainsi le prix du volume déterminé d’un arbre aug- mente à mesure que cet arbre vieillit. Le pied cube d’un chène de 40 ans ne vaut qu'un franc, tandis que celui d’un chène de 100 ans vaut deux francs : leur valeur respective est proportionnée à ce qu’il en a coûté pour les produire. La loi de l’offre et de la demande dirigera la pro- duction en influant sur les prix. C’est ce que nous voyons déjà, mais d’une manière peu régulière, parce que les idées ne sont pas encore arrêtées sur plusieurs points essentiels de l’économie foresticre, La futaie est-elle chère, on réserve alors un plus grand nombre de baliveaux. 220 Les grands taillis sont-ils plus recherchés que les jeunes, on les laisse vieillir. La consommation habituelle n’exige-t-elle, au con- traire, que de jeunes taillis, on les abat pour ne pas les conserver sans profit. Ainsi les aménagements doivent être subordonnés aux variations de prix qu'éprouve chaque espèce de bois. Indépendamment des calculs, il y a des raisons dé- terminantes pour fixer l’âge des coupes. Cela dépend presque toujours de l'usage que l’on peut faire des bois. Est-ce un taillis de châtaigniers propre à faire des cercles ou cerceaux , on le coupe à six ou huit ans ; plus tard, les brins ne conviendraient plus pour cet usage, et perdraient de leur valeur. Est-ce un taillis de coudres destiné au même usage, on attend qu'il ait douze ans pour l’abattre. Veut-on faire uniquement du charbon, un taillis de bois dur, âgé de vingt à vingt-cinq ans, convient trés-bien. S'agit-il d’un taillis qui doive être employé à faire du bois de chauffage pour les villes, il faut attendre qu'il ait vingt-cinq ou trente ans pour l’abattre. Un taillis de trente ans présentera de grands avan- tages. Les graines lèveront facilement dans un bois éclairci ; les baliveaux seront d’une haute stature; ils nuiront beaucoup moins au recru que ces arbres ra- bougris et branchus que l’on trouve dans un taillis qui s'exploite à douze ou quinze ans ; l'exploitation en Jeunes taillis chargés de futaies propage à l'infini les mauvaises espèces ; mais l'exploitation en grands taillis les détruit : car le chène, le frène et le hêtre 991 survivent à tous les arbrisseaux et à tous les arbres du second ordre. Un exemple suflira pour donner une idée de la perte que peut entrainer un aménagement dont l'age est mal calculé. Prenons une forêt située dans un terrain peu fertile vers la source de l’Aube. Les essences dominantes sont le chène, le hêtre, le charme et letremble. On avait jugé à propos d’attendre que le massif fût âgéde 70 ans pour l'exploiter; la grosseur moyenne des chênes n’était que de 18 pouces de tour, celle du hêtre était de 21 bles et celle du charme de 44 à 15 pouces. Le produit de l’hectare a été de 250 stères de bois propre à faire du chauffage ou du charbon. Le Prix total a été de 1100 fr. l'hectare. Si l’on eût exploité le taillis à 35 ans, la coupe eût UT lhechre oh... . . . ... . 'O00 fr. Les intérêts de cette somme à raison de X p. 100 par an pendant 35 ans se fussent D. . » " A: . 2367 La seconde LR CRE 600 Fr. Lo 600 Total . gs »67 fr. On n’aretiré réellement que 1100 frs ci. 1100 La perte a donc été par hectare de . . . 2467 fr. sans aucun but d'utilité. Un taiïllis ne doit pas rester vingt ou trente ans sans rendre des produits par les éclaircies. Un principe gé- néral, professé par un des plus habiles forestiers de l'Europe, M. Lorentz, est que l'on doit faire de fré- quentes exploitations dans les bois, en enlevant, 1° ce qui ne peut plus croître, 2° ce qui nuit à la croissance 222 du massif, jusqu'au moment de l’exploitation défi nitive. Je connais un bois soigné minutieusement par le propriétaire, qui sait tirer parti des plus petits pro- duits; des épines, pour faire des clôtures vivesetsèches; de la bourdaine, pour la fabrication de la poudre; des viornes, pour faire des ruches et des liens de fagots; des brins trainants, pour faire des liens de gerbes; des cornouillers, troënes et épines, pour faire des échalas; des coudres, pour des cercles de futailles ; des perches, pour les instruments aratoires. Tout cela s’enléve dans les taillis, qui, nettoyés par des éclair- cies successives, deviennent magnifiques; mais une semblable économie exige la présence continuelle du propriétaire. On doit remplacer ces pratiques de dé- tail par des éclaircies périodiques bien entendues. SECTION 2. DES FUTAIES SURTAILLIS. Le mode régulier d'exploitation des bois en taillis et futaies surtaillis n’est suivi que depuis le commen- cement du xvi‘ siècle ; presque tous les propriétaires, après l’avoir adopté, ont fait réserver un grand nom- bre de beaux arbres ; mais, depuis la fin du dernier siècle, des changements importants sous ce rapport se sont opérés; les taillis ont pris de la valeur; la con- sommation à augmenté; on a trouvé commode de réa- liser un capital qui ne produisait que À pour 100; la destruction des arbres a suivi une progression erois- sante, et la masse des futaies qui existaient en Franee à la fin du xvur siècle est réduite de près de moitié. Les inconvénients que l’on reproche aux futaies sur- 223: taillis sont , 1° de favoriser l’accroissement du sous- bois ét des essences inférieures, et dè.détruire à la longue les bonnes espèces ; on remarque que lecharme, le tremble et les épines remplacent le chène ; 2° de re- tarder la croissance du taillis. Nul doute à cet égard; mais il y a une compensation pour les terrains maiï- gres, c’est que les futaies forment un couvert qui em- pêche le sol de se détériorer en prévenant l’évapora- tion de l'humidité. #L°b | _ La nécessité de laisser subsister de la futaie pour la Charpente et pour une foule d’autres usages a fait conserver cesystème d'aménagement ; mais on a pensé qu'il suffisait d’épargner un petit nombre d'arbres, et qu'aumoyen de cet expédient on aurait de beaux taillis. Cet aménagement bâtard ne peut toutefois subsister longtemps. En effet, les arbres ne croissent en hauteur que lors- qu'ils sont rapprochés de manière que leurs têtes ne soient séparées que par de petits intervalles ; les bali- veaux placés dans ces intervalles s'élèvent aussi jus- qu'à ce que leurs cimes aient atteint le niveau de la cime des grands arbres. Mais, lorsqu'on abat à la fois la plus grande partie “derces arbres ; ceux qui restent isolés ne tardent pas à -se dessécher et la plupart périssent. ! Enfin, lorsqu'on opère une coupe complète sur la futaie, en ne conservant que des baliveaux de l’âge du taillis, éés baliveaux, s’ils sont jeunes ; s’habituent à vivre dans une position isolée, leur cime ne s'élève plus shère, leûr tête s’arrondit et $’étend dans tous les sens; ils projettent encore peu d’ombrage sur le taillis ; mais, lorsque l’époque de l'exploitation de ce taillis arrive, ces arbres subissent un martelage qui RS au 224 en‘réforme une partie ; les autres sont exposés de nou veau au grand air et aux intempéries; leur tête s’é- largit encore, et l’on réserve de nouveaux baliveaux pour remplacer les arbres que l’on a coupés. La tige de ces arbres est basse et leurs branchages sont épais. On n’a plus qu'une futaie faible et rabougrie dans de même sol où croissaient des arbres trois fois plus élevés, et l’on prononce que le sol n’est pas propre à nourrir de la futaie, que le taillis même y dépérit lorsqu'il est âgé de plus de vingt à vingt-cinq ans; celui qui rend cette décision ne s informe pas s’il existe encore de mecnifiqne futaies dans des terrains plus arides. e": Quand la futaie est dégénérée au point de ne va présenter que des arbres rafaux, on éprouve au plus haut degré l'inconvénient que l’on voulait éviter; le taillis est étouffé par tous ces arbres à tête de pom- mier, et, fussent-ils beaucoup moins nombreux que les arbres d’une belle futaie surtaillis, ils occasion- nent plus de dommage que ne le feraient ceux-ci. * Les inconvénients de cette espèce de dégradation se feront sentir de plus en plus. Déjà, dans beaucoup de forèts, on ne Arr St baliveanx que pour se "con- former à l'usage; on abat les arbres et l'on rentre ainsi dans le système des taillis purs: Ce dernier amé- mnagement est productif lorsque le débit du bois de chauffage, du charbon, de l'écorce, etc., est assuré; : e’est une affaire de calcul ; mais, si le sol esttrop see, il deviendra de moins spérains fécond,, et à chaque période d'aménagement la hauteur et la force du taillis diminueront. | Ainsi, dans le système d' oder en futaies surtaillis, il est indispensable que. la futaie soit le 225 principal et le taillis l'accessoire. C'est alors une es- péce de massif dans lequel les arbres sont assez es- pacés pour que le sol ne soit pas nu comme dans les massifs de haute-futaie ; tout le terrain est alors cou- vert de hois ; aucun espace n’est perdu; c’est la cause de la supériorité ordinaire du revenu d’un bois traité en futaie surtaillis, sur le revenu d’un massif qui s’é- claircit successivement où dans lequel rien ne croit sur l’espace qui est entre les arbres. Les arbres des futaies surtaillis sont ordinairement plus sains que ceux des massifs. Cela provient de ce que. l’on abat, à chaque exploitation des taillis, les ba- liveaux pâtés ou dépérissants, et que les anciens et les modernes sont des arbres d'élite pris dans un grand nombre. On n'imaginerait pas dans quelle faible pro portion les chênes de bonne qualité se trouvent dans les futaies incultes. On a remarqué qu’au milieu du vaste massif de la forêt de Compiègne, les chênes sains et vigoureux sont en très-petit nombre. Les massifs ordinaires ne fournissent communément qu’un dixième d'arbres assez sains pour le service de la marine. C’est toujours à l'absence des soins et de la culture qu'il faut attribuer la mauvaise qualité des bois. Unesbelle forêt, dans laquelle on favorise les semis, dans laquelle on abat tous les brins qui sont mal con- formés, ou qui présentent des signes de dépérisse- ment, ou qui, ne sont propres qu'au chauffage, peut donner de beaux et bons arbres en très-srande quan- üté, surtout si l’on a $oin d’assainir le sol, Ce sera une espèce de haute futaie dont les arbres, bien choi- sis, seront assez éloignés l’un de l’autre pour qu'ils croissent en liberté, et pour qu'il vienne un peu de 15 226 taillis dans les intervalles, qui sans cela né produi- raient rien. Un massif très-épais convient dans les terrains su- jets aux gelées : car l'herbe, les plantes annuelles et les jeunes plants forestiers, ne sont point gelés sous les grands arbres, et le sont dans les clairières. On peut, dans les cantons sujets aux gelées, couper le taillis par le furetage ; mais le mieux est de planter des espèces de bois qui ne craignent point la tempé- rature du lieu où on les place. Nous allons donner un petit tableau qui servira à faire connaitre l’espace moyen que les futaies occu- pent dans les taillis aménagés à vingt ans. SURFACE perdue à l’entour OBSERVATION. des arbres. TOUR des arbres. pieds. mètres carrés. p 3 1/2 4 Les ormes et les frè- 5 nes , ayant un feuillage peu épais, couvrent moins d'espace que le chène et le hêtre. 1/2 7 1/2 15 © A 1 © or à "CG Co à +2 =] = (= [En C2 e Les grands arbres vivent aux dépens des petits, et surtout des taillis. Ce mélange de plantes fortes et 221 faibles.est très-nuisible aux dernières. C’est par cette raison que, dans une forêt bien administrée, la futaie dominante doit être composée de chênes, et non de ces arbres de mince valeur, dont la vente ne dédom- magerait pas de la perte du taillis. Nous allons calculer les ressources que présentent les taillis et les futaies surtaillis. Dans des bois aménagés à vingt ans, j'ai trouvé, par hectare, environ deux mille huit cents souches, savoir : neuf cents souches de chêne, onze.cents sou- ches de charme, six cents de hêtre, et deux cents d’a- lizier , frêne, érable, etc. Je ne comprends pas dans ce dénombrement les coudres, les cornouillers, les épines, et autres arbris- seaux, ni les brins de semence, qui s’élévent au nombre d'environ deux mille par hectare. Le nombre des souches n'est guère que de deux mille dans un taillis aménagé à trente ans; mais, dans un bois réglé à dix-huit ans, on en trouve jusqu’à trois mille quatre cents, non compris les arbrisseaux et brins de semence. Il y à environ trois cents souches mortes par hec- tare à chaque exploitation, en y comprenant celles de la futaie surtaillis qui ont péri aprés l’abatage des arbres. Les brins de semis qui sont de l’âge d’un taillis à la veille d’être exploité sont très-petits en compa- raison des brins venus sur de bonnes souches. Le vo- lume de chacun des premiers est tout au plus le douzième de chacun des derniers. C'est sur cette dif- férence, qui disparait à la longue lorsque les arbres vicillissent, qu'est fondée la supériorité du produit des taillis considérés comme bois de chaullage. 228 Un taillis sans futaie aménagé à vingt-cinq ans, dans un sol passable, rend deux cent quarante stères de bois par hectare ; il faut déduire moitié de ce vo- Jume pour les interstices des büches; il reste cent vingt stères ou trois mille deux cent quarante pieds, non compris les vides, par hectare; et, comme on fait huit coupes dans une période de deux cents ans, le produit total de ces deux siècles sera de vingt-cinq mille neuf cent vingt pieds cubes. Ce volume est bien supérieur à celui que produit une haute futaie qui n’est point éclaircie : car elle ne donne guère que dix-huit mille pieds cubes par hec- tare au bout de deux cents ans. Pour calculer le produit d’une futaie surtaillis , il faut d’abord connaitre le volume des baliveaux an- ciens et modernes dont elle est formée. Nous allons en présenter un tableau qui résulte d’un grand nom- ee F gr ti CUBAGE. OBSERVATION. pieds cubes dixièmes de pied cube. 3 3 6 3 Ce cubage ne comprend que | la tige équarrie. |k 10 15 Voiciactuellement le produit total, à chaque af {ation des taillis. 229 On peut couper dans un taillis de vingt ans, bien garni de futaies, trente-trois arbres par hectare, qui donnent, 1° En futaie équarrie ou propre alétresvihefarss sims 0. 4, B90-pieds cubes, 2° Cinq cent trente pieds cubes de bois de découpe, dont il faut ôter un tiers à cause des intersti- ces dans l’empilage; reste. . . . 353 3° Branchages, trente-six stères par hectare, dont il faut ôter la moitié pour les vides; reste dix- huit stères ou... . . . . . . . . 486 FOrarL "010.7 .F569 Comme on coupera, tous les vingt ans, une quantité égale de futaies, il y aura, pendant un espace de cent soixante ans, huit récoltes , qui donneront dix mille neuf cent cinquante-deux pieds cubes. Un semblable taillis, étant chargé d’une assez grande quantité de futaies, ne rendrait que deux mille quatre cents pieds cubes par hectare, déduction faite des interstices, ce qui ferait, pour huit coupes, dix- neuf mille deux cents pieds cubes de taillis. Les deux sommes réunies s'élèvent à trente mille cent cinquante-deux pieds cubes. Nous avons compté cinq cent trente pieds cubes de bois de service par hectare. C’est une quantité déjà considérable. On peut en obtenir cependant jusqu'à neuf cents pieds si la réserve d'arbres a été très-nom- breuse, mais le taillis en est d'autant plus faible. Le mode d'aménagement que l’on doit adopter dé- pend de la position de chaque forêt, Veut-on avoir 230 beaucoup de futaie, parce qu’elle a, dans la loca- lité, beaucoup plus de valeur relative que le tail- lis, on fera abattre tous les arbres défectueux; on favorisera les semis des meilleures essences, et on réservera jusqu'a deux ou trois cents baliveaux par hectare. Se propose-t-on, au contraire, d'avoir presque uni: quement des taillis, on réservera des baliveaux pour donner des graines et un peu d'ombrage, et on les coupera à la révolution suivante de l'aménagement, lorsqu'on en réservera de nouveaux. On concoit que la qualité du sol doit être consultée. On n'aura que des taillis dans les terrains médiocres; mais, dans une forêt d’une certaine étendue, on trou- vera toujours des terrains propres à élever quelques petits massifs dé futaies. S'agit-il d’une forêt peuplée de taillis et d'arbres médiocres, on fera abattre ceux-ci, on les extraira, en Gccasionnant le moins de dommage possible, et bientôt le taillis prendra un développement ‘ines- péré. On pourra piocher le sol dans les clairiéres pour fairé eroitre les semis, et arracher les mau- vaises espôces de bois, de manière à n'avoir plus qu'un taillis homogène, qui sera soumis à des net- toiements. Ainsi disparaitront ces arbres à tige courte et à large têté, qui épuisent le sol et qui déparent les fo- rêts. Ainsi, aux taillis buissonneux succéderont d’autres taillis droits, élevés, d'espèces choïsies, et “d’une croissance rapide. Les {aillis venus sur souches n’étant, pour ainsi dire, que dés rejetons d'arbres plus ou moins âgés, portent assez de graines pour se ressemer d’eux- 231 mêmes; mais, dans les taillis couverts d'herbes et d’arbrisseaux, les glands-ne tombent pas jusqu’à terre : aussi arrive-t-il fréquemment que, dans une forêt chargée de vieux chênes surtaillis, on ne trouve pas même assez de brins de chène pour y réserver vingt baliveaux de cette espèce par hectare. Les bois qui tombent dans cet état de dégradation ne peuvent être restaurés que par l’arrachernent de l'herbe et le nettoiement des taïllis. Les graines de hêtre lèvent plus facilement que celles de chène; mais ce dernier arbre se propage beaucoup mieux par les souches (1). On le coupe près de terre.. Il sort du tronc plusieurs brins qui gran- dissent, et forment chacun une nouvelle souche. Lorsque le taillis est nettoyé , on voit paraitre des semis d'arbres dont l'espèce avait disparu depuis long- temps de la forêt. La faculté germinative de certaines espèces de graines se conserve vingt ans sous l’eau, et cent ans dans la terre. Les taillis situés sur des coteaux exposés à des vents impétueux ne peuvent porter des baliveaux, parce que ceux qui ne sont pas détruits par les frimas lan- guissent et.périssent à la longue. On éprouve encore béaucoup de difficulté à élever des baliveaux dans une forêt qui était, peu de temps auparavant, en haute futaie ; les brins nés dans des massifs épais périssent lorsque leur tête ne trouve plus d'appui, lorsque leur pied est désséché par l’évaporation de l'humidité qui lé couvrait; mais les brins du nouveau taillis, mieux (1) Les souches des arbrés: coupés au mois de mai ou au commencement de juin, pendant l'ascension de la sève, re- poussent presque toujours. 232 parnis de racines, deviennent propres à faire de bons baliveaux. Il ne s’agit que d’attendre. Toutes nos forêts aménagées en taillis ont passé par cette épreuves! #. ” ‘ à La conversion d’un taillis én haute futaie exige une condition essentielle, c’est de trouver par hectare ‘trois ou quatre cents baliveaux de lespèce que l’on veut réserver, bien venants, et non sur de vieilles sou- ches. Or il est trés-difficile qu'il y ait un pareil nom- bre de brins de chènes de semence dans les taillis sous futaie. La plupart n’en offrent pas la cinquan- tième partie, Il faut donc s’en procurer d'avance un nombre suflisant par les semis naturels, qui seront trés-abondants si l’on a soin d’éclaircir le sous-bois de manière que les graines trouvent l’espace suflisant pour germer et pour se développer, et surtout si l’on. fait enlever les herbes qui étoufleraient les se- mences. | SECTION 3. : DU: CHOIX DES FSSENGES. FORESTIÈRES. c j ,: Avant de fixer l'aménagement d'une forêt, il est essentiel de;choisir l'espèce d'arbres qui doit dominer sur le sol. : , | Parmi les arbres feuillus, le premier rang appar- tient au chêne par l'excellence de son bois propre. à une infinité d’usages, et par cela mème d'un débit toujours assuré. L’orme, le frêne, le sycomore, Vien- nent ensuite, mais en momdre nombre. © Les arbres résineux qui, dans un espace donné, produisent un volume double de celui des arbres 233 feuillus, mériteront la préférence dans la plupart des localités. | Lorsque les espéces sont choisies, on assigne à cha- *cune sa place. Au lieu de les mélanger, on met les bois blancs dans les parties humides de la forêt, le chêne dans un bon sol, les bois résineux sur les co- teaux. Si, par exemple, la forêt est divisée en vingt parties , il y en aura dix en chênes, deux en hêtres, deux en ormes et frênes, deux en trembles , trois en pins silvestres, et une en mélèzes. Les moyens de changer les espèces qui couvrent une forêt varient avec les circonstances. S'agit-il d’un bois de pins mélangés de hêtres, pour détruire ceux- ci il suflit de les couper sous l’ombrage du pin; il est mieux encore de les arracher, parce que le labour que cette opération donne à la terre prépare un semis abondant dans lequel les pins s’assurent la possession exclusive du sol. Rien de plus facile, quand on à su ménager le se- mis, que de. faire prédominer l’espèce que l’on a choisie, et d’expulser celle que l’on a réprouvée; il suflit, dans les nettoiements, de couper ou d’arracher tous les plants de cette dernière; ses rejets seront bientôt étouffés par les plants de prédilection, pour peu que l’on ait cherché à favoriser les semis natu- rels. La tendance de chaque espèce de végétal à se multiplier est si grande, qu'il suflit de préparer la place à celle que l'on préfére. C'est ainsi que le cultivateur, par ses efforts, détruit les mauvaises herbes dans les champs où il ne veut voir que du froment. Le produit des grandes espèces d'arbres est telle- ment supérieur, même en taillis, à celui des espèces 234 inférieures, qu'il y a un avantage considérable à n’a- voir que des premières. Le changement des essences forestières est une chose nouvelle en France ; mais il se pratique jour- nellement en Allemagne ous les plus grandes forêts, SECTION 4. DES FUTAIES ÉLEVÉES EN MASSIFS AVEC DES ÉCLAIRCIES SUCCESSIVES. Les nettoiements et les éclaircies successives sont, aux yeux des écrivains forestiers, les moyens d? obtenir les plus grands et les meilleurs produits d’un massif de futaie ; mais il faut indispensablement opérer sur des bois provenant de semis, et non sur des taillis à grosses souches. Le nettoiement s'exécute vers la huitième année, si le plant n’a pas été cultivé dès son origine. Nous ne possédons pas encore en France de ces massifs de futaie méthodiquement éclaircis. A défaut d'expérience directe, nous raisonnerons par analogie d’après des faits connus, en nous appuyant aussi sur l'autorité de M. de Monville, qui a traité ce sujet avec une grande supériorité de vues. L'aménagement par éclaircies est celui qui donne le plus de bois de service. « Lorsqu'on laisse les brins « se disputer le terrain, ils s’éclaircissent d’eux- « mêmes; les plus forts étouffent les plus faibles ; « mais, après une trop longue lutte, les arbres sont «eflilés, et portent trop peu de grosseur pour la « hauteur (1). » (x) Annales maritimes et coloniales, 1824. 235 Dans le système des éclaircies, les distances moyen- nes des arbres sont calculées dans la proportion la plus favorable à leur accroissement. Lorsque le taillis a vingt ans, on l’éclaircit de ma- nière à y laisser par hectare deux mille brins des mieux venants. À quarante ans, on fait une coupe en laissant six cents arbres. À soixante ans, on en fait une autre en laissant trois cents arbres, et ainsi de suite de vingt ans en vingt ans, de manière à couper, dans leur cent soixantième année, cent vingt arbres qui resteront les derniers. Le produit total des tiges abattues dans les coupes successives, y compris la coupe définitive, s’élèvera à seize mille huit cents pieds cubes par hectare.On aura, en outre, cent soixante-douze cordes (corde de cent vingt pieds cubes) aussi par hectare, ou vingt mille six cent quarante pieds cubes de bois de chauffage , dont il faut déduire deux cinquièmes pour les vides des cordes : reste seize mille cinq cent douze pieds cubes. Les deux sommes réunies font trente-trois mille trois cent douze pieds cubes. Nous allons donner un tableau du produit d'un hectare pour une contrée où le bois de chauffage à peu de valeur, et l'intérêt des fonds entrera dans nos calculs. 236 AGE NOMBRE © PRODUIT | NOMBRE 8 des taillis | des brins | PRODUIT | es années [2€ nu | et de la futaie | restants de chaque l sm - = , : coupe esque es à l’époque laprèschaque l'intérêt des érlaircies.| éclaircie, | "argent. |est cumulé. 100, coupe 300 7500 » définitive. Le pâturage et la glandée produiront bien au delà de ce que l’on en retirait dans un taillis ou dans un massif inculte. Ce même hectare de bois, aménagé en coupes de taillis de vingt-cinq ans, produirait, en supposant qu'il n’y ait point de futaies surtaillis, 625 francs par coupe. Ainsi on aurait, au bout de cent ans : Le produit de la premiére coupe, avec intérêts cumulés pendant soixante-quinze “SORT PR. UT SRI x Le produit de la seconde, avec intérêts cumulés pendant cinquante ans. . . . . 4,440 Le produit de la troisième, avec inté- A. repose: … .diée.46,288 237 D'autre part. . . . . 16,274 rèts cumulés pendant vingt-cinq ans. . 4,660 . .. ‘/ Le produit de la quatrième coupe. . . 625 Foras. ane. 18,559 : fe oo Les éclaircies successives offrent de grands avan- tages : car des arbres du même âge et de la même force croîtront avec toute la vigueur possible ; et ceux qui formeront les dernières coupes atteindront les plus belles dimensions. La culture, les nettoiements, les élagages, l’assainissement du sol, contribueront à leur donner un tissu serré, qui les rendra propres à la construction des vaisseaux et à toute autre espèce d'usage. Ces exploitations une fois régularisées, on ne craindra plus de manquer de futaies. On conservera des arbres, comme tout autre bien que l’on ménage pour le laisser dans un état prospère. Ce penchant qui porte les hommes à épargner, à accumuler pour leurs successeurs en s'imposant des privations, ga- rantit que l’on ne manquera pas de futaies tant que la propriété sera protégée par les lois. Cet aménagement en futaies successivement éclair- cies n'est autre chose, au fond, que ce qui se fait en Flandre, en Normandie, dans le Maine et dans d’autres contrées, où l’on a soin de nettoyer succes- sivement les plantations qui environnent les fermes, et de conduire les arbres jusqu’au point où ils devien- nent propres soit à la charpente, soit au charron- nage, soit à un autre emploi industriel. Le système des éclaircies successives n’en est que la pratique agrandie et soumise à des règles. 238 La coupe définitive n’aura lieu qu'avec un ense- mencement naturel préparé à l’avance. Les semis naturels qui ne sont pas cultivés font perdre un temps considérable pour la reproduction : car, pendant les vingt ou trente premières années, on ne voit que des genêts, épines et bois blancs; c’est ce que l’on remar- que dans la forêt de Villers-Cotterêts, où l'aména- gement est fixé à cent cinquante ans, et où la plupart des bois n’ont que de cent vingt à cent trente ans. SECTION 5. COMPARAISON DU PRODUIT D'UN MASSIF DE FUTAIE AVEC UN BOIS EXPLOITÉ EN FUTAIE SURTAILLIS. Un massif de futaie de chéne âgé de soïixante- quinze ans, situé dans un terrain propre à la pro- duction des bois, produit par hectare 5,735 fr. 51 IL faut ajouter le produit du pâtu- rage et de la glandée à raison de 2 fr. par hectare, pendant soixante ans, avec intérêts cumulés à # pour 100. . 476 8 bis : Motah;" 4 741. (0,214 »9 Voici le tableau du nombre et de la solidité des arbres, calculé en pieds cubes, et que l’on peut fa- cilement réduire en décistères, en se rappelant qu'un décistère équivaut à trois pieds cubes environ. OMR maurEuR | CUPAGE MOYEN À'Kompre | CUBAGE circonférence à 4 de chaque moyenne. d'arbres. | total. pieds de haut. arbre. pieds. pieds cubes. 39 39 » 31 » Estimation : 4223 pieds cubes à 4 fr. 10 c. . 4645 Bmnchages. +... .,... . ,, + 1090 Toi tirer 0195 Cet aménagement est le seul que l’on puisse em- ployer lorsque le taillis n’a aucune valeur vénale dans la contrée, Si ce taillis n’a qu'une valeur médiocre, l’amé- nagement en taillis, combiné avec celui des futaies surtaillis, est le moins profitable. Supposons, en effet, qu'un hectare de taillis de 25 ans, qui doit produire 4800 pieds cubes de bois de chauffage, ne puisse se vendre que 300 fr. par hec- tare, avec une réserve de 80 baliveaux, on aura, au bout de 25 ans, 300 francs. Vingt-cinq ans plus tard, on fait une seconde coupe et on à : 240 4 Le produit de la première coupe avec intérêts cumulés à 4 p. 100. . . .. .. . 801 fr. 2° Le produit du taillis de la deuxième coupe, en laissant 60 baliveaux par hectare. 300 On peut couper 40 baliveaux âgés de 50 ans, qui valent à raison de 2 fr.chacun. 80 Total, PCM TRE Vingt-cinq ans plus tard, on procède à une troisième coupe et On à : Jo Le produit précédent porté à 4181 fr. avec intérêts cumulés à raison de 4 p. 100 par an pendant ang it. ie. + « ele te IST CT © 2° Le produit du taillis de la troi- sième COUPE. + + + + « + + + + + o 300 » Il reste en futaie : A0 baliveaux âgés de T5ansa 18f. 720 » 60 baliveaux âgés de 50 ans a 27 120 » 60 baliveaux de 25 ans. . . . . . 30 » Potal. . :w 249308 Îr.-21 C. Le produit total serait inférieur à celui de la haute futaie. On ne trouve ce rapport que dans les contrées où il n'existe pas d'usines pour consommer les taillis. Mais, si l’on suppose que le taillis vaut, à l'âge de 25 ans, 500 fr. l hectare, l'aménagement en taillis, combiné avec la futaie surtaillis, estle plus profitable. Dans le choix des arbres d’une futaie surtaillis, le maximum des produits. en argent ne sera pas tou- jours suivi. Un propriétaire pourra, sans altérer ses revenus, conserver un certain nombre d'arbres à 241 trés-fortes dimensions qui deviendront un ornement pour sa forêt. Ensuite il prendra pour règle de ré- server les arbres qui rapporteront l'intérêt le plus élevé. Un baliveau qui vaut 50 centimes vaudra, 25 ans plus tard , 3 francs. Ce même arbre vaudra , 25 ans aprés, 42 francs. À près une nouvelle période de25 ans, il vaudra 40 fr. Mais, lorsqu'il arrivera à un état dé croissance dans lequel il ne rapporterait que 2 p. 100 par an, on pourra l’abattre. Les arbres mal venants, quoique jeunes, devront être coupés par une conséquence des mêmes calculs. SECTION 6. DES TRONCHÉES OU ARBRES ÉTÉTÉS. L'émondage des arbres constitue, en Allemagne, un mode irrégulier d'aménagement. Ce genre d’ex- ploitation qui se retrouve dans toutes les contrées du centre de la France, ne vaut rien, sans doute, sous le point de vue forestier; mais il présente quelques avantages dont le principal est celui d'offrir des pà- tures, de l'ombre et du bois de chauffage. Dans le Limousin, on plante beaucoup de chatai- gniers et de chènes que l’on étête lorsqu'ils sont gros pour les émonder tous les cinq ans. Toute la futaie de chêne dans les taillis s’exploite de la même manière dans la Sologne méridionale. L’émondage d'un arbre de cette espèce peut rapporter 50 centimes tous les cinq ans; ainsi, sur 100 chènes par hectare, on peut en émonder 20 par an, ce qui fait un revenu de 40 fr. par hectare, non compris le produit du pâturage. 16 242 En Bresse, les chènes sont répandus dans les pà- turages et ététés à sept ou huit pieds de hauteur. On les élague comme les saules, ce qui permet au bétail de paitre dans les intervalles sans ronger les rejets ; le même terrain produit de l'herbe et du bois. Cette association serait excellente si les paturages étaient améliorés et soignés, si les arbres étaient bien éla- gués; mais les uns et les autres sont dans un état pi- toyable ; cependant ces plaines, où végètent si triste- ment des arbres dégradés, donneraient de belles récoltes en herbages ou en céréales à l’aide de quel- ques travaux dirigés avec intelligence. L'usage d’ététer et d’élaguer les arbres se retrouve dans les environs de Strasbourg; mais on y apporte autant de soins qu'on y met de négligence en Bresse. L’élagage donne une grande quantité de bois de chauf- fage et le pàturage nourrit beaucoup de bestiaux. CHAPITRE V. DES ESSARTS ET DU FURETAGE. SECTION 1°. DES ESSARTS. La culture des bois dans les Ardennes se pratique encore aujourd'hui comme du temps de Bernard de Palissy, qui l’a décrite il y a trois siècles. On peut, à cette occasion, remarquer combien les habitudes et les coutumes sont durables, et combien il est difhcile de les faire sortir de leur enceinte. En effet, si la mé- thode de.cultiver les bois en essarts est bonne, on de- 9419 243 vait l'adopier dans toutes les localités où son utilité était évidente; et si elle est mauvaise, on devait la proscrire; mais elle existe encore, et seulement dans les même lieux. On fait des essarts depuis un temps immémorial sur les. bords de la Sarre, de la Moselle, du Rhin, et dans quelques autres contrées. Les bois d’essarts sont des taillis qui s’exploitent en plein, sans réserve de baliveaux, tous les quinze ou dix-huit ans, et dont. on cultive le sol après l’ex- ploitation, pour y semer du seigle ou d’autres grains, pendant deux ou trois ans au plus. L'écobuage est l’un des modes essentiels de cette culture; on brule le gazon, les épines, les feuilles, les menues branches, les genèts, les bruyères. Les labours se font à la pioche ou à la houe. Le produit des blés est assez considérable, puisque la portion du propriétaire , qui n’est tenu d’aucuns frais de culture, s’élève ordinairement à trente ou trente-six francs par hectare. Si l’on à soin de ménager les souches, ce qui est facile, cette culture est très-favorable à l’accroisse- ment des bois et à la germination des plantes. On ne peut s’empêcher d'être frappé de la beauté des taillis venus sur ces essarts. Ils produisent ordinairement du gland lorsque les taillis des coupes incultes n’en donnent point. Nous consignerons ici quelques détails sur la pra- tique de cette culture dans les communes de Fauco- gney, Servance, et quelques autres dont les terri- toires contigus forment le prolongement méridional de la chaine des Vosges. Lorsque le taillis est coupé, les habitants cultivent 1 le sol à la pioche; ils disposent la pelouse en petits fourneaux sur lesquels ils placent les genêts et les herbes qu'ils ont pu ramasser dans le voisinage ; les cendres qui proviennent de la combustion de ces four- neaux sont répandues sur le sol, et l’on y sème du seigle. Le propriétaire a ordinairement le tiers de la récolte pour sa portion. Dans l’exploitation du taillis, qui est presque uni- quement composé de chène, on a soin d’écorcer les souches, afin que les rejets sortent le plus prés de terre possible. Six ans aprés l’exploitation, on nettoie les taillis , qui sont alors aussi beaux que le seraient des taillis de douze ans traités par la méthode ordinaire. Le sous-bois forme une partie du chauffage des habitants laborieux et économes de ces montagnes. Cette culture, si utile dans les plaines, est désas- treuse dans les coteaux rapides : car, les pluies en- trainant la terre et les engrais, il n'y a plus de végé- tation possible. La plupart des montagnes de la Toscane sont, au dire de Fornaïni, une preuve frap- pante des suites déplorables de ce système, qui a encore pour résultat d'augmenter Îles torrents et les débordements des rivières. On a essayé de pratiquer cette culture dans des plaines, et elle a donné de magnifiques récoltes d'a- voine. On nomme essarts, dans le Morvan, des bois que l'on exploite de la manière suivante : Ces bois sont peuplés uniquement de chênes, qui s’y maintiennent seuls par le soin que l’on prend de détruire toutes les autres espèces à mesure qu'elles paraissent. ‘Tous les six ans, on coupe dans chaque 245 partie les gros brins qui sont àgés de dix-huit ans, et on laisse subsister tous ceux qui sont âgés de douze ans et de six ans. Le produit principal est l'é- corce, qui est broyée dans Les moulins à eau établis partout à la proximité des bois. Il y a plusieurs choses à remarquer dans cette ex- ploitation. On écorce les souches jusqu’au sol, en sorte que les rejets sortent nécessairement de terre. On ne réserve point de baliveaux, parce que l’on a reconnu qu'ils seraient nuisibles. On voit seulement quelques gros châtaigniers épars dans les coupes. : Les rejets poussent très-bien. L’ombrage des brins que l’on a laissés subsister ne nuit point au recru, car un essart de cinq ans parait aussi épais qu'un taillis ordinaire. On appelle curer la coupe le travail de couper les houx, les genèts, les épines, et les brins trainants, qui nuiraient au taillis ; ces broussailles servent à garnir les clôtures des champs, des prés et des bois. Ce tra- vail s'exécute en hiver. Il est ordinairement incom- plet, car on n’arrache pas la bruyère, qu'il faudrait détruire. Quoique l’on ne puisse écorcer les brins qu'au mois de mai ou au mois de juin, on les abat dés le mois de mars entprenant la précaution de ne pas les sépa- rer entièrement du tronc, mais de laisser de l'écorce et un peu de fibre pour conserver la communication entre la tige abattue et la souche qui la portait; ce canal suffit pour livrer passage à la séve, qui s’intro- duit tout le long de cette tige étendue sur la terre, en sorte qu'on peut l’écorcer au printemps, et que tout est fini avant le mois de juillet. On calcule de la manière suivante le produit des 216 essarts qui sont en bon état. En supposant que le bois contienne soixante hectares, on coupe dix hecta- res par an; il y a des brins de trois âges différents dans un taillis que l’on va exploiter ; ceux de dix-huit ans, les seuls que l’on doive couper, produisent 180 fr. par hectäre, ce qui fait pour une coupe de dix hec- tares 4800 fr. de revenu ou 80 fr. par hectare. L'entretien de ces bois exige, comme on le voit, l'emploi d’une certaine industrie ; les vices d’exploita- tion, notamment le défaut d’écorcement de la partie supérieure des souches, sont examinés avec sévérité, et soumis à des évaluations de dommages qui sont à la charge des exploitants. J'ai reconnu que les bois qui avoisinent ces essarts sont généralement peuplés de hêtres. Une simple ligne en marque la séparation. Les brins de hêtre qui croissent dans les essarts sont impitoyablement dé- truits. C’est par ce moyen de l'expulsion des essences étrangéres que le massif de chènes se maintient dans toute sa pureté ; 1l y a peu de semis, mais la longue durée des sotches fait que la forêt n’en demande pas davantage pour rester suffisamment peuplée. SECTION 2. DU FURETAGE. Le furetage est le mode d'exploitation que nous allons décrire. Les bois où il s'exerce sont peuplés prineipale- ment de hètres; on n’y laisse point de futaies, parce qu'elles sont regardées comme nuisibles. Il y a cepen- dant une exception en faveur du châtaignier; on ré- serve actuellement des baliveaux dans cestaillis, mais en petit nombre. 247 L'exploitation revient tous les dix ans dans la même partie de la forêt. Sur une même souche il y a des brins de trois ages différents. On coupe tous ceux qui ont plus d’un pied de circonférence, et on laisse subsister les autres. On réserve tous les brins de se- mence. Les coupes nouvellement furetées sont couvertes d'herbes, de genêts, de brins cassés ou pliés; mais, quelques années après, on n’apercoit aucune trace des dégâts qu'avait occasionnés l’exploitation. La valeur des brins coupés dans l’exploitation au furetage est à celle des brins restants comme quatre est à un, tandis que le nombre des brins que l’on coupe est à celui des brins restants comme un est à quatre : en sorte que le brin moyen que l’on coupe vaut seize fois le brin moyen qui reste. Celui qui n'aurait eu aucune valeur, si on l’eût coupé, croît avec force aprés l'exploitation. Les bücherons chargés de l'exploitation coupent les brins branchus, difformes ou trainants ; mais cette espèce de nettoiement est incomplète, parce que l’on ne coupe ni les houx, ni les senêts, ni les fougères, ni les bruyères, ce qui fait qu'il y a plus de vides dans les furetages que dans les essarts; on perfec- tionnerait l'exploitation en faisant donner des labours à la pioche pour détruire les plantes nuisibles; mais toutes n’étouffent pas également le semis, car on voit beaucoup de plants de châtaigniers lever au milieu des houx. Le hêtre s’accommode parfaitement de ce genre d'exploitation. On a essayé d'exploiter en coupe pleine des bois de cette espèce qui depuis trois siècles étaient traités par la méthode du furetage, mais les souches 248 n'ont point repoussé ; à peine quelques-unes ont-elles donné des jets fréles et languissants, que les genèts ont été étouffés presque aussitôt qu'ils ont paru ; le bois s’est entièrement dépeuplé; ce n’est plus qu’un vaste champ de genèts et de bruyères. Soit que ces plantes aient épuisé les sucs qui auparavant se portaient aux racines des arbres, soit que l'ardeur du soleii ait desséché la terre à l’entour des souches qui y étaient exposées pour la premiére fois, elles sont mortes peu d'années après la coupe pleine. Un taillis prêt à être exploité, et dont les brins les plus âgés ont trente ans, parait presque aussi beau qu'un taiilis ordinaire de cet âge, dans lequel on n’a jamais rien coupé. Le produit annuel des bois exploi- tés par le furetage est bien supérieur à celui des taillis qui sont soumis à la méthode ordinaire; et quoique la difficulté d'enlever le bois, de faire du charbon dans les coupes, d’exercer une surveillance exacte sur l’exploitation, soit un obstacle à l’adop- tion géngrale de cette méthode, elle est excellente pour les terrains arides. Le taillis qui garnit conti- nuellement le sol procure aux rejets un abri contre les vents desséchants, contre les gelées printaniéres, contre l'excès des chaleurs. Il empèche la multipli- cation du genèt, plante naturelle au Morvan, laquelle couvre en {rois ou quatre ans tous les terrains aban- donnés. Dans un bois exploité suivant l'usage du Morvan, on fait trois coupes dans l’espace de 2/ ans; ces trois coupes donnent, au total, un produit en matière plus considérable que celui que l’on retirerait d’un taillis de 24 ans exploité suivant la méthode ordinaire. La raison en est que le terrain n'est jamais découvert 249 dans l'exploitation partielle, et que la nourriture des souches y est, par conséquent, beaucoup plus abon- dante. La différence du volume est, d’après de nom- breuses vérifications, dans le rapport de 4 à 5, en faveur de l'exploitation partielle. Ainsi un bois taillis aménagé d’après cette méthode rend, tous les 24 ans, 1000 fr. par hectare, tandis qu'un taillis ordinaire ne vaut que 800 fr. L’hectare de chaque coupe faite à huit ans vaut, par conséquent, 339 Îr. Il y a, il est vrai, une compensation à établir : les frais d'exploitation dans la méthode du furetage sont plus considérables que dans la méthode des coupes pleines ; l'administration est plus difficile, moins uni- forme, sujette à plus d'abus; mais ces inconvénients sont rachetés par de précieux avantages, surtout dans les terrains de fertilité médiocre où les exploitations partielles maintiennent le sol forestier en bon état. Le procédé du furetage, tel qu'il se pratique actuel- lement, ne parait pas remonter plus haut que lin- vention du flottage des bois de chauffage sur les ruis- seaux; auparavant, les forêts du Morvan ne servaient qu'au pâturage, à fabriquer de l'écorce, à nourrir des pores et des bestiaux. Il n’y a même guère plus d'un demi-siècle que lon ne trouvait d'autre moyen de tirer parti du bois, dans les forêts éloignées des rivié- res , que de les abattre, de les brüler , et d’en con- duire les cendres à Nevers ou à Paris pour les vendre. C'est au développement des moyens de transport que l’on doit la bonne conservation actuelle de ces forêts. CHAPITRE VI. DU NETTOIEMENT DES TAILLIS ET DES ÉCLAIRCIFS. - La plupart des espèces d'arbres qui existent dans nos forêts ne sont pas celles qui sont le mieux appro- priées au sol, mais celles qui ont le mieux résisté aux coupes prématurées et au traitement qu'on a fait su- bir à ces forêts. Les espèces qui résistent à ce traite- ment ne sont pas non plus celles qui rendent le plus de prolit; le charme, par exemple, sert à remplir les lacunes; de grands espaces seraient vides s’il n’y était propagé; plus les taillis sont conpés jeunes, plus les espèces sont nombreuses. Toutes les méthodes tendent à faire dégénérer les forêts si des travaux assidus ne les rétablissent. Les neuf dixièmes des forêts de la France sont ex- ploités aujourd'hui en taillis avee des réserves de ba- liveaux; mais les bois blancs, les épines, qui n'ont qu'une courte durée, s'accommodent beaucoup mieux d’une courte période que le chène et le hêtre, qui sont destinés à parcourir une longue carrière ; aussi ces grandes espèces disparaitraient-elles si elles n'étaient maintenues par des moyens artificiels. L'enlèvement du bois mort et des brins dépérissants est toléré dans beaucoup de lieux, sous la condition, toutefois, de respecter les bonnes espèces. Le pâturage fait aussi périr les rejetons de ces sous-bois qui sont à la portée de la dent des bestiaux; e’est par ces moyens-là seule- ment que les bonnes espèces ont pu se maintenir dans les forêts ; mais, si l'on renonce à ces méthodes irré- guliéres de nettoiement, il faut nécessairement faire extirper toutes ces plantes envahissantes, épinés, ar- pes A essences inférieures, etc. Un taillis de cinq ans est composé d'un nombre in- fini de brins dont un dixième tout au plus parvien- dra à l’âge de vingt-cinq ans. L’art du forestier doit avoir pour 6bjet de faire tourner exclusivement aù profit de ceux-ci toutes les forces de la végétation. Pour y parvenir, il faut les débarrasser de tout ce qui peut nuire à leur croissance. Ainsi l’on coupera, 1° les épines, les ronces, les viornes, les senêts et les bruyères ; 2° les brins trai- nants, branchus, viciés, qui croissent sur les mêmes souches que les brins bien venants; 3 le coudrier, lé nerprun, là bourdaine et autres arbrisseaux sem- blables, qui n’ont qu’une courte existence. * On aura l'attention de laïsser d'autant plus de brins sur chaque souche qu'elle sera plus grosse et plus vigoureuse; les brins qui tiennent à la terre par leurs racines doivent ètre ménagés plus que les autres. Quant au jéune plant de semis, on peut receper près du sol celui qui est languissant ou rabougri; on éclaireira à l’entour les brins de souche, pour donner de l’espace au plant; l’un des avantages du nettoie ment est de favoriser la croissance du semis na- turél: Le chêne a besoin surtout de l'air et de la lumière, Cette opération exige beauconp de prudence; il faut avoir l'attention de ne pas trop enlever de bois ; éar, si les brins restants étaient trop éloignés l’un de l'autre, 1ls élargiraient leur tête au lieu de s’élever : il vaut niieux laisser subsister des arbustes ou des brins défectueux que d’avoir de grands intervalles 252 vides, à moins qu'on ne les cultive, en y semant de bonnes essences. Les nettoiements sont, depuis un temps immémo- rial, en usage dans quelques localités pour les bois des particuliers; et s'ils ne sont pas pratiqués partout, c'est que dans beaucoup de contrées on coupe les taillis trop jeunes, et que, par conséquent , les éclair- cies profiteraient peu; c’est que l'on n’a pas su éviter les inconvénients que les nettoiements peuvent pré- senter et que nous allons examiner. Le plus grave de tous est que le pied des brins que l’on a coupés pousse des rejets si l'opération n’est pas bien exécutée. On prétend que ces rejets épuisent les brins restants, autant qu'auraient pu le faire ceux que l’on a enlevés dans le nettoiement; mais, ce dernier effet füt-il réel, la destruction des épines et des buis- sons n'en serait pas moins accomplie, et par consé- quent le taillis en profiterait mieux. Il y a plusieurs moyens de détruire les productions qui affaiblissent les brins restants. Le premier est de ménager assez d’ombrage pour étouffer ces rejets pa- rasites, et de conserver, dans cette vue, des brins que l’on pourra couper à l’époque d’un second nettoie ment, ou qui seront exploités avec le taillis. Le se- cond est de faire pâturer le bétail dans les parties qui viennent d’être éclaircies; mais, pour ménager le semis, ce paturage doit cesser quelque temps avant l'exploitation définitive du taillis. L'expérience apprend que, dans les bois qui ont été éclaireis avec adresse et prévoyance, le défaut dont nous venons de parler n'existe pas. On reproche encore à cette méthode que, lorsqu'on exploite définitivement le taillis, les acheteurs ne trou- vent pas autant de fagots et de menues branches que la coupe leur en aurait fourni si elle n'avait pas été éclaircie. Cette objection ne mérite pas qu'on s’y ar- rête. Il suffit de remarquer que, dans la coupe défini- tive d’un taillis qui a été nettoyé, on trouve un stère de gros bois de plus pour trois fagots que l'on a de moins ; que le stère vaut fr., et que les fagots au- raient valu 10 sous. Le nettoiement n'est désavantageux que lorsqu'il est très-mal exécuté et à grands frais; c’est ce qui arrive lorsque l'opération n’est pas bien surveillée. Nous allons donner ici quelques règles fondées sur l'expérience pour en assurer la bonne exécution : 4°le parde ou le chef des élagueurs fera, tousles jours, deux ou trois visites à des heures différentes près des ouvriers, pour juger de leur travail. 2° Il empéchera qu’ils n’emportent aucun bois, sec ou vert, sous quel- que prétexte et en si petite quantité que ce soit. 3° Les ouvriers devront être pourvus de bons instru- ments, et ils couperont proprement sur le tronc les rejets trainants. 4° Le garde fera compter les fagots, pour que l’on puisse reconnaître si des maraudeurs n’en dérobent pas quelques-uns. 5° I tiendra une note exacte du travail de chaque ouvrier. 6° Il veillera particulièrement sur l’extirpation des épines. 7° Les brins restants, destinés à former le massif de taillis, ne seront élagués que dans la partie inférieure de leur tige; car il est indispensable que le sol reste couvert par les branches supérieures des arbres et des brins taillis et qu’il soit aéré au-dessous; on remplit ainsi un double objet, celui de prévenir l'évaporation de l’hu- midité qui nourrit les plantes, et celui de favoriser la 25/4 venue du semis naturel qui doit remplacer les sou- ches à mesure qu’elles périssent. L'usage est de payer les ouvriers à raison de là quantité de bois qu'ils ont coupée ; on leur donne or- dinairement 20 fr. par mille de fagots. On pourrait aussi fixer leur salaire par arpent de bois qu’ils au- raient nettoyé. Mais la meilleure maniére est de pren- dre des ouvriers à la journée pour couper, sous la surveillance d'un homme intelligent, tous, les brins inutiles ou nuisibles, et de faire faire les fagots & tant le mille, en séparant les brins propres à faire des cercles, des échalas, ou à tout autre service. Le produit net des éclaircies pratiquées dans un taillis de six à sept ans varie de 20 à 60 fr. par hec- tare, suivant que l’on en retire des échalas, des fa- gots, ou que l’on se sert des menues branches pour fabriquer de la chaux ou de la tuile, ou pour des usages analogues, ou enfin pour le chauffage (1). J’ai reconnu que, dans les années qui suivent le net- toiement, l'épaisseur des couches ligneuses, qui mar- quent la croissance annuclle des brins restants, augmente dans une forte proportion , et qu’un taillis de 2/4 ans, qui avait été nettové quinze ans avant l'exploitation définitive, a produit cent quatre-vingt- (1) Le principal obstacle à l'adoption générale du mode de nettoiement des taillis consiste dans la difliculté d'employer utilement les menus bois qui en proviennent ; mais, dans tous les lieux où l’on pourra fabriquer de la chaux, le bois qui est propre à cette fabrication acquerra de la valeur lorsque les cultivateurs français sauront retirer de cette substance les mêmes avantages qu'on en retire en Angleterre, où elle forme l'engrais principal des terres. 2559 dix stères par hectare, tandis qu'un taillis semblable, qui n'avait pas été éclairei, n'en a produit que cent quarante-huit. Les opinions des auteurs forestiers sont unanimes sur l’utilité des éclaircies, M, de Perthuis assure que la différence du produit en argent d’une futaie éclair- cie à celui d’une futaie non éclaircie est d'environ six septièmes en faveur du premier. Duhamel a fondé sa méthode de culture forestière sur le principe de l’utilité des éclaircies. En Allemasne, des forêts dont les arbres avaient été rabougris par les gelées ont été restaurées par les éla- gages des gardes. Autrefois, en Angleterre, la seule précaution qu’on prit pour les Jeunes plants était de les défendre des bestiaux ; mais, depuis quelque temps, on éclaircit les bois en coupant les broussailles et les plants tor- tus. Gette opération ne se fait guère que lorsque les brins que l’on Ôôte peuvent être de quelque utilité, Les nettoiements se renouvellent tous les dix ans. On a reconnu que, dans ies bois traités de cette manière, les arbres acquièrent en peu de temps de belles di- mensions. Ils aiment un courant d’air libre, qui cir- cule à travers leurs branches. Un seul nettoiement suffit ordinairement dans les forêts qui s’exploitent en taillis. Le nettoiement des jeunes sapins n'est pas pratiqué dans les forêts de Vosges, ni dans celles du Jura. C’est un préjugé généralement répandu dans ces contrées, que plus les sapins viennent serrés, plus ils croissent vigoureusement ; cependant il est évident, au premier aspect, que ces arbres, groupés à deux ou trois pieds lun de l’autre, se gènent mutuellement. Le véritable 256 motif qui fait négliger les éclaircies, c’est que l’extrac- tion des jeunes sapins serait dispendieuse et peu pro- ductive. Il est jusie, cependant, d'observer que des bois chargés, tous les ans, de neiges abondantes de- mandent à être tenus dans un état serré. CHAPITRE VII DE L'ÉLAGAGE DANS LES FORÊTS. Les auteurs forestiers étaient autrefois divisés d’o- pinion sur l'utilité de l’élagage pour les grands ar- bres. Ils avaient remarqué que ceux qui viennent dans les haies et sur le bord des routes, et qui sont élagués, n’ont presque jamais de belles tiges, et qu'ils sont gâtés par des plaies et des bourrelets; que les branches coupées sont remplacées par une foule de rejetons qui épuisent la séve ; et qu'enfin la taille ra petisse à la longue les dimensions des plantes, comme le témoignent les arbres fruitiers et la vigne. Mais des observations plus approfondies, en mème temps qu'elles développaient la théorie de l’élagage, ont dé- montré les vices de l’ancienne méthode, et fait con- naître les différences qui caractérisent le traitement des arbres fruitiers comparé à celui des arbres fores- tiers. Le but que l’on se propose en cultivant les arbres fruitiers est d’avoir beaucoup de fruits dont on amé- liore la qualité, et dont on augmente la grosseur par les efforts de l’art. Le moven principal est d'arrêter l'essor vertical de la tige et de développer les bran- ches latérales. Au contraire, dans les forêts, on veut supprimer des branches latérales au profit de la tige, et l’art atteint également à ce but. Il ne s’agit que de bien faire, et l’on y est parvenu. Une des premières règles générales est d’ébour- seonner les jeunes tiges, en enlevant avec la main les pousses nuisibles à mesure qu’elles paraissent ; d’ôter les boutons qui sortent à côté de la pousse prin- cipale, et qui lui enlèveraient sa nourriture. La seconde est d’élaguer le plus fréquemment pos- sible, et de couper les branches proprement sur l’é- corce de la tige, sans l’endommager. La troisième est de ne couper que les branches in- férieures, de manière à ne pas dépouiller l'arbre d’une partie de sa tête. Passons à quelques applications. Le premier élagage peut se faire en même temps que le nettoiement du taillis; il suflit de couper les rameaux qui déparent les jeunes tiges. Douze ou quinze ans après, lorsqu'on procède à l'exploitation définitive du taillis, on rue et les jeunes baliveaux et les anciens. La saison où l’ élagage réussit le mieux est celle où commence l'ascension de la séve ; car Ja plaie se ci- catrise, et la séve se dirige vers la cime , où elle est attirée par les feuilles naissantes. Un point essentiel, c’est de ne jamais couper que les branches qui pren- nent une direction verticale et tendent à rivaliser avec le sommet de la tige; car le principal but de l'élagage des arbres à feuilles caduques est de ga- rantir la tige principale de Pinfluence des branches qui tendent à l’épuiser. On peut revenir dans la même coupe tous les trois 47 258 ans, ét parcourir atnsi {oute LA forét à chaque” période. Les arbres résinetix exigett encore plus de Méhaz sements que les autres ; il ‘fut seulement Tes ‘débar- rassér des Branches inférieures dépérissantes, ét lais- ser un chicot au lieu de Couper IÉ branches contre la'tige. "" L'éligage des futaiés sur taillis était pratiqué autré- fois répuliérémént dans unié parue dés foréts des communautés religieuses; ‘cette opération favôrisait le développement dé al üge de chênes, et produisait les plus beaux arbres.” Indépendatnment | dec deriticr avantage, où en obtient un autre d’une grande importance: lé taillis qui reçoit l'influence de l'air et dut soleït dônñe ‘üm produit bien autrerient considérable que le taillis qui én est privé par lombrage dés ärbrés touflus. Ce Hénéfice seul doit suflire pour décider les proprié- taires à faire élaguer leurs baliveaux ; lé seul obstacle consisté dans diMicülté dé bieñ ptit exétuter l'o- péralich!} ‘en ‘Uvitant les déprédations qu'ellé !peut occasionner; mais un peu de vigilance et l'établissé- ment’ d’un HAE révulier de surveillance sufliront pour prévenir les abus. ” ” J'ai vu souvent des futaies élaguces sûr lesquéllés on avait coupé des branches de ‘trois à quatré pieds dé tour; une aussi épouvaäntable mutilation ne pou vait qu'être funeste aux arbres; mais, dans un bois qui sera bien tenu, on ne doit jamais trouver que de “petites branches à élaguer, Les préventions éontre l'élipabe sontnées de la mau- De exécution de ce travail. Cependañt l'exemple e cé qui de fait en Ahbleterre €t en Flandre dé- 259 montre que cette opération est (rès-ulile ; on y voit des arbres acquérir une hauteur prodigieuse sans que leur qualité en soit altérée. Les futaies surtaillis portent souvent un ombrage préjudiciable aux taillis. On en diminue l'influence en coupant les branches inférieures des baliveaux de tous äges, mais il ne faut pas attendre qu’elles soient trop grosses. On les tranche sur l’épiderme de la tige principale d’où elles sortent, ou bien, si l’on juge à propos de laisser un chicot, il faut l'enlever l'an née: suivante; le nœud se recouvre quand lopéra- tion à été bien faite. La règle générale est de couper les branches avant qu'elles aient acquis un pouce de diamètre. L’élagage des chênes, des hêtres et des autres arbres forestiers est pratiqué depuis longtemps dans les grandes forêts de la Belgique. On procède ordi- nairement à cette opération avant le mouvement de la séve. Un auteur anglais pense qu'elle doit se faire en été, lorsque la séve est stationnaire. La pratique apprendra bien vite quels sont Les meilleurs procédés de détail. A ——————) CHAPITRE VIH. DE LA SUCCESSION DES COUPES DE BOIS, L'une des, parties les plus difliciles de l’art fores- tier est celle, qui enseigne à renouveler les espèces sur le même sol à mesure que Fon y fait des coupes, Mais on se trompe. souvent sur les causes de cette difliculé; par exemple, lorsqu'on lauribue à lé- 260 puisement qui aurait lieu par l'effet d’un long séjour d’une même espéce sur le mème sol; car l'expé- rience nous montre des forêts de chène, de hêtre, de sapin, existant depuis bien des siècles dans le même lieu. L'usage apprend qu'il faut arracher toutes les ra- cines des vieux arbres avant d’en planter de nou- veaux, mais cette méthode est impraticable sur les pentes : d’ailleurs c’est un expédient très-coûteux ; il serait plus simple de différer la plantation jusqu’à ce que les vieilles racines fussent pourries, mais alors on perdrait dix à douze ans. Une troisième méthode consiste à ouvrir des trous d’une dimension au moins double de celle qui est nécessaire pour planter des arbres sur un sol ordi- naire. On peut planter, dans les futaies d'arbres résineux, du sous-bois d’essences feuillues douze à quinze ans au moins avant l’époque où l’on doit exploiter ces arbres; aprés l’abatage, on recépe le jeune taillis, et comme ses racines sont déjà bien affermies dans le sol, il forme un taillis dans lequel on réservera plus tard des ba- liveaux. Ces brins maigres et eflilés présentent, avant le recepage ,une chétive apparence ; mais leurs ra- cines poussent de beaux jets que l’on élague et éclair- cit en temps opportun. Lorsque l'accès des plantations de pins sylvestres récemment exploitées est interdit au bétail, on y voit bientôt paraitre une foule de jeunes plants de semis provenant des cônes qui ont répandu leurs graines dansle cours des années antérieures. Ces semis, qui réussissent presque toujours, doivent être soi- oncusement protégés, tant à cause de leur propre 261 valeur qu'à raison de ce qu'ils pourront un jour ser- vir d’abri aux plants d’autres espèces. On complète le repeuplement par des semis artificiels. L'un des moyens les plus efficaces de perpétuer les bonnes essences dans les taillis consiste à faire des nettoiements bien ménagés, de manière que le semis forestier trouve un espace suffisant pour lever et se développer. L’élagage des grands arbres favorise aussi ce moyen de propagation par la voie des semis ; le sol ne tarde pas à se garnir d’une quantité prodigieuse de jeunes plants qui régénérent la forêt. Ce moyen est infaillible. CHAPITRE IX. DE LA MANIÈRE DE CULTIVER LES FORÊÈTS QUI N'ONT PAS ÉTÉ PLANTÉES. Olivier de Serres, après avoir donné des régles très-détaillées pour planter des forêts et des bois taillis, prescrit de les labourer, surtout dans les premières années , La vertu de la culture se mani- festant non-seulement au bois des arbres sauvages, mais à leurs fruits; il recommande de les arroser dans les sécheresses par de petits canaux à ce ap- propriés. Il est encore peu de contrées où l'on ait profité de cet enseignement; mais, dans tous les pays in- dustrieux où la culture des arbres forestiers est en vigueur, la richesse qu'ils procurent va toujours croissant. Pour arriver, sans autre préambule, à ce qu'il yade 262 plus remarquable dans cette culture, nous parlerons d’abord de la Flandre, d’après un excellent mémoire de M. Cordier sur l’agriculture de ce pays. Les jardins et les bâtiments sont entourés d'arbres fruitiers ; les terres sont bordées d’arbres de haute futaie ; le sol est partout également cultivé et boisé. Un arbre forestier de quarante ans vaut 40 fr,; l’éla- gage paye au delà de la rente de la terre, et la récolte est plus abondante que si le sol était nu. L’agriculteur cultive les bois comme les plantes cé- réales; jamais il ne les met en masse ou en forèts, mais il remplace l'arbre qu'il abat par un autre arbre qu'il place toujours à une grande distance de la sou- che du premier, que l’on enléve d’ailleurs avec ses racines , il entoure ses prairies et ses champs de plan- tations dont la croissance est prodigieuse. Un hectare planté en bois de choix, et bien cultivé, rend, au bout de dix ans, quelquefois 5000 fr., et au moins 3000 fr. Les frais de culture sont couverts par les récoltes des pommes de terre qui sont plan- tées dans l'intervalle des lignes. Un bois taillis bien conservé, et en bon sol, ne ren- drait guére, après dix ans de croissance, que 300 fr, par hectare. Les hautes futaies pleines du département du Nord ne produisent que des arbres de mauvaise qua- lité, roulés, noués, viciés, et qui pourrissent rapide- dement; tandis que, sur des terrains semblables, les bois de même essence, plantés sur le bord des champs, . sont excellents pour la charpente et pour tous les em- plois utiles auxquels on les destine. Le cultivateur ouvre des tranchées ou fôssés pour arrèter l'extension des racines, qui, moyennant cette 263 précaution, n'endommagent point les cultures. Ces belles plantations procurent tous sortes d'avantages. La gelée perd son intensité à une grande br 48 desarbres ; les habitants n’emploient point leur temps en pra pour Je transport des bois qui leur sont nécessaires. Cet état de la culture des arbres en Flandre était déjà connu dans sa sénéralité ; mais M. Cordier l’a constaté avec soin pour enseigner comment on doit cultiver les bois. Nous allons présenter quelques obseryations du même genre que nous avons faites dans le pays de Caux, qui, par sa richesse agricole, rivalise avec la Flandre. … Gette belle partie de la Normandie offre partout des plantations grandes et petites, qui sont placées sur des berges d'une dizaine de pieds de largeur, situées entre les fossés limitrophes des propriétés; un sentier passe ordinairement entre les deux rangs. d'arbres pour servir de communication d’une maison à l’au- tre, et. d’une ferme à une ferme voisine; ainsi, point de perte de terrain ; une autre partie des plantations sont: disposées en quinconce; d’autres forment de longues avenues ; d’autres bordent les chemins vici- naux. : On. plante des hètres pris dans les pépiniéres, lorsqu'ils ont acquis environ quatre pouces de tour. ls.,s’élèvent, très-haut et forment des tiges très- droites: Le frène et l’orme réussissent aussi. très- bien. L'orme est considéré dans ce pays comme le meilleur bois pour le chauffage. Unegrande partie des bois taillis, surtout ceux des communes ;, paraissent être dans un état de dégé- aération ancienne el complète. La bruyère a presque 26 tout envahi, et l’on ne voit plus que des bouleaux et quelques arbres épars. Le terrain employé aux plantations est réservé en même temps au pâturage ; il rapporte, pour ce der- nier usage, presque autant que s'il était cultivé; le succés des plantations est toujours assuré , et par la fécondité naturelle de la terre, et par l’habileté et les soins des planteurs, qui possèdent déja une longue tradition de pratiques économiques. Les plantations forment une partie importante de la valeur de chaque domaine. Elles rapportent trois et quatre fois plus que des forèts d’une égale étendue qui seraient en bon état. On cuitive dans le département de la Gironde les taillis destinés à fabriquer des cercles pour les fu- tailles. La croissance en est très-rapide, et 1ls sont exploitables révulièrement à l’äge de cinq ans. C'est à la culture que la France doit les bois de chènes-liése qu'elle posséde. On écorce ces arbres dès l’âge de vingt ans ; mais ils ne donnent un plein pro- duit qu'à trente ans. Les cultivateurs anglais ont reconnu que la culture a un effet extrêmement marqué sur l'accroissement des arbres; ils font plus que de cultiver les planta- tions ; ils mettent de l'amendement, notamment de la marne, dans les terrains plantés. L'entrelacement des bois et des terres en culture caractérise le paysage anglais. Un observateur a remarqué qu'en France, en Italie, en Espagne , et dans la plupart des autres États de l'Europe , la culture et les forêts ont leurs bornes marquées, mais qu'en Angleterre la cou- tume de séparer les possessions par des haies , et de planter des palissades d'arbres, est si générale, que, 265 presque partout où il y a des terres cultivées, il y a aussi des bois, et qu’une grande quantité de chênes bordent les champs. C’est en dire assez sur l’utilité de la culture pour les arbres. Tout le monde est à portée de comparer les dimensions d’un arbre venu au milieu d’un bois avec les dimensions analogues d’un arbre qui a crû dans un espace libre. Nous ne présenterons qa’un seul exemple de ce genre. Un pin-weymouth , âgé de vingt-un à vingt-deux ans, planté dans un parc à Arpilly (Côte-d'Or), avait quarante-un pieds de hauteur ; la tige, propre au service sur une longueur de vingt-quatre pieds, avait un volume de six pieds et demi cubes en grume; il restait une flèche de dix-sept pieds de longueur avec toutes ses branches. Un brin de même espèce, qui croit dans un massif àgé de vingt-deux ans, situé dans un bon sol , a en- viron un pied de tour et une tige de vingt-quatre pieds de longueur ; sa solidité est, par conséquent, de sept huitièmes de pied cube en grume, ce qui ne fait que la huitième partie du volume de la tige de l'arbre qui croit en liberté. Comme nous nous occupons spécialement, dans ce chapitre, de la culture des forêts, nous allons faire, à ce sujet, quelques observations. I. Supposons un massif de haute futaie que l’on veut exploiter prochainement. On fait enlever au râteau la feuille et les mousses , on les met en petits tas et on les brûle ; mais, si la 266 bruyère et les herbes dominent ; il faut les arracher et les brûler en petits fourneaux; ce travail est peu dispendieux. Guyot, dans son Manuel forestier, dit qu'il est:avantageux de le faire dans l’une des trois années qui précèdent l'exploitation, pour que les arbres aient le temps de verser leurs semences: sur le terrain ; les abatis, qui durent plusieurs années, éclaircissant successivement la coupe, permettent au semis de se développer. IL. Un bois rempli de bruvères exige une réparation complète ; il faut y mettre le feu dans un temps sec, avant l'exploitation du taillis ou de la fntaie ; après avoir pris les précautions convenables pour que lin- cendie ne dépasse pas les limites qu'on veut lui assi- gner. Ces précautions consistent à enlever les feuilles et les herbes sur une ceinture assez large ; entre le terrain que l’on veut imcendier et celui que l'on vent préserver des flammes. TL. Supposons actuellement une coupe:de bois taillis qui vient d’être exploitée et qui est dans un état or- dinaire. | La culture consistera à enlever les herbes à la pioche , à extirper les épines et les broussailles , à remuer le sol autour des jeunes plants. Ce travail aura une double utilité, celle d’ameu- blir un terrain durci.et de lui rendre sa fertilité pre- miére, en le souméèttant à l’action des météores ; celle de détruire les épines et lesmauvaises espèces d'arbres où d’arbrisseaux ; ce dernier objet ; il est vrai ; n'est 267 pas toujours afteint: immédiatement ; les épines re poussent des drapeons, mais on les coupe lorsque le taillis à atteint sept ou huit ans , et ces plantes nui- sibles sont entièrement détruites. Ce dernier mode est applicable à la généralité des bois. On peut facilement amener un taillis à n'être com- posé que des meilleures espèces d’arbres ; il suffit, pour y parvenir, d'en favoriser les semis naturels, et, à mesure que ceux-ci se propagent, d’arracher les plants de mauvaise espèce, C’est une partie essentielle de l’art du forestier ; c’est ce que les Allemands en- tendent à merveille. Un terrain leur parait-il plus propre à une essence de bois qu’à une autre, ils font d’abord prospérer le semis, et presque en même temps ils travaillent à la destruction des essences qu'ils ont condamnées ; bientôt celles qu'ils ont ad- mises régnent seules dans la forêt ; une simple ligne les sépare ; nulle confusion n’est désormais à craindre. La culture fait pour les arbres ce qu’elle fait pour les céréales ; les plantes de prédilection profitent seules des sucs nourriciers, et les autres , repoussées par les efforts de l’industrie , disparaissent ; le produit des premières est incomparablement plus considérable que celui des secondes. Soit un taillis composé de chêne , de charme , de tilleul et de tremble, qui s’exploite périodiquement à vingt-cinq ans, et qui vaut 900 fr. hectare. Supposons me le tilleul et le charme soient rem- placés par le, chêne et le tremble , en sorte que ces deux dernitres espèces subsistent seules dans:la forût ; supposons encore qu'il y ait trois brins sur chaque souche de chêne, terme moyen ; les brins de tremble 268 croissent un à un, mais ils ont peu de branches, et viennent très-serrés ; le nombre total des brins des deux espèces sera d'environ neuf mille par hectare ; comme ils seront droits et bien venants, ils vaudront environ 50 centimes chacun : la valeur totale de l’hectare serait donc de 4,500 francs , si tout ce bois pouvait se débiter pour la charpente ou pour des usages semblables. On objectera avec raison que l'on n'a pas besoin d’une si grande quantité de bois de service ; cela est vrai; mais il faut considérer qu'un stère de gros bois de chauffage vaut moitié plus qu'un stère composé de petits brins, quoique le volume total soit le même (sauf la différence des vides). L'avantage d’avoir de‘beaux bois de service ou de chauffage est donc bien important pour les propriétaires et pour les consommateurs. Si l’on avait à traiter une forèt composée de frênes et d’ormes, de coudres (1) et d'épines, on favori- serait les semis naturels des deux premières espèces, et l’on détruirait les dernières. C’est ainsi que l'on se prépare de riches produits. Tout le monde sait que les ormes et les frènes se vendent ordinairement fort cher , et que leur bois, précieux pour le charron- nage , n'est pas encore employé généralement ‘pour la confection des voitures rurales , par l'unique motif que les plantations de ces arbres ne sont pas assez ® multipliées pour les besoins de l’agriculture. (1) On doit conserver le coudrier dans les contrées où son bois sert à faire des cercles de tonneau. On le cultive en grand dans le comté de Kent, et ses fruits se vendent dans toute l’An- gleterre ; le sol où il croît est laboure ; on détruit les bourgeons qui sortent du collet, de manière que cet arbrisseau n'ait qu'une seule tige et qu’il acquière de belles dimensions. 269 Voici quelques détails sur les frais de la cul- ture des forêts : un labour à la pioche , dans une coupe qui vient d'être exploitée, coûtera, y compris l’écobuage , 50 francs par hectare ; une forêt de cinq cents hectares, aménagée à vingt- cinq ans , donne une coupe annuelle de vingt hec- tares , que l'on peut évaluer 20,000 francs , en y comprenant les anciens baliveaux que l’on coupe avec le taillis. La dépense annuelle est de 1,000 francs, ou du vingtième du revenu ; mais elle est déjà com- pensée en partie par les mauvaises souches que l’on fait arracher ; le reste des frais est couvert avec un assez grand profit, si l’on sème des grains ou des plantes oléagimeuses dans la coupe ; enfin , comme la culture a pour objet d'accélérer de beaucoup la croissance du recru , elle prépare pour l’avenir une augmentation considérable de revenu; et, dussent les frais être plus élevés que nous ne le pensons, cette dépense serait toujours très-faible en comparaison du bénéfice dont elle est la cause immédiate. Un bon cultivateur ne laisse ni ronces, ni épines, ni herbes sauvages dans ses champs. Pourquoi de pa- reils soins ne s’étendent-ils pas sur les bois? La diffé- rence n'est-elle pas bien grande entre un arpent de chènes et un arpent d’épines ? Il est vrai que l’on trouve rarement des espaces de terrains considérables qui soient entièrement couverts d’arbrisseaux nui- sibles, mais la perte est toujours proportionnée à la portion d'espace qu'ils occupent. C’est un motif suffi- sant pour engager un propriétaire à ne pas épargner les frais d’un travail dont le succés est assuré, et qui doit doubler les revenus. L'importance du sujet exige quelques développements. 270 Tout observateur pourra xeconnaitre que dans les forèts bien tenues, suivant l'ancien usage qui tolérait le paturage et l'enlèvement] des épines et du bois mort, lesessences inférieures disparaissaient; le bétail détrüisait les broussailles et-les ronces ;. lé bois blane ne tardait pas à étre dominé par le chène , ou: par d'autres espèces de grands arbres qui, dégagés des buissons, croissaient avec force ; le semis n'était pas étouflé ; mais depuis la suppression, presque géné rale du pâturage dans les taïllis, depuis là prohibition plus générale encore de l’enlévement du bois mort et des-brins trainants, les taillis forment des massifs impénétrables , dans lesquels les espèces inférieures, comme le charme et:les arbrisseaux, qui poussent la téralement, oppriment les plants de chéne ‘et usur- pent leur place. L’eflet de ce. changement est tel, qu'un tailhis où le pâturage et l'enlèvement du bois mort sont absolument défendus, ne vaut. guère que moitié d’un autre taiilis où ces usages s’exercent dans de justes. bornes. Mais la culture et les nettoiements donnent des résultats incomparablement plus avan- tageux. : Les propriétaires soigneux arrèteront cette dégéné- ration en détruusant les mauvais plants et en faisant ‘pulluler les bons. Il -est facile de juger des espèces qu'il faut conserver; ce sont celles qui, dans un temps donné, acquiérent le plus de volume, ou dont le bois à la plus grande valeur intrinsèque, celles qui sont Je imieux appropriées au sol etaux besoins locaux. Le chêne et le mélèze seront mis au premier rang (si lesol de permet pour ce dernier arbre ). En ménageant les bonnes essences d'après les principes de l'art, en favorisant les semis, on ne doit-pas craindre. d'arra- 271 cher des mauvaises: essences : leur place séra remplie iimédiatement; et l’on trouvera mêmerà côté: de leurs souches plusieurs plants qui se disputeront Ja possession du sol, Livrez donc aux grands arbres tout le terraï® qu'ils peuvent occuper; chaque espèce a une telle tendance à se multiplier ;; qu'il suflit, pour propager celle que. l'on: préfères: de détruire -cebes quiaceupent le sol;;ce ne sont pas lés semences qui manquent au terram, c’est le terrain qui manqie “aux-planies: Pour détruire des -axbustes nuisibles, alfautranettre à'leur place des plantes-utiles. Par exemple, pour faire disparaitre la bruyèrejnil faut planter des arbres verts. Un propriétaire qui emploierait à cultiver ses bois la vingtième partie du revenu quil en retire placerait ainsi son argent à douze ou quinze pour cent par an. IL ferait.d’abord imstruire des ouvriers, sur les net- toiements, les labours et les semis. En peu de temps ils auront acquis les connaissances indispensables, et ils sauront mème perfectionner les procédés qu’on leur aura enseiénés. Ge sont des familles: que le pro- “pridtaire S’attachera ‘en ‘leur donnant des moyens d'existence. Lie métier de forestier planteur, eultiva- teur, élasueur , ressemblera à celui de jardinier, de visneron, ou à celui de büchéron, suivant le degré d'instruction des individusqui l’exerccront; on pourra les employer aux soins deschamps, des’ vignes ec des jardins, Lt pus les pute pi 04 pres leur présentes!) 91701 de ue) Lé propriétaire de la forêt, ou ses agents ÿ dose :fdient üie instruction fondée sur les: prinéipés d’une ”’Hôrine culture et appropriée aux localités pour guider és planteurs dans l'ouvrage qui leur sérait condié. 272 Le mode que nous proposons ne détruit pas, il ne fait qu'améliorer ; on peut l'introduire dans toutes les forêts, en observant que , dans les parties de bois qui sont situées sur des coteaux rapides , il ne faut pas labourer, mais seulement gratter quelques parties du sol pour avoir du semis naturel. Les arbres et les arbrisseaux agréables par leur forme réclament une exception au principe qui exige la destruction de tous les plants peu productifs. IL faut aussi laisser subsister intactes les lisières placées aux limites des bois , pour les défendre contre les vents. CE CHAPITRE X. DES PARCS OU JARDINS PLANTÉS D'ARBRES. On a longtemps diseuté sur le mérite comparé des distributions symétriques et des divisions fondées sur la convenance et l'utilité. Le genre des jardins symé- triques a été admiré et ensuite jugé digne de pitié. Cependant les plantations régulières sont toujours belles lorsqu'elles sont bien soignées ; mais ce qui est partout et toujours rebutant , c’est la malpropreté, la négligence , le désordre. Les jardins se ressemble- ront rarement si les espèces d'arbres sont bien ap- propriées au sol. Les longues avenues de beaux arbres seront toujours imposantes, n'importe qu'elles soient courbes ou droites. Elles sont certainement plus dignes d'admiration que ces plantations faites, au hasard , d'arbres qui n'ont pas le moindre rapport ni entre eux, ni avec le sol ; que ces massifs disposés de ma- 213 miére à laisser les habitations exposées aux perni- cieuses influences des vents du nord et de l'ouest, tandis qu’ils leur dérobent les expositions salutaires de l’est et du sud. En général , le principal soin pour former un pare est de bien choisir, planter et entretenir les arbres, de les émonder et de les cultiver. La dénomination de jardins naturels à égaré la plupart des planteurs ; car , si l'on veut exclure les travaux de l’homme, il est certain que les plus beaux jardins seraient les forêts natives de l'Amérique ; mais le sol n’est qu’un vaste marécage où pullulent les insectes et les reptiles. Il faut, au contraire, que le travail de l’homme se fasse apercevoir, que le sol soit nettoyé , que les arbres soient débarrassés de leurs branches sèches , que la culture donne de la force à la végétation. IL faut que les parcs soient cultivés avec art, non avec cet art qui rapetisse les formes, mais avec celui qui agrandit tout ce qu'il touche. L'art fait presque tout; car, sans la culture, le chardon croitrait dans les pares et les ruisseaux se- raient bordés de marécages. On renouvellera donc les sazons, on enlévera les mousses, on retranchera les branches sèches et même les branches basses des arbres. On évitera lincon- vénient trop commun d’entasser les arbres au point qu’ils s’affament réciproquement et qu'ils deviennent hideux par leur rachitisme. Plus le local est petit, plus il faut mettre de soin dans le choix des arbres, plus la culture doit en être minutieuse. Des engrais mélangés avec le sol et en- fouis, pendant l'hiver, activeront la croissance des arbres. Comparez un acacia de trente ans, à écorce 15 214 raboteuse , qui n’a que 10 à 12 pieds de haut et donne à peine un peu d’ombrage, avec un arbre de la même espèce et du même àge, qui, placé dans un sol qui lui convient, présente de hautes dimensions , une écorce unie et légère, une tête à belles proportions, vous croirez à peine que ces deux arbres soient de la même espèce. Si les tiges d’un parc de haute futaie présentent une uniformité peu agréable à la vue, on peut y mettre un peu de variété en plantant des sous-bois. Le sorbier, le bouleau commun ou le bouleau pleu- reur, l'yeuse, l’églantier, le troëne, le coudrier, le framboisier et la ronce, conviennent très-bien pour cet emploi. Le lilas croit aussi très-bien sous l'ombrage des arbres, et n’est pas diflicile sur la qualité du terrain. On le fait venir de marcottes. Il pousse de drageonset tend ainsi à se multiplier. Le lierre est bon pour décorer les rochers, mais il endommage les arbres ; il n’en est pas de même du chévrefeuille, qui leur fait peu de tort. Le houx con- vient aussi très-bien ; mais, comme c'est une plante pivotante, il faut le semer ou le planter très-jeune. Les fruits de ces sous-bois nourrissent les oiseaux, On a imaginé, il y a quelques années, en Angle- terre, de créer un parc presque aussi rapidement que l'on bâtit une maison, et pour parvenir à ce but on arrache de grands et gros arbres que l’on fait trans- porter à grands frais; mais ikest plus simple de hâter la croissance des jeunes arbres par des procédés arti- ficiels : ces movens, d’un succès assuré, ne sont, à raison de la cherté de l'exécution, praticables que sur de petites étendues superficielles. 275 1° On choisit daus la pépinière les plants les plus vigoureux, les mieux conformés, ceux dont l'écorce est d’une couleur claire, unie et sans tache, dont les branches sont saines jusqu’à leur extrémité, dont les racines sont nombreuses et bien pourvues de fibres. 2° On défonce le sol, on y apporte de la terre vé- gétale, on le mélange de sable ou de marne s’il est trop compacte, on y ajoute de l'argile s'il est trop léger, on l’enrichit d'engrais et d’amendements, tels que chaux, terreau, etc. On donne un écoulement aux éaux qui $éjourneraient dans le sol jusqu’à la pro- fondeur où les racines pourront s'étendre. «38 Les engrais devront ètre incorporés et mélangés avec la terre dans toute la profondeur des tranchées destinées à recevoir les arbres. 4° It estabsolument nécessaire que le terrain soit nettoyé de toutes les mauvaises herbes; einq ou six labours à la: houe seront donnés chaque été. Nous ne parlons pas des élagages et des nettoie- ments que l'on pratiquera en temps convenable. RÉRORE SRERnnat latines CHAPITRE XE. DES DÉBOUCHÉS ET DES ROUTES FORESTIÈRES. Les plus beaux arbres vivent et meurent inutile- ment, s'ils ne servent à aucun de nos besoins; et les neuf dixièmes de ceux qui couvrent le globe sont ab- solument perdus, faute de débouchés. Smith dit que, dans l'intérieur de l'Écosse, il est des contrées où l'é- corce est la seule partie des bois qui, vu le manque 276 de grands chemins et de rivières, puisse entrer dans le commerce; que le bois de charpente se détériore et pourrit sur la terre. Depuis que l’auteur du Traité de la richesse des nations a écrit, les choses ont bien changé de face : l'Écosse est percée de routes dans tous les sens ; les arbres ont pris de la valeur , et on en a planté des millions. ; i Des améliorations plus rapprochées de nous ont eu le meilleur succès. Suivant les auteurs des Ænnales forestières, les percées établies depuis quelques années dans les environs de Saint-Gobain ont fait diminuer de plus de moitié les frais de transport, tant aux ports de la rivière d’Aisne qu'aux usines et villes environ- nantes. , Si nous examinons des forêts bien aménagées sui- vant les idées ordinaires , et coupées de routes qui les traversent dans tous les sens, nous verrons que, pen- dant l’été et l'automne, les voitures peuvent y circu- ler assez facilement, mais que, durant les six autres mois, il faut quatre chevaux pour trainer pénible- ment une voiture que dans un chemin commode un seul cheval conduirait aisément. Ge ne-sont que fon- driéres et ornières profondes; partout on reconnait l'absence de l'industrie. On croit avoir beaucoup fait lorsqu'on a ouvert une route de sept à huit mètres de largeur,/bordée de fos- sés; mais les arbres et les taillis adjacents la tiennent à l'ombre, et le sol, une fois pénétré d'eau, ne peut jamais se dessécher complétement. Le meilleur parti à prendre est d’arracher le bois sur une largeur à peu ‘près quadruple de celle de la route. Get espace, de chaque côté du chemin, sera li- vré à la culture des prairiés artificielles, des blés, des 20e pommes de terre, ou d’autres plantes utiles, et il y aura du prof, si ce terrain, cultivé en céréales, donne plus d'argent qu’il n’en produirait s’il était en bois; mais, en produisit-il beaucoup moins, le seul avantage d’assainir la route serait immense. Objectera-t-on que le gibier détruirait les récoltes? Mäis pourquoi ne pas réduire le gibier à une quantité si petite, qu'il ne puisse occasionner de dégât ? Le terrain n'est-il pas propre à la culture des cé- réales, on peut y laisser croitre un taillis que l’on coupe tous les cinq à six ans pour faire des échalas ou des fagots. On peut se rappeler d’avoir lu, dans quelques ou- vrages des hommes les plus éclairés du dernier siècle, que ces grandes routes, qui font l’ornement de la France, qui ont servi de modèles pour toutes les routes de l’Europe, employaient mal à propos un ter- rain précieux perdu pour l’agriculture. Ainsi l’éta- blissement de ces grandes voies publiques, qui ont porté partout l'abondance et la vie, qui ont doublé les produits agricoles et industriels, a trouvé des dé- tracteurs ! Qu'on imagine cependant ce que serait la France, ce que serait l'Europe, si ces routes n'exis- taient pas! Il en sera de même des routes forestières. Mille obstacles empêcheront de les établir; mais partout où une volonté ferme parviendra à surmonter les diffi- cultés, on admirera des travaux dont on n’avait pas plus soupconné l'utilité quel’on ne pressentait, il ÿ a cent ans, les avantages que devaient procurer les grandes routes qui se construisatent alors. On peut, en défrichant la trentième partie de la su- perficie des forêts, se procurer des débouchés com- 278 modes. De larges espaces qui ouvriront un libre cours aux vents contribueront à l'assainissement de la con- trée environnante. Ces routes serviront non-seulement au transport des bois, mais à la circulation de toutes les denrées du pays; on pourra interdire une foule de chemins tortueux que le besoin ou des combinai- sons momentanées avaient tracés dans tous les sens pour l’exploitation des forèts ou pour le trajet d'un village à l’autre. Les forêts ne seront plus ce qu'elles sont au- jourd’hui. Ces masses confuses , informes , mo- notones, peu productives , présenteront un accès facile, des passages commodes, des distributions bien entendues, une agréable variété et une riche production. Quel homme instruit pourrait objecter que l'on per- drait ainsi jusqu'à la trentième partie du sol forestier sans compensation suflisante ? Il serait bientôt con- vaincu, en y réfléchissant, que la production s’accroi- tra bien au delà du dixième par l'effet des améliora- tions, et qu'elles peuvent, dans un grand nombre de localités, doubler le revenu, en diminuant d'autant les frais de transport , en mettant à la portée des con- sommateurs ce qui n’y était pas auparavant. On doit bien se persuader qu'un pays industrieux ne man- que jamais de ce qui lui est nécessaire, et qu'arracher un bois dans une plaine fertile est le meilleur moyen de faire planter un coteau stérile. L'Etat gagne dou- blement à cette opération. IL y a trois espèces de routes dans les bois : routes d'exploitation et de communication entre les villes et villages ou entre la forêt et les lieux de consommation des bois ; routes d'aménagement, qui marquent la sé- 219 paration des coupes ; routes de décoration et de pro- menade. | Les chemins seront droits dans les plaines , parce qu'ils conduisent plus promptement au but et qu'ils cecupent moins de terrain que les routes sinueuses ; mais!, dans les montagnes, les routes de communica- tion et d'exploitation suivront nécessairement les pentes et les sinuosités des vallons ; elles devront être généralement bordées de fossés, soit pour les assainir, soit pour en fixer invariabiement la direction. Les séparations des coupes seront marquées par de petits sentiers tracés en ligne droite et bordés d’une lisière continue de brins de taillis ou d'arbres ré- servés. On objecte contre ce plan que les percées, les éclair- cies dans les forêts, favorisent les délinquants en leur procurant le moyen de se dérober aux regards du garde; mais ces mêmes percées lui donnent de grandes facilités pour apercevoir et surprendre les maraudeurs ; il lui sufit de les reconnaitre pour ver+ baliser contre eux. Le propriétaire qui peut par- courir sa forêt dans tous les sens reconnait aisément les délits que le garde n'aurait pas constatés. L’œil du maitre peut pénétrer dans toutes les directions presque aussi bien que dans un champ découvert, On a rarement pensé à disposer les routes des bois de maniére à en faire des promenades commodes et agréables. On a négligé l’art d'embellir les sites et de profiter des perspectives. Pour mieux expliquer les idées qui vont être ex- posées, 1l faut présenter d’abord quelques observations sur l'impression que Fon éprouve en traversant une 280 belle campagne et en parcourant des lieux moins agréables. Si nous arrivons dans une plaine fangeuse, coupée de chemins mal entretenus, nous n'y marchons qu'avec répugnance; nous aimons en tout ce qui est propre et commode. Si nous voyons des eaux sta- gnantes et sales, nous sommes repoussés autant par leur aspect que par l'odeur qu’elles exhalent ; mais, si elles sont claires et vives, leur transparence, leur mouvement, nous plaisent. Si nous entrons dans une haute futaie de chênes ou de hètres, nous éprouvons du piaisir à contempler ces arbres ; et si nous trou- vons de distance à autre des sapins, des mélèzes, des bouleaux, des châtaigniers, cette diversité a des charmes pour nous. Si des fleurs tapissent le sol, si les bois sont peuplés d'oiseaux, le paysage est encore embeili. Nous aimons à gravir les rochers élevés, les mon- tagnes du sommet desquelles on découvre des villes, des habitations champêtres, des riviéres et des lacs. On serait bien maladroit si l’on négligeait de tracer des routes ou des sentiers pour arriver aux plus beaux points de vue à travers la forêt. Les bois qui offriront des communications faciles et bien entretenues, de beaux ombrages, une verdure variée, plairont à tout le monde. Le reste n'est pas essentiel. Que les allées soient droites ou courbes, que les ruisseaux serpentent où se rapprochent de la ligne droite, n'importe, pourvu qu'il y ait eu un motif suflisant de les tracer comme on l’a fait. Toutes les beautés factices qui sont du domaine de la mode ou, du caprice doivent être bannies de la grande 281 distribution d’une forêt, qui ne doit rien présenter de mesquin. Il y a un genre de jardin ou de parc différent pour chaque période de la civilisation. Les beautés de la nature n’ont que des attraits passagers et presque insensibles pour les hommes qui ne songent qu'à pourvoir à leur subsistance, et qui sont dépourvus d'instruction ; le plus petit effort de l’art les frappe bien davantage. Ainsi le peuple admire les jardins où tout est compassé, aligné, symétrisé; il s'extasie devant des arbres taillés en diverses formes grotes- ques; il médite sur la puissance du génie de l’artiste qui à créé ces statues, ces jets d’eau, ces vertes pa- lissades ; il ne voit pas que ce sont des efforts de l’art mal empioyés. Il a précisément les mêmes idées qu'a- vaient là-dessus, un siècle et demi avant lui, les beaux génies dont nous admirons aujourd hui les ouvrages littéraires ou scientifiques. C’est ce que tout le monde éprouve encore dans ces contrées de l’Inde qui offrent des paysages si variés, des bois si majes- tueux. Après avoir marché dans ces forêts sauvages et sans bornes, on n'entre jamais dans un jardin sans être vivement et agréablement affecté. L'industrie humaine, dit un voyaseur, est si rare dans cette ré- giou, que ses plus faibles efforts font un plaisir inex- primable. Les beaux pares francais attestent, sans doute, une très-haute civilisation à l’époque où on les planta, et l'on ne peut que regretter ceux qui sont détruits, comme on regrette un monument que lon voit abattre. La distribution des forêts doit être peu dispen- dieuse; àl suflit qu'elle soit simple et gracieuse. On 282 plantera quelques bosquets d'arbres étrangers; on profitera de tout ce que le site peut offrir d’agréable; on ornera à peu de frais les bâtiments des gardes et des bûcherons ; les clairières seront cultivées en eé- réales ou en herbages, ce qui rompra l’uniformité des massifs forestiers. Les fontaines, les grottes, seront ornées de quelques groupes de grands arbres ; des arbustes sur le bord des ruisseaux, des cabanes pour se mettre à l’abri de la pluie, de petits jardins à l'en tour des maisons des bücherons, tels sont les embel lissements secondaires dont les bois sont susceptibles; mais ce qui constitue la véritable beauté d’une forêt, c'est la visueur des arbres, c’est un sol nettové de ronces, d’épines, de branches rampantes et de plantes inutiles ; c'est le choix des espèces ; c’est le soin avec lequel les grands arbres sont élagués, dirigés ; ce sont des exploitations qui opèrent une régénération per- pétuelle; ce sont des routes constamment entre- tenues. CHAPITRE XII. DES CANAUX, DES RUISSEAUX ET DES COURS D'EAU DANS LES FORÈTS. Nous distinguerons plusieurs espèces de canaux : ceux de desséchement, ceux d'irrigation, et ceux de transport. 4° CANAUX DE DESSÉCHEMENT. Les canaux de cette classe sont creusés dans la vue 233 de rendre à la production des marais stériles, où de préserver de la gelée des terrains refroïdis par le sé- jour des eaux stagnantes. Plus un taillis est jeune, plus il est exposé aux funestes effets des gelées prin- tanières;. 11 semble que le contraire devrait arr iver, puisque le froid a plus d'intensité à dix pieds qu'à un pied au-dessus du sol; mais il faut considérer l’expo= sition et la délicatesse des bourgeons. Il est certain que la gelée leur fait pius de tort à un pied qu’à deux pieds de hauteur, en sorte qu'il faut une gelée bien violente pour gâter les bourgeons qui sont éloignés de terre de plus de quatre pieds. C’est une erreur de croire que les baliveaux occa- sionnent toujours la gelée dans les taillis. Voici ce que l'expérience apprend là-dessus. Si vous laissez un trés-grand nombre de baliveaux qui se touchent, ou qui soient peu éloignés les uns des autres, de manière à former une espèce de massif, le recru est à l'abri de la gelée et de ces vents desséchants qui arrêtent la végétation, et dont l’haleine est souvent mortelle pour les jeunes plants. Si les baliveaux sont clair- semés, ils abriteront mal les rejetons qui les environ- nent. Les jeunes pousses sont fort exposées si elles se trouvent au grand air ou dans jes courants d’air res- serrés par ces vallons étroits que l'on nomme combes dans le midi de la France, On peut encore remarquer qu'il ne gèle point dans un taillis lorsque le thermomètre n’est qu’à deux ou trois degrés au-dessous de zéro dans la plaine envi- ronnante ; il ne gèle point sous des groupes de grands arbres toutes les fois que le thermomètre ne descend qu'à un degré ou deux au-dessous de la glace. L'herbe qui croit sous ces arbres conserve toute sa verdure 284 après une gelée blanche, tandis que celle qui n’a pas un semblable abri en est fortement atteinte. Les belles expériences que M. Arago a consignées dans l'Annuaire des longitudes expliquent ces phéno- mènes; elles font voir que les plantes au-dessus des- quelles il existe un corps qui les garantit du rayonne- ment échappent ordinairement à la gelée. C’est ainsi que la tête des baliveaux met à l’abri les jeunes plan- tes qu’elle couvre. Lorsqu'il se trouve dans une forêt quelques par- ties de terrain exposées aux gelées, on doit les exploi- ter par la méthode du furetage, ou les planter en arbres résineux. Nous allons indiquer un moyen facile de dessécher une forêt, lorsque des fossés ordinaires suffisent. II est inutile dese livrer à des opérations de nivellement, toujours difficiles à pratiquer dans des taillis; mais, après une grande pluie, on peut envoyer un garde ou un ouvrier intelligent pour observer le cours des ruisseaux qui traversent les endroits marécageux ; il plante des jalons tout le long de ces petits courants qui conduisent aux courants principaux ; et, lorsque la sécheresse est arrivée, on fait creuser des fossés plus ou moins larges dans les directions qui sont mar- quées par ces jalons, et en dressant les lignes autant que possible; c’est le meilleur système de dessé-= chement qu'il soit possible de tracer, et l’on peut se dispenser de donner beaucoup de largeur aux fossés. On est quelquefois obligé de creuser profondément pour ne pas faire de trop longs détours. Ces fossés portent rapidement dans les ruisseaux et les rivières des eaux qui, avant qu'ils ne fussent ouverts, n'y ar- rivaient que par une lente infiltration. 289 Nous devons faire observer qu'un desséchement subit nuit aux forêts, surtout lorsqu'elles sont peu- plées d’aunes, de marseaux ou d’autres arbres sem- blables; on voit souvent périr ces arbres dans les forêts que l’on a desséchées. 20 CANAUX D'IRRIGATION. Les arbres, et les plantes en général, redoutent les eaux stagnantes. Presque toutes aiment les eaux cou- rantes. Les chènes, comme les frênes et les ormes, croissent rapidement sur le bord des ruisseaux. Ainsi, lorsqu'on peut, par le moyen de quelques écluses, arroser un bois, comme on arrose une prairie, cette irrigation produit le plus grand bien; elle permet de multiplier les précieuses espèces que nous venons de nommer, et beaucoup d’autres qui ne sont guère moins utiles. On-élève un barrage à travers les courants, et l’on conduit, les eaux par des aqueducs et des rigoles dans tous les endroits trop secs. gi . Loue CANAUX DE TRANSPORT. En Allemagne, on emploie des moyens fort ingé- mieux pour transporter les bois. Dans le pays de Saltz- bourg, on.amasse les produits d’une forêt entière dans des bassins situés au-dessus des écluses que l’on a élevées pour arrêter le cours des ruisseaux et des torrents, qui forment des cascades de deux ou trois cents pieds de hauteur. Lorsqu'on ouvre les écluses, ces amas de bois se précipitent avec les torrents, et se retrouvent à de grandes distances. En Bavière, on pratique dans les montagnes des 286 canaux composés d’une pièce ou de plusieurs piéces de bois, dans lesquels on conduit les eaux pour éharrier les taiblis. Le bois abonde dans quelques districts de la Saxe; dans d’autres, il est très-rare : on obtiendrait un déu- ble avantage si des canaux bien disposés conduisaient le superflu là où manque le nécessaire. La basse Lu- sace est couverte en grande partie d’une forêt à fonds maréeageux, dont le desséchement, par un eanal qui servirait à la eirculation, serait de la plus grande utilité. - Lés canaux de flottage doivent, suivant M. de Burgsdoff, avoir une largeur qui excède de deux pieds la longueur de la büche; mais il sera toujours dificile d'établir un ruisseau artificiel dont la largeur excède celle du ruisseau qu'il remplace. C’est la lar- geur normale de ce dernier qui doit servir de base pour le tracer. On devrait bien se garder de construire de longs canaux bien droits dans des vallons profonds etisi- nueux : car il faut creuser beaucoup dans quelques endroits, et ailleurs transporter des terres; bientôt des éboulements tendent à faire rentrer le ruisseau dans son premier lit. H vaut mieux suivre les mouv ements du terrain, si cela est praticable. Nous ne terminerons pas ce chapitre sans dire un mot de la manière de former les mares artificielles : il suflit de choisir un endroit plus bas que le sol en- vironnant, de creuser une surface plus ou moins étendue, et de la couvrir d’une couche de glaise. Une rigole sert à amener les eaux pluviales d'un chemin ou d’une peute naturelle. Ges eaux sont très- bonnes pour arroser les semis des pépinières fores- tières. QUATRIÈME PARTIE. DES SEMIS ET PLANTATIONS, ET DE LA CULTURE FORESTIÈRE COMBINÉE AVEC L'AGRICULTURE. CHAPITRE PREMIER. OBSERVATIONS SUR LES PRINCIPALES ESPÈCES D ARBRES FORESTIERS. Nous nous étendrons peu sur les motifs qui doivent déterminer le choix des diverses espèces d'arbres. La règle générale est de planter les plus belles, les plus grandes, les plus utiles, celles dont le bois se débite le plus facilement et avec le plus d'avantages. Ainsi le chëne, les sapins, les mélézes, les pins, les peupliers, le bouleau, sont susceptibles de mille em- plois divers, et presque indispensables à nos besoins, et se vendent facilement, même lorsqu'on les posséde en grande quantité. Il n’en est pas de même du hètre, du tilleul, de l’érable, du charme, qui ne sont propres qu'à des usages restrein{s, Ce qu'il y a de remarquable, c’est que les. grands arbres, qui donnent le meilleur bois de charpente, fournissent aussi un excellent chauflage, et en plus grande quantité dans un temps donné que les arbres 288 d’une croissance lente, qui ne sont propres qu'au chauffage. Les mêmes principes qui dirigent le choix des es- pèces d’arbres, pour une forêt que l’on plante, doivent être suivis pour la culture d’une forêt existante, dans laquelle on ne doit laisser subsister, en définitive, que des essences du premier ordre, appropriées au sol, et dont le nombre soit en rapport avec la facilité du débit. Nous allons parler succinctement de ces arbres principaux. Aune. À. Fornaini, qui a écrit sur les forêts de la Toscane, parle de l’aune en ces termes : « Un ancien usage semble avoir destiné le ‘bois d’aune à alimenter les cheminées des riches; il est très-recherché pour ce seul objet ; on le vend trés-cher, parce qu'il est préféré à tout autre bois, et qu'on en fait une con- sommation excessive, Lorsqu'il est parfaitement sec, il brüle facilement et même sans le secours d'aucun autre bois, et donne un feu doux, léger et bienfai- sant. » Cet arbre, précieux pour faire des ouvrages qui doivent rester dans la terre ou dans l’eau, sert aussi à fabriquer des sabots. Boureau. Le bouleau est l’un des arbres qui ont le plus de mérite : propre à la charpente, au chauffage, il est peu d’usages auxquels il ne convienne. On peut en former des bois taillis en peu de temps, et presque sans frais. Il convient à merveille pour faire les plan- tations dans les fonds sujets à la gelée, puisque cet arbre se voit au nord de Tornéo, où il n’y a plus de sapins ni pins. Il est très-bon pour la construction e le chauffage, lorsqu'il a été coupé en séve. M. Cotta prétend que le bouicau planté ne re- pousse pas de souche. C’est une erreur; les souches repoussent lorsqu'elles ont été coupées un peu haut. Cet arbre, en vieillissant, étouffe tout ce qui l’en- toure, et ne forme lamais des massifs épais. Cette propriété destructive ne permet de l’admettre qu’en petit nombre dans les forèts plantées. CHaraienier. Tout ce que l’on dit du chataignier employé comme bois de construction dans les anciens édifices est erroné ; ces belles charpentes que l’on admire aujourd'hui sont en chène blane. Les gros châtaigniers sont rarement sains. La plu- part deviennent creux comme de gros pieds de saule. On fabrique du merrain de châtaignier qui se vend un tiers de moins que celui de chêne ; cependant les tonneaux de châtaignier sont excellents pour la con- servation du vin. On ente les rejetons du châtaignier sur les chênes indigènes. C'est une remarque que M. Kasthofer a faite dans les Alpes helvétiennes. L'art avec lequel on cultive les châtaigniers est proportionné à l’utilité que lon en retire. Dans le Siennois, on les arrose, en été, par le moyen de sources que l’on firige convenablement. Chaque famille a. sa châtaigneraie. Les habitants des montagnes de Pistoie, du Casen- tin, de la Romagne et des Maremmes, qui n'ont pas d'autre nourriture que des chätaignes et de l’eau pure, sont, au dire de Fornaïni, la race d'hommes la plus saine et la plus robuste du moude; mais ils sont 19 290 exposés à la famine lorsque les récoltes de leurs ar- bres manquent. Is ont éprouvé ce désastre en 1800, 1816 et 1817. I serait bien à désirer que, dans ces contrées àpres, froides et pierreuses , on püt intro- duire quelque culture qui remplacat en partie les châtaignes, ou mieux encore quelque industrie qui, en procurant du travail aux habitants, leur donnàt le moyen d'acheter du blé, qui ne manque jamais à ceux qui peuvent le payer. Les châtaigniers réussissent mal dans les terrains où le calcaire domine ; on en voit néanmoins d'assez beaux dans les sols calcaires du Haut-Languedoc. Ils viennent difficilement à l’exposition du midi, à moins qu'ils ne soient abrités. On rencontre, dans le Limousin, de nombreux massifs de châtaigniers, plantés de main d'hommes et étêtés ; on plante les jeunes sujets à la même place qu’occupaient les vieux arbres que l’on vient d’arra- cher. Leurs feuilles servent de litière au bétail. Un châtaignier de trente ans, qui croit dans un sol granitique, au milieu d’un bois, à ordinairement deux pieds et demi de tour. Isolé, il atteint cette grosseur dés l’âge de dix-huit ans. Cuèxx. Il reste encore, dans les forêts de France, quelques chênes d’une grosseur considérable. L'un des plus remarquables des forêts de la Haute-Marne se trouve dans la forèt du Der, dans le canton de bois dit de Brancourt. Son volume, y compris l'écorce, est d'environ six cents pieds cubes. La solidité de la par- tie propre à être équarrie est de trois cents pieds cubes. On à coupé, dans là même forèt, il y a environ cin- 291 quante ans, un chène qui a été employé dans la ma- chine de Marly ; il avait soixante-douze pieds de longueur sur une grosseur moyenne de trois pieds d’équarrissage à chaque face; son volume était, par conséquent , de six cent quarante-huit pieds cubes , non compris la découpe et les branches. M. Rauch cite, d'après la collection de Bath , un chène qui contenait mille quarante-cinq pieds cubes, indépendamment de sa tête. H cite aussi le chêne de Boddington, qui avait cinquante-quatre pieds de tour, mesuré au pied. Le calcul des pieds cubes présen- terait un nombre presque incroyable. Les besoins pour la charpente et l'industrie ne ré- clament pas un grand nombre de ces arbres à dimen- sions colossales; mais on ferait bien d'en réserver quelques-uns jusqu'à ce qu’ils tombassent en disso- lution, pour reconnaitre quel âge et quelle gros- seur ils peuvent atteindre. Ce serait un ornement, une curiosité de plus dans une belle forêt, Le chène se trouve toujours fort bien d’une sorte de culture. Le passage que nous allons extraire d’un voyage de M. Simonds fera comprendre notre idée. « Pres de San-Germano ( dans les environs de Ca- » poue), de belles forêts couvrent la partie des mon- » tagnes, et l’on y remarque des chênes tels que l’on » n'en rencontre guère que dans les parcs anglais. » Ceux des forêts d'Amérique, croissant trop près les » uns des autres pour se déployer près de terre, » cherchent un peu d'espace dans les airs, et per- » dent ainsi les belles formes de la nature. » Ce- pendant ces chènes des montagnes du royaume de Naples ne doivent l’espace qu'ils occupent qu'aux éclaircies occasionnées par le pàturage et par l'enlé- 292 vement irrégulier des bois dont les habitants ont besoin. La culture du chêne-liége pourrait s'étendre dans nos départements méridionaux de manière à fournir de son écorce la France entitre. ERABLE, PLANE, Sycomore. L’érable, qui donne l’un des plus beaux bois indigènes pour faire des meubles élégants , le plane, susceptible d’un beau poli, pour- rajient être avantageusement plantés en massifs de dix à douze hectares, dans les environs des villes, où, par la facilité des transports, on peut cultiver ces arbres avec profit. Walter les classe dans les bois de charpente du premier ordre. Le sycomore s’éléve jusqu'à cent quarante pieds de hauteur dans les forêts des bords de l'Ohio. En France, dans une position libre, il grossit de six lignes par-an sur son diamètre. L'érable-négundo est un arbre du plus grand mé- rite, qui vient très-bien dans les terrains frais. FRèNE. On plante beaucoup de frènes en Bourgo- gne, dans les haies, sur les ruisseaux, presque unique- ment pour la feuille, qui sert à la nourriture des moutons. Son bois, si précieux pour le charronnage, l’est encore davantage pour fabriquer des meubles dont la beauté surpasse peut-être celle des meubles d’acajou. Rien de plus aisé que de multiplier le frêne par des semis en pépinières et des plantations. La tonte d’un frène âgé de quarante ans rapporte quatre francs tous les trois ans. Hèrre. Le hètre, cet arbre dont le port est mayes- tueux, l'écorce lisse, Le feuillage d’un vert charmant, cet-arbre admirable dans les forêts, n’est pas de la premiére utilité comme bois de service. Il ne peut servir à la charpente qu'après avoir subi une prépa- ration, il s’altère promptement : il a bien moins de valeur comparative que le chêne. On conserve les plateaux de hêtre en les faisant sé- Journer dans l'eau, ou en oarnissant leurs extrémi- tés soit de résine, soit d’une petite planche qui em- pêche l'influence d'un air imprégné d'humidité. On peut aussi les passer à ja fumée pour obtenir le même résultat. En Normandie, on voit de magnifiques massifs de hêtres plantés symétriquement autour des habita- tions. On à soin de choisir des plants assez forts: pour ne pas perdre le paturage du sol perdant la jeunesse de ces arbres. Ils ont communément deux métres de tour à l'âge desoixante-douzejans, ce qui fait le qua- druple du volume d’un hêtre du même âge venu dans un massif. Une erreur qui a eu des suites déplorables dans les forêts est de couper ces arbres très-prés de terre, comme le DEESCHEVAN l'ordonnance de 4669. On à ex- ploité de méme les taillis; presque toutes les souches qui ont subi cé traitément ont péri, ét} "espace qu'oc- cupaient les hêtres est souvent livré à des espèces d'arbres inféricures, comme lé charme ou le cor- nouiller. MéLèze (larix). M. Kasthofer, qui a fait des plan- tations d'arbres résineux, a reconnu que le mélèze dé montagne, considéré comme bois de construction, dtiré quatre fois'plus que le pin qui aurait crû dans 294 un méme degré d'élévation. L'importance de cet avantage devrait, suivant lui, engager ies montagnards des petits cantons et des Alpes rhétiennes à substituer peu à peu aux forèts de pins des plantations de mé- lèzes. Le mélèze ne nuit point aux bois qui l’avoisinent ; il s'élève très-haut, aime à croître dans un état serré et occupe peu d'espace. Il se mélange assez bien avec le hêtre, sur les montagnes. On en fait du merrain pour les tonneaux destinés à contenir des liqueurs spiritueuses. Ses feuilles font un excellent engrais qui fait croître les espèces d'herbes les plus nutritives à la place des bruvéres. Murrer. Les richesses que procure le mürier aux départements du sud-est sont déjà considérables ; elles pourraient s’accroitre encore pendant plusieurs siècles ; il sera toujours profitable de le multiplier tant que nous ferons venir des soies écrues d'Italie. La culture de cet arbre s'associe parfaitement à eelle des céréales. Noyer. La lenteur de la croissance du noyer ne serait plus un obstacle à sa propagation si l'on éleyait beaucoup de jeunes plants; on ne tarderait pas à en avoir de tous les âges, et l'on finirait par posséder assez de gros arbres pour les mettre en coupes ré- glées. On ne doit pas oublier qu'un pied cube de noyer se vend trois où quatre fois plus cher qu'un pied cube de chêne. J'ai lu dans un ouvrage forestier que le noyer ne se plait pas dans les bois, c'est une erreur : il y vient comparativement aussi vite que quelque autre arbre 295 que ce soit; mais qu'est-ce que l'accroissement d'un arbre au milieu d’un épais taillis, comparé à celui qu'aurait pris ce même arbre dans un sol cultivé ? Il y a en Amérique des forèts de noyers. Oruwe. Les plantations d’ormes se multiplient en proportion des besoins. Des ormes de trente ans, plantés en avenue ou en massif, à une distance de vingt à vingt-cinq pieds lun de l’autre, ont quatre pieds et demi de tour, tandis que, dans un massif de taillis, ils n’ont que vingt-quatre pouces ; le rapport du volume des deux arbres est un à cinq, en suppo- sant une hauteur égale; mais la valeur du gros arbre est décuple de celle du petit. | Peupuer. Un peuplier du Canada, âgé de vingt- huit ans, a produit des planches pour une valeur de 72 fr., non compris le bois de frâche ( fractura), qui formait une petite voiture. Cet arbre vient bien dans les forèts et ne se laisse pas épuiser par les taillis en- vironnants. La croissance des peupliers d'Italie placés sur le bord d’une rivière est de deux pouces et demi par an sur la circonférence, lorsqu'ils sont assez espacés, Je ne sais si l’on a observé que les boutures d'un an ou de deux ans sont le meilleur moyen de propa- ser le peuplier. Les tiges de dix à douze pieds que l’on plante sans racines ne donnent jamais de beaux arbres. Ges dernières n’ont, au bout de douze ans, que six à sept pouces de tour, tandis que des arbres de même espèce de boutures, et placés à côté de celles-ci, ont, au bout de dix ans, près de quinze à dix-huit pouces de circonférence, Il y a presque autant de dif- 286 férence sur la hauteur, en sorte que le volume de ces derniers arbres est huit fois plus considérable que celui des premiers. Pour durcir le bois de peupliers, il faut le mettre dans un lieu sombre où la circulation de l'air soit bien établie; il arrive promptement à un degré suffi- sant de dessiccation ; il offre l'avantage de ne pas avoir de retrait. Le peuplier d'Italie a moins de bois mou “que celui de Virginie. Le blanc de Hollande et l’ypréau tiennent le pre- mier ou le second rang parmi les peupliers, suivant la nature des terrains où ils sont plantés. Dans le département du Pas-de-Calais, on voit d'anciennes charpentes et des planchers en peupliers parfaitement conservés. Pins, Sarins, Éprcras. Le pin maritime vient bien dans les terrains secs, et le pin silvestre dans les sols humides aussi bien que dans les terrains secs. Les sapins du nord de l'Europe sont excellents, ceux du Canada ne valent rien. En général, les arbres des terres un peu desséchées sont de meilleure qua- lité que ceux des forêts sauvages, qui sont presque Loujours marécaseuses. “On à détruit dans les montagnes une grande quan- tité de forêts de sapins, qui sont remplacées par des bois de charmes, de hêtres, de trembles, ou par des broussailles, des genêts et des bruyères. Les proprié- taîres qui veulent éviter de semblables désastres font extirper dans leurs sapinières les charmes et les au- trés bois sembables. Les forêts d'épicins empiétent facilement sur les 297 terrains qui les avoisinent, parce que le bétail, à moins d’être affamé, ne mangeant pas les plants d’é- picias, les graines prospérent, et le bois s'étend de proche en proche. Ces accrues s'emparent du sol assez rapidement dans les prés-bois des montagnes du Doubs. Le hêtre et le sapin croissent à l'abri des épicias. Si ces terrains cessaient, pendant quelques années, d'être fréquentés par les bestiaux, et que l’on n'en fauchàt pas l'herbe, ils seraient bientôt couverts de bois. Le sapin en massif ne croit que d’un demi-pouce par an dans les vingt premières années. Un épicia àgé de trente-cinq ans, dans un jardin et entouré d'arbres plus faibles et d’ar- brisseaux, a soixante huit pouces de tour à un mètre du sol. Les pépiniéristes qui cultivent les arbres résineux les sèment très-épais, repiquent le petit plant à deux ans et les vendent deux ans plus tard. Il est certain que ces plants, âgés alors de quatreans, seraient beaucoup plus grands s'ils étaient restés en place; mais les racines se fortifient et deviennent propres à acclima- ter le sujet lorsqu'il est planté à demeure. Le cèdre du Liban est encore si rare, que l’on ne peut guère espérer d'en voir bientôt former des fo- rêts; mais, en attendant, il faut le cultiver dans les Jardins et dans les parcs. Prarane. Le célèbre platane de Cos a trente-cinq pieds de circonférence. Son âge remonte à plus de vingt siècles, s'il est vrai que ce soit le même arbre dont parle Pline comme d'un monument végétal ad- mirable. M. Rauch dit que les naturalistes les plus 298 sceptiques accordent à cet arbre l’âge de neuf cents ans au moins. Le platane acquiert promptement des dimensions colossales ; son bois est bon pour la charpente lorsqu'il est à l'abri du contact de l'humidité. Il croit d’un pouce et demi par an sur sa circonférence, terme moyen. Un platane âgé de trente ans et placé dans un terrain frais a environ seize décimètres de tour ; la circonférence d’un sycomore de cet âge qui croit dans le même sol est de onze décimètres. Des platanes plantés dans les promenades de Beaune ont été abattus à l'âge de cinquante-quatre ans ; quelques-uns avaient vingt pouces d’équar- rissage. C'est trois fois autant de volume qu’en auraient eu des chènes du même âge, dans le même terrain. Le platane aime les sables calcaires. Pommier. Le pommier est excellent pour les ouvra- ges de tour. Il prend très-bien les couleurs. Son bois vaut beaucoup mieux que celui du poirier. RogiNtER OU FAUX AGAGIA. Un taillis de robiniers âgé de quatre ans et venu sur souche a communé- ment quinze pieds de hauteur. On en fait d'excellents échalas. On peut voir dans le département du Bas-Rhin, à Burckheim, un trés-beau bois d’acacias qui a été planté 1] y a environ vingt-deux ans, et dans lequel on à déjà fait une exploitation. Un taillis de huit ans a de vingt-cinq à trente pieds de hauteur, et vaut près de 1200 fr. l’hectare. Il est vrai que ce bois est situé 299 dans l'excellent sol de la plaine d'Alsace, et que les brins s'emploient dans les houblonniéres. SauLe, Marseau. Le saule et le marseau ne doi- vent pas être négligés dans les plantations. [ls crois- sent rapidement, et disparaissent lorsque les bonnes espèces d'arbres sont devenues assez fortes et assez épaisses. Leur bois sert à faire des sabots et des planches. Sopxora. Un sophora japonica, planté en 1773, avait en 1832, c'est-à-dire à 59 ans, une circonfé- rence de trois mètres vingt-cinq centimêtres. Son branchage était très-étendu. Sorgier. Le sorbier et le cormier méritent d’être cultivés en grand nombre. Le cormier est plus dur que le sorbier. On ne doit pas oublier de placer quelques aliziers et merisiers dans une plantation forestière. Ces arbres croissent lentement; mais l'excellente qualité de leur bois, la beauté de leur feuillage et l'utilité de leurs fruits compensent en partie ce désavantage. Les sorbiers, aliziers, ete., se srellent sur l’au- bépine. Tureur. Le tilleul parvient à une grosseur éton- nanté. Son bois, propre à faire des hoïseries, des sabots, etc., est toujours d’un débit assuré. On n’en plantera sans doute pas de grandes forêts; mais quelques massifs au milieu des pâturages d’une ferme sont parfaitement placés. On a tiré, d’un seul ülleul qui se trouvait sur la 500 place publique d'un village du Jura, pour 600 fr, de marchandises. Tremseze. Le tremble, méprisé à tort, est excellent pour la charpente légère. À égalité d'âge, dans sa jeunesse, il se vend plus cher que le chêne. M. Rauch a vu dans la commune de Werth, sur les bords du Rhin, trois trembles, le premier de vingt-huit pieds, le second de trente-quatre pieds, et le troisième de quarante-deux pieds de contour. & Tuzrrier , AyLAnNTE, HippocasranE, MicocouLter. Le tulipier pourra un jour figurer dans les espèces fo- restières acclimatées en France; il en sera de même de l’aylante ou vernis du Japon. Ils sont encore trop rares pour les planter ailleurs que dans les pares. Le bois du marronnier d'Inde (hippocastane) est excellent pour les boiseries. Quelques massifs d'ar- bres de cette espèce ne seraient point déplacés dans une forêt Il faut aussi planter quelques bosquets de micocou- liers. CHAPITRE H. DE LA PRATIQUE DES SEMIS ET DES PLANTATIONS. L'art de planter et de traiter les arbres fruitiers avait fait peu de progrès avant le quatorzième siéele. Aujourd'hui, ceux que la France possède ne rappor- tent guère moins de soixante millions par an (en 301 comptant les oliviers) : cependant la totalité de ces arbres n’occupe pas une étendue égale à la cinquan- tième partie du sol forestier, qui ne produit que cent vingt millions. L'art des plantations forestières est beaucoup plus moderne encore. Dans le siècle der- nier, on a décuplé le revenu de plusieurs terres en plantant des bouleaux et d’autres arbres; ces exem- ples n'étaient suivis que de loin en loin ; mais depuis quelques années on a fait des progrès rapides, parce que l’on est parvenu à les planter presque sans frais. L'encouragement le plus eflicace, et même le seul que les plantations puissent recevoir du gouverne- ment, consiste à assurer l'exécution des lois contre les dévastations auxquelles elles sont exposées. Une garde sévère et la punition des malfaiteurs épargne- ront les frais de clôtures. S'il y a pour le planteur un effrayant intervalle en- tre le brin qu'il vient de planter et l'arbre de haute futaie, il n'en existe pas moins un motif suffisant pour engager un propriétaire à se livrer à ces tra- vaux : car, immédiatement aprés la plantation, il possède dans son terrain toute la valeur qu'il y a dé- pensée, valeur qui s’accroit sans cesse, et qui se con- fond dans son patrimoine. On vend une jeune plan- tation comme un autre bien rural. On a employé divers modes pour créer des bois. 1° Sans faire labourer le sol, sans arracher les buissons et les genièvres qui s’y trouvent, on plante, à l’aide d’une pioche, des brins enracinés, on jette des semences cà et là, et on abandonne la plantation à elle-même, en y interdisant sévèrement le pâturage. Cette méthode est à peu près aussi lente que la 302 formation des accrues dans les terres abandonnées sur le bord des bois; 11 faut un demi-siècle pour obtenir un taillis égal à celui qu’une plantation de dix-huit ans faite avec soin aurait donné. 2° On sème des bois de chène avec une simple cul- ture à la charrue, sans aucun autre travail ultérieurs la croissance est lente, les plants sont difformes; ce n'est qu'après un recepage qu'ils deviennent droits et vigoureux ; une plantation aurait donné deux ou trois fois plus de produit dans le mème temps, 3° Si vous voulez obtenir aux moindres frais possi- ble les plus grands résultats, faites cultiver le terrain, et plantez-y des brins de semis que vous vous serez procurés dans les forêts, et mieux encore dans des pépinières. Il faut planter , dans chaque localité , l'espèce de bois demandée pour la consommation ou pour lex- portation. En général, les bois blancs sont ceux qui donnent le plus de profit; cependant il est utile d’avoir dans la proportion des demandes , de l’exportation, et du besoin local, des chênes, des frènes , des ormes, des châtaigniers. On plantera des arbres résineux dans les terrains médiocres ou mauvais, et même dans les bons sols, si l’on a uniquement en vue le profit que l’on peut en tirer. Si le sol est sec, les arbres seront tenus très-épais, sauf à éclaircir. S'il est humide, on les plantera à la distance où ils doivent rester, sauf à les cultiver. Des bois blancs peuvent remplir les intervalles. Il n’y a point de ménagement à garder avec la bruyére, dont les racines entrelacées forment avee la terre une espèce de croûte presque imperméable. Il 303 est indispensable de l’arracher et d’écobuer le sol, Cette dernière opération est de la plus grande utilité dans toutes les terres compactes. Le terrain étant pelé à quatre pouces d’épaisseur , on en forme de petits fourneaux que l’on brüle : par là on détruit les herbes, les gazons, les mousses et les insectes, ce qui permet de cultiver les céréales avec les bois. Les forestiers anglais nous enseignent que emploi de la chaux dans les terres que l’on sème en bois peut être d’une grande utilité; cette substance hâte la décomposition des racines des plantes arrachées, elle détruit les insectes et divise le sol. Il faut en employer une certaine quantité à la fois, et ne répéter cette opération qu'après un long intervalle. Nous allons actuellement parler des pratiques rela- tives aux principales espèces de plantations; elles peu- vent servir de modèles pour toutes les autres. SECTION 1e. DU CHATAIGNIER. I est facile de se procurer du plant de châtaignier en faisant remuer le sol dans les forêts de cette espèce par un léger labour. Mais la culture que nous allons décrire produit les plus beaux arbres ; c’est elle qui se pratique en Tos- cane et en Portugal , où elle a atteint le plus haut de- gré de perfection. | Les pépinières sont établies dans un terrain gras et meuble, amélioré par des engrais. On choisit les plus belles châtaignes sauvages, et on les sème dans les mois de décembre, février où mars, en les placant à une distance respective de deux pieds; on les cou- vre d’un pouce de terreau. Elles lévent dès le prin- temps suivant, s’il ne survient pas de gelée, On les sème quelquefois avec du blé, La terre est cultivée autour des jeunes plants. Aprés la troisième année, on élague les rameaux inférieurs autour de la tige. Cette opération est répétée deux fois par an, jusqu'à ce que ie jeune arbre, parvenu à la hauteur d’environ huit pieds, soit propre à la trans- plantation, ce qui arrive ordinairement entre la cin- quième et la sixième année. Quelques mois avant d'exécuter la plantation, on ouvre des trous de trois pieds en carré sur deux pieds de profondeur. Exposée à l’action des météores, la terre devient meilleure; on a soin de l’ameublir et de la mélanger avec du terreau. En plantant les arbres, on étend les racines avec précaution. Deux ou trois ans après, les châtaigniers sont ordi- nairement en état d’être greffés. Cette opération se fait au mois de mai, et l’on a ensuite le plus grand soin d’élaguer les sujets pendant plusieurs années. Ils donnent du fruit au bout de trois ou quatre ans; et, lorsqu'ils sont devenus gros, on émonde les branches superflues. Ces arbres s'élèvent à une hauteur prodi- gieuse, due aux effets combinés des labours et de Pélagage. Dans une plantation symétrique et bien espacée, la distance moyenne des gros chàtaigniers est de vingt-quatre pieds; ceux qui ne sont destinés qu'à donner du bois de charpente sont placés à une moin- dre distance. Dans le Haut-Rhin, pour se procurer des bois de châtaigniers qui ne se greflent pas et qui s’exploitent en taillis, on séme les châtaignes au printemps; on 909 lève les brins de semis au bout de trois ans pour les replanter en les espacant d’un métre et demi, et on les recépe au bout de quatre ans. La coupe vaut communément 1200 fr. lhectare, lorsque le recru a atteint l’âge de quinze ans. SECTION 2. DU PIN. Le pin est l’un des arbres les plus dociles à la cul- ture et les plus productifs. ai fait semer du pin syl- vestre dans un sol granitique et d’une aridité telle qu'il n’y venait pas même de l'herbe. Un labour grossier , la graine jetée sans mélange, une herse d’é- pines passée sur le semis, tel est le travail qui a sufh, qui n’a été suivi d'aucun autre , et qui a réussi com- plétement. Les plants , âgés de dix ans, sont magni- fiques, et couvrent entièrement le sol, qui est exposé au midi, et qui n’est abrité d'aucune manière. Mais cette méthode si simple, excellente pour les mauvais terrains granitiques, n'est pas applicable dans ceux où il vient beaucoup d'herbe ;.il faut abso- lument la couper, si l’on ne veut pas l’extirper par des labours. | On peut semer de la graine de pin dans un cham p couvert de genèts, en remuant légèrement Le sol entre ces plantes; les jeunes plants de pins étoulfent en peu d'années et les genèêts et les autres arbustes. En Allemagne, les plantations de pins embrassent de vastes étendues ; elles sont traitées par des métho- des qui ont subi l'épreuve du temps. Il faut labourer lépérement le sol, et enlever les herbes, les mousses, Les aiguilles et les feuilles. C’est 20 300 la prenuère règle et ia plus essentielle. On sème la graine de pin dans des raies tracées en ligne droite, autant que possible ; cette disposition permet de cul- tiver le semis, et d'enlever facilement les plants sur- abondants pour les replacer à demeure dans un au- tre terrain, lorsqu'ils ont quatre ou cinq ans. On a soin, pour les coteaux rapides, de laisser entre les raies des intervalles incultes, afin de retenir la terre. Cette disposition convient aussi lorsqu'on veut éviter des frais ; on rejette dans ces intervalles le gazon qui provient dés parties semées, et on le retourne. Dans la suite, lorsque l’herbe y croit, on peut la récolter sans endommager les jeunes plants. On peut semer la graine de pins avec de l’avoine ou de l'orge. En gé- néral, il vaut mieux semer épais que semer clair, lorsqu'on n’est pas parfaitement sûr de la graine, et que l’on craint les dégâts du bétail. Dans la transplantation, on laisse ordinairement cinq pieds de Saxe (un mètre et demi) d’intervalle entre les brins. M. de Sponeck recommande de les placer à un pied les uns des autres, dans la vue de les garantir contre la sécheresse, contre les vents froids, et contre la gelée, qui attaque quelquefois les semis de pins dans les montagnes ; mais ce mode, s’il était adopté, serait excessivement dispendieux ; il faudrait vingt-cinq fois plus de plants qu’il n’en faut en sui- vant l'usage ordinaire , et cette considération est d’un grand poids en Allemagne, où l’on fait tant de plan- tations, D'ailleurs ce serait épuiser le terrain en pure perte; il faut, autant que possible, espacer les arbres, en les plantant, comme ils doivent être espacés au moment où on les coupera. Telle doit être la règle générale, mais elle subira 307 de nombreuses exceptions; car, si le terrain est peu fertile et exposé aux sécheresses, on ne peut se dis- penser de planter très-épais, afin de tenir constam- ment le sol couvert et dé prévenir l’évaporation de l'humidité, sauf à éclaircir successivement la planta- tion. On ne peut trop blâmer l'usage d'arracher les plants à la main : car les racines sont toujours en- dommagées , et quelquefois cassées. Cet inconvénient, résultat nécessaire d’une routine invétérée, est la vé- ritable cause de la préférence que l’on donne, en gé- néral, aux semis faits à demeure, et de l'opinion erro- née, mais très-accréditée, que les pins replantés ne viennent jamais droits. On peut planter le pin en tout temps, excepté pen dant les gelées et les grandes chaleurs. Quelques agriculteurs pensent que les plantations d'automne, étant favorisées par l'humidité de l'hiver, réussissent mieux que celles du printemps ; mais, si ces dernières reçoivent de la pluie ou de l'humidité, ce sont les meilleures : ainsi, dans les climats où les printemps sont secs, C'est en automne qu il faut planter. Si l’on veut mettre le plant à l'abri des grandes chaleurs et du froid dans un terrain sec, on le plante au fond de rigoles ou fossés d’un pied de largeur et d’une profondeur proportionnée; mais, si le sol est humide, on place le plant sur la berge de ces petits fossés, laquelle est disposée en talus double, de ma- nière que les eaux s’écoulent de chaque côté. Ge pro- cédé, que J'ai vu pratiquer avec succès, est applicable aux plantations de toute espèce d'arbres, Nous ne pouvons nous dispenser, en traitant ce sujet, de parler des nombreux semis de pins que 08 M. Delamarre à fait exécuter dans le département de l'Eure, et des procédés qu’il a emplovés. Les motifs de sa prédilection pour les pins sont qu'ils n’exigent qu'une médiocre préparation du sol, et que, suivant son opinion, il est toujours inutile et qu’il pourrait même étre nuisible de donner aux se- mis des sarclages, binages ,: ou autres soins sembla- bles ; il était séduit par la facilité avec laquelle on peut créer des bois de cette espèce, par la modicité des dépenses et la grandeur des profits, par la facilité que les arbres à aiguilles ont de se défendre contrele bétail ; il avait remarqué que les pins croissent dans les plus mauvais terrains ; qu’ils fournissent dans un temps égal un volume presque double de celui que produiraient des bois durs à feuilles caduques; que les pins subsistent dans un état tellement serré, qu'un certain espace de terrain, un-hectare par exemple, nourrirait deux ou trois fois plus de pins qu'il ne nourrirait de chênes ou de hêtres; que les bois rési= neux ‘sont excellents pour toute espèce de construc- tions, et qu'ils supportent longtemps les intempéries. Il a semé avec suecès des forêts de pins, qu'il a léguées à la Société rovale et centrale d'agriculture: Il considérait les semis à demeure comme la seule voié à prendre pour de grandes plantations fores< tières, et il regardait la transplantation comme un moyen tout à fait exceptionnel. Son système ne serait réellement avantageux que dans le cas où l'on pour- rait arracher les plants surabondants pour les re- planter ; mais, si on ne les arrache que pour faire du feu, c'est un triste emploi que la combustion pour un pin de einq à six ans. Nous pensons cependant que sa méthode de semis 309 à demeure est convenable dans les récions du sud et de l’ouest de la France, où l’on trouve tant de terrains incultes qui sont livrés au pâturage; il suffit, après avoir donné un labour grossier, sans arracher les buissons, s’il y en a, de répandre la graine, de herser, et d'interdire le parcours du bétail. Mais, dans tous lesterrains compactes, qui se char- gent d'herbes, il convient de faire des plantations, aprés avoir élevé du semis dans une pépiniére, d’es- pacer le plant comme il restera en définitive, et de le cultiver par de légers labours, dont les frais seront remboursés par les récoltes de quelques plantes ali- mentaires placées dans les intervalles des plants. En Champagne, on plante les pins à neuf pieds les uns des autres, ce qui ne vaut rien parce qu'ils se chargent de branches et ne eroissent point en hau- teur et peu en grosseur, à moins qu'on ne les élague. On sème quelquefois de lavoine, tous les trois ans, entre les rangées; mais il vaudrait mieux planter les arbres plus épais ou mettre des marseaux dans les intervalles. La culture des sapins et des mélèzes se fait par des moyens analogues à ceux que l’on emploie pour les pins : ce sont les arbres des terrains secs et arides, comme le peuplier, l’'orme et le frène sont les arbres des terrains frais ; et, sous ce rapport, l'utilité de ces derniers est moins grande que celle des arbres ré- sineux, qui se contentent d'un sol inutile à lagricul- ture. Dans les montagnes du Jura, sur les plateaux où le rocher n’est couvert que d’un pouce de terre, on place le plant immédiatement sur cette pierre et près d’une fissure s’il est possible. On pose sur les racines 310 de la terre que l'on recouvre de pierres tout à l'en tour de là tige. Cette couverture empêche l’évapora- tion du peu d'humidité qui doit aider à nourrir le jeune sujet. Mais il faut observer que, si c'était sim plement de la terre, l'effet serait bien différent, parcé qu'il pousserait des racines au-dessus de celles qui existaient déjà et que celles-ci souffriraient. On pratique sur le penchant des montagnes des rigoles assez espacées entre elles, et l’on renverse le gazon de manière à préparer au plant un abri contre les rayons du soleil; l’espace intermédiaire demeure inculte pour prévenir l'entrainement des terres. Les graines sont déposées dans ces espèces de petits fossés qui retiennent l'humidité nécessaire à la prospérité du semis dans les terrains naturellement secs. Si, au contraire, le sol est en plaine et humide, il faut, comme nous l’avons déjà dit, semer non dans les rigoles, mais sur les intervalles qui les séparent. Si l’on donnait à toute l'étendue du sol une prépa- ration complète, le semis coûterait quatre fois plus cher que lorsqu'on le fait par bandes ou par carrés d’un mêtre et demi de côté. Les plantations de pins qui existent dans les plaines arides du département de la Marne ont été faites, en général, depuis le commencement de ce siècle; on a pris des plants dans des pépinières, et on les a placés symétriquement dans les champs : ils fournissent du bois aux habitants, qui étaient obligés d'en aller cher cher jusqu'à une distance de sept ou huit lieues pour leur chauffage et leurs constructions. Ces bosquets donnent de lombrage, brisent le cours des vents, diminuent l'étendue des terres incultes, et augmente- ront les moyens de cultiver celles qui restent. Déjà 314 la culture du marseau dans ces plaines a produit une partie de ces effets salutaires. En exploitant les bois de pins, on pourrait arracher les souches et les racines ; le terrain, engraissé par le dépôt des feuilles ou aiguilles, et par d’autres débris végétaux, serait labouré et semé de blé; on y ferait de bonnes récoltes de céréales ou de prairies artifi- cielles. Mais en arrachant un arpent de bois, il fau- drait en planter une étendue égale dans une friche. Si l’on a la précaution d'établir des pépinières locales, les frais de plantation, y compris l'achat du plant, ne dépasseront pas 50 fr. par hectare, dépense bien faible comparativement au produit de la coupe des bois joint à celui de la récolte des parties qui auront été arrachées et mises en culture : ainsi, par l'effet de cette espéce d’assolement, on aurait chaque année du bois à couper, un nouveau terrain livré à l'agri- culture, et une plantation à renouveler. Les frais d'entretien du plant sont très-peu consi- dérables dans une terre qui ne pousse point d'herbe. La culture du pin sylvestre pourrait facilement être introduite sur tous les coteaux calcaires des dé- partements du nord-est de la France. M. de Buffon avait pressenti qu'il est facile de faire croître des bois dans les plus mauvais terrains. Il a planté quelques arbres résineux avec de grands soins et de grandes dépenses; mais, depuis, ces mêmes arbres en ont pro- duit des milliers d’autres sans semis, sans frais et presque sans culture. Il possédait une forêt au nord de la ville de Mont- bard, sur un plateau élevé où il gèle dans toutes les saisons de l’année, et qui est coupé de petites gorges où combes qui s'élargissent en descendant jusqu’au 312 vallon. Le fond de ces combes est encore plus exposé aux gelées que le sommet du plateau. M. de Buffon attribuait ce phénomène au défaut de circulation des vents dans ces gorges resserrées, et c’est probable- ment d’après cette observation qu'il voulait qu’on n'y laissât ni baliveaux, ni arbres surtaillis. Les chènes v étaient languissants, chétifs et rabougris. Il y a planté des pins svlvestres dont les graines se sont répandues sur les terrains voisins qu’elles occu- peraient entiérement sans les dégäts du pâturage. Le succés de ces plantations démontre clairement quel est l’avantage de substituer les pins sylvestres aux chênes dans toutes les positions où ces derniers souffrent des gelées printanières. La moindre trace de culture produit des effets sur- prenants. On remarque, de distance à autre, dans la même forêt, de jolis bogueteaux épais formés de jeunes pins infiniment plus vigoureux et plus élevés que les autres ; ils occupent de petits espaces où l’on a pioché pour chercher des truffes. Mais voici un fait qui doit exciter toute l'attention des forestiers. Le côté oriental de ce bois était bordé par un champ étroit d’une terre pierreuse et aride. La cul- ture en fut abandonnée comme trop peu productive, il y à environ vingt-cinq ans; les graines de pins sylvestres 28 ML pe comnie merrain , l 6 te latte, boissellerie. 8 5 1/2 30 1 60 9 5 1/2 28 1.50 1,40 Charpente, sciage. ne eh. be bei eS lues charpente et À 75 | chauffage, A |: 20 _} Chauflageet charbon. à 305 Nous ne pousserons pas plus loin cette table ; il suflit de faire voir que plus les dimensions du bois sont faibles, moins le pied cube est cher, et d'indiquer le terme moyen de la progression décroissante. Une observation essentielle à faire est qu'un stère de bois de chauffage composé de petites bûches con- tient beaucoup de vides, et ne pèse guère que moitié d'un stère de grosses büches. Pour apprécier le prix du bois de menu chauffage, il serait beaucoup plus exact de le peser que de le mesurer. Les bois légers, suivant M. Dumas, s'emploient avec avantage toutes les fois que l’on a besoin de communiquer une température élevée à des objets éloignés du foyer, comme dans les verreries, les Fa- briques de porcelaine, etc. Futaie. Ce n’est qu'après avoir procédé au cubage de tous les arbres que l’on peut connaitre leur véritable va- leur ; on doit d'abord reconnaitre à quel usage ils sont propres, et s'assurer s ils sont bien sains. On estime comme du bois de chauffage les arbres! viciés en totalité ; quant à ceux qui ne sont que cariés. dans une partie de leur tige, ceux qui n ont qu'une. gélivure, ce qui n’empèche pas qu'une portion ne soit propre aux ouvrages de fente, on en distingue la por-. tion viciée de celle qui est saine , ou bien l'on prend. un terme moyen. | Lorsque la tige d’un chène est garnie de petites: feuilles, on doit présumer que le bois est rouge, mais on peut s’en assurer à l’aide d’une tarière, et. l’on reconnait non-seulement si le bois est bon, mais s’il y a beaucoup d'aubier. 909 En général, on reconnait au premier aspect les défectuosités des arbres : une écorce gatée , des bran- ches cassées et des cicatrices, des chancres, des loupes, des bourrelets , des trous formés par des in- sectes où par des oiseaux, un feuillage terne, sont des vices qui indiquent qu'il est temps d’abattre les arbres. Les gercures longitudinales dans l'écorce indiquent une gélivure intérieure. Pour apprécier la valeur du pied eube des arbres que l’on voudra évaluer, il ne sera pas nécessaire de faire autant de classes qu'il y en a dans le tableau que nous venons de donner ; il sera facile de S'assurer par des recherches locales combien vaut, par exemple, un chêne de dix pouces d’équarrissage sur vingt-cinq pieds de longueur ; on estimera plus cher le pied cube des arbres plus gros que celui-là, et moins cher le pied cube des arbres plus petits. Si l’on peut connaitre la valeur des plus gros arbres et celle des plus petits, il est facile de remplir l’éva- luation des classes intermédiaires , en se servant du tableau que nous venons de donner. On suppose que la grosseur est prise au milieu de la-tige, et pour l'obtenir assez exactement on la mesure à quatre pieds du sol, et l’on retranche un pouce par pied de hauteur pour arriver au point que lon juge former le milieu de la longueur de la tige. L’exactitude de lestimation dépend du soin avec lequel on aura établi les éléments du calcul, qui sont d’un côté le cubage, et de l'autre la valeur du pied cube de chaque espèce et de chaque classe de bois, valeur absolument locale et variable; mais on peut appliquer avec succès les connaissances générales que 24 310 l'on à acquises dans les lieux où l'art de travailler le bois est perfectionné, pour en tirer parti dans les lieux où cet art est encore imparfait. La valeur des bois de différentes espèces qui ne sont propres qu'au chauffage où à fabriquer du charbon est proportionnelle à leur pesanteur spécifique; ainsi le prix d’un stére de chène est à celui d’un stère de tremble comme huit est à cinq; ce rapport changerait si l’on brülait des bois parfaitement secs, et l'on y gaonerait pour tous les bois blancs. Mais cette valeur relative n'est plus la même pour les bois de service; le hêtre, qui est lourd , n'étant pas propre à la charpente, se vend moins cher que le sapin, qui est plus léger. Une poutre de sapin ou de euplier, qui est placée à l'abri et hors du contact d’un mur humide, dure presque aussi longtemps qu'une poutre de chêne; mais Île prix de ce dernier bois est toujours fort élevé, parce qu'il résiste aux injures de l'air, qu'il supporte de lourds fardeaux sans se rompre, et qu'il est propre à une infinité d'usages. Lorsque nous parions du pied cube, nous en- tendons le pied métrique. Il faut deux pieds cubes sept dixièmes pour former un décistère. Le stère contient vingt-sept pieds cubes métriques. Nous évaluerons toujours les bois en les supposant livrés dans la forêt où ils se vendent. Les prix que nous donnerons ne peuvent être con- sidérés que comme des quantités variables selon les temps et les localités. Nous proposons des exemples, et non des règles, La valeur d’une coupe se compose de la somme totale des produits qu'elle peut rendre, déduction faite 11 des frais d'exploitation et fabrication. I faut encore déduire le bénéfice du marchand, qui doit s'élever du quart au tiers de la valeur de la coupe, parce qu'il représente , 1° l'intérêt des fonds qu'il engage dans lachat de la coupe et les frais d'exploitation , intérèt calculé d’après les délais qu'il faut donner aux ache- teurs; 2° le salaire d’un commis ; 3° les pertes résul- tant des mauvaises créances; 4° le profit ordinaire d’une entreprise industrielle. Bois de charpente. La solidité d’un prisme inscrit dans un cylindre est à celle du cylindre comme 240 est à 377, mais la perte de l'écorce et de l’aubier réduit la solidité effec- tive d’un arbre équarri à moitié de celle du même arbre en grume. Un chène de douze pouces d’équarrissage sur vingt- huit pieds de longueur se vend 2 fr. lé pied cube. Un tel arbre est propre à faire un tirant dans une charpente. Un baliveau dont le volume est d’un pied cube se vend 60 centimes. Les frais d’équarrissage se calculent à peu près ainsi qu’il suit pour le chêne : De cinq à dix pouces d'équarrissage , 5 centimes Île pied courant ; De dix à douze pouces, 7 centimes et demi lé piet courant ; De treize à seize pouces, 20 centimes le pied courant. Les bois courbes sont trés-recherchés pour faire des roues d'usine, des cintres et des pièces de navire. On Îles évalue comme bois de premiére classe, ci. méme plus cher lorsqu'ils sont très-rares. Ce motil doit engager à en réserver dans les coupes. 312 Lorsque le pied cube de sapin vaut 1 fr., le pied cube de chêne vaut 4 fr. 90 c. Il faut six ou sept ans pour dessécher les arbres qui ont plus de quatre pieds de tour. Pour conserver les bois, il faut qu'ils soient équarris ou at moins écorcés presque immédiate- ment après l'abatage, qu'ils ne soient pas en contact avec le sol ni entre eux, et qu'ils soient placés dans un lieu très-aéré ct abrité s'il est possible. Charronnage. Un timon de charrette en bois de chêne, de treize pieds de longueur sur seize à dix-sept pouces de tour, se vend 1 fr. 50 centimes. Un essieu de charme vaut 2 fr. Il doit avoir au milieu de sa longueur cinq pouces d'équarrissage brut. Il a un pied cube et deux dixièmes de solidité. Tous les autres bois de charronnage se vendent au pied cube. Branchages des futaies. Dans une futaie surtaillis, la tête d'un chène d’un mètre de tour rend environ deux décistères de bois de chauffage. Celle d’un chène de quinze décimètres de tour rend ordinairement six décistéres. Celle d’un chène de dix-huit décimètres rend quinze décistères. Celle d’un chène de deux mètres de tour rend deux stères , terme moyen. Dans une forêt de sapins en haute futaie, on évalue les branchages à deux stères par arbre, si ces arbres ont de quatre à huit pieds de tour. 319 Le rapport entre le volume des branches et le vo- lume de la tige est bien différent selon que l'arbre croit dans un état serré ou dans un état isolé. On évalue les branches d’un arbre qui croit sur un taillis , lorsque la futaie est médiocrement nom- breuse et passablement élevée, à trente stères pour dix stères équarris, ou pour seize à dix-huit stères en grume. Le stère de bois de copeaux provenant de l’équar- rissage des arbres se vend aux trois cinquièmes du prix du stère de bois rondin. Prix du transport des tiges d'arbres. Dans les pays coupés de routes et de chemins où les voitures peuvent passer, le prix moyen du transport des gros bois'est de 3 fr. par stère et par lieue, mais ce prix diminue progressivement à mesure del’augmen- tation des distances. Planches. Un stère de bois de chène équarri rend ordinaire- ment 300 pieds de planches qui valent, à raison de 42 cent. le pied, 36 fr. Dans un bloc de quinze pieds de longueur sur un pied d’équarrissage, dont la solidité est d’un demi- stère, on tirera dix planches de douze à treize lignes d'épaisseur ; ce qui fera 450 pieds de planches. Nous ne comprenons pas les dosses où planches prises hors de l’équarrissage ; mais cette partie n'est pas non plus comprise dans le cubage. On calcule que le stère en grume rend 180 pieds de planches, y compris les dosses. Les frais de sciage, pour les scies à la main, se calculent ainsi qu'il suit : La facon pour le sciage du chêne est de 45 fr. par 1,000 pieds courants, ou de quatre à cinq centimes par pied de sciage assorti, savoir : Untiers en chevrons, lambris et travots ; Un tiers en planches : Un tiers en plateaux de deux à deux pouces et demi d'épaisseur. Le sciage des plateaux de trois à quatre pouces d'é- paisseur coûte 10 centimes le pied courant, Le sciage du sapin coûte 35 francs par 1,000 pieds courants, ou 3 centimes et demi par pied courant. Le sciage du peuplier ne coûte que 3 centimes le pied courant. Les planches de sapin se fabriquent ordinairement dans des scieries mues par un cours d’eau, dont le travail est de moitié moins cher que celui des scies à bras. Ces planches ont ordinairement douze pieds de longueur, un pied de largeur et onze lignes ou un pouce d'épaisseur ; elles se vendent, en sortant de la scierie, 42 fr. la douzaine. Les travots de sapin de trois à quatre pouces d'é- quarrissage, sur douze pieds de longueur, se vendent de même 42 fr. la douzaine. MERRAIN. Pour les futailles destinées à contenir des liquides, on emploie généralement du merrain de chêne; on commence à fabriquer du merrain scié au lieu de merrain fendu, ce qui procure une grande éconemie 319 de bois; nous ne parlerons ici que de l'usage du bois fendu. On fabrique du merrain de châtaignier, mais en petite quantité. Le bouleau et le saule servent à faire des futailles pour encaquer les harengs. Dimension du merrain de Bourgogne. LONGUEUR. | LARGEUR. pouces. pouces. lignes. 4 11 4 11 On compte ordinairement un pouce pour l'épaisseur. Le millier marchand se compose de 2,575 pièces, savoir 858 piéces de fonds et 1,717 douves. La facon coûte de 60 à 70 fr. le millier. Le prix de transport du millier de merrain est de 4 fr. par lieue. Il faut observer que le mérrain de feuillettes se vend entre la moitié et les deux tiers du prix du mer- rain de tonneau, et qu’il est composé de 3,750 pièces. Dans ce dernier, les pièces au-dessous de quatre pouces de largeur ne comptent que sur le pied de trois pièces pour deux. Il faut de quinze à vingt stères de bois en grume pour fabriquer un millier de merrain à tonneaux, sui- vant que le chêne se fend plus ou moins bien. Le prix en est très-variable; il s’éléveon descend entre 450 fr. et 750 fr, le millier. 316 Pour composer le millier de merrain dont nous avons donné les dimensions ci-dessus, il faut 858 pièces de fonds, qui cubent cha- cune 0,0190%, cc qui faiten tout. . . . . 1 stère 63% Et 1717 douves qui cubent chacune 0,02777, ce qui fait en tout ....... 4 768 Solidité du millier faconné. . . .. 6 102 Ce calcul fait voir qu’il n'entre dans le merrain qu'un tiers de la solidité totale du boïs faconné, et que les morceaux de rebut auxquels on donne un autre emploi, l’aubier, l’écorce et les copeaux, forment les deux autres tiers. Le bois des massifs de haute futaie se fend mieux ordinairement que celui des futaies surtaillis, mais ce dernier est plus sain. Lorsque les arbres d’un massif sont en partie pâtés, il faut 25 stères en grume pour fabriquer un millier de merrain, terme moyen. Le merrain de châtaignier ne vaut que les deux tiers du merrain de chéne. On fabrique 96 tonneaux dans un millier de mer- rain composé de 2,575 pièces (tonneau de 226 litres). Un millier de merrain à feuillettes composé de 2,900 pièces suflit pour fabriquer 85 feuillettes de 4143 litres chacune. Bois propre 72 faire des bateaux. Pour un bateau de dimension moyenne propre à la navigation des grandes rivières, on emploie 670 pieds cubes de bois, cubés comme si les arbres d’où les planches proviennent étaient équarris. La longueur d’un tel bateau est d'environ 2# métres et sa largeur de 4 mètres et demi dans le milieu. Bois propre à faire des meubles. Le noyer se débite en plateaux de trois pouces d’é- paisseur. Les branches servent à faire des sabots. Le pied cube d’une tige de noyer bien saine vaut 4 à 5 fr., et quelquefois davantage. On paye au même prix le bois d'érable lorsque l'arbre est assez gros pour fabriquer des meubles, le bois de plane, sorbier et cormier propre à faire des manches, des rabots et d’autres outils ou des instruments. LATTES POUR LES COUVERTURES EN TUILES. Dimensions de La latte de chêne. LONGUEUR] LARGEUR. ÉPAISSEUR. | SOLIDITÉ. A pouces. lignes. lignes. pouces. Petite latte. . .. 42 15 "7/2 3 6/10 17 Grande latte... .| 48 16 3 17 Ce qui fait 105 lattes au pied cube, ou 3,150 lattes au stère équarri. Le millier est composé de 20 bottes de chacune 50 lattes. L Le prix moyen de la latte est de 16 fr. le millier pris dans la forêt ; la latte d’aubier ne vaut que les trois cinquièmes de ce prix. La facon coûte 5 fr. le mille. Le prix du transport est de 5 fr. pour dix lieues. La latie de sapin pour les couvertures en tuiles se vend 11 fr. le millier pris à la forêt. La facon est de 2 fr. Le produit net est donc de 9 fr, le mille. 318 Les frais de transport sont de 4 fr. le mille pour dix lieues. Sabots. Une grosse de sabots de hètre assortie est composée de treize douzaines ou 156 paires, dont Troïs douzaines de paires de sabots d'homme, Huit douzaines de paires de sabots de femme, Deux douzaines de paires de sabots d'enfant. Les blocs ont les dimensions suivantes : LONGUEUR. CIRCONFÉRENCE pouces. pouces. Sabots d'homme .,:,.:... 42 18 Sabots de femme ....... 9 45 SABOS LE EMA. 2 ce se 0. D 8 Le prix de la facon est de 20 fr. la grosse. Un ou- vrier fait de dix à quinze paires de sabots par jour. : Quelques ouvriers fabriquent les sabots en parta=+ geant par moitié, si on leur fournit le bois à l'atelier. . Le prix de la grosse prise au lieu de la fapricatipi ést de 36 fr. - Il faut un stère environ de bois en grume pour une grosse de sabots. Un bloc de treize pouces de diamètre fournit einq sabots sur la hauteur moyenne d’un pied, ce qui fait 146 paires ou une grosse*pour quatre décistères et demi ou neuf décistères en grume. Mais il y a beaucoup de bois de rebut, parce que les nœuds sâtent les sabots. Les meilleurs sabots sefonten hêtre, aune, bouleau, saule, peuplier et tremble. T'aillis. Un taillis de 25 ans, composé de chène, hêtre, 319 charme et bois blanc, peuplé de baliveaux modernes, peut rendre par hectare : Dans un excellent sol, 240 stères de bois ; Dans un bon sol, 180 stères; Dans un sol médiocre, 120 stéres; : Dans un mauvais sol, 75 stères. Si les taillis s’exploitent à un autre àge, on peut calculer la différence d’après notre table d’accrois- sement. Quand on connaît le produit total, on le divise, d’a- prés les usages de la contrée, ou d’après d’autres com- binaisons, en bois de chauffage, en bois propre à faire du charbon, en bois de fente pour les cercles, les échalas, et en beaucoup d’autres classes. Les bois de chauffage, et propres uniquement à faire du charbon, sont moins chers que ceux qui ser- vent aux usages que nous allons détailler, ou à d’au- tres semblables. Emplois divers des taillis. Les échalas, qui sont des brins de coudre, cornouil- ler, charme, épine, propres à soutenir la vigne, se vendent à raison de 50 centimes le cent; il faut dé- dure 45 cent. pour la facon. La fascine, propre à faire des parois dans les bàti= ments construits en bois et en terre, se vend 1 fr. 20 cent. le cent : il faut en déduire 35 cent. pour la facon. Les petites perches de cinq pouces à cinq pouces et demi de tour, pour couvrir en chaume les bätiments, se vendent chacune 10 cent. Les perches de neuf pouces de tour, propres à faire des chevrons dans les bâtiments couverts en chaume, se vendent 20 cent, chacune. 380 Les brins droits et flexibles servent à faire des cer- cles de tonneaux. On met 24 cercles dans une cou- ronne, qui se vend ordinairement 1 fr. 50 cent. ou 2 fr. On paye 5 cent. par douzaine de perches pour les couper et 35 cent. au cerclier pour la facon. Les meilleurs cercles sont ceux de châtaignier, bou- leau, coudre et cornouiller. Les échalas de sept pieds de hauteur, en chêne, pour les hautes vignes de la vallée du Rhin, se vendent 30 fr. le cent. Les piquets pour les haies mortes se vendent 5 fr. le cent. La facon est de 75 cent. Les échaias de chène fendu, pris dans la forêt, se vendent de 4 fr. 50 cent. à 2 fr. le cent. La facon est de 40 cent. le cent. Le tremble sert aussi à fabriquer de bons échalas de fente. | On tire 2,200 échalas de 4 pieds de longueur dans un moule de 64 pieds cubes, qui se vend pour cet usage moitié de plus qu'il ne se vendrait pour le chauf- fage, parce qu'il faut choisir les plus belles büches. Voici la manière d’écorcer les arbres pour en tirer du tan : Le premier soin de celui qui dirige exploitation est de veiller à ce que les ouvriers soient munis de bons outils pour faire les incisions longitudinales, opérer la section verticale, et enlever les bandes d’écorce avec le plus de précision et de rapidité possible. Lorsque l'écorce est adhérente au bois, on peut la frapper avec un maillet pour aider la séparation ; mais ce moyen ne doit être employé que dans le cas de né- cessité, car la percussion a pour effet de noircir l’é- corce dans l'intérieur et de la déprécier aux veux de l'acheteur, Hi Jo 1 L'écorcement des petites branches a lieu par un moyen expéditif : elles sont divisées en billes de deux pieds et demi à trois pieds de longueur, ensuite posées sur un bloc à côté duquel se rangent les ouvriers mu- nis de maillets ; ils réunissent plusieurs de ces brins de bois en une poignée, et frappent dessus Jusqu'à ce que l'écorce soit enlevée d’un bout à l'autre. Il est essentiel de bien faire sécher l'écorce; on la dispose, dans cette vue, sur de petits chevalets dans un lieu aéré de la forêt; les petits tas sont posés de manière à former un plan incliné sur lequel glisse la pluie; au bout de quatre jours on les retourne en les remuant de manière à exposer chaque partie au grand air. Au bout de huit à dix jours de beau temps, on en- lève l'écorce pour la placer dans un hangar ou dans un magasin, de manière qu'elle soit exposée à un cou- rant d'air. Si elle reste au grand air, il faut couvrir les tas avec de la paille, des roseaux, de la bruyère ou du genêt. On doit craindre la fermentation qui pour- rait s’introduire dans quelque partie du tas et occa- sionner en s'étendant une perte considérable. La cou- leur de l’écorce est généralement considérée comme le signe le plus certain de sa valeur. Le bouleau, le mélèze et le saule doivent être pelés en avril. Dans le Nord, on emploie pour le tan l'écorce du sa- pin, de l’orme et du bouleau ; mais l’épiderme doit être enlevé et rejeté. Monteath a remarqué qu’elle se détache facilement avec la main, lorsqu'on a eu la précaution d'opérer, au mois de ‘mars, une incision longitudinale dans l'écorce des bouleaux qui devaient être écorcés au printemps suivant. 302 L'écorce de bouleau est ordinairement divisée en petits morceaux d'environ trois pouces de longueur, que l'on vend ensuite soit au poids, soit à la mesure de capacité. | Un taillis de 18 à 20 ans bien peuplé de chène rend environ 700 bottes d’écorce par hectare. La botte a trois pieds et demi de longueur sur trois pieds et demi de tour; elle pèse environ 28 livres , ce qui fait 1960 livres d’écorce (environ 980 kilogrammes) par hectare. Un double stére de chène donne neuf à dix bottes d’écorce ; le cent de bottes se vend 400 francs. La fa- con est de 18 à 20 francs. Dans le Morvan, on donne aux bottes d’écorce 6 pieds 2 pouces de longueur sur 4 pieds 2 pouces de circon- férence. On les entoure de quatre liens. Chaque botte ou faix pêse 80 livres environ, selon qu’elle est plus ou moins serrée. La facon de la botte est de 45 cent., et le prix moyen est de 3 francs. On peut employer pour le tan l'écorce des chènes de trois à quatre pieds de tour, si l’on ôte l'épiderme ; mais cette écorce ne vaut que la moitié de celle du taillis. L’écorce des jeunes frènes et de quelques autres ar- bres, étant broyée, est une bonne nourriture pour le bétail. Bois de chaufj age. Dans la forêt de Fontainebleau, le stère de grosses büches de chène ou de hêtre vaut 14 francs. Le stère de petit bois vaut 40 francs. Le brigot, qui est composé de mauvaises branches, 389 de bois pourri ou gate par des piqures d’insectes, vaut 5 fr. le stère. Dans le département du Haut-Rhin ét dans le Jura, le stère de bois de sapin destiné au chauffage vaut 7 fr., tandis que le stère de chène ou de hêtre destiné au même usage vaut 40 francs. Dans les forêts dont les débouchés ne sont pas difi- ciles, le stère de grosses büches de chêne ou de charme vaut 9 fr. et le stère de petites büches vaut 5 fr. On fait des fagots et des bourrées avec du bois de toute grosseur, depuis six lignes jusqu’à trois ou quatre pouces de tour. Ceux dans lesqueis il entre de gros brins sont beaucoup plus chers que les autres. La fa con du cent de fagots varie de 1 fr. à 4 fr. 80 cent. Un stére de bois de chauffage de châtaignier ne vaut que les deux tiers d’un stére de hoïs de chène. En général, le hêtre se vend un cinquiéme de moins que le chêne ; Letremble » un tiers; » Lebouleau » un quart; » Le charme se vend presque aussi cher que le chêne. Dans le midi de la France, le bois de chêne vert se vend, lorsqu'il est sec, 2 fr. 40 cent. les 100 kilogr. Le mème poids de bois de pins et de peuplier se vend de 4 fr. à 1 fr. 40. Le boïs de chêne sec se vend 2 francs les 100 kilog. ; et, comme le stère pèse environ 450 kilog., le prix du stère de bois de chêne est de 9 fr. dans ces contrées déboisées. Ces prix sont ceux-des lieux de consommation et comprennent, par conséquent, les frais de transport. Le bois de chauffage ne coûte que ? fr. le stère dans ‘)ui / 041 le Limousiu et dans quelques départements du Sud et de l'Ouest, où il n'existe presque point de forêts pro- prement dites. Le bois d'orme employé au chauffage se vend pres- que partout un peu plus cher que le bois de chène à dimensions égales. Le pied cube de bois de service, essence de chène, se vend moitié plus que le pied cube de bois de pin ou sapin à dimensions à peu près égales. Chaux. Dans les contrées où la pierre calcaire est abondante, on fabrique 200 tonneaux de chaux avec sept à huit milliers de fagots de ramilles. Le tonneau contient deux hectolitres et demi de chaux. Le chaufournier prend 75 cent. par tonneau pour son salaire. Le prix du tonneau de chaux livré au fourneau est de 2 fr. 75 cent. L'emploi de la chaux comme amendement dans les terres argileuses et granitiques procure les plus heu- reux résultats. On pourrait en fabriquer beaucoup avec les épines et les brins trainants qui se perdent dans les taillis. Frais de transport des bois taillis. Dans les mauvais chemins, accessibles cependant aux voitures, on donne À fr. 50 cent. par lieue pour un stére de bois de chauffage. Dans les chemins passables, on donne 1 fr. 20 cent. par stére. Charbon. Le poids du pied eube de charbon varie de seize à 309 vingt livres, ce qui fait dix-huit livres, terme moyen. Le stère d’un bois taillis àvé de dix-huit ans rend de huit à neuf pieds cubes de charbon. Le stère d'un bois ägé de dix-huit à trente ans rend de dix à onze pieds cubes de charbon. Un stère de petit bois de chêne renferme, déduc- tion faite des vides, environ seize pieds cubes de bois plein; et, le poids moyen du bois sec étant de qua- rante livres le pied cube, le stère pèse 640 livres; et comme il rend dix pieds cubes de charbon, terme moyeu, on à 180 livres de charbon pour 640 livres de bois sec, ou dix-huit livres pour 64 pieds cubes. IL faut trois mois d’été pour dessécher le bois des- tiné à la carbonisation. C’est à l'imperfection ordi- naire de ce desséchement qu'on doit attribuer les faibles produits dont on a lieu de se plaindre fré- quemment lorsqu'on fait fabriquer du charbon. En Prusse, dans le Brandebourg , on fait du char- bon pour les forges avec des souches et des racines d'arbres. On évite soigneusement de laisser la moindre par- celle de bois sec ou pourri dans les fourneaux à charbon. Les büches doivent ètre coupées à la scie; car l’en- taille faite à la cognée produit une fente, la büche s’enflamme et se réduit en cendres, Le succès de l'opération tient ordinairement à l’ob- servation de la règle suivante : Les intervalles entre les bûches du fourneau doivent être à peu près égaux ; car, S'il y à un espace vide un peu trop grand, la com- bustion s y établit, ce qui diminue la quantité de char- bon. Pour éviter cet inconvénient, le charbonnier D LA 386 doit couper en plusieurs morceaux les bäches courbes et en placer les morceaux de manière à régulariser les espaces intermédiaires. Frais de carbonisation,. Ilen coûte, pour convertir en charbon un double stère de bois, 1° La facon de couper le boïs et de le mettre en cor- des, qui est par double stére de 1 fr. 10 c., ci 1 fr. 10 c. 2° La facon de dresser les fourneaux, et de les couvrir de feuilles et de terre . . . . 20 3° Le salaire du charbonnier. . ..... 15 TOTALE. eur are 15 On paye, en outre, au charbonnier, 4 fr. 50 cent. pour chaque place neuve d’un fourneau. Nous porterons à 1 fr. 50 cent. par double stère les frais d’abatage et de carbonisation. Les petits fourneaux coûtent un peu plus en pro- portion que les gros, mais ils sont cuits plus tôt. Frais de transport. Les frais de transport du charbon par des voitures sont gradués ainsi qu'il suit : A trois quarts de lieue, il en coûte 90 cent. par stère de charbon ; | À une lieue, il en coûte 4 fr. 20 cent. ; ‘À une lieue et demie, il en coûte 1 fr. 60 cent. ; À deux lieues, il en coûte 4 fr. 80 cent. ; Et par lieue, pour une distance de deux à sept lieues, il en coûte 6% cent. par stère de charbon, ou 16 cent. par tonneau. J81 Dans les chemins très-difficiles, il faut ajouter un quart à ces frais. Le transport du charbon à dos de chevaux ou de mulets coûte 1 fr, par lieue pour chaque stère, où 25 cent. par tonneau. Chaque cheval porte dix pieds cubes de charbon dans un sac. Prix du charbon. Un double stère de bois dur rendra dix-huit pieds cubes de charbon, ou deux tonneaux et demi environ (le tonneau d’un quart de stère). Le prix du double stère de bois sur pied CPR EEE SE US ST. L’abatage ct le dressage de ce double StetiCoGtent TE O.eent."on 0 CO TUE. Les frais de carbonisation, non compris V'abatage et le dressage des cordes, sont de PTS OT ON PT Te dre A6 dre 10 Le transport à une distance moyenne de 5 lieues coûte, pour deux tonneaux et HE (A: CN NES 2 e' es ete Ve Ce + Les faux frais sont de 50 cent., ci. . . . 50 Tomas. nt. 0 LÉO ——— Le prix du tonneau de charbon de bois dur ( qui forme un quart de stère) revient, par conséquent, à 4 fr. 80 cent. Le charbon vaut, sur les ports de la Saône voisins des forêts, 3 fr. 60 cent, le tonneau ; ce charbon pro- vient en partie de bois blanc. Hapports des valeurs. La pesanteur spécifique des charbons et leur valeur 35 sont à peu prés proporüionneiles à la pesanteur spé- cifique des bois verts avec lesquels ils sont fabriqués ; mais il y a des variations relatives aux divers degrés de dessiccation auxquels les bois ont été soumis. Il est avantageux de séparer les bois blancs des bois durs, parce que chacune de ces deux classes comporte différents degrés de desséchement et de cuisson. Consommation d'un haut fourneau et d'une forge. Pour fabriquer 1,090 kilog. de fonte de fer, il faut de 150 à 200 pieds cubes de charbon, suivant le mode de construction du haut fourneau, suivant la qualité du minerai que l’on y emploie, et suivant la nature des charbons. Ceux qui proviennent de bois blanc rendent peu de produits dans ces usines. Le meilleur charbon pour fondre le minerai de fer est celui d'un taillis de chène âgé de vingt à trente- cinq ans. Supposons que la consommation soit de 175 pieds cubes de charbon par 1,000 kilog., ce qui est un terme moyen entre les quantités que nous venons d'expri- mer ; ces 175 pieds cubes sontle produit de 20 steres de bois : ainsi, pour fabriquer un million de kilogram- mes de fonte, il faut 20,000 stères de bois. Le minerai que l’on emploie dans les hauts four- neaux de Bourgogne, Champagne et Franche-Comté, pèse de 100 à 130 livres le pied cube lorsqu'il est bien lavé. IL faut 1,550 kilog. de fonte pour fabriquer 1,000 kiloy. de fer dans une forge à marteau. La 389 quantité de charbon que l’on emploie à cette fabrica- tion est de 270 pieds cubes. Ainsi la fabrication d’un millier de kilog. de fer par les anciens procédés exige 506 pieds cubes de charbon, savoir : 1° Pour fabriquer les 1,350 kilog. de fonte destinés à être converüsen fer, 236 pieds cubes (en proportion de 175 pieds cubes pour 1,000 kilog.), ci... 236 k. 2° Pour réduire ces 1,350 kilog. de fonte en fer , il faut 270 picds cubes, ci. . . . . .. 270 Torar. e æ is 40,2, 0e 506 Le charbon de bois dur sert à fabriquer la fonte ; le charbon de bois blanc sert à forger le fer, mais ce dernier emploi sera de plus en plus restreint par la substitution de la houille au charbon de bois dans le travail de la réduction de la fonte en fer. Prix de La houille. Pour établir des comparaisons entre l’emploi du bois, celui du charbon de bois et celui de la houille, nous allons donner ici quelques prix relatifs à ce der- nier combustible. Le transport de la houille, dans des voitures, coûte 12 cent. par hectolitre et par lieue. L'hectolitre, qui pèse quatne-vingt-dix kilogram- mes, coûte À fr. 50 c. sur la mine, si le charbon est de premiére qualité. Le rebut coute 75 cent. l’hectolitre. Deux hectolitres de houille, soumis à une espèce de carbonisation, rendent trois hectolitres de coke. De lu qualité comparative des bois. Un grand nombre d'expériences ont été faites sur 390 la pesanteur spécifique des diverses espèces de bois. Le tableau suivant indique la moyenne de cette pe- santeur d’après les observations de Varennes-Fenille, de Hartig et d’un ancien auteur. PESANTEUR | PESANTEUR du bois, du bois, ESSENCES. per pied cube|par pied cube ré PT |OBSERVATION. desséc “sé nt VOLUME vert. Aubépine {| Aune. ÿ, Bouleau. Un arbre de 221 aps n'avait que 5 pouces de dia- Châtaignier. EOTT mètre. Chène pédonculé. . Chène-vert (yeuse). Cormier. Marseau (saule) . NIBIBZe A Merisier. Peuplier d'Italie. | Peuplier noir. à Pin sylvestre. . Platane Poirier sauvage. Sapin argenté, . 1! Saule blanc. . }, Sycomoré. 4. « .« . Tilleul Tremble. Ypréau D'après les expériences que j'ai faites, le pied cube vert de thuya pèse quarante-huit livres un dixième. 391 Le pin Weymouth, à demi sec, pèse vingt-neuf livres le pied cube. Les résultats obtenus par les forestiers qui se sont occupés de déterminer la pesanteur spécifique des bois peuvent fournir quelques inductions utiles : 1° Pour les bois lourds qui croissent dans un même terrain , le retrait est en raison de la diminution de la pesanteur spécifique. 2° Les bois résineux perdent proportionnellement plus de volume que les autres par l'effet de l’écoule- ment ou de l’évaporation des fluides qu'ils conte- naient. 3 Le bois des pays chauds est spécifiquement plus lourd que celui des pays froids ou tempérés. 4° L'effet produit au feu est à peu près en raison directe de la pesanteur spécifique des bois aprés la dessiccation, et en raison inverse du volume perdu par la dessiccation. 5° Le jeune bois pèse beaucoup moins que celui des arbres plus âgés. 6° Le bois des branches est moins lourd que celui du tronc. Suivant M. Dumas, la portion d’eau libre que les bois verts contiennent s'élève à quarante centièmes. Exposés à l'air, ils en abandonnent une partie; mais ils en retiennent toujours une quantité qui équivaut, en général, au quart ou au cinquiéme de leur poids. Une très-haute température la leur enlève; mais, exposés de nouveau à l'air, ils ne tardent pas à la reprendre en grande partie. L'analyse qu'il a donnée du bois séché à l'air pré- sente le résultat suivant : s»(y €} » À Aer Re pret er, D Eau combinée, . .... Eau libre. . ... 25 AUSeel 6 en a 2 Liu dpt lee /ph qe, due 100 » Le bois coupé en séve est celui qui brule le mieux. Comparaison de la chaleur produite par différents combustibles. Soixante livres de bois sec donnent dix-huit livres de charbon; mais la chaleur produite par la quantité donnée de charbon est plus grande que celle produite par le même poids de bois sec dans le rapport de 1089 à 600. Soixante livres de bois sec produisent, dans la com- bustion, la même chaleur que trente-trois livres de charbon, tandis que carbonisées elles ne rendent que dix-huit livres de charbon. IL y a donc une grande perte à brüler du charbon au lieu de bois see toutes les fois que l'emploi du pre- mier conviendrait aussi bien que celui du second. Le rapprochement que nous venons de faire dé- montre combien le défaut de routes et de chemins commodes est nuisible à l'accroissement de la richesse industrielle ; on voit quelle perte il en résulte dans les lieux où l’on est obligé de réduire le bois en char- bon dans les coupes, faute de moyens de transport. Le charbon de bois, la houille de première qualité et le coke rendent, à égalité de poids, la même quan- tüité de chaleur. 398 Il est avantageux de consommer de la houille au lieu de coke toutes les fois que cela est praticable sans inconvénient. Des souches et des racines. Les souches mortes , les souches des arbres rési- neux, celles des arbres et arbrisseaux que l’on veut expulser d’une forét, donnent des produits qui ne sont point à dédaigner dans les lieux où le bois n’est pas très-abondant et où les frais d'extraction ne sont pas considérables ; elles fournissent un excellent chauf- fage , car leur pesanteur spécifique est plus forte que celle des tiges. Les forêts résineuses, les massifs de futaie, donnent beaucoup de souches ; mais les arbres des futaies sur- taillis ont de plus fortes racines que ceux des futaies en massifs. On peut fabriquer d’excellent charbon avec des souches; mais il est préférable de les vendre pour le chauffage, si les frais de transport ne sont pas trop coûteux. L’enlévement des souches à demi pourries prévient la propagation de beaucoup d’insectes et d'animaux nuisibles ; en arrachant ces souches, on donne au sol une espèce de culture favorable aux semis naturels. On s’abstient de cet arrachement dans les pentes des montagnes. Des machines ont été inventées pour enlever les troncs, mais Jusqu'ici elles ont eu peu d'utilité. C’est le levier qui fournit le meilleur moyen et le plus facile. Si l’on arrache un taillis dans lequel se trouvent des futaics surtaillis, on aura par hectare 410 stères de souches et de racines, terme moyen. 39/4 Dans les exploitations ordinaires des bois feuillus, on trouve par hectare environ deux stères de souches mortes. —JZZZTUT]O— CHAPITRE IL. MENUS PRODUITS DES FORÊTS. I. De la feuille des arbres. La feuille de la plupart des arbres est une nourri ture excellente pour les bestiaux, et surtout pour les moutons. On la récolte en Bourgogne en exploitant les taillis ou en élaguant les arbres, depuis la fin du mois de juillet jusqu’au commencement d'octobre. On assemble les rameaux où menues branches en fagots de dix-huit pouces à deux pieds de tour.On les place convenablement pour les faire sécher en plein ar, et 1l suffit de deux jours s’il y a du soleil, et de quatre jours si le ciel est couvert de nuages. Il faut avoir l'attention de ne pas laisser mouiller les fagots, s’il est possible; l’on évite, par cette précaution, que la feuille noircisse et s'altère. Lorsqu'ils sont sufli- samment séchés, on les place dans une grange ou dans un hangar, où la feuille peut se conserver une année entière. Un hectare de taillis rend au moins 2,500 fagots de feuillage, qui valent 40 francs le mille, tout faconnés et pris dans la coupe ; il faut déduire 8 fr. par mille pour la facon; le produit en est, par conséquent, de 32 fr. le mille, ce qui fait 80 fr. par hectare. 395 La meilleure feuille est celle du frêne, érable, tilleul, orme, platane, tremble, cormier. Les moutons pré- fèrent de beaucoup la feuille fraiche à la feuille sèche, et celle-ci au meïlleur foin. Les feuilles de chène, de charme, de saule, mélan- gées, sont assez bonnes ; mais les feuilles de hêtre ne plaisent pas aux moutons, à moins qu'on ne les cueille quand elles commencent à jaunir. En Toscane, on donne la feuille des peupliers aux génisses. Dans la Lombardie et le pays de Naples, on plante des arbres qui soutiennent la vigne, procurent du bois pour le chauffage et de la feuille pour les bes- tiaux. On la cueille au mois de septembre, et on la renferme dans des creux ou dans des tonneaux ; on la couvre de branchages et de terre pour la préserver du contact de l'air, et la conserver fraiche toute l'année. On la place toujours dans un lieu sec. En Suisse, on fait sécher des feuilles de noiïsetier, d’orme, de bouleau et de saule, pour nourrir les bes- tiaux et les moutons pendant une grande partie de l'année. Un des meilleurs moyens de tirer parti de la feuille des bois pour les moutons est de pratiquer, depuis le mois de juin au mois d'octobre, des nettoiements dans les taillis. | On peut enlever les feuilles après leur chute dans les forêts situées dans des terres fertiles ou des vallées, sans auçun risque de faire tort à l'accroissement des arbres; les aiguilles des pins, des mélèzes et des au- tres arbres résineux sont un excellent engrais, parce qu'elles contiennent beaucuup d'oxygène. Cet engrais devient un terreau très-épais et très-compacte dans une période assez courte, La méthode de culture combinée, 396 proposée par M. Cotta, repose principalement sur cette propriété des plantes résineuses. On à soin, dans le Maine, de ramasser les feuilles des arbres, et de les mélanger avec la paille pour en faire de la litière et de l’engrais. Les feuilles et l'extrémité des branches servent à fa- briquer de la potasse dans les lieux où l’on n’en peut tirer parti autrement. IL. De la chasse. La chasse est un exercice presque héroïque dans la vie sauvage, et très-utile dans un pays nouvellement cultivé. Parcourir des plaines sans bornes; s’enfon- cer hardiment dans des forêts presque impénétrables ; traverser à la nage des rivières, des lacs ; endurer le froid et la faim; poursuivre des bêtes féroces ; dé- truire les animaux venimeux ; affronter des dangers de toute espèce, c’est assurément une noble occupation. La chasse avait encore un but d'utilité dans le moyen âge, lorsque les récoltes étaient exposées aux ravages des bêtes sauvages, lorsque les plus faibles animaux, les lièvres même et les lapins, causaient de grands dommages aux cultivateurs. Le chasseur secon- dait leurs travaux en protégeant les moissons contre des animaux destructeurs ; mais, grâce à des efforts répétés jusqu'à nos jours, le nombre des bêtes fanves est tellement réduit, qu'elles n’occasionnent plus guère de dégàt. On en est même venu au point de chercher à les propager pour avoir le plaisir de les chasser ; tant il est difficile de surmonter l'instinct et habitude de Ja destruction ! On concoit qu'il est agréable de voir le cerf, le daim, 397 le chevreuil, se promener dans un parce : ce sont des hôtes qui, dans une vaste propriété, sont parfaitement à leur place; leur beauté, leurs courses légères, ani- ment le paysage; mais quelques familles de ces ani- maux suflisent, et le grand nombre des individus de chaque espèce n’ajoute rien à l'agrément. Aujourd'hui le goût de la chasse est bien affaibli. La plupart des grands propriétaires chargent des mer- cenaires du soin de fournir leur table de gibier. La campagne leur procure des récréations plus intéres- santes : faire planter des arbres; construire et soigner une serre remplie de plantes précieuses ; améliorer les champs, les vignes, les troupeaux ; ouvrir des ca- naux d'irrigation ou de desséchement; bâtir ou répa- rer des usines : voilà, si l’on a bien calculé les moyens d'exécution, des occupations tout à fait dignes d'hom- mes qui réunissent à une grande activité et à de l’ins- truction cette élévation d’idées qui porte à s'occuper de choses utiles et importantes. En général, si l’on veut voir prospérer les jeunes plants, il faut prévenir la multiplication du gibier. Ilsuflit qu'il y en ait assez pour procurer un aliment agréable au propriétaire, des récréations aux citadins qui vont passer quelques jours dans les champs, et de l'exercice aux jeunes gens. Ce gout des courses cham- pêtres s'allie trés-bien à celui de l'agriculture, et nul n'est plus propre qu'un ardent chasseur à deve- nir un habile cultivateur forestier. Il acquiert, en parcourant les bois, une foule de notions pratiques sur les arbres et sur la manière de les traiter. Comme objet de revenu, la chasse mérite peu d’at- tention : car, dans la plupart des forêts, elle ne pour- rait guére se louer plus de 45 à 30 cent. par hectare. CHAPITRE HI. ESTIMATION DU SOL D'UN BOIS ET DE LA VALEUR DES JEUNES TAILLIS, ! Au premier apercu, on pourrait croire que tous les terrains forestiers qui sont susceptibles d’être cul- tivés en céréales, en prairies, en vignes, devraient être évalués au même prix que les terres , les prairies et les vignes du voisinage dont le sol est de même na- ture et à la même exposition; mais la difficulté d’ex- ploiter de nouveaux terrains lorsque les engrais man- quent déja à ceux qui sont er culture, les dépenses nécessaires pour construire les batiments, pour faire les travaux d'assainissement, pour se procurer les instruments aratoires et tout ce qui est utile dans une exploitation agricole, sont autant de causes qui main- tiennent la valeur des terrains forestiers au-dessous de celle des terres arables dont le sol est identique. Cette différence s’affaiblit et tend à disparaitre pour les petits bois situés dans une contrée bien peuplée, à portée des villages, et dont le défrichement et la mise en valeur n’exigeraient qu'un faible capital. Pour évaluer le sol d’un bois, il faut estimer d’a- bord le produit dont 1l est susceptible. On suppose qu'il est couvert d’un taillis qui s’ex- ploite périodiquement, et on estime le sol environ les deux tiers de la valeur du taillis âgé de vingtans. On peut toujours supposer que les bois sont mis en coupes réglées, de manièrequ'ils rendent, tous les ans; un certain revenu; et, uné fois que ce revenu est 999 connu, il est facile d'estimer le bois en masse ; on ob- tient ensuite la valeur distincte du'sol nu en dédui- sant de cette masse la valeur du taillis. Ce n’est pas tout : il faut encore que l'aménagement auquel on suppose que le bois est soumis soit passa- blement combiné : car, dans les bois mal aménagés, le revenu ordinaire présente à peine l'intérêt à trois pour cent de la seule valeur des taillis et des futaies ; le sol ne produit point de rente, tandis qu'il en donne une assez considérable si le bois est bien cultivé. Ces estimations, qui varient avec la quotité des im- pôts fonciers et des frais de garde, peuvent être vé- rifiées de la manière suivante : Supposons qu'un taillis de vingt-cinq ans vaille 625 fr. l’hectare, et que le sol soit évalué 250 fr. En calculant sur Fintérêt à quatre pour cent, on aura, vingt-cinq ans après l’époque de l'exploitation de la coupe, 40 Une coupe qui vaudra. . .. 4... +. 625fr. Qrhoeglidvalué. a. UE, JS 260 819 Déduisant les charges annuelles, évaluées 9 fr. par hectare, et s'élevant, avec les intérêts con) posés, à L L LL L L2 LA L1 LI LI LI L . LE] ee LA . LA LA À 208 Il resténet. 575 : "667 Mais si, au lieu d'acheter ce fonds de boïs, je place mes 250 fr. à quatre pour cent avec intérêts cumulés pendant vingt-cinq ans, j'aurai 666 fr. 40 cent., c'est-à-dire la même valeur que si j’achetais un bois, d’où je conelus que le sol est bien évalué à 250 fr. l’hectare. 700 Supposons qu'un fonds de bois puisse rapporter 750 fr. par hectare à l'expiration de chaque période de vingt ans, combien vaut le soi en calculant l'in- térét au taux de quatre pour cent par an? On reconnaitra bientôt qu'il vaut 650 fr. En effet, le propriétaire trouvera au bout de vingt ans, 1° La coupe EVAIUOB ou à Me ve .. 30 DTA EU ESTIRE. à 2 = à ee 0 « dore NU Totalkiisrme,sox 4,880 Or la somme de 630 fr., placée à intérêt composé pendant vingt ans, à quatre pour cent, s'élève à 1,379 fr. 70 cent. ; la valeur réelle du sol est donc de 630 fr. l’hectare, à quelques centimes près. Dans la même proportion et en calculant sur le même pied de quatre pour cent, le sol d’un bois dont la coupe produirait 1,000 fr. tous les vingt ans doit être évalué 840 fr. En prenant pour base l'intérêt à trois pour cent, nous obtiendrons un résultat bien différent. Le sol d’un bois dont la coupe rapporterait 1,000 fr. par hectare, tous les vingt-quatre ans, vaut, à ce taux, 968 fr. Le sol d’un bois dont la coupe rapporterait 4,000 fr. l'hectare à l’âge de vingt ans vaut 1,250 fr., car au bout de vingt ans on aura, 4° La coupe évaluée... . . .., » sdtisan 1, 60. 2: Le solévalugirétnes sus occun 6.143260 L'OUR. - ce Mais en placant la somme de 1,250 fr. à trois pour 401 cent, pendant vingt ans, avec intérèts composés, on aurait obtenu le même capital de 2,250 fr. Si, actuellement, nous prenons l'intérêt au taux de trois et demi pour cent, nous trouverons que la valeur du sol est à peu près égale au produit de la coupe faite lorsque le taillis a atteint l’âge de vingt ans. Si cette coupe rapporte 1,000 fr. le sol doit être évalué 1,010 fr.; effectivement, à l'expiration des vingt années on aura : 1” 14/coupe évaluée. . . . . 2... .... 1,000fr. PR EM 0 9, 1070 ——_————— Total. . ... 2,010 RSR fie A0 Etsi, au lieu d'acquérir le sol, on eût placé lasomme de 1,010 fr. à intérêts composés, au taux de trois et demi pendant vingt ans, on eût obtenu le mème capi- tal de 2,010 fr. On ne doit pas perdre de vue une règle qui est sui- vie pour les estimations des biens ruraux en général : c'est que, dans la balance des appréciations di- verses relatives à chaque objet, on doit toujours ten- dre à augmenter la valeur du sol s’il est de bonne qualité, et à la diminuer, s’il est maigre, infertile et mal situé. Nous placerons à la fin de ce volume des tables d’in- térêts composés qui serviront à faire des calculs ana- logues à ceux que nous venons de présenter. Inous reste à parler de l'estimation desjeunes taillis. Nous avons reconnu qu'ils croissent à peu près suivant la loi des carrés des nombres naturels, en sorte que le taillis de cinq ans ne vaut que le quart du taillis de dix ans, Mais on ne coupe pas ordinairement 20 402 un taillis de cinq ans ; il y a du prolit à le laisser croi- tre; par conséquent, il faut l'estimer plus cher que si on l’exploitait à cinq ans. La valeur des taillis non exploitables se calcule or- dinairement d’après une proportion arithmétique, en sorte que si le bois s’exploite à vingt ans, et que sa va- leur, à cet âge, soit de 400 fr. , le taillis d’un an est estimé 20 fr., celui de deux ans 40 fr., celui de trois ans 60 fr., et ainsi de suite. Ces résultats se rapprocheront assez d’une valeur calculée sur le pied de trois pour cent; mais, si l’on veut prendre un autre taux d'intérêt, la valeur des taillis non exploitables sera d'autant plus forte que le taux de cet intérêt sera moins élevé. I s’agit donc de supputer ce que vaut actuellement, en réalité, une somme que l’on ne doit recevoir que dans quinze, ou dix-huit ou vingtans, plus ou moins. CHAPITRE IV. DE LA SURVEILLANCE ET DE LA COMPTABILITÉ D'UNE EXPLOITATION DE COUPE DE BOIS. Avant de commencer l'exploitation d’une coupe, on calcule le nombre de stères de bois de chauffage de chaque espèce, le nombre de stères propres à faire du charbon, la quantité des perches qui sont propres aux constructions légères, de celles qui sont destinées à faire des treillages, des palissades, des cercles : on es- time la quantité de paisseaux, d’échalas, de cotrets, de fagots que peut produire la coupe. On procède au dénombrement et à l'estimation par- 103 tielle de tous les arbres destinés à être abattus, en les faisant numéroter au flanc, et en les distinguant par espèces, grosseurs et qualités : on suppute la quantité de marchandises que l’on peut en retirer, suivant la possibilité et les avantages du débit en merrams, planches, lattes, sabots, courbes pour les bateaux. On forme un tableau contenant ces détails, dans le- quel on réserve une colonne à remplir à mesure que les arbres sont débités, employés ou vendus. Ge tableau est dressé ainsi qu'il suit : Elles] NONS 5 #B|2T S £ &! SSlosl, à des ES #S|Zz| = 4 &: "3 = acheteurs. + =] 2 © | [d On remet ensuite au facteur plusieurs registres co- tés et paraphés, ce qui est facile et économique par le moyen de la lithographie, savoir : 4° Un journal dans lequel il inscrira, jour par jour, toutes ses ventes, tous ses marchés, ses recettes et dé- penses, enfin toutes ses opérations ; Dans les coupes considérables, on inscrit les recettes et dépenses sur un livre de caisse ; 2° Un état des ventes qui sera fait sur le modéle que nous donnerons ci-après; 3° Un livre de comptes courants pour chaque ou- “vrier Où voiturier, contenant sur une page les sommes qui lui sont payées, et sur l’autre page le détail de ce qui lui est dû pour son ouvrage ; 1° Dans les grandes coupes, on ouvre un ecmpte à 107% chaque espece de marchandises, en inscrivant d’un côté ce qu’elles coûtent, y compris l'estimation des arbres ou taillis dont on les tire, les frais de fabrica- tion et de transport, et d’un autre côté les sommes qu'elles produisent. Tous les registres portent des numéros corrélatifs pour faciliter les recherches et les vérifications. On peut les faire relier dans le même volume, au devant duquel on place une table alphabétique des noms des débiteurs et créditeurs et des noms des diverses mar= chandises. Nous allons donner quelques modèles de tableaux que le régisseur de la coupe doit remettre périodique- ment à son commettant, et qui sont faits sur le mo- déle des registres, dont on peut les considérer comme un double. MODÈLES DE COMPTABILITÉ D'UNE VENTE DE COUPE, 17 TABLEAU. Etat des ventes faites pendant le cours du mois d Ce tableau est divisé en six colonnes : 1e colonne. Numéros du journal. 2* id. Date des ventes. 3* id. Noms, prénoms, professions et demeures des acheteurs. 4° id. Espèce des objets vendus. 5e id. Quantité de chaque espèce. Ge id. Prix des ventes. 105 2° TABLEAU. Extrait du registre de caisse pendant les mois. d 1° colonne. Numéros du journal. Numéros du livre des ouvriers. Numéros du livre de caisse. > id. Date des recettes et dépenses. 3 id. Noms et demeures de ceux qui ont recu ou payé. 4 id. Nature des recettes et dépenses. 5e id. Montant des recettes. G° id. Montant des dépenses, 3e TABLEAU, | T'ableau de la fabrication de la coupe. 1 colonne. Noms et prénoms des ouvriers, > id. Moules de chêne, — bois blanc, — branchages. 3° id. Bottes d’écorce. 4 id. Bottes de fascines. Se id. Cordes de taillis, — vendues, — carbonisées. G° id. Perches à lattes. ni: Bottes de harts ou liens. 8 id. Cercles, — de cuves, — de tonneaux. Œ, M. Courbes pour les bateaux. 1o® id. Fagots, — de taillis, — de branches d’arbres. 119 id. Stères de copeaux. 12° id. Planches, — de chène, — de bois blanc, 13° id. Plateaux de hêtre. 14 id. Lambris. — Membrure. — Merrain. 10°, 1d, Numéros des arbres non débités. 169 id. Valeur des bois fabriqués. 4° TABLEAU. État de la vente des moules de gros bois provenant du taillis. 1'e colonne, Numéros des moules. 406 + id. Noms et demeures des acheteurs. 3 id. Prix de chaque moule. 4e id. Prix total de la vente. BP, fil Date des livraisons. 6° id. Date des payements. 7° id. Montant des payements. Il est facile de dresser un état semblable pour chaque espèce de produit. 5e TABLEAU. État relatif a charbon: 1e colonne. Noms des charbonniers. 2 | 18. Nombre des fourneaux. EE: | Nombre des cordes: 4° id. Produit par fourneau en tonneaux ou en pieds cübes. 5e id. Lieux des livraisons, fe : id. Noms et demeures des acheteurs. jt id. Quantité de charbon vendue, en tonneaux ou pieds cubes. 8° , id. Prix du tonneau. og id. Prix total. 10® id. Date des payements. CE: Montant des payements. 6° TABLEAU. T'ableau récapitulatif des ventes. Ce tableau est corrélatif au Tableai n° 3. La première colonne contient les numéros des registres. La seconde sert à inscrire les noms, prénoms et doïiiciles des acheteurs où consommateurs, | Les autres colonnes contiennent le détail de chaque espèce de bois ou de marchandise fabriquée. Il doit comprendre les bois qui ont été consommés par l’ex- ploitant, le facteur et les ouvriers. On doit y comprendre aussi la perte et le déchet, de manière A07 que le total des bois et marchandises corresponde exactement aux additions qui se trouvent au bas du tableau n° 3. 7° TABLEAU. État des frais d'exploitation, re colonne. Numéros du registre des ouvriers. o* id. Numéros de la caisse. 8e id. Noms des ouvriers, charbonniers et voituriers; 4° id. Espèce des bois fabriqués ou transportés. 5e id. Charhons. 6° id. Quantité des bois et charbons. 7° id. Prix pour chaque espèce. SN," Prix tal. 9 id. Somimnes payées aux ouvriers et voituriers. 16° id. Sommes restant dues aux ouvriers et voituriers, CHAPITRE V. OBSERVATIONS SUR LES DROITS D’USAGE, ET SUR LE PATURAGE EN PARTICULIER, Nous avons dit que la plus grande partie des forèts ont été détruites par le pâturage ; nous avons dit aussi que le pâturage sagement réglé était utile à l’accrois- sement des taillis. Il importe de fixer les idées sur ce point. Lorsque les bestiaux parcourent les bois en tout temps, leur passage n’est qu'une grande dévastation dans laquelle ni arbres ni buissons ne sont épargnés. C'est ce que l’on voit dans les Pyrénées, les Cévennes, et plus particulièrement dans les départements de la Drôme, des Hautes et Basses-Alpes, qui recoivent les moutons transhumants des plaines d'Arles : ces mon- tagnes sont presque dégarnies de forêts; les lois sont 108 impuissanies contre cel usage pernicieux, qui n'a subsisté que parce que le pâturage rapportait plus que le bois. Bcaucoup de bois, sans être détruits, souffrent du paturage ; on les reconnait au premier aspect à l’iné- galité dans la hauteur des brins du taillis, car ceux qui n’ont pas souffert de Ja dent des bestiaux sont bien plus élevés que les autres; à la bifurcation des ra- meaux, qui repoussent aprés avoir été rongés ; à l’ab- sence de jeunes plants, et à d’autres signes non moins équivoques. | La difficulté de mettre un frein aux abus du par- cours en a fait proscrire l'usage dans un grand nombre de forêts; on a regardé ce moyen de conserva- tion comme le seul qui füt assuré. Rien de mieux dans les taillis où il ne croit point d’herbes; car les jeunes pousses du bois étant le seul aliment que puissent y trouver les bestiaux, ils ne les épar- gnent pas. Mais dans les forêts dont le terrain se couvre d'herbes et d’arbrisseaux, le pâturage sagement réglé détruit les ronces, les viornes et les épines; les ani- maux brisent ces plantes pour s'ouvrir un passage ; ils foulent sous leurs pieds une mousse compacte qui s'opposait à la germination des graines fores- tières; les jeunes plants n'étant plus étouffés au milieu des buissons se développent avec plus ou moins de force. Les taillis nettoyés par le pâturage valent quel- quefois beaucoup plus que ceux où il a été in- wrdit. Plus le sol est fertile, plus la différence est considérable. Il en est de même de la glandée; l'espèce de labour que les cochons donnent à la terre fait germer une infinité de graines; mais, 409 dans une forèt cultivée, on n'a pas besoin d'un tel secours. L'usage d'enlever le bois mort contribue aussi à ac- célérer l'accroissement des taillis; l'extraction des brins trainants, des épines dépérissantes et des branches qui se dessèchent, est une espèce d’élagage informe, favorable aux forêts. Ces usages, ce parcours, produisent l'effet d'un net- toiement mal exécuté. Les moyens que la culture fo- restière indique sont bien préférables. Au lieu de faire manger l'herbe par les bestiaux dans les taillis très-jeunes, il faut la couper ou l’arra- cher, et quelquefois la brüler. Au lieu du pâturage, qui détruit souvent les brins bien venants aussi bien que les mauvais, au lieu de l’enlèvement irrégulier du bois mort, il faut des cultures et des nettoiements périodiques. Quand on est forcé d'abandonner des taillis au par- cours, il est avantageux de les faire éclaircir aupara- vant, parce que les hestiaux dévorent les jets qui repoussent après l’abatage. Ilest facile de clore les taillis pour y interdire l’en- trée des bestiaux aprés leur exploitation; il suffit de couper d'avance les brins du pourtour de la coupe à la hauteur d'un mètre et demi, et de ployer les bran- ches latérales. En résumé, 1° le paturage est toujours pernicieux pour le taillis dans les bois où il n’y a point d'herbe; 2° 1l est très-nuisible s’il n’est pas bien réglé; 3 les bonnes espèces de bois se détruiraient bientôt dans les taillis, s’il n'y avait ni parcours ni nettoiement; 4° l'herbe qui pousse en abondance dans les jeunes taillis doit être utilisée. 110 Notre nouvelle loi forestière est d'accord sur ce point avec les principes d’une bonne administration. L'exercice des droits d’usage étant présque toujours incompatible avec la pratique de la culture forestière, un propriétaire ne doit pas hésiter à racheter les droits de pâturage, s’il peut y parvenir moyennant un prix qui ne soit pas trop onéreux. Les calculs qui vont être présentés, et qui reposent sur l'observation d’un grand nombre de faits, aideront à établir une appréciation équitable. Dans un sol humide et frais comme celui d’un pré : Age: Ans. Nombre de bestiaux Valeur du pâturage Valenr par 100 hectares. par bêteet par an. par 100 hectares. 1B TES LS 170 5 850 19714, 19e 140 4 560 16,17, 18. 110 3 330 19, 20, 21: 70 > 140 22, 23, 24. 55 t 55 1035 Total 1935 fr. pour un parcours de l’étendue de 500 hectares dans une forêt de 800 hectares, dont 15 coupes sont livrées au pâturage, tandis que dans les dix plus jeunes il est défendu ; le revenu par hec- tare est de 2 fr. 42 cent. Dans un bois de plaine contenant 800 hectares : Age. Ans. Nombre de bestiaux Valeur du pâturage Valeur par 100 hectares. par bêteet par an. par 100 hectares. 10,11,12. 200 2 400 13,14, 15. 200 1 5o 300 16, 17,18. 200 1 25 250 19, 20, 21. 150 l 150 2.25 2 Ds 2.4. 120 1 120 1220 AV Ce qui fait 4 fr. 52 cent. par hectare, pour toute l'étendue de la forêt. Dans un bois dont le sol est d'assez bonne qualité : Age. Ans. Nombre de bestiaux Valeur du pâturage Valeur par 100 hectares: par bêteet par an. par 100 hectares. 10,11, 12. 120 4 480 13,14, 19. 100 3 300 16, 17, 18. 70 2 140 19,20, 21. 30 1 5o 45 29, 93,04: 25 l 25 Ep Ce qui fait par hectare 1 fr. 23 cent. annuellement pour toute l'étendue de la forêt. Dans une forêt de 800 hectares située dans un ter- rain de qualité médiocre : Age. Ans. Nombre de bestiaux Valeur du pâturage Valeur par 100 hectares. par béteet par an. par 100 hectares. 10,11, 12. 70 2 95 178 5o 13, 14, 15. 54 2 108 16, 17,18. 4o 1 5o 6o 19, 20, 21. 30 ( 30 22,23, 24. 20 o 75 25 À 391 5o Ce qui fait 49 centimes par hectare pour toute l’é- tendue de la forêt. Il faut, dans l'évaluation, avoir égard à quelques circonstances : 1° à l'épaisseur du bois ; il y a plus ou moins de places vagues, ce qui influe sur la quantité d'herbe produite; 2° à l'étendue des forêts. Pour gar- der cent têtes de bétail, il faut deux personnes et deux chiens ; ces frais reviennent à 700 fr. par an : il en coûté done 7 fr. par an pour la garde d’une tête de bétail, Mais, si l’on ne peut réunir un grand nombre 412 de bestiaux dans la même forêt , les frais sont plus élevés. CHAPITRE VI. DU CANTONNEMENT. Il y a plus de cinq siècles que l’on se plaint, en France, des abus qu’entraine inévitablement l’exer- cice des droits d'usage ; on avait nommé un oflicier sous le nom de forestier, dont les fonctions se bor- naient à la conservation du gibier et à la délivrance des bois aux usagers. Ceux-ci augmentaient la culture agraire aux dépens de l’étendue des bois, malgré les forestiers, et cela était quelquefois très-heureux. De- puis longtemps on ne s’accommode ni de faire des demandes en délivrance qui répugnent à ceux qui ont des droits acquis, ni d’acquiescer toujours à des de- mandes exagérées, et les propriétaires se séparent des usagers par le cantonnement. Le cantonnement consiste à céder en toute pro- priété aux usagers une portion de la forèt pour leur tenir lieu de leurs droits d'usage(x). Quelle est la règle à suivre dans le cas où la forêt peut à peine suflire aux besoins des usagers ? Ce cas se rencontre assez fréquemment, car les usagers sont beaucoup plus nombreux qu'autrefois ; ils ont beaucoup plus de bestiaux ; leurs besoins de (1) Voyez mon Manuel des propriétaires et régisseurs de bois et foréts, page 286. Voyez aussi le Manuel de l'estimateur des forëts, par M. Noirot-Bonnet, (Ces deux ouvrages se trouyent chez Mme Huzard. ) 445 toute espèce ont pris de l’extension; leurs maisons sont plus #randes, leurs instruments aratoires plus compliqués, etc. Doit-on, dans cette hypothèse, céder aux usagers la propriété de la forêt tout entière, et en dépouiller ab- solument le propriétaire ? D'abord ce n’est pas à la consommation réelle qu'il faut s'attacher, mais bien à l'étendue des besoins des usagers. En second lieu, il reste toujours au propriétaire quelques droits qu’il n’a point aliénés, ne füt-ce que le droit de chasse, celui d'extraire des mines dans le sol, etc. Il conserve la jouissance éventuelle du sol, pour le cas où la forêt serait détruite par le temps. D'ailleurs, on ne peut présumer que ses prédécesseurs n'aient pas entendu se réserver une partie notable de la propriété lorsqu’ils ont concédé les usages ou qu’ils en ont fait la reconnaissance. Ces circonstances sont ordinairement appréciées par les tribunaux ; mais il est un autre point fort im- portant sur lequel leur attention n’a peut-être pas en- core été appelée. Une propriété foncière est estimée ordinairement à raison de trois pour cent du revenu net dont elle est susceptible. Mais il est évident qu'un droit d'usage ne peut pas ètre capitalisé au même taux; car, en supposant qu’il pût être aliéné, personne ne voudrait l'acheter au taux de quatre, ni même de cinq pour cent du re- venu net. Les avantages principaux de la propriété sont re- fusés aux usagers; ils ne peuvent varier la culture à leur gré, ni régler l'exploitation ou l'aménagement des 114 bois ; ils sont obligés de demander la délivrance de leurs usages aux propriétaires ; ils ne peuvent faire ou exiger aucune amélioration, ni empêcher que la forêt ne dégénère, ce qui arrive toujours à la longue, quel que soit le mode d’aménagement; les es- sences de bois soumises à l'usage finissent souvent par disparaitre pour ne se reproduire que quelques siéeles plus tard. Un acquéreur voudrait donc retirer six à sept pour cent du capital qu'il mettrait dans une acquisition de droit d'usage, si elle était praticable. Cette mesure donne la valeur réelle des droits d'a- sage capitalisés. Dans la plupart des États de l'Europe, la légista- tion n'a pas encore autorisé les propriétaires à faire cantonner les usagers. Les Allemands laissent exercer paisiblement les droits d'usage; mais tout se passe dans un ordre parfait : la saison, le Jour, le mode d'exercice, sont réglés d'avance; des gardes et des militaires sont placés sur différents points de la forèt et sur les routes, pour veiller à la stricte et méthodique exécution des réglements. Il n’en est pas de même en Angleterre, où la con- fusion des droits est telle, qu’il est des farèts dont le sol appartient à la couronne, le taillis à des partieu- liers, et le droit de parcours à des communes qui ont détruit et les taillis, et les futaies, et même Les souches. Il faut un acte spécial du parlement pour régler entre les intéressés le partage de chaque forêt grevée d’u- sages. CONCLUSION. Toutes les forêts sont plus ou moins susceptibles d'améliorations ; les plus mauvais terrains peuvent produire des bois, pourvu que le sol soit assez cou- vert pour conserver l'humidité : les nettoiements et les éclaircies, qui font gagner du temps sur la durée de l'accroissement des arbres, qui assurent le repeuple- ment naturel des meilleures espèces forestières ; la substitution de celles-ci aux essences qui conviennent le moins au sol ; la formation de pépinières destinées à fournir du plant pour créer des bois dans tous les terrains peu propres à d’autres cultures et dans les plus petits espaces incultes ; tous ces travaux sont d’une exécution facile, et le succès ne peut en être douteux. Nous avons indiqué les meilleures méthodes de culture et d'aménagement; nous nous sommes étendu sur l'estimation, parce qu'ilimporte de connaitre et de cul- tiver les arbres qui donnent le plus de profit, et que le succès de la science forestière repose entièrement sur des calculs bien faits de dépenses et de produits. Il ne nous reste plus qu’à énoncer une vérité qui ressort de tout ce que nous avons dit dans cetouvrage : les forêts les plus productives seront celles dont les arbres seront parfaitement appropriés au sol et au genre de débit local, et dans lesquelles la plus forte somme de travail utile sera employée chaque année. L'adoption de la culture forestière nous semble être une nécessité. Espérons qu'elle fera des progrès et qu'elle s’agrandira avec le temps. 116 TABLEAUX. Tableau de la valeur des coupes de bois et des fonds de terres labourables, prés et vignes, pendant les cinq derniers siecles. Nous avons calculé la valeur relative des fonds de terres et des coupes de bois d’après les documents que nous avons recueillis aux archives de Dijon. Nous rapporterons une partie des ventes qui ont servi de base à nos calculs. Les prix, exprimés en monnaies dont la valeur a subi de grandes variations, doivent être réduits à une mesure commune; nous prendrons d’abord, dans cette vue, la valeur du marc d'argent (245 grammes); mais ce métal étant devenu, par l'effet de l’exploita- tion des mines d'Amérique, quatre fois plus commun qu'il n’était dans le xv° siècle, il faut la rapporter au poids d’une quantité déterminée de blé pour terme de comparaison. Comme la production du blé suit assez régulièrement les progrès de la population, et que la consommation en est d’un usage presque général en France, c’est au prix moyen et commun de cette den- rée que nous rapporterons les prix dont nous allons nous occuper. Nous citerons d'anciennes mesures dont nous al- lons faire connaitre la valeur. L’étendue de l'ancien arpent est de quarante-deux ares ; mais, depuis l’année 1669, les bois ont été me- surés à l’arpent de cinquante et un ares sept cen- tiares. 417 Le journal de terre contient trente-quatre ares vingt-huit centiares. La soiture de pré est de la mème étendue , qui est précisément égale à celle de l’arpent de Paris. Le setier de blé dont nous parlerons est l'ancien se- tier de Paris, qui pesait 240 livres (118 kilog.), et qui vaut aujourd’hui 30 fr., terme moven. ANNÉE 4291. Le setier de blé valait, à cette époque, 10 sous. Le marc d’argent était à 2 livres 18 sous. Vente d’une grange et meix à Maisey, et ses appar- tenances du four de Til, ensemble de cinquante jour- naux de terres en treize pièces, à Maisey, Til et Li- gniéres, dix soitures de pré auxdits finages, pour le prix de 300 livres tournois. Cela faisait environ 600 setiers de blé. Ces immeubles se vendraient aujourd'hui 30,000 francs environ, ou 1,000 setiers de blé. ANNÉE 1293. Vénte au duc de Bourgogne de la tondue de 400 ar- pents de bois de Nesle, c'est à savoir : 300 arpents de boïs de haute forêt et 100 arpents de bois com- muns, à vingt ans de traite, pour Le prix de 1,600 li- vres tournois. Le prix de l’arpent était de 4 livres. Il vaudrait aujourd’hui 1,200 francs. Comme le setier de blé valait 10 sous, un arpent de bois coûtait 8 setiers de blé. En 1838, le setier de blé vaut 30 francs; il faudrait, par conséquent , {0 setiers pour acheter ce qui ne coùtait que 8 se- tiers en 1295. 3 4 & ( 418 ANNÉE 1310. Le prix du setier de blé était de 15 sous. Le marc d’argent était à 3 livres 8 sous. Vente des villages de Chevigny-Saint-Sauveur et de Corcelles-en-Montvau, avec tous les droits, tailles, censives, corvées, les cens, dimes , tierces , terres, prés, fours, moulins, bois, cours d’eau, pêche, pâtu- rage, meix, maisons, murs et fossés, etc., etc., et quatre soitures de prés sur Chevigny, pour la somme de 1,600 livres tournois. Vente de deux journaux de terre pour 24 livres tournois, au finage d’Ouges. ANNÉE 434. Le prix du setier de blé était de 16 sous. Le marc d’argent était de 3 livres 8 sous. Vente d’un demi-journal de terre à Ouges pour 8 livres tournois. Vente d’un demi-journal de terre au finage d'Ou- ges pour #0 sous tournois. - Vente d’un demi-journal de terre à Ouges pour 3 livres tournois. Le prix moyen était de 9 livres 10 sous le journal, ou de 12 setiers de blé environ. Le journal de terre, dans cette localité, vaut, en 1838, 80o fr., terme moyen, ou 27 setiers de blé environ. Vente de trois journaux de terre au finage de Longvic pour 30 livres tournois. Vente d’un demi-journal de terre au finage de Longvic pour 60 sous tournois. Vente de deux journaux de terre au finage de Longvic pour 15 livres tournois. 449 Le prix moyen du journal de terre était de 8 hvres environ, ou de 10 setiers de blé. Le journal de terre, dans cette commune, vaut aujourd'hui 700 francs ou 23 setiers de blé. Vente au finage de Ruffey de deux journaux et demi pour 10 livres 10 sous tournois. Le journal de terre vaut, en 1838, 500 fr., terme moyen. } ANNÉE 1353. Le prix du setier de blé était très-élevé parce qu'il y avait une famine ; maïs, en 1 356, il était descendu à 12 sous. Le marc d'argent était monté à 10 livres. Vente de la coupe du bois appelé le Vernois d’An- tilly, contenant trente arpents, à cinq ans de traite, pour 450 livres. Cela fait 5 livres l’arpent (environ 8 setiers de blé). En 1838, un arpent de bois, dans cette localité, vaudrait 1,500 fr. ou Do setiers de blé. Vente de la coupe de douze arpents de bois en la châtellenie de Vergy pour 125 livres. ANNÉE 1367. Le prix moyen du setier de blé était de 20 sous. Le marc d'argent était à 6 livres. Vente d’une fauchée de pré au finage de Flacey pour 3 fr. d'or. (Le franc d’or valait 60 sous tour- nois.) Cette fauchée de pré vaudrait 6oo fr. en 1838. Vente d’un demi-journal de terre à Orgeux pour 5 florins de Florence. (Le florin valait une livre tour- nois.) Ce demi-journal de terre vaut, en 1838, 250 fr. environ. 1728 Vente d'un demi-quartier de vigne au finage de Talant pour deux florins de Florence. Ce demi-quartier de vigne vaut environ 120 fr. en 1838. Vente d’un meix et maison et dépendances à Fon- taine-lès-Dijon pour la somme de 12 fr. Vente d’un demi-journal de vigne à Ruffey pour 2 florins. (Le florin valait une livre tournois.) Ce demi-journal de vigne vaudrait 500 francs environ en 1838. Vente d’un journal et demi de terre au finage de Longeau pour 2? florins. Ce journal et demi de terre vaut environ 1,200 fr. en 1838. Vente de quatre journaux de terre au finage de Crimolois pour 16 florins. Le journal de terre était vendu 4 setiers de blé ; aujourd’hui il vaut environ 20 setiers. ANNÉE 1981. Le setier de blé valait 16 sous. Le marc d’argent était à 6 livres. Vente de la coupe de trente arpents de bois au finage de Maisey pour 120 fr. Cela fait 4 livres ou 5 setiers de blé l’arpent. En 1838, un arpent semblable vaudrait environ 1,200 fr. ou 4o setiers de blé. ANNÉE 1383. Vente d'une maison à Dijon, rue Saint-Nicolas, pour 3 fr. d'or. Vente d’une maison, fonds et meix et appartenan= ces, pour 25 fr. d'or, ladite maison sise à Dijon. 121 ANNÉE 4392. Le setier de blé valait 16 sous. Le marc d'argent était à 6 livres 15 sous. Vente de la coupe de cent arpents de bois au finage de Maisey pour 350 fr. Vente de la coupe de quatre-vingts arpents de bois au finage de Maisey pour 146 fr. 8 gros. Le prix moyen était de 3 setiers de blé par arpent. Ce prix serait aujourd’hui de 40 setiers. ANNÉE 4402. Le setier de blé valait 16 sous. Le marc d'argent était à x1 livres 14 sous. Vente d’une pièce de vigne de trois quartiers au finage de Dijon pour le prix de 40 fr. d’or. (Le franc d’or valait 20 sous tournois.) Une vigne de cette contenance vaudrait 800 fr. environ en 1838. Ç _ ANNÉE 1404. _Le setier de blé valait 17 sous. Le marc d'argent était à 11 livres 14 sous. Vente de la coupe de bois de soixante arpents de bois au finage de Verdun pour 450 fr. Le prix moyen était de 7 livres 10 sous l’arpent ou 9 setiers. Un arpent semblable coûterait 5o setiers de blé en 1838. ANNÉE 4407. Vente d’un meix, maison et dépendances d'un journal de terres, de six ouvrées de vignes, au finage de Meuilley, pour 148 fr. Vente d’un demi-journal de vignes au finage de Dijon pour 6 fr. d’or. 122 | Une vigne de cette contenance coûterait 600 fr. environ en 1638. Vente de trois quartiers de vigne au finage de Di- jon pour 8 écus d’or, (L'écu d'or valait 3 livres tournois,) Vente d’un journal de terre au finage d’Arc-sur- Tille pour 5 fr. Ce journal de terre coûtait 6 setiers de blé. Aujourd’hui à coûterait 14 setiers. Vente d’une pièce de terre de trois quartiers au finage de Varanges pour le prix de 2 florins d’or. (Le florin d’or valait 20 sous tournois.) Cès trois quartiers de terre vaudraïent aujourd'hui 600 fr. ANNÉE 4425. Le setier de blé valait 1 7 sous, terme moyen. Le marc d’argent était à 7 livres 10 sous. | Vente de la coupe de soixante arpents de bois pour 30 fr., dans les châtellenies de Montréal et de Chäteau- Girard. Le prix de l’arpent n’excédait guëre celui d'un démi-setier de blé. On le vendrait environ 30 sétiers en 1838. ANNÉE 4474. Le setier de blé valait 18 sous, Le marc d'argent était à 11 livres. Vente de deux journaux et demi de terre pour 42 fr, à Magny-sur-Tille, Ces deux journaux et demi de terre vaudraient aujourd’hui 1,400 fr. environ. Vente de trois journaux de terre à Beaumont-sur- Vingeanne pour 8 fr. 423 Ces trois journaux de terre valent, en 1838, 135o fr. environ, ce qui fañt {00 fr. le journal. ANNÉE 41475. Vente de deux journaux de terre à Beaumont pour 5 fr. Le journal coûtait environ 6 setiers de blé. Aujourd’hui il coûterait 14 setiers. ANNÉE 4485. Le setier de blé valait 14 sous. Le marc d'argent était à 11 livres 10 sous. Vente d’un demi-journal de vigne au finage de Dijon pour 13 fr. Ce demi-journal de vigne vaudrait aujourd’hui 600 fr. en- viron. ANNÉE 4531. Le setier de blé valait 5 livres 3 sous. Trois ans après, en 1534 , il était descendu à 25 sous. Le marc d'argent était à 14 livres. Vente de dix soitures de prés au finage de Chevi- gny pour 20 fr. Cela faisait 2 fr. la soiture, où moins d’un demi-setier de blé. Aujourd’hui la soiture se vendrait 450 fr. ou 15 setiers de blé au moins. Vente de deux journaux de terre labourable à Bel- lefond pour 14 fr. Le journal de terre valait 7 fr. ou un setier et un tiers de blé environ. Eu 1838, le journal vaut 12 setiers de blé environ. ANNÉE 145066. Le setier de blé valait 9 livres 11 sous. Le marc d'argent était à 18 livres. 1. 24 Vente d'une soiture de pré à Voulaine pour 45 sous tonrnois. Cette soiture de pré vaudrait aujourd’hui 800 fr. environ. ANNÉE 41569. Le setier de blé valait 4 livres 10 sous. Le marc d’argent était à 20 livres. Vente de Ja coupe de cinquante-deux arpents de bois de haute futaie, châtellenie de Villers-le-Due , pour 1,144 livres. Cela fait 22 livres l’arpent, ou 5 setiers de blé environ. En 1838, l’arpent coûterait 1,500 livres ou 50 setiers de blé environ. ANNÉE 1572. Le setier de blé valait 5 livres 10 sous. Le marc d'argent était à 21 livres. Vente d'un demi-journal de terre au finage d’'E- chenon pour 9 fr. Le journal de terre vaut communément dans cette commune 1,200 fr. en 1938. ANNÉE 1603. Le setier de blé valait o livres 16 sous, terme moyen. Le marc d'argent était à 22 livres. Vente de la coupe de quarante arpents de haute fu- taie au finage d’Argilly pour 720 livres. Cela faisait 30 livres l'arpent , ou 3 setiers de blé environ. Un arpent de bois, daus cette localité, vaudrait 1,500 fr. ou 5o setiers de blé en 1838. ANNÉE 4605. Le setier de ble valait environ à livres. 425 Vente de la conpe de cinquante arpents de haute futaie au finage d’Argilly pour 1,050 livres. Cela faisait 21 livres l’arpent, ou 2 setiers un tiers de blé, Get arpent vaudrait, en 1838, 60 setiers environ. ANNÉE 4606. Le setier de blé valait 8 livres 1 sou. Le marc d'argent était à 23 livres. Vente de la coupe de 102 arpents trois quarts et demi et trois cordes de bois au finage de Villers-le- Duc pour le prix de 4,754 livres 6 sous. Ce qui fait 46 livres l’arpent , ou près de 6 setiers de blé. Aujourd’hui un arpent vaudrait environ 5o setiers de blé. ANNÉE 4619. Le setier de blé valait 9 livres 2 sous, terme moyen. Le marc d'argent était à 27 livres. Vente d'un tiers de soiture de pré au finage de Pouilly pour 18 livres (2 setiers de blé environ). Ce tiers de soiture vaudrait aujourd’hui 200 fr., environ, ou 7 setiers de blé. ANNÉE 4621. Vente d’un journal de terre pour 25 livres au finage de Labergement. Ce journal de terre coûtait près de 3 setiers de blé. Il coûterait aujourd’hui 15 setiers de blé environ, ANNÉE 4627. Le setier de blé valait 12 livres 8 sous , terme moyen. Le marc d'argent était à 27 livres. Vente de la coupe de 200 arpents de bois, moitié futaie, moitié taillis, le prix de l’arpent futaie étant 426 de 42 livres, et l’arpent taillis de 25 livres, au finage de Villers-le-Duc, pour le prix de 6,700 livres. L’arpent de futaie vaudrait 1,500 fr. en 1838. | ANNÉE 4633, Le setier de blé valait 12 livres, terme moyen. Le marc d’argent était à 27 livres. Vente de la coupe de 94 arpents de haute futaie au finage de Villers-le-Duc pour la somme de 4,128 liv. Cela faisait 44 livres ou près de 4 setiers de blé l’arpent. En 1838, le prix d’un arpent semblable serait d’environ 5o setiers. ANNÉE 1644. Le setier de blé valait 12 livres, terme moyen. Le marc d'argent était à 29 livres. Vente de la coupe de 206 arpents trois quarts de bois de haute futaie au finage de Saint-Germain-de- Modéon. pour la somme de 5,685 livres 42 sous 6 deniers. id : L’arpent de futaie vaudrait 1,800 fr. au moins en 1838. Vente d’un journal et demi de terre labourable au finage de Chamblanc pour 80 livres. Le prix était de 54 livres ou de 4 setiers et demi le journal, qui coûterait environ 20 setiers de blé en 1838. ANNÉE 16061. Le setier de blé valait 17 livres 16 sous, terme moyen. Le marc d'argent était à 32 livres. Vente d’un tiers de soiture de pré au finage de Cham- blanc pour 16 livres 10 sous. Ce pré était vendu pour un setier de blé environ. Aujourd’hui il vaudrait environ 8 setiers de blé, 127 ANNÉE 1664. Le setier de blé valait 17 livres 16 sous, terme moyen. Le marc d'argent était à 32 liyres. Vente d'un journal et demi de terres labourables au finage de Chamblanc pour 80 livres. Le prix était de 54 livres le journal, ou de 3 setiers de blé environ. Aujourd’hui le journal se vendrait environ 20 setiers de blé. ANNÉE 4679. Le blé valait 13 livrés lé setier. Le marc d'argent était à 32 livres. ‘ Vente de la coupe de 741 arpents 10 néudirté dans la forêt de Borne, dépendant de la châtellenie d’Ar- gilly, pour 25 livres l’arpent, en tout 1,777 livres 10 sous. | L’arpent se vendait environ 2 setiers. Il se vendrait 5o setiers en 1838. ANNÉE 1685. Vente de la coupe de 79 arpents de bois en la haute forêt d'Argilly pour 1,975 livres. Ce qui fait 25 livres l’arpent. L’arpent vaudrait 1,800 fr. en 1838. Le setier de blé valait 14 livres 13 sous. Le marc d'argent était à 32 livres. Vente de la coupe de 120 arpents de bois taillis ay finage de Molesme pour 4,800 livres. Cela fait 15 livres l’arpent. L'arpent vaudrait environ 600 fs. en 1838. 428 ANNÉE 4740. Le setier de blé valait 22 livres. Le marc d'argent était à 43 livres. Vente de la coupe de A5 arpents de bois de la forèt de Foulin pour 2,250 livres. ANNÉE 4750, Le setier de blé valait 15 livres. Le marc d'argent était à 54 livres. Vente à la maitrise de Dijon de la coupe de 462 arpents 50 perches de bois pour 37,258 livres 10 sous. Ce qui fait 80 livres l’arpent, ou 5 setiers de blé environ. - Aujourd’hui l’arpent se vendrait environ 16 setiers de blé, ANNÉE 4751. Vente à la maîtrise de Châtillon de la coupe de 628 arpents de bois pour 33,600 livres. Cela faisait 53 livres l’arpent , ou trois setiers et demi de blé. L’arpent se vendrait 10 setiers de blé environ en 1838. Les recherches que nous avons faites sur le, prix comparatif des propriétés foncières et des coupes de bois conduisent aux résultats suivants : 4° Une terre labourable contenant un journal ou un arpent de Paris (34 ares 28 centiares), qui se ven- dait dix setiers de blé dans le x1v° siècle, se vend au- jourd’hui 30 setiers de blé, terme moyen, ce qui an- nonce que l'agriculture rend, de nos jours, beaucoup plus de produits matériels qu’elle n’en donnait, en ces temps reculés, dans des terrains d'égale étendue et de même qualité. 2° La coupe d’un arpent de bois de haute futaie, 29 qui se vendait sept setiers de blé avant le xvir' siècle, se vendrait aujourd'hui quarante-cinq.setiers, terme moyen. | 3 Le prix de la coupe d’un semblable arpent était d'environ un marc et un quart d'argent avant le xvir* siècle. 4e En 1838, la coupe d’un arpent de haute futaie vaut environ 1,400 francs ou 28 marcs d'argent : par conséquent, le prix du bois a augmenté en argent, relativement aux temps anciens, dans le rapport de 1 à 22. 5° Un journal de terre qui valait 2 marcs d'argent se vendrait aujourd'hui 20 mares, ce qui met les prix dans le rapport de 4 à 10 en argent. Ainsi le prix des bois évalués dans les forêts a aug- menté dans une proportion deux fois plus forte que celui des terres. Cependant nous avons vu que, dans la masse de la consommation annuelle des habitants d'une grande ville, les rapports entre le prix du bois et le prix des autres objets de dépense ne sont pas changés. Cela doit être attribué principalement au perfec- tionnement des moyens de transporter les denrées. Le prix des vignes ne s'est pas élevé en proportion de celui des terres arables, mais le prix des terres basses et marécageuses s’est accru dans une propor- tion plus forte. Il faut aujourd’hui quatre marcs d'argent pour acheter autant de blé que l’on pouvait en avoir dans le xiv° pour un marc; mais il faut vingt marcs d'argent pour acheter une coupe de bois qui n’au- rait coûté qu'un marc dans ces temps reculés, et même depuis, jusqu'au xvu° siècle. 430 Nous concluons de ces faits que la eulture peut seule faire rapporter dans un terrain forestier des produits égaux en valeur à ceux que donnerait Fa- griculture dans le même sol (1). (1) L’objection que la culture des bois exigerait une main- d'œuvre dispendieuse et l'emploi d’un grand nombre d'agents se résout par un seul fait qu’il est facile de mettre sous les yeux du lecteur. On peut comparer le revenu d’une oseraie ordinaire avec le produit presque nul des osiers sauvages; et puisque la culture de ce faible arbrisseau rembourse et les salaires d’ou- vriers , et l'intérêt du capital , et la rente de la terre, comment la culture des arbres pourrait-elle être désavantageuse? La durée de l'accroissement n’est point une cause de perte , puis- que le prix du bois s’élève en proportion de cette durée, qui, au surplus, serait considérablement abrégée par la culture. 131 USAGE DES TABLES SUIVANTES. PREMIÈRE TABLE. Supposons que l’on achète le fonds d’un hectare de bois 1,900 francs, et que l’on demeure vingt-cinq ans sans en tirer de revenu : combien cette propriété coûtera-t-elle au bout de vingt-cinq ans, en comptant les intérêts cumulés de cette somme à raison de trois et demi pour cent par an? Je vois, par la table, qu’un franc produit, au bout de vingt-cinq ans, 2 francs 9 centimes; je multiplie ce dernier nombre par 1,500, et j'ai 3,135 francs, somme à laquelle revient l’acquisition à la fin de la vingt-cinquième année. DEUXIÈME TABLE. On débourse annuellement 4 francs par hectare pour impôts et frais de garde d’une forêt. Quel sera le total des déboursés au bout de trente ans, en comptant l’intérêt cumulé à raison de 4 pour cent par an ? Je vois à la table des déboursés annuels qu’une somme d'un franc, dépensée annuellement, produit, au bout de trente ans, une somme totale de 56 francs 4 centimes. Je multiplie ce dernier nombre par 4; le produit est de 224 fr. 16 centimes : en sorte que l’on a déboursé, à la fin de la tren- tième année, 224 francs 16 centimes, intérêts cumulés compris. Cette table sert aussi pour les recettes annuelles. TROISIÈME TABLE. Supposons que je doive recevoir dans vingt ans une somme de 80oo francs. A combien doit se réduire cette somme à l'époque actuelle, si lon a égard aux intérêts cumulés, à raison de trois pour cent par an? Je vois dans la table qu’une somme d’un franc , que l’on né recevra que dans vingt ans, est représentée par le nombre 0,5537; je multiplie ce nombrepar 800, et le produit, qui est de 442 francs 96 centimes , exprime la valeur actuelle de la somme de 800 francs , qui ne doit être perçue que dans vingt ans. 432 PREMIÈRE TABLE. Tableau du placement d'une somme d'un franc, avec intéréts composés pour servir à calculer Le revenu des boïs. rw om TOTAL TOTAL TOTAL TOTAL v compris | y compris | y compris | y compris l'intérêt l'intérèt l'intérêt l'intérêt à 31/2 0/0. | à 4 0/0. | à 5 0/0. 1 03 | 1 Ù4 1 05 1 06 f 1 08 1.10 1 09 1 as: F + L'od?2 1 1 16 1; 24 1,40 1 4, ,24 1 27 1 19 1 1 26 1 67 1 23 1 1 31 1 41 1:27 1 1 37 > #7 1 30 1 1 42 1 55 1 9% 1 1 48 1 63 1 38 1 1 54 RÉ L. 42 1 1 60 1 79 1 47 1 1 66 1 58 1 51 1 1° 78 17 1 56 1 1 80 2 07 1 60 1 1 :87 2 . 15 1 65 1 1 94 Z li #10 1 2 02 2 949 1 ,: 75 1 2 10 2,52 1 80 1 2 ° 19 2 65 1 86 2 2 28 L'TU 1 91 2 2 36 2 .92 A. 97 ? 2 46 3. 07 2 03 2 2 56 S 22 2 09 2 2 66 3 38 2 15 2 2 11 3 5 2 22 2 2 858 3 75 2 42D 2 2 99 3 92 2 35 2 dde à | 4 11 2 42 2 3 24 4 32 2 50 2 3 37 4 54 2 57 3 3 5i Fr. 2? 65 8 3 65 5 00 2 73 3 3 7 5 25 2: ‘81 3 3 94 5 51 2 90 3 #10 5 79 2 98 3 4 26 6 08 3 07 3 4 43 6 38 3 16 3 F0! 6 70 3 26 3 } s0 7 04 433 D ES TOTAL TOTAL TOTAL TOTAL tk y compris | y compris | y compris y compris ANNÉES. | Pintérèt | l'intérêt l'intérêt l'intérêt à 3 0/0. à 31/20/0. | à 4 0/0. àl5 0/0. 41 3 36 4 09 4 99 7.289 42 $ 46 4 24 ) 5 419 7:46 #3 3 56 4 39 5 40 S 14 44 3 67 #4 54 5 61 8 "54 45 à 178 4 70 5 84 8 98 46 3 89 & 87 6 07 9 43 47 4 O1 5 03 6 31 9 90 48 4 18 5 21 6 67 10 40 49 4 25 5 39 6 83 10 ‘92 50 4 38 5 68 7 10 11 46 51 4 51 5 78 1 4 12 04 52 4 65 5 98 7 6$ 12 64 53 4 9 6 19 7 99 3 97 54 4 93 6 40 8 31 3 94 55 5 08 6 63 S 64 14 63 56 $ 23 6 86 S 99 15 7 57 5 5 7 19 9) 65 16 3 586 5 56 7 95 9 72 16 94 . 59 5 9 « ER: 10 11 17 249 60 5 89 71 88 10 52 1S 68 61 6 07 8 426 10 94 19 61 62 6 25 S 44 11 68 20 59 63 6 44 s 19 11 86 21 62 64 6 63 9 04 12 00 22 70 65 6 82 9 35 12 80 23 84 66 71 03 9 68 13 91 25 03 67 1 24 10 02 13 84 26 2$S 68 7 46 10 57 14 39 27 60 69 1 69 10 973 14 97 32 98 70 17 1 11 1 15 2:57 30 42? 71 5 16 11 60 16 19 81 "95 72 8 40 11 90 16 84 33 b4 73 8 65 12 932 170 1 25 F2? 14 8 9! 12 716 18 21 36 98 75 9 17 13 20 18 94 38 t'88 76 D #5 13 66 19 0 40 77 F7 D ‘4 14 14 20 49 42 Si 18 10 03 14 63 21 31 44 95 79 10 33 15 14 22 16 17 * 20 80 10 64 15 67 28 0 19 56 81 10 96 16 22 28 9 52 4 82? 11 29 16 79 24 ‘93 54 1564 63 11 63 17 #8 25 98 57 7 84 11 97 17 98 26 96 60 ?4 85 12 ‘33 18 Gi 28 ‘04 65 25 86 12 ‘10 19 27 29 “160 66 4? FOI T OPEL RPM 0 TOTAL TOTAL y compris | y compris y compris y compris Pintérêt l'intérêt l'intérêt . l'intérêt | ANNÉES. à 3 0/0. | à 31/20/0. Vars Me «1 I) 1 (o 2] 6 2 0 1 ù 2 3 6 4 + er) 435 TOTAL ; | TOTAL TOTAL TOTAL a à y compris { y compris | y Compris y compris Lassees. | ptéret | “Pintérèt l'intérêt l'intérêt à 3 0/0. | à31/20/0. | à 4 0/0. | à 5 0/0. il D 133 50 97 97 06 184 26 657 92 ll 134 52 50 100 46 191 63 690 82 135 54 08 103 98 199 29 725! 36 146221.55) 79 107 62 207 27 161 63 TO 57! 3% abit 138 215 56 799 71 138. 59 09 115 28 224 18 839 70 139 60 86 119,132 233 19 S81 68 | 140 62 69 123. 49 2ET A7 925) 76 141 , 64 51 127 82 252 17 972, 05 142 66 51 132 129 | 262 26 | 10200 66 143 68 50 136 92 272 65 | 1071: 69 144 70 56 141 71 283 66 1125) 27 145 12 6m | 146 67..| 295 01 | 1181 54 146 74 85 151 !81 306 81 12400 61 147 1% 10h 157 12 319 08 | 1302 64 148 19 41 162 62 331 84 1367 78 149 ,,| 81 80 168 31 345 12 1436 17 450%,| 84 25 174 20 358 92 1507 98 be | A ra . F 136 DEUXIÈME TABLE. Tableau des déboursés annuels ou des recettes annuelles d'une somme d'un franc avec intérêts composés , pour servir à calculer les frais de garde, les impôts, ete. - TOTAL TOTAL TOTAL. TOTAL B | y compris y compris Y compris y compris = l'intérêt l'intérêt l'intérêt intérêt < | à 3 0/0. | à 3 1/2 0/0. | à 4 0/0. à 5 0/0. SA 1 00 1 00 1 00 2 | 2 03 2 2103 2 05 3 3 09 3 10 3 “25 4 4 18 4 121 4 31 5 ESRI 5 36 5 : 52 6 6.147 6 55 6 80 7 7 66 7 0178 8 14 8 8 89 9 05 9 45 9 10 16 10 36 fi “0 10 11 46 110172 12 58 11 (2081 13 0414 14 20 12 14 19 14 60 15 91 13 15 62 162 11 17 77 14 17 08 1724-67 19 60 15 18 60 19 28 21 58 16 20001 20 95 23 65 17 12 076 22068 25 84 18 23 #1 24 48 28 "18 19 nu 11 26 33 30 54 20 70 87 287 26 33 06 21 281067 30 20 35 72 22 30 53 32709? 38 50 23 32 45 34 32 41 43 24 34 43 36 60 44 50 25 36 46 387788 ëT 7 26 38 55 41 26 51 11 27 40 71 43 75 54 57 28 42 93 46 28 58 40 29 45 22 48 90 62 32 30 47 57 51 61 66 44 31 50 00 54 41 70 76 32 52 50 57 82 75 30 33 55 07 60 32 80 06 34 57 "78 63 43 85 06 35 60 46 66 65 90 34 36 63 92 69 99 95 81 37 66 14 73 44 101 63 38 69 16 71001 107 71 39 7R 281 80 70 114 09 ÿ TOTAL y compris l'intérêt à 3 0/0. 431 TOTAL y compris l'intérêt à 3 1/2 0/0. pr à mr mt rm TOTAL y compris l'intérêt à 4 0/0. 95 99 104 110 115 121 126 132 139 145 152 159 02 82 82 TOTAL y compris l'intérêt à 5 0/0. 120 127 135 142 151 159 168 178 188 198 209 220 232 245 258 272 287 302 318 335 353 372 391 412 434 456 480 505 531 559 588 618 650 684 719 756 795 836 879 924 971 1020 1072 1427 1184 1245 TOTAL y Compris Pintéret 3 0,0. 390 402 415 429 443 457 472 19 90 98 46 oo 0 TOTAL y compris l'intérêt à 3 1/2 0/0. mo mm ee noue ee TOTAL y compris l'intérêt à 4 0/0. 704 733 763 795 827 862 897 934 "TOTAL y compris l'intérêt a 5 0/0. 1308 1374 1444 1517 1594 1675 1760 1849 1932 2040 2143 2251 2365 2454 2610 2741 2879 3024 3176 3336 3504 3680 3865 4060 4264 4478 4703 4939 518 2447 5721 6008 6309 6625 6958 7307 7673 8058 8461 S886 9331 9799 10290 10805 11346 11915 + 39 2193 : 29 4718 74 8602 95 28703 535$ 21775 09 4947 O0 8948 07 30139 55 F TOTAL TOTAL TOTAL TOTAL 2 | y compris | y compris y compris y compris z Pintérêt l'intérêt Pintérêt l'intérêt < à 3 0/0. | à 3 1/2 0/0. à 4 0/0. 132 1616 32 2650 09 : 19251104 133 |! 1665 81 2743 84 4581 53 13138 51 134 | 1716 78 2840 87 4765 79 13796 44 135 | 1769 28 2941 30 4957 42 14487 26 136 | 1823: 36 3045 25 5156 72 15212 62 137 | 1879 06 3152: 84 5363 99 15974 25 138 | 1936 44 3264 19 5579 55 16773 : 96 139 1995: 53 3379 44 5803 73 17613 66 140. | 2056 39 3498 72 6036 88 18495 34 141 | 2119 09 30224 17 6279 36 19421 10 142 À 2183 66°| 3749 94 6531 5341 20393: 17 143.1 2250 17 | 3582 19 6792 79 21413 83 144 | 2318 68 | 4019 07 7066 54 22485 59 145 1 2389 24 | 4160 7: 7350 21 23610 77 146 | 2461 91 4307 35 7645 21 24772 0 33 147 2536 ! 77 4459 11 952% (a 26032 95 148 | 2613 S7 4616 18 8271) 40 27335 60 440 T'ableau de la valeur actuelle d'une somme d'un franc que l'on ne percev:« ue dans un temps donné , eu égard aux intérêts cumulés. | NOMBRE VALEUR VALEUR VALEUR VALEUR actuelle actuelle actuelle actuelle à 3 0/0. | à 3 1/2 0/0. à 4 0/0. à 5 0/0. 0 9708 0 0 9615 0 9523 0 9426 0 9335 0 9245 0 9070 0 9151 6 dJo19 0 8889 0 8639 0 8885 0 8714 0 8548 0 8227 0 8626 0 8419 0 8219 0 7835 lo 38375 0 8135 0 7903 0 7462 0 S1i31 0 7860 0 7599 0 7107 0 7894 0 7594 0 7307 0 6768 0 7664 0 7337 0 7026 0 6446 O0 7441 0 7089 0 6755 0 6139 0 7224 G 6849 0 6496 0 5847 O0 7014 0 6618 0 6246 0 5568 0 6809 0 6394 0 6005 0 535303 0 6611 0 6178 0 5774 0 5051 0 6418 0 5969 0 5552 0 4810 0 6231 0 5767 0 5339 0 4581 0 6050 0 5572 0 5134 0 4363 0 5874 0 5383 0 4936 0 4155 0 5703 0 5201 0 4746 0 3957 | O0 5537 0 5025 0 4564 0 3768 0 5375 0 4855 0 4388 0 3589 0 5219 0 4691 0 4219 0 3418 0 5066 0 4533 0 4057 0 3256 0 4919 0 4379 0 3901 0 3100 0 4776 0 4231 0 3151 0 2953 0 4637 0 4088 0 3607 O0 2812 0 4502 0 3950 0 3468 0 2678 0 4371 0 3816 0 3334 0 2551 0 4243 0 3687 0 3206 O0 2429 0 4119 0 3563 0 3083 0 2314 | 0 3999 0 3442 0 2964 0 2203 0 3883 0 3326 0 2850 0 2098 0 3770 0 3213 0 2741 0 1998 0 3660 0 3105 0 2635 0 1903 0 3554 0 2999 n 92534 | O 1812 0 3450 0 2598 O0 2437 | O 1726 | 0 3350 0 2800 0 2343 | © 1644 0 3252 O0 2705 | O 2253 | © 1566 | 0 3157 O0 2614 | O 2166 ! © 1491 AA £_ pe 7 7° qu *UMED d'ann Mons | VALEUR | VALEUR | VALEUR VALEUR llcsquelles | actuelle actuelle actuelle actuelle Mmes | à 3 0/0. | 31/2 0/0.| à 4 0/0. à 5 0/0. perçue, 0 3065 0 2525 0 2083 0 1420 * #1 O0 2976 0 2440 0 2003 0 “1353 42 0 2889 0 2358 0 1926 0 1288 43 0 2805 0 2278 0 1851 0 1227 4 44 0 7223 O0 2201 0 ‘1780 0 1168 45 0 26444, | 10 2127 0 1712 O0 1112 | 46 0 2567 O0 2054 0 1646 0 1060 L: 7 0 2492 0 1985 0 1583 6 1009 ; 48 0 2420 0 1918 0 1522 0 0961 à 49 O 2349 0 1853 O0 1463 0 0915 50 0 2281 Q@ 1790 0 1407 0 0872 51 O0 214 6 1730 0 1353 | |0 0839 52 0 2150 | 0 1671 0 1300 | 0 0790 53 0 2087 0 ‘1615 0 4251! 10 0753 | 54 @ 2027 0 1560 0 1203 0 "0717 5 | © 1967 | 0 1507 | 0 1156 0 0683 ‘ "56 0 1910 |! O0 1457 01112 | O0 0650 67 0 1854 0 1407 0 1069 ! O0 0619 3 58 | 0 1800 0 1360 0 1028 | 0 0590 | D 59 0 1748 0 1314 0 0988 | 0 0562 60 0 1697 0 1269 0 0950 | 10 0535 61 0 1647 0 1226 0 0914 | 0 0509 62 0 1599 0 1184 0 ‘0879 ! Lo 0485 1E 63 D) 1553 0 1145 0 0845 0 0462 64 0 ‘1508 0 1106 0 0812 0 0440 Æ 65 0 1464 0 1069 0 0781 0 0419 66 0 1421 0 1032 0 0751 0 0399 67 0 1380 0 0997 0 0722 | 0 0380 68 O 1340 0 n964 0 0694 0 0362 | 69 0 1300 0 0931 0 0667 | 0 0345 70 0 1263 0 0899 0 0642 | 0° 0328 71 0 1226 0 0869 0 0617 | *0 0313 À 72 0227190 0 0840 0 0593 | 0 0298 L: 73 0 ‘1155 0 og11 0 0571 |! 0 0284 4 (OO ù 1122 0 * 0784 0 0549 | 0 0270 MË 75 0 1089 0 0757 0 0528 |: 0 0257 ET 0 1058 0 0732 | 0 0507 0 0245 77 0 1027 0 0707 | o ois8 | 0 0233 78 0 0997 0 0653 00469" | 1-07 0222 79 ù 0968 0 0660 0 0451 0 0211 80 0 0959 0 0638 0 0434 0 0202 81 0 0912 0 0616 O 0417 O0 0192 82 0 0886 0 0595 0 0401 0 0193 83 0 0860 |? 0 0575 0 0385 0 0174 84 0 0834 0 0556 0 0371 0 0166 85 ü 0810 0 0537 0 0356 0 0158 | 29 NOMBRE d'années après lesquelles. la sorame séra perçue. VALEUR actuelle à 3 0/0. SSebc0o0ccce00006000206000000690000600c0000 =R-L-2— © © 0787 0764 0742 0720 0699 0679 0659 0640 0240 0233 0226 0219 0213 0207 ER TE sn . VALEUR VALEUR actuelle actuelle à13 1/2 0/0. à 4 0/0. c0S0000000000060000c0c0:0 = © —R-R-2-2— 0 4 0501 0484 0468 0452 0437 0422 0408 0394 0380 0368 0355 0343 0332 0320 0309 0299 0289 0279 0270 0260 0252 0243 0235 0227 0219 0212 0205 0198 0191 0185 0178 0172 0166 0161 0155 0150 0145 0140 0136 0131 127 0122 0118 0114 0110 200000000200 000002c200000000002000SS500606eS0 0343 0329 0317 0305 0293 0281 0271 , 0260 0250 0240 0231 0222 ee VALEUR actuelle |Æ à 5 0/0. | 0150 | 0143 ! 0136 48 0130 0124 0118 0112 0107 0101 0097 0092 0088 0083 0080 0076 0072 0069 9065 0062 059 0056 |E 0054 (8 25200000 2c0cS00206SS200c2002002S000660S9 © = © © +2 cs co © t 4 Se © © © © + © — [re A2 [=] = e2 (= [=] S _—. Ac] + CE NOMBRE | d'années VALEUR |! VALEUR lesquelles | actuelle actuelle somme sera à 3 0/0. perçue. j O0 0201 | 9 0107 0 0196 | O0 0103 0 0190 | 0 0099 0 0185 | O0 0096 O 0179 | 0 0093 0 0174 | 0 0090 10 0169 | 0! 0087 0. 0164 | © 0084 0 0159 0 0081 0 0155 0. 0078 0 0150 Q 0076 0 0146 0 0073 0° 0142 0 0070 0 0137 0 9068 0 0133 0 0066 0 0129 0 006* 0 0126 Q 0061 0: 0122? 0. 0059 0 0118 ! 0 0057 à 3 1/2 0/0. SO 00 0 2 2 9 © © © SO200 VALEUR actuelle à 4 0/0. VALEUR actuelle - à 0/0. 0056 0054 0052 0030 0048 0046 004% 0042 0041 0039 0038 0936 0035 0033 0032 0031 0630 0029 0028 D 290% © © © © © — — SS So 0015 0015 0014 0013 0013 0011 0011 0010 0010 0009 0009 0099 0068 0008 0908 0007 0007 0006 0008 |k 444 DU CUBAGE DES BOIS RONDS. Lorsqu'on désire connaître le volume d’un arbre en grume,nOn équarri ni entamé sur sa circonférence et sans aucune déduction, on le considère comme un cône tronqué, on mesure sa longueur et sa grosseur moyennes. On procède ensuite comme s'il s'agissait de trouver la solidité d’un cylindre. AA Peer ©" Cette solidité est égale à la surface du cercle mul- tipliée par la hauteur, La surface du cercle est égale à la circonférence multipliée par la moitié du ravon. Voici le calcul : Suppôsons un arbre de 172 mètres (120 décimètres) de longueur, dont la circonférence moyenne soit de 48 décimètres. 11 faut d’abord chercher le diamètre. Le rapport du diamètre à la circonférence étant de 7 à 22, on fera cette proportion : CIRCONFÈRENCE. DIAMÊTRE. CIRCONFÉRENCE. DIAMËTRE. 22 - 7 ce 18 4 : Le calcul donne 5,72 pour la dimension du dia- métre de l'arbre. Le rayon est de 2,86; Le demi-rayon, de 1,43. On multiplie 1,43 par le nombre 18, qui exprime la circonférence ; le produit est 25,74. Multipliant ce dernier nombre par 120 (longueur 445 de l'arbre}, on a pour la solidité de cet arbre 30,888, ou 30 décistéres 89 centiémes. Si je veux trouver dans les tables la solidité en * grume d'un arbre qui a, par exemple, 14 mètres (140 décimètres) de longueur sur 21 décimétres de circonférence, Je cherche à la page dans laquelle se trouve en tête 21 décimètres, et je vois que le volume de cet arbre est de 49 décistères 40 centièmes de décistère. Lorsqu'on parie du volume d’un arbre, et que l'on dit qu’il contient tant de décistères ou tant de pieds cubes, il faut s'assurer si cet arbre est rond ou équarri. Si l’on ne s'explique pas, le cubage est fait suivant l'usage des lieux, et ordinairement l'arbre est sup- posé équarri. La table qui suit ne s'applique qu'aux arbres non équarris ou arbres ex grue. } _ — —+ = 2 | cixconrenence, | cinconrimence. | cinconriRExCE, | cIRCONFÉRENCE, | CtacOXPESExCE a & S © A. 4) à 38 AA LL 2 2 4 décimètres. 5 décrmetres. } 6 décimètres. 7 décimètres. 8 décimetres. = ds | ‘ | TOUT BIT KA bé décist. cent. |décist. cent. |décist. cent, |décist. cent. |décist. cent. 10 OAUTS | 0 20 0 29 0 39 D" 91 15 049 1° 0° 30 0 43 0 58 0° 76 20 0: 25 0 40 | Des 0 78 1 02? 25 0 39 0 50 002 0 98 17 27 OÙ 44 06 70 40 0751 0 79 4 0:57 D : 89 + Î ma Pis En “he hui CEE 9 mu © è O0 © OO © © e Go manquent er " : : d + ; > : VO es pes OX ji nr - Cr © © Os © 1 nement rates ar are nn mener ga ang commettre entrera chi ln me èt D D à à O0 =: En «NW © 4 © OU CO "$ 00 | | | | @ 1 69 | 2 43 2% | | | | | | | | Î 100 | AC PUR "| 121788 2 09 © 2 1 em er L°r] "1 Le +] LE à | cmcoxpinenez, -crncoxriarner, | cincoxeinexce. | cincoxrinexce. | cenroxténexce Là More Nue Per NN à FCI k 6 £ 9 décimètres. 2 et 6 10 décimètres. | Lt décimètres. | 12 décimètres. | 13 décimètresh ï | _REES décist. cent. dos cent. | ae ieist. cent. |décist. cent. |décist. cent! | 8 10 0 74 0 96 1 15 1:84 14 Mas 0 96 1 19 | 1 44 1: :72 > -o1 ll 1 'RT 1 29 169 À! 1 b: 29 2 068 18 2-05 1 61 À 1 499 2 41 > 86 > 86 À 30 1 198 | > 88 2 89 3 44 4 003 5 2? 926 D 8 | B fr 4 01 4 170 Momo ? 57 | 3 18 |: b'6 4 58 508718 À 045 2 90 3 :58 | 4 A8 5 16 6:,0418 A 50 3 22 s 97 dt 4 41 5: 013 cri à ss 3 54 | 4 af || 529 6 30 7,38 Duo 5 «6 d à &r | $ (14 6 :88 8.05 à 65 4 18 | 5 y | 6 26 7 45 8: 972 Mbloumod # 50 + 5 56 | 6 «4 8 02 9.40 ‘| 75 4,83 | 51 106 ft 7 8 :59 10 07 Do bo Lt le ne | 7 do 9 17 10.74 85 5 347 6 7% | 8 18 9 :74 Î1: 541 90 5 _09 7, «hot o| 8 :66 10 31 {2:08 95 6 11 7 355 | 9 pt4 10 89 12 076 » litoo | 6 43 7 :95 9 62 t -16 13.49 D fl 005 6 176 8 :35 10 11 12 03 14 09 to 7 108 8 (74 10 59 12 .61 14 76 NH INTE 7 :40 9 v14 11 07 13 ,18 15.144 » | 120 1 072 9 :54 11 :55 13 75 16 11 D125 8 04 9 94 12 03 14 32 16.78 D IE 8 e97 10 33 | i 1 14 90 17,45 135 8 69 10 72 | 12 99 15 «47 18 12 | 140 9 01 11 13 13 ,47 16 04 181,79 À 145 9 88 11 053 | 13 96 | 16 62 19 , 46 150 9:65 11 ,92 14 e## of 17 549 20,13 448 TABLE DE CUBAGE DES BOIS RONDS. + CIRACONFFrRENCE. CIRCONPYRENCE. CIRCONFHAPACE. CIRCONFERENCE. CINCONFYRENCE, LONGUEUR. DiCIMETRES 14 décimètres. | 15 décimètres. | 16 décimtres. | 17 décimètres. | 18 décimètres M} décist. cent décist cent. fdécist cent. fdécist. cent. |décist. cent: 10 150 12079 2 04 2 80 2 067 15 2 34 2 68 5é-6b 3 45 3. 86 20 3 11 3 58 4 07 à 60 RE 25 3 89 4. 47 5 09 5. 76 6 434 30 4 67 B. (87 6 11 6 90 1 072% 35 5. 45 À, 6. 5% 7. 18 8 05 ) 01! 10! 6 23 7 46 8 14 9 20 | 19204 454 Ne ‘01 8 05 9 416 10 35 À 11 5s0 50 r (19 8 94 | 10 18 11 ‘50 12 87 | 55 8 57 9 ‘84 11 20 12 65 14 16 60 9 34 10 73 12 922 13 79 15 044 65 0" 1p: ‘22 11 (63 13 23 14 94 16 17 70 | 10 90 12 52 14 96 16 09 18 02 | SU 11, (68 13 42 15 97 17. (9% 19 30 80 | 12 46 14 16 29 18 29 20 59 85 18 #24 15 ‘20 {Fa ‘ol 19 54 21 88 90 | 14 02 16 10 18 32 20 (69 23017 95 14 50 16 99 19 ‘34 21 84 24 45 100'| 15 ‘57 ir ‘89 (| 2o ‘36 22 99 25 00 105 | 16 *35 18 (78 21 38 24 8 À 27 03 10) #7 ‘fs 19 68 22 40 | 25 9 | sisi 1150) {7 ‘91 20 57 23 41 26 44 29 60 120 | 18 ‘69 91 CAT 24 (43 | 27 ‘59 30 89 125% 19 ‘47 22 36 25 ‘45 28 74 | 3217 130 | 20 25 23 25 26 ‘47 29 89 | 33 46 135 | 91 03 24 ‘15 27 49 31 (O4 | 3407 140 | 21 so 25 (04 28 50 32 19 36 04 145"! 92 58 25 ‘94 29 152 33 [64 ©| STots2 150 | 23 36 26 83 30 54 34 49 38 61 449 TABLE DE CUBAGE DES BOIS RONDS. & s Ë cmconrénexce. | cinconrérence. | crcoxrinence. | cimconrirexce. | cinconrenence. A 13 EL. 22: Et, 4 = ù € 2 | 19 décimètres. | 20 décimètres. | 21 décimètres. | 22 décimètres. | 23 décimètres. décist. cent. [décist. cent. détist. ‘ent. [décist. cent. |décist. cent. 10 2 87 3 18 3 5 3 085 4 21 15 4 30 4 Fat 5 26 à QT 6 31 20 5 174 6 36 4 10 HETO 8 42 25 ® M 1 M9 TT HG 10 52 30 8 61 9 54 100Pa2 FmS5 12 63 85 10 0% 11 13 12 021 13 "#1 14 73 40 11 48 12792 14 03 15 40 16 84 45 12 91 14 31 15 78 17 32 18 94 50 14 34 15 790 1008 19 25 21 04 55 15 #78 172089 LIT SAP NT 24 085 60 17e 21 19 08 21 04 23 10 25025 65 18 65 20 67 22 80 25 02 27 36 70 20 08 22 0 26 24 655 26 95 29 #46 75 21 52 23 85 26 30 23087 57 80 22 5 DS 25 44 28 06 30 80 33 67 85 24 39 27 03 29 81 2 L:72 39 178 90 25 1162 28 62 31 56 34 65 31 88 95 21°,26 30 21 33 32 36 57 39 99 100 23 69 31 80 3» 07 38 50 42 09 105 30 12 33 39 36 82 40 42 44 19 110 31 5656 34 98 38 58 CE PL 46 30 115 32 99 36 57 40 33 44 97 48 40 120 34 43 38 16 42 08 46 20 50 51 125 35 86 39 75 43 84 48 12 b2 61 130 37 30 41 34 45 59 50 05 54 72 135 38 73 42 93 47 34 51 97 56 82 | 140 40. ‘{T 44 52 49 10 53 90 58 "93 145 41 60 46 11 50 85 53 ‘#42 61 03 | 150 43 03 472 170 5? 60 y RA à 63 13 LONGUEUR cnrs 100 105 110 115 120 125 130 135 140 145 150 450 TABLE DE CUBAGE DES BOIS RONDS. CIRCONFÉRENCE, 24 décimetres. décist, 4 cent. 58 87 16 44 73 02 31 60 89 18 47 16 05 33 62 91 20 49 78 07 36 65 94 22 oi 80 09 38 67 CIRACONFHRENCE . 25 décimetres. décist. 4 cent. 97 CIRCONFÈRENCE. 26 décimètres. décist, cent. 38 06 75 44 13 81 50 19 88 56 25 94 63 32 00 69 CIRACONFEBRENCE. 27 décimètres. cent- 80 70 60 50 39 29 19 09 99 89 79 69 59 49 39 28 18 08 98 88 78 68 58 48 33 28 17 07 97 CIRCONFÈREN CE . 28 décimetres. cent. 24 36 47 59 Ti 83 95 07 18 30 42 54 66 78 30 oi 13 25 37 49 61 73 84 96 08 20 3? 44 55 454 TABLE DE CUBAGE DES BOIS RONDS. | S È cinconrénence. | cnconrèrence, | cinconrinence. | cinconréaexce. | circonrérexca “ [E* — =: => — RE . ë 5 29 décimètres. | 30 décimètres. | 31 décimètres. | 32 décimetres. | 33 decimètres. décist. cent. |décist. cent. [décist. ceut. |décist. cent. |décist. cent. 10 6 68 7 15 7 64 8 14 8 66 U 151 10 03 10 73 11 46 12 122 12 199 20 13 37 14 31 15 28 16 29 17 32 | 25 16 71 17 89 19 10 20 36 21 66 | ao | 20 05 21 46 22 92 24 43 25 99 35 | 23 40 25 04 26 74 28 50 30 32 | 40.| 26 74 28 62 30 57 32 58 34 65 45 | 30 08 32 20 34 39 36 65 38 98 | 50 | 33 42 35 177 88: 421 40 72 43 31 55. | .36 76 39 35 42 03 44 79 47 64 60 40 11 42 93 45 85 48 86 51, 197 | 65 43 45 46 51 49 67 52 94 56 31 10: | 46 79 50 08 53 49 57 O1 60 64 ms | 60 18 53 66 57 |31 61 08 64 197 80 53 48 57 124 Gi 13 65 15 69 30 85 56 82 60 82 64 95 69 22 13 63 l 90 60 16 64 39 68 77 73 30 77 96 Log. | .63 50..| 67 97 72 59 17 37 82 29 100 | 66 84 71 55 76 41 81 44 86 62 | 105 10 19 15 13 80 24 85 51 90 96 | 110 13 53 18 710 84 06 89 58 95 29 P11511 76 87 82 28 87 88 93 66 99 62 120 80 21 85 86 91 70 97 73 103 95 125 83 6 89 44 95 52 101 80 108 ?8 130 86 90 93 01 99 34 105 87 112 61 135 90 24 96 59 103 16 109 94 116 94 140 93 155 100 17 106 98 114 02 191 227 145 96 92 103 75 110 80 118 09 125 61 150:| 100 28, | 107 32 | 114 162,,| 122 (16 129 94 TABLE DE CUBAGE DES BOIS RONDS. RS — CIRCONFÈRENCE. | CIRCONFÈRENCE. | CIRCONFÈRENCE. | CIRCONFÉRENCE. CIRCONFÉREN CE, = — — — — — PRE - RE Eire pire F.u2 \ 34 décimètres. | 35 décimètres. | 36 décimètres. | 37 décimèëtres. | 38 décimètres. DÉCIMÈTRES. décist. cent. f|décist. cent. |décist. cent. écist. cent. |décist. cent. 9"119 4 10 30 11 49 78 61 15 46 ; 17 48 20 61 22 25 176 91 115 105 67 112 00 118 51 125 20 132 08 120 110 26 116 87 123 66 130 63 137 83 TABLE DE CUBAGE DES BOIS RONDS. CIRCONFÉNENCE. | CINCONFÉRENCE. | CIRCONFÉRENCE. | CIRCONFÉRENCE. | CIRCONFÉRENCE. — — — — — 39 décimètres. | 40 décimètres. | 41 décimètres. | 42 décimètres. | 43 décimètres. D 74 «, € 3 là C2 es Or pe) a —_— cent. |décist. cent. |décist. cent. |décist. cent. |décist. cent. 09 121173 13 37 14 03 14 71 13 19 08 20 05 21 04 22 06 18 25 44 26 73 28 06 29 41 22 31 80 33 41 35 07 36 T6 27 88 16 40 10 42 08 44 12 31 44 52 46 78 49 10 51 47 36 50 88 53 46 56 11 58 82 40 57 ! 24 60 15 63 13 66 18 45 63 60 66 83 10 14 73 53 49 69 96 73 51 774115 80 88 54 76 | 32 80 20 84 17 88 24 58 82 68 86 88 91 18 95 59 63 89 04 93 56 98 20 102 94 67 95 40 100 ?# 105 21 110 29 454 TABLE DE CUBAGE DES BOIS RONDS. CIRCONFÉRENCE. | CIRCONFÉRENCE. | CIRCONFERENCE. | CIRCONFÈRENCE. | cinCONrEREN CE. — — — — — 44 décimetres. | 45 décimèities, | 46 decimetres. | 47 décimètres. | 48 decimètres. Ÿ —_—_————_— DÉCIMÈTRES. LONGUEUR. a décist. cent. |décist. cent, |decist. cent. dégists cent. |décist. cent. 15 40 16 10 16 82 17 | 94 18 32 23 10 24 15 24 33 27 49 30 80 20 65 13 36 65 38 50 25 06 92 45 81 46 20 30 47 70 54 97 53 90: 35 89 48 64 13 61 60 39 7 30 26 73 30 69 30 4% 71 05 46 77 00 83 62 70 F 53 61 78 40 - 93 40 94 10 36 18 11 80 77 96 27 50 75 43 20 53 59 90 31 60 10 30 88 00 70 45 110 169 40 177 L'O4 185 07 193 23 201 56 145 | 477 ! 10 185 14 193 48 202 O1 210 73 120 | 184 80 193 19 201 89 210 80 219 89 145 | 223 30 233 43 243 195 25 455 TABLE DE CUBAGE DES BOIS RONDS. LONGUEUR. CIRCONFÉRENCE. CIRCONFÉRENCE. CIRCONFÉRENCE. CIRCONFERENCE. 49 décimètres. } 50 décimètres. 49 décimètres. | 50 décimetres. LONGUEUR DÉCIMÈTRES DÉCIMÈTRES. re décist. cent. |décist. cent. décist. cent. |décist. cent. 19 10 | 19 89 162 33 | 169 04 28 65 | 29 83 171 88 |178 99 38 19 | 39 77 181 43 | 188 93 47 74 | 49 72 190 98 | 198 87 57 29 | 59 200 53 | 208 82 66 84 | 69 210 o7 | 218 76 716 39 | 79 219 298) 71 94 | 89 229 17 |9238 65 49 | 99 12 | 248 59 04 | 27 | 258 54 82 | 268 48 37 | 278 42 92 | 288 37 #7 | 298 31 456 TABLES MÉTRIQUES POUR LE CUBAGE DES BOIS D'APRÈS L'ÉQUARRISSAGE. Le cubage des arbres équarris se fait partout de la même manière; mais le mode de cuber les arbres d’après leur circonférence varie suivant les localités. Les méthodes les plus usitées sont celles-ci : On prend le cinquième de la circonférence pour avoir le côté de l’équarrissage; ainsi un arbre de 16 dé- cimètres de circonférence a 32 centimètres d’équar- rissage. À Paris, on déduit le sixième de la circonférence, et on prend le quart du reste pour avoir le côté de l'équarrissage, ce qui s'appelle cuber au sixième de- duit. Dans d’autres localités, on ne retranche qu'un dixième ou un douzième de la circonférence, et on prend le quart du reste pour avoir le côté du carré. Aïlleurs on prend pour côté du carré le quart de la circonférence, sans aucune déduction. Nous avons placé au-devant de nos tables de cu- bage un tabieau qui exprime le rapport de la cir- conférence au côté de l’équarrissage pour chaque ma- nière de cuber les arbres. Supposons que l'on veuille connaitre le cubage au sixième déduit d'un arbre qui a 18 décimétres de 457 circonférence moyenne sur 41 mètres de lon- gueur, on trouve d’abord dans le tableau que le côté de l'équarrissage de cet arbre est de 31 centimètres, et l’on trouve ensuite dans les tables que cet arbre a un cubage de 15 décistéres b centièmes. Si l’on a un certain nombre d'arbres à cuber, on en dressera un tableau dans la forme suivante : GIRCONPH= ÉQUARRISSAQE CUBAGE NOMBRE CUBAGE ÉELNCE LONGUEUR. de moyenne. au 5e. chaque arbre. d'arbres. total. A ——— décimètres. centimètres, | décist. cent. 12 24 8 13 14 6 66G 16 2,41 126 18 16 20 20 11 20 2t 23 Bi TOTAL... 449 70 Les longueurs des arbres sont cotées dans nos tables par demi-mètres, comme elles le sont par pieds de roi dans les anciennes tables; on aura rarement besoin d'obtenir une précision plus grande que celle d’un demi-mètre sur la longueur; cependant suppo- sons, par exemple, que l’on veuille connaître, avec une exactitude rigoureuse, la solidité d’un arbre de 11 mêtres 2 décimètres de longueur sur un équarris- sage de 43 centimètres, On prend d’abord le nombre correspondant à la 31 458 longueur de EM mètres, et on a 20 décimètres 34 cen- tièmes, ci. A repars ee M 34 On Mers pour une longueur de 2 décimètres le dixième du cubage de 2 mètres de longueur. . . . . . . . . 00 31 Le cubage total est RER MN 71 S'il y avait 3 décimètres de longueur à ajouter, on prendrait le dixième du cubaze d’une pièce de bois de 3 mètres de longueur, et ainsi pour toute autre fraction du mètre. Nous avons choisi pour unité le décistère, parce qu'il se rapproche, par son volume, de la solive (me- sure de 3 pieds cubes), qui est la mesure ancienne la plus usitée pour le cubage des bois de charpente. Un déeistére équivaut à 0,97246 de solive ancienne, ou à 2 pieds cubes 917 millièmes. Cette solive vaut, en décistères , 1,02832. Manière de cuber un arbre équarri, sans le secours des tables. On multiplie l'un par l’autre les deux nombres qui expriment les côtés de l’équarrissage, et on multiplie le produit par la longueur. Premier exemple. — Supposons un arbre qui a 20 eentimètres d'équarrissage sur chacune de ses faces, et 9 mètres de longueur ; on multiplie 20 par 20, le produit est 400; on multiplie ce produit par 9; le résultat est 3 décistères 60 centièmes. | Second exemple. — Supposons un arbre qui a d'équarrissage 27 centimètres sur 32 centimètres, et 459 5 F2 dont la longueur.est de 11 mètres h,décimètres. On multiplie 27 par 32, le produit est 864; on multiplie ce produit par 114; le cubage de l'arbre est 98496 ou 9 solives 85 centièmes. Table ‘servant à indiquer le prix d'un arbre en grume, suivant qu'il est cubé au cinquième dé- duit ow au sixième déduit, ou de toute autre manière. Nous supposons un arbre qui est cubé successive ment d’après les différentes méthodes usitées, et nous exprimons en décistéres et en décimales le volume que donne chacun de ces cubages successifs. Ainsi, cubé au cinquième déduit, cet arbre à un volume de 10 décistères. Cubé au sixiéme déduit, on trouve 40 décistéres 857 milliémes de décistére. Cubé au douziéme déduit, il donne 43 décistères 133 millièmes. Enfin, sans déduction, il donne 15 décistéres 625 millièmes. Les prix sont dans un ordre inverse. Si Je dois vendre ce même arbre cubé au cinquième déduit, au prix de 10 francs le décistère, je ne le vendrai que 9 francs 21 centimes le décistére, s’il est cubé au sixième déduit. Je le vendrai 8 francs 10 centimes le décistère, s’il est cubé au neuvième déduit. Je le vendrai 7 francs 90 centimes le décistére, s’il est cubé au dixième déduit. Il vaut, dans la même proportion, 7 francs 61 cen- 460 times le décistére, au douzième déduit, et 6 francs 40 centimes le décistère, lorsqu'il est cubé sans dé- duction, c’est-à-dire en prenant pour côté du carré le quart de la circonférence. On aura rarement besoin du nombre de décimales qui figurent dans la table suivante; on pourra sup- primer les dernières, surtout lorsque les quantités seront peu importantes. MODE VOLUME PRIX DE CUBAGE. OU SGLIDITÉ. | DU DÉCISTÈRE. décist. \ . .… déc. Au cinquième déduit. : : . 10 00 _ A sixième déduit. of Au neuvième déduit : 16 Au dixième déduit. 12 Au douzième déduit. . ... Ë 43 Sans déduction. . . ; : 461 TABLEAU INDIQUANT LE RAPPORT ENTRE LA CIRCONFÉRENCE ET L'ÉQUARRISSAGE DES ARBRES. ë RE um à a à » À m | à = $ É d mt : 4 | 2 + 13 26) 212 |18S6 E EE 2 ES 2% EU © AT 222 É 4 gel SABRE A Ming bé la| Si décimètres.| centimèt. | centimèt. | centimètr. | centimèt. | centimèt. | centimèt. ‘ 5 10 10 il 11 11 3 6 12 13 3 13 14 15 7 14 15 16 16 16 15 8 16 17 18 18 18 20 9 18 19 20 20 21 23 10 20 21 22 22 23 25 11 22 23 24 25 25 27 12 24 25 26 7 28 30 13 26 27 29 29 30 32 14 28 29 31 32 32 35 15 30 31 33 34 34 37 16 32 33 36 36 37 40 17 34 35 38 38 39 42 18 36 37 40 41 41 45 19 38 39 42 43 4% 47 20 40 42 44 45 46 50 21 42 44 47 41 48 52 22 44 46 49 50 50 55 23 46 48 51 52 53 57 24 48 50 53 54 55 60 25 50 52 56 56 57 62 26 52 54 58 59 60 65 27 54 56 60 61 62 67 28 56 5S 6? 63 64 70 29 58 60 64 65 66 72 30 60 63 67 68 69 75 31 62 65 69 70 71 7 32 64 67 71 72 73 80 33 66 69 73 74 76 82 34 68 71 76 rl 78 85 35 70 73 78 79 80 87 36 12 75 80 1 83 90 37 14 77 82 83 85 92 38 716 19 84 85 87 95 39 78 81 47 88 89 97 10 80 83 89 90 92 100 41 82 85 91 93 94 102 462 TABLES DE CUBAGF. ÉQUARRISSAGE. Fe CS 5 2 À cxremèmnes. | cexnimrnes., | cexrmeraes. | cenrmèrees. | cexrimèrnrs: ICO Z 2 1 2 3 4 5 | E :; décist. mill. [décist mil. [décist. mil. fdécist. mill. |décist. mill. dl 10 0 o01 0 004 0 009 0 016 0 025 ! 15 | o oo! 0 006 0 013 0 024 0 037 H) 20 | o oo2 0 008 0 018 0 032 0 050 | 25 | O0 002 0 010 0 022 0 040 0 062 30 0 093 0 012 0 027 0 0#8 075 Nl 35 0 003 0 014 0 031 0 056 0 057 € 10 0 004 0 016 ) 036 0 064 0 100 D 45 | 0 o04 | 0 o18 0 ‘010! | 0 0172 | 0 112 H) 250 | Oo 00: 0 020 0 045 0 080 0 125 D 55 | 0 005 0 02? 0 049 0 088 0 137 A co | o oo6 0 024 0 0054 0 096 0 150 4) 65 | 0 006 0 026 0 058 0 104 0 162 A 70 | © 007 0 028 0 063 0 112 0 175 S| 75 | O 007 0 030 0 067 0 120 0 187 80 | 0: 008 0 032 0 072 0 128 0 209 85 | O0 008 0 034 0 076 0 136 0 212 90 | 0: 009 0 036 0 081 0 144 0 225 95 0 009 0 038 0 085 0 #52 0 237 100 | © 010 0 040 0 090 0 160 0 250 105 0 010 0 042 0 094 0 168 0 262 110 | © O11 0 044 0 099 0 176 0 275 115 0 Of1 0 046 0 103 0 184 0 287 120 | © 012 0 048 0 108 0 192 0 300 125 | © 012 0 050 0 112 0 200 0 312 130 | © 013 0 052 0 117 0 208 0 325 135 | O0 013 0 054 0 121 0 216 0 337 140 | © 014 0 056 0 126 0 224 0 350 145 | O O14 0 058 0 130 0 232 0 362 150 | O 015 0 060 0 135 0 240 0 375 463 TABLES DE CUBAGE. CENTIMETRES. 8 9 10 décist. cent. |décist. cent. [décist. cent. |décist. cent. 0 04 0 06 0 08 9 10 0 07 0 09 (M 0 15 0 09 0: 12 0 16 0 420 0 12 0 16 0 20 o 225 0 14 0 19 Ô :24 0 30 eo «ir 0022 0 28 0 35 0 19 0 25 0 32 0 40 02? 0 28 0 36 0 #45 0 24 0 32 0 40 0 50 0 26 0 35 O0 44 25 6 29 0 38 Qut28 0 60 0 51 041 0252 0 65 0 34 0 44 0 Aa 0 70 0 36 0 48 0 60 0 275 0 39 0 51 0 G4 0 S0 0 41 0 54 0 GS 0 85 0 44 0: "57 0:79 0 90 0 46 0 60 0 76 0 95 0 49 0 6G#4 0 81 1 00 0 51 one 0 85 1 05 110 396 0 53 0 70 0 89 1 10 115 414 120 432 464 TABLES DE CUBAGE. ÉQUARRISSAGE. EE =: E cnrinèrees. | cenreërres. | cexromërres. | cestimërees. | cexrimkrass. ca] = - - Æ À 11 12 13 14 — décist. cent. Îdécist. cent. |décist. cent. |décist. cent. cent. 10 0 12 0 14 0 16 0 19 0 22 15 d7”18 0 21 0 25 0 29 0 33 20 0224 0 ?58 0 33 0 29 0 45 DIS 0 30 0 26 0 42 0 49 0 56 20 0 36 0 43 0 50 0 58 0 67 35 0 42 0 50 0 59 0 68 0 73 10 0 48 0 57 0 67 0 78 0 90 45 0 54 0 G4 0 76 0 88 1 01 50 0 60 0 72 0 84 0 98 \ 49 55 0 66 0 7) 0 92 1 07 1 23 60 0 72 0 86 1 o1 1 1 35 65 Ô 78 0 93 1 09 À 27 1 46 70 0 84 1 00 { 18 \ 2 1 57 15 | o 90 1 08 1 26 1 47 1 68 80 0 96 1 15 l + 1 56 1 80 85 TU Z 10022 1 43 1 66 90 1 08 1 52 1 76 2 02 95 O8 1 4 1 60 1 86 2 13 100 1 1 1 44 1 69 1 96 2 25 105 1" 21 1 5 1 77 2 05 2 36 110 7 20 1 58 1 85 2 15 2 47 115 1 39 1 65 1 94 2 95 2 58 120 1 45 4. 2 02 2 35 2 70 125 11 1 80 2 11 2? 45 p 81 130 HS l'E 2 19 2 54 2 92 135 1 7 63 1 94 2 28 2 Gf4 3 03 140 1 C9 2 01 » 36 2 74 3 15 145 1 75 2 08 2 45 2 84 3 26 150 LE >” 16 2 53 2 94 » +7 465 TABLES DE CUBAGE. ÉQUARRISSAGE. : ë CENTIMÈTRES. CENTIMEÈTRES. CENTIMÈTRES. cexTIMÈTRES. CENTIMÈTRES. > ke = A 5x — — — NE 3 16. #7. 18. 19. 20. | décist. cent. |décist. cent. |décist. cent. |décist. cent. Îdécist. cent. 10 0 25 0 28 0 32 0 36 0 40 15 0 38 0 43 0 48 0 54 0 60 20 0 51 0 57 0 G4 0 72 0 80 25 0 64 0 72 0 81 0 90 1 00 30 Q 76 0 86 0 97 1 08 1 20 35 O0 89 1 01 1} 18 1 26 1 40 40 11:09 1 15 1} 29 1 44 { 60 45 1:15 1 30 1 45 1 62 1 80 50 1) 28 1 44 1 62 1 1.50 2 00 55 1 40 1 58 19:78 1 98 2 20 60 1! 53 14 73 1 94 2 16 2 40 65 1 66 1} 87 2 10 2? 34 2 60 70 14 °7 2402 2026 2 52 2 80 75 11 92 20416 2143 2 , 70 3 00 80 2 04 RES 2 59 2 88 3 20 85 261 17 2 45 2175 3 06 3 40 90 2 30 2 60 2 91 3 24 3 60 95 a 46 2 74 à +07 3 42 3 80 100 2 56 2 89 4} 24 3 61 4 00 105 2 68 3 03 3 40 3 79 4 20 110 2 81 3 | 17 3 56 3 97 4 40 115 2 94 3 32 à T2 # 15 #4 60 120 3 07 3 46 3 88 4 33 4 80 125 3 20 3 61 4 05 4 51 5 00 4| 130 3 32 a! 78 4 21 4 69 5 20 M 135 3 45 3 90 4 37 4 87 5 40 H 140 3 58 4 04 4 53 5 05 5 60 145 3 71 19 4 69 5 23 5 80 fl 150 3 84 4 33 4 86 5 41 6 00 ce [A 466 TABLES DE CUBAGE. ÉQUARRISSAGE. CENTIMETRES. CENTIMETRES, CENTIMETRES. CENTIMÈTRES. CENTIMETRES. — — — LONGUEUR DÉCIMÈTRES 21. 23. 24. 25. décist, cent. [décist. cent. |décist. cent. |décist. cent. |décist. cent. 10 0 44 0 48 0452 0: 57 0 62 15 0 66 DIET2 0 79 0 86 0 93 20 0 85 0 96 1 05 1 15 11 2% 25 1 t 10 1 124 1 } 32 1 44 1 56 30 1 532 1 45 1 58 11 72 1.1 8 30 1 1.54 11169 1:85 24 OL 2 18 40 1 176 1 1 93 2111 2 30 2 50 45 1.192 24415 2 38 24 59 2 : 84 50 2 420 2 42 2 64 2 88 3 ! 12 55 2 48 2 66 2 90 3 16 3 43 60 2 64 2 190 317 14 3 -45 3 75 65 2 86 S MAX 3 43 3 74 4 06 70 3 0$ 3 1 38 8 ! 70 4 03 4 31 15 3 30 3 : 63 3 96 4 32 4 6S 80 3 : 52 à : 81 4 23 4 60 5 00 85 3 714 4 ji 4 49 4 89 5 31 90 3 96 4 3ù 4 76 5 ! 18 5 62 95 & 18 4 : 59 5 } 02 5 47 5 93 100 } 41 4 84 5} 29 5 76 6 25 105 4 63 5 08 5 1 55 G 04 G 56 110 4 85 5 434 5 ‘ 81 6:33 6 87 115 5 207 5 56 6 08 6 62 7 18 129 $-57#29 5 S0 G 34 G 91 7 50 125, |" x 5 551 6 05 6 Gi 7 1 20 78 130 5 473 29 6 87 741 48 $ LE 135. 5 :95 6 !: 53 7 14 1171 8 43 140 ; 6.4 17 6427 7! 40 s 06 8.: 75 145 6 , 39 1 } OÙ 7 67 8 35 9 06 150 6 Ci 71126 1:93 8 Gi 9 37 “ ra 3 1 -4 x o E- a CENTIMETRAES. décist. 0 © OO O7 O1 Où 0 > © © C9 NN N9 KI D D bé er) S © © © © ®@ @@ J 1 — LES 26. cent. 67 01 35 69 02 36 70 04 38 71 05 39 73 07 40 74 08 42 76 09 43 77 11 45 75 12 46 80 14 467 TABLES DE CUBAGE. 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Îdécist. cent. |décisb cent, |décist , cent. 10%! © 4 135 4 48 4 62 4 76 4 90 1 15 | 6. 53 6:|73 6 93 7 14 7 35 | Al 20 | 8 71 8 97 9 24 9 52 o so | H) 25 | 10 89 11 22 11 56 11 90 | «12 25 |À M 30%! 13 106: | 013 46 | 13 87 | 14 28 | 14 vo. | gb] Misologei| C5 | 71 16 18 16 66 | 17 15 |À 40 | 17 42 17 95 | 18 49 19 04 19 60 |À 45 | «19 60 | 20 20 | 20 so À 21 42 | 22 05 |} 50 | 21 78 22 44 23 12 | 23 80 24 50 |R sBt] 093 | 951 | 094 lesuc| 025 1435: | 26 18 | 26 95 |È 60 | 296 l132| 96 930] 27 74:| 28 56 | 29 40 | 65] 098 31 | 629 117] 30 05 | 30 94 | 31 85, là TOM, Mon! 4900 | agx 4200 | ca2 laçue | »33 | 322 | :84 :30 75 32 67 33 66 34 68 39 70 86 75 80 | 34 84 35 91 36 99 38 08 39 20 85 | 37 02 38 15 39 30 40 46 41 65 90 | : 39 20 40 40 41 61 42 84 44 10 95 | 41 38 42 64 43 92 45 22 46 55 | 100 | 43 5G 44 89 46 24 47 61 49 00 1 105: | 45 ! 73 47 113 48 55 De 47 91. 49 | 37 50 86 M 115 50 09 51 | 62 53 ! 17 1 120 | 52 27 53 86 55 48 57 13 58 80 D125 |054 45 56 11 57 80 59 51 61 | 25 130 | 456 62 58135 [160 11 61 89 63 70 1135 | 58 80 60 : 60 62 , 42 64 27 66 15 | 140 | 60 98 62 84 64 | 73 66 65 68 60 145 63 16 65: 09 67 04 69 03 71 05 | 150 | 165 34 67! 33 69 36 71141 5 50 476 TABLES DE CUBAGE. ÉQUARRISSAGE. = 5 cENTIMETRES. | cenrimèrres. | cewrmèraes. Cal 4 c " S à |décist. cent, |décist. cent, |décist. (cent. décist, cent. | décist. cent. 10 5 04 5 18 5 132 5 47 5 |62 15 7 156 1 177 7 99 8 21 8 43 20 | 10 08 10 36 10 !65 10 95 11 25 25 | 12 60 12 96 13 132 13 69 14 06 30 | 15 |12 15 55 15 98 16 42 16 87 35 | "17 164 18 14 18 165 19 16 19 68 40 | °20 16 20 73 21 131 21 90 22 50 45 | ‘22 168 23 132 23 98 24 64 25 31 50 | :25 !20 25 92 2€ 64 27 38 28 12 56! | 097 172 28 51 29 30 30 11 30 98 6o | :30 24 31 10 31 197 32 85 33 17 65 | 132 176 33 C9 34 63 35 59 36 56 70 | 35 28 36 28 37 130 38 33 39 37 15 | 237 !80 38 88 39 196 41 107 42 18 go | 40 32 41 147 42 |62 43 80 45 00 85 | 142 84 44 06 45 129 46 | 54 47 1 90 | ‘45 : 36 46 65 1 :96 49 28 50 62 | 95 | 1.}88 49 24 50 62 52 02 53 48 100 | 50 41 51 84 53 | 29 54 | 76 56 : 25 105 | 152 93 | 54 43 | 55 95 | :57 49-| 59 06 110 | :55 45 57 02 58 61 60 23 61 87. 115 | 067 !97 59 61 61 :28 62 97 64 68 | 120 60 : 49 »62 20 63 94 65 71 67 50 195 | :63 01 64 80 66 61 68 45 70 31 | 130 | © 65 | 53 67 39 69 21 11 18 73 ! 12 135! | 06S 05 69 98 71 94 73 92 75 : 93 | 140 | #70 5721072 sm: | ina | 60: | ce! 68 loss 75. | 145 | 173 09 15 16 m1 21 719 40 81 56 | 180 | 175 61 77 16 19 93 82 14: |.#4! 27: | é 411 TABLES DE CUBAGE. ÉQUARRISSAGE. £ENTIMETRES. CENTIMETRES. CENTIMETRES. CENTIMERRES. CENTIMETRES. 16 71 7 79 80 DÉCIMÈTRES. décist.. cent. |décist. | cent. [décist. cent. |décist® cent. |décist. cent. |: 5 71 08 12 40 15 66 12 60 20 55 16 80 25 43 21 00 30 32 25 20 35 21 29 40 10 25 60 99 80 8gs À, £ 00 16 20 65 6 40 65 | 37 54 38 53 39 54 40 56 41 60 10 | :40 43 41 50 42 58 43 68 44 80 75 | 143, 32 44 46 45 63 46 80 48. 00 80 46 20 47 43 48 67 49 92 51 20 85 49 09 50 39 51 71 53 04% 54. 40 90 51 98 53! 36 54 75 56 16 57 60 95 54 87 56 3? 57! 79 591 28 60 80 100 57 76 59! 29 60 84 62 41 64 00 105 60 64 62 25 63: 88 65 53 67 20 110 | 063 53 65 21 66 92 68 65 70 40 115 GG: 42 68 18 69 96 11! 79 13 60 120 69 31 71, 14 13 00 14 89 76 80 125 12 &0 14. 11 716 05 78 01 80 00 130 15 08 17 07 719 09 81! 16 83 20 | 135 71 917 80 04 82! 18 84 25 86 40 140 80 86 83 00 85 17 87 36 89 60 145 83 75 85 9 88 21 90 49 |* 92 #80 150 | 86 64 88! 98 91 26 93 61 16 ‘00 418 ” TABLES DE CUBAGE. ÉQUARRISSAGE. CENTIMÉTRESE CENTIMETRES. CENTIMETRES. LONGUEUR. DÉCIMÈTRES 82 83 85 cent. |décist. cent. |décist. cent. |décist. muill. | 10 72 6 ! 88 7 05 7 2 | 15 08 10 33 10 58 10, 83 | 20 BIT CAS 177 14 ‘11 14 45 | 25 81 17 22 17 64 18 06 30 17 20 66 21 16 21 67 35 53 24 11 24 69 25 28 | 40 89 27 55 28 22 28 90 | 45 25 31 00 31 75 32 54 | 50 62 34 44 35 | 28 36 12 55 98 #7 1:86 38 80 39 13 60 320 li: | 33 42 33 43 3 65 70€ | 44 : 77 45 | 86 46 96 | 70 06 48 22 49 : 39 50 7 75 43 51 66 52 : 92 54 18 80 79 55 11 56 44 57 80 85 15 58: 55 59 97 61 #1 90 51 62 00 63 50 65 02 95 87 65 44 67 03 68 63 100 24 68 89 70 56 72 25 105 60 12! 33 74 08 75 86 110 96 75! 778 | ëmT| 61 79 | #7 145 32 79} "2% 81 14 83 08 120 68 82! 66 84 67 86 70 125 04 | S6 11 88 20% | 90 31 | 130 1 89 55 91 72 93 92! 135 |9988) 57 90 77 93 00 95 25 97 53 140 |°°91 85 94! 13 96 44 98 7 101 15 146 |°095" 13 97 49 998 89 102 31 104 76 150"|%98 41 100 s6e | 103? 33° | 105 54 | 108 87 | 479 a — RÉDUCTION'DES MESURES POUR LE BOIS DE CHAUFFAGE. Le bois de chauffage se vend au stère, qui n’est autre chose qu’un mètre cube, ou au double stère, qui est un solide de deux mètres de longueur sur un mètre de hauteur et un mètre pour la longueur de la bûche. Le décastère est un solide composé de 10 stères. Une voie de Paris équivaut à un stère 920 millièmes. Un stère équivaut à 521 millièmesde la voiede Paris. Pour connaitre le rapport du stère avec les, cordes ou voies de toutes dimensions , il suffit de réduire en nouvelles mesures les pieds et pouces qui expriment les dimensions de ces cordes ou voies. Exemple : Une corde de bois a 8 pieds de couche, 4 pieds de hauteur et 32 pouces pour la longueur de la bûche. Je me sers d’abord d’une table de réduction des anciennes mesures en nouvelles : 8 pieds équivalent à 2 mêtres 599 millièmes. 4 pieds équivalent à 1 209 32 pouces équivalent à 0 866 En multipliant ces 3 nombres l’un par l’autre on 924, trouveque la solidité est de 2,92/ ou 2 stères = 52 480 TABLE DES MATIÈRES. Mod. in mn -ontà r Enat tie -aRb din PREMIÈRE PARTIE. Essai descrphiities Jorêts. ! .. : 2... 112 Amérique méridionale, p. 14. — Guiane, p. 18.— Antilles, p. 19.—États-Unis, p. 20.— Louisiane, p. 25. — Canada, p. 25. — Terre-Neuve, p. 23. — Islande, p. 27. — Afrique , p. 28. — Abyssi- mie, p. 33. — Madagascar , p. 36. — Éoypte, . p. 36.— Asie mineure, p. 39. — Syrie, p. 41. — Perse, p. 44. — Arménie, Mingrélie, Circas- sie, p. 46. — Tibet, p. 47. — Chine, p. 48. — Japon et Siam, p. 50. — Inde, p. 51. — Iles et terres dé l'Océan indien, p. 54. — Iles Marianes, Australie, p. 58.—Tles de la mer du Sud, p. 50. — Turquie d'Europe, p. 60.— Dalmatie, p. 62. — Morée et îles voisines, p. 63. — Archipel, p- 64. — Candie, p. 65. — Russie, p. 66, — Sibérie, p. 70. — Tartarie, p. 72. — Steppes de la mer Noire, p. 73. — Suède , p. 74. — Norwége, p. 76. — Laponie , p. 77. — Dane- mark, p. 78. — Pologne , p. 79. — Hongrie, p. 81. — Espagne , p. 82. — Portugal, p. 89. n Italie, p. 92. — Toscane, p. 98. — Royaume de Naples, p. 100. — Sicile, p. 103. — Suisse, p. 105. — Allemagne, p. 110. — Hollande, p. 112. — Angleterre, p. 113. — Écosse, p. 116. — Irlande, p. 120, — France, p. 121. 481 SECONDE PARTIE. De l’économie des forêts dans ses rapports avec l’éco- nomie politique. . . . . e dal: Cuae. Ier, Du fondement de l atilité du Re JC: Cuar. II. Des forêts considérées relativement aux be- sous des Habitintes. ut coconstanraut ef 0. x Grue. LIT. Des forêts considérées relativement à l’agri- (111111 7 A ANONNEERRS PONS PRT | - Mi OR Cuar. IV. Des mines et ve usines-onaiur:ti {L.2 à Cuar. V. De l'influence du taux de l'intérêt de l bed sur la conservation des forêts. .!, . . :. .J . 74 Cuar. VI. Des forêts considérées as Et à la tem- peraiure, :. lu: SDS 6 ISIN, fre Es. +4 Cuar. VII. De l'importation et d l'exportation des bois; de l'impôt et des règlements sur la production. Cuar. VIII. De la valeur vénale des forêts et des biens- Ju CD Eneralt Se C Sh -nyizb pot LIL TROISIÈME PARTIE. Exposition des diverses méthodes que l’on peut suivre pour l’aménagement des forêts. . . ; Observations Lo sur les divers modes due MEL Eau et +1 CNTENUR AIME. 27, ue Crue. Ie". De la progression de croissance re arbres. Cuar. II. Des massifs de futaies d’arbres à feuilles ca- düques . de. Cup. II. Des forêts FT DÉSERT A Ur ETS à . rén 6 2. Des coupes pleines. See” $ 3. Des éclaircies dans les forèts d'a ar br es résineux et dela période des epupes. . . . 4 . 41. à. Caar. IV. Des taillis et futaies surtaillis. Considérations générales. . $ Fos Secr. 1. De l’âge auquel il convient 4e couper les tallis. ‘ 34 156 160 164 168 182 Sxcr. 2. Des futaies surtaillis. . . . . . . . . SecrT. 3. Du choix des essences forestières. . . . Secr. 4. Des futaies élevées en massifs avec des éclaircies successives. . . . . A. ; Sect. . Comparaison du pr péÿft ar hate dË futaie avec un bois exploité en futaie surtaillis. Secr. 6. Des tronchées ou arbres étètés. Car. V. Des essarts et du furetage. Secr., 1. Des .essarts..… 7.1). Secr. 2. Du cet Dar Car. VI. Du nettoiement des taillié et as FAR cies. Cuar. VII. De l'élagage dans les forêts. . . . .. Cusp. VIIE. De la succession des coupes de bois. Car. IX. De la manière de cultiver les forêts qui n’ont pas étéxplaptées anoqx "498 79 € RE Car. X. Des parcs ou Eds phiséss # see : Car. XI. Des débouchés et des routes forestières. Car. XII Des canaux, des ruisseaux et des cours d’eau dars les forêts. 1° Canaux de desséchement. . . . . 2° Canaux d'irrigation. . 30" CATAUL JE LTARSpOrL. #41. 1. . 11. QUATRIÈME PARTIE. Des semis et plantations, et de la culture forestière combinée avec l’agriculture. : Car. I. Observations sur les prépas espèces 24.8 bres forestiers. : Fa Car. II. De la pratique ra semis et A4 Re À SEcr. 1. Du châtaignier. Es Sec 2: DIR ee COURENT . . 4. SECT. 3. Semis de pins maritimes. x : SECT. 4. Plantations de bouleaux , chènes, ormes, frènes , etc. 5 NT SEcr. 5. Des moyens de se procurer du der Êe 483 Pac restier, soit par les semis naturels, soit dans une D ER ER. de ne id. love 325 SECT. 6. de lens des plantations. . . . 328 Secr. 7. Du profit ou du revenu des plantations. 329 SECT. 8. Plantations d’arbres résineux pour bali- Re D. à à à e dede +0 à 331 SECT. 9. Des haies MuEe RS DU. É SEcr. 10. Des semis, plantations et de l’exploitation suivant la méthode des forestiers anglais. . . . . 335 Cuar. III. De la culture des forèts combinée avec l’a- énicnlture, © . , . RS RS NON. A AU Sn "Exposéde la méthode, . . . . , . suivit 13350 $ 2. Principes sur lesquels reposent les moyens et le succès de la méthode. .:. ... . . . .. enrab2 $ 3. Exemples à l’appui de la méthode. . . . . . 353 $ 4. Avantages de cette méthode. . . . .. ... 355 $ 5. Objections et réponses. . . . . 1 01860 $ 6. Modifications proposées par M. Gahleaa 11303 , CINQUIÈME PARTIE. De l'estimation des bois et de l’exploitation des coupes. 366 on... Ne 4 Li ©. id. Futaie, p. 368.—Bois de ibenles p-371.—Char- ronnage, p. 372. — Branchages des futaies, p. éd. — Prix du transport des tiges d’arbres , P. 373. — Planches, p. id. — Merrain, p: 374. — Bois propres à faire des bateaux , p. 396. — Bois propres à faire des meubles, p. 397. — Lattes pour les couvertures en tuiles, p. id. — Sabots, p. 378. — Taillis, p. id. — Emplois divers des taillis, p. 370. — Bois de chauffage, p. 382. — Chaux, p. 384. — Frais de transport des bois taillis, p. 4. — Charbon, p. id. — De la qualité comparative des bois, p. 389. — Comparaison de la chaleur produite par diflé- 48/1 rents combustibles, p. 392. — Des souches et des racines , p. 595. Cuar. I. Menus produits des forêts. 1. De la feuille des arbres 2. De la chasse Cuar. III. Estimation du sol d’un bois et de la valeur des jeunes ts. SUN Er NES Cnar. IV. De la surveillance et de la comptabilité d’une expleitaionide coupe de bois... 12, 1,1: Cnar. V. Observations sur les droits d'usage et sur le paturage en pANUCDNEE. 4 Lee Le die AM Car: NE \Du’cantonnement.s aie. eee Conclusion, use 2e ROMANS RAT CET RES Tableaux de la valeur des fonds de térre et des bois pendant les 5 derniers siècles? 752 2.2.7 . Tables d'intérêts. . . . . . . . LRO ES À PART aan Table de cubage des bois ronds. . . . . . . . . . . .. Table de cubage des bois carrés. . . . . . . . . . . . Réduction des mesures pour le bois de chauffage. . . . FIN. _ À ie (12 Ç IA IAE AL AI AT “li d & NE - L LR ar è QU er L | ren! 1(€ 1} AU in nr: r n Fr ÿ e | L , tx L N } 4 LS Es | L NM BINDH:LS SECT. JAN 0 vé 1966 SD Noirot, arpenteur à 193 Di jon N65 Traité de la culture des 1839 forêts. 2, éd. mouuno SAMUBE La Cl 4 | d RRERS AS Cr TT TT TPE 7 Re SE EPA BPMETES CC PAREES 2 ÉTÉ RTE TR = = Lis ; , - Lei : & - > : FE = LE + Se , ER RS EE E OS TE RUE RE MORIN ù DUTE ROUES els) CLAMART a ETES e TS . - 2 : 2 re Et PL TES PE > Tes L RTE EEE RE PORC DOCTEUR DENTS - è RO RER Tr ETES Doll D pl AE de pdd 4 P” = pr ++ RE EL